Louis Garneray: L’artiste

LOUIS GARNERAY
L’ARTISTE


Garneray a donc revu la France.

Un temps de repos devait lui être indispensable, mais Garneray n’était pas de ceux qui se reposent. Il ne songeait qu’à son avenir.

« … Lors de mon arrivée à Paris, je dus probablement au désarmement de presque tous nos navires de guerre et au licenciement de la majeure partie des anciens officiers de marine de n’être pas inquiété par le service. Ma vocation était la marine. J’avais toujours à cœur de me faire un nom dans ma profession, puisque, outre une longue navigation, j’étais assez instruit pour pouvoir exécuter par moi-même tous les travaux du bord, pour construire un navire et pour le commander. J’avais obéi si longtemps que j’étais dévoré du désir naturel de commander ; il ne me restait plus qu’à passer mon examen de capitaine au long cours. »

On était au printemps de 1814 ; l’invasion étrangère avait désorganisé tous les concours et cet examen de capitaine ne pouvait être passé qu’en 1815.

« Dans cette attente, je n’avais d’autre occupation que d’inspecter tous les établissements de Paris, de suivre les cours scientifiques et de visiter mes amis. De ce nombre était un personnage haut placé aux Tuileries[1] qui me mit en tête de faire un tableau dont il se chargerait d’assurer le sort. »

Ce tableau fut la Descente des émigrés français à Quiberon, acquis par Monsieur (plus tard Charles X). Louis XVIII l’ayant vu en voulut avoir un du même genre. Garneray se vit alors encouragé par le comte de la Ferronnays[2], le duc d’Aumont[3], le duc de Duras[4], etc. « Enfin, je prenais ! » écrit-il naïvement.

Bientôt il retrouva Jouy[5] qu’il avait connu officier de la garnison de l’Île de France et par lui fut mis en rapport avec Mme de Staël, Chateaubriand, La Fayette, etc.

« Je flottais entre le désir de poursuivre la navigation et celui de me livrer à la peinture… À la même époque[6], il fut question de mettre au concours la place de peintre de marines du duc d’Angoulème, alors grand-amiral. Je concourus avec MM. Hue[7] et Crépin[8] ; le choix tomba sur moi, ce qui me donnait mes entrées aux Tuileries… Après mille hésitations, je me décidai provisoirement pour la peinture et ce provisoire dure encore ; tel est le destin. Du reste, ma nouvelle profession m’appelait toujours sur les ports, je n’ai jamais manqué depuis lors de naviguer tant que j’ai pu.[9] »

Le tableau que Garneray envoya au Salon de 1816 : Vue du port de Londres, fut acheté par la Société des Amis des arts[10]. Simultanément il gravait, et avec succès, car en 1819 il remporta la médaille d’or pour la Toilette de la mariée d’après Mallet, et Un Songe d’après son frère Auguste.

Si, ayant mentionné qu’il se maria en 1820, nous nous reportons de nouveau à son autobiographie, nous aurons tout l’emploi de cette période 1816-1823.

« Après avoir appris la gravure avec le célèbre Debucourt[11] j’entrepris avec Jouy de visiter toutes nos côtes et nos ports maritimes, d’où il résulta un ouvrage in-folio dont mon ami l’académicien fit le texte et dont je fis les dessins et les gravures.[12] »

Évidemment Garneray ne perdit pas son temps, car cet ouvrage : Vues des côtes de France dans l’Océan et dans la Méditerranée, fut publié en quinze livraisons contenant chacune quatre vues gravées à l’aquatinta, avec épreuve en couleur retouchée par Garneray lui-même ; les deux premières furent publiées en 1823.[13] Voici quelques lignes de l’éditeur de cette publication :

« Parmi les peintres de marines, M. Garneray est le seul qui ait donné des portraits fidèles de toutes les espèces de navires. Grâce au genre de gravure adopté par l’artiste, l’aquatinta, chaque estampe en noir peut servir de modèle de lavis à la sépia ou à l’encre de Chine comme chaque estampe coloriée peut rendre le même office pour l’aquarelle. »

