Nous avons traduit ici le morceau si touchant de la première partie, afin de donner au lecteur un point de vue nouveau, en opposant l’une à l’autre ces deux situations, qui semblent tirer du contraste encore plus d’intérêt.

marguerite.
(Elle met des fleurs nouvelles dans les pots.)

Oh ! daigne, daigne,
Mère dont le cœur saigne,
Pencher ton front vers ma douleur !

L’épée au cœur,
L’ame chagrine,
Tu vois ton fils mourir sur la colline.

Ton regard cherche le ciel,
Tu lances vers l’Éternel
Des soupirs pour sa misère,
Pour la tienne aussi, pauvre mère !

Qui sentira jamais
L’affreux excès
De la douleur qui me déchire ?
Ce que mon cœur a de regrets,
Ce qu’il craint et ce qu’il désire ?
Toi seule, toi seule le sais.

En quelque endroit que j’aille,
Un mal cruel travaille
Mon cœur tout en émoi.
Je suis seule à cette heure,
Je pleure, pleure, pleure,
Mon cœur se brise en moi.

Quand l’aube allait paraître,
En te cueillant ces fleurs,
J’arrosais de mes pleurs
Les pots de ma fenêtre ;

Et le premier rayon
Du soleil m’a surprise,
Sur mon séant assise,
Dans mon affliction.

Ah ! Sauve-moi de la mort, de l’affront !
Daigne, daigne
Toi dont le cœur saigne,
Vers ma douleur pencher ton divin front !