D’un article de la France maritime[14] nous détacherons encore l’appréciation suivante : « C’est sur les lieux mêmes que M. Garneray a dessiné les nombreuses vues qui composent ce bel album ; il a, de plus, complété ce laborieux travail en gravant lui-même toutes ses planches et ainsi s’est trouvée conservée dans les dessins une rare qualité d’exactitude et de sentiment que perd toujours l’original en passant par le burin matériel du graveur. On trouve dans ces planches une variété complète de navires et de positions, aspect de son ouvrage qui, à nos yeux, est de quelque poids dans l’histoire de l’art. »

La deuxième livraison parut en 1829[15] et la troisième en 1832.

Passant à Saint-Malo en 1823, Garneray revit Robert Surcouf qui, marié, s’était fait armateur. « Il n’était plus marin de mer, mais marin de terre. Lorsque je fus le voir il était à son comptoir. Je le trouvai un peu grossi, un peu bouffi ; mais il avait toujours son regard d’aigle. Il y avait vingt et un ans que nous ne nous étions vus ». Surcouf avait donc quarante-huit ans. — « Voulez-vous m’inviter à déjeuner ? lui dis-je en l’abordant. — Pourquoi non, répondit-il, mais je ne vous connais pas. — Nous ferons connaissance en déjeunant ! » Le déjeuner fut gai, la reconnaissance lui fit autant de plaisir qu’à moi. Nous parlâmes de notre passé ; il se moqua de ma peinture, m’appela poule mouillée et me conseilla de naviguer ! Je lui conseillai d’en faire autant. Il soupira. »

Plusieurs fois Surcouf réunit chez lui Garneray, Jouy et d’anciens compagnons d’aventures ; on causa, chacun racontait ses souvenirs d’enfance ou de jeunesse[16]. Tout cela fournit à notre artiste des pages charmantes[17].

C’est à Louis Garneray que le gouvernement donna mission de représenter le combat de Navarin, qui eut lieu le 20 septembre 1827. Ce tableau, dont l’esquisse se trouve au Musée naval et qui plus tard fut gravé par Jazet[18], puis par l’auteur lui-même, ne fut exposé au Salon qu’en 1831 ; mais en 1829 Rouen en eut la primeur.

Le journal de cette ville du 14 juillet l’annonça par cette phrase typique : « Le tableau de la Bataille de Navarin, par M. Garneray, est visible à partir d’aujourd’hui chez M. Lemire-Barraquin, quai aux Huîtres, près la rue des Iroquois, en face de la calle d’arrivée des bateaux à vapeur », et le lendemain inséra un article des plus favorables. Enfin le 18, c’est Hyacinthe Langlois qui écrit :

« Lorsque M. Garneray, un de nos plus habiles peintres de marines, reçut la mission de recueillir sur les lieux mêmes les documents historiques, les matériaux pittoresques relatifs à cette mémorable journée, on savait combien ses connaissances nautiques et son habileté dans la peinture le rendaient apte à cette double et pénible tâche. Son tableau prouve à quel point cette confiance était méritée. Nous nous garderons d’entrer dans les détails immenses où nous entraînerait la description de cette production remarquable qui occupe une toile de treize pieds de long sur une hauteur proportionnée. Nous nous bornerons à dire que l’artiste a fait entrer dans cet étroit espace et l’action toute entière et les lieux qui en furent le théâtre. C’est pour ainsi dire le portrait ou plutôt le bulletin officiel de ce grand fait d’armes… Les innombrables figures qui couvrent les vaisseaux sont malgré leur petitesse, exigée par la distance, pleines de mouvement et d’énergie ; toutes combattent, manœuvrent, sont à leur poste… Dans le beau groupe de Turcs… tout est parfait, dessin gracieux, couleur chaude et brillante, facilité d’exécution, costumes, physionomies, nationalités… M. Garneray sait peindre jusqu’au moral des peuples… »

Avec les expositions annuelles successives nous arrivons à l’année 1832. Descamps[19] était conservateur du musée de Rouen, mais il avait quatre-vingt-dix ans et se voyait dans l’obligation de résigner ce poste qui fut alors mis au concours. Dans les premiers jours de septembre, Garneray posa sa candidature par une lettre adressée à Henri Barbet[20], maire de Rouen, où il énumère les titres qui justifient sa demande : commandes du gouvernement, médailles obtenues à Paris, à Douai, publication des Vues des ports de France, etc.[21].

Le 15 septembre, nouvelle lettre que nous citerons textuellement car elle donne d’utiles renseignements ; n’a-t-elle pas aussi son petit cachet d’époque ?

« En recevant la lettre par laquelle vous m’avez fait l’honneur de m’annoncer que je pouvais exposer à l’hôtel de ville les tableaux que j’ai l’intention de présenter au concours que vous avez ouvert pour faciliter au conseil municipal le choix d’un conservateur du musée de Rouen, j’y ai remarqué ces mots, probablement placés à dessein, que le talent de peindre ne serait pas la seule qualité exigible pour obtenir de vous et de votre administration la place honorable de conservateur du musée.

« Comme il paraît évident, d’après la sage précaution renfermée dans ces mots qu’indépendamment du talent vous exigerez avec raison des preuves de moralité, de bienséance, de savoir-vivre, je viens en toute confiance vous exposer une analise (sic) de mon existence publique et de ma vie privée.

« Cette analise, Monsieur le Maire, est une tâche difficile qui me place entre deux écueils dont l’un est de faire mon éloge et l’autre de faire l’abandon de mes droits. Cependant malgré ce qu’il en coûte à un homme délicat d’être obligé de parler de lui-même en termes mesurés et avec la conscience de ne dire que la vérité, j’adopte le premier de ces deux partis par la double raison que cette nécessité est commune à tous mes concurrens, et ici je vous prie de daigner m’accorder votre attention, car c’est un jugement que vous êtes appelé à prononcer :

« Je suis fils et frère d’artistes connus par leur moralité et par leur talent (MM. Langlois[22], Alavoine[23] et Berrard[24] peuvent en rendre témoignage, ils les ont connus) ; mon père, toujours existant, habite à Auteuil dans une petite maison qui lui appartient[25] ; un de mes frères est mort[26] ; l’autre qui se livre aussi à la peinture, habite Paris[27] ; ma sœur unique est mariée à M. Cabannes, chef de secrétariat au ministère de l’intérieur.

« Voilà, monsieur le maire, quels sont mes plus proches parens et leur situation sociale ; maintenant comme il ne suffit pas d’appartenir à une famille honorable pour être sans reproche, c’est de moi que je vais avoir l’honneur de vous entretenir en vous indiquant les témoignages irrécusables et j’invoquerai d’abord celui de M. Émile Maurice qui m’a recommandé à M. votre gendre.

« J’invoquerai ensuite celui de M. Royer-Collard[28], chef de la division des Beaux-Arts au Mtère du Comce et des Travaux publics, qui étant par sa position journellement en rapport avec les artistes est plus à même de les connaître que qui que ce soit.

« J’invoquerai aussi celui du contre-amiral de La Bretonnière[29] avec qui j’ai fait mes premières campagnes, avec qui je me trouvais à Navarin et qui n’a jamais cessé de me témoigner son amitié.

« J’invoquerai également celui du docteur Sper[30], chirurgien en chef de la marine, ancien ami de ma famille et qui me soigna dans la maladie cruelle qui m’accabla pendant le cours de ma mission à Navarin.

« Et je terminerai en ce qui concerne ma vie privée par celui de M. Jazet, dont le nom est universel et avec qui je me trouve en rapport d’affaires pour la gravure de mes ouvrages depuis très longtemps.

« Il me reste maintenant à parler de ma vie civile, car les mœurs de la vie privée sont je pense indispensables, mais non suffisantes, pour établir les capacités d’un fonctionnaire ; il faut de plus être bon citoyen et citoyen dévoué prêt à payer de sa personne.

« En conséquence, j’invoquerai actuellement le témoignage de M. J.-J. Rousseau[31], maire du 3ème arrondissement dont je fais partie et celui de M. Cheveau, capitaine de la 1re compagnie du 2e bataillon de la IIIe légion, dont je fais partie aussi. Ils pourront vous dire, monsieur le maire, si j’ai été l’un des premiers à prendre les armes à toutes les émeutes et si j’étais le premier rendu à la mairie le 5 juin quand il s’est agi de la disputer aux insurgés.

« Pendant les trois premières journées de juillet j’étais à Alger missionné par le gouvernement pour faire le tableau de la prise de cette ville.

« M. Guinot, chef des transports militaires à Marseille, vous certifiera en outre qu’en 1825, me trouvant en partie de plaisir dans son bateau à une distance assez éloignée de la terre, j’ai sauvé malgré son opposition et celle de sa famille, l’un après l’autre, trois malheureux dont le canot avait chaviré.

« Je pourrais terminer cette lettre, déjà trop longue peut-être, si je n’avais la ferme conviction que non seulement un artiste doit être recommandable par ses parens, par lui-même, mais encore par ses alliances et par son entourage ; aussi pour vous le prouver, ainsi qu’à MM. vos adjoints, monsieur le maire, je vous annonce que la femme que j’ai épousée il y a douze ans est fille de feu M. Cavaroz, administrateur des Quinze-Vingts, décédé en 1814, et petite-fille du célèbre Maquaire[32], médecin chimiste et professeur au Jardin des Plantes après Buffon et sous lequel ont étudié MM. Fourcroy, Chaptal, Laperrière, Chaussée, Cuvier, Orfila et tout ce que la France compte d’hommes dans les sciences utiles depuis un demi-siècle.

« Je crois, Monsieur le Maire, vous avoir instruit, par cette lettre et par la précédente autant que je puis le faire, de tout ce qui m’est relatif si ce n’est cependant que pendant ma captivité en Angleterre j’ai appris la langue anglaise de manière à pouvoir correspondre facilement sur n’importe quel sujet, soit verbalement soit autrement ; que mon seul désir maintenant est de couler ma vie dans la société des habitans de cette ville s’ils ont l’indulgence de m’accueillir favorablement et de vous donner de vive voix toute explication sur ce que j’ai eu l’honneur de vous écrire et sur tout ce qui aurait pu m’échapper.

« J’ai l’honneur, etc.[33] »

Trois jours plus tard, Garneray annonce des lettres de recommandation, notamment de Royer-Collard. Celle-ci n’existe pas dans le dossier qui nous a été obligeamment communiqué[34] ; mais nous y trouvons des lettres extrêmement favorables de : J.-J. Rousseau, le 17 septembre 1832, du contre-amiral de La Bretonnière le 18, de Jazet le 20, du docteur Sper, le 21. Le 22, Garneray prévient de l’envoi d’un exemplaire des Ports de France et le 9 octobre s’engage formellement à se fixer à Rouen. Plusieurs compétiteurs, entre autres Couder[35], briguaient la place tout en prétendant continuer à habiter Paris.[36]

Le tableau de concours qu’il envoya fut la Pêche de la morue sur un banc de Terre-Neuve, qui est encore au musée de Rouen.

La nomination de Louis-Ambroise Garneray comme conservateur du musée date officiellement du 29 octobre 1832.

Le titre lui était accordé ; les fonctions, il devait les remplir, mais le bénéfice pécuniaire en restait au conservateur en retraite, Descamps, car voici ce que Garneray écrivait le jour même à M. Barbet :

« Vous me priez de vous adresser une renonciation aux appointements alloués à la place de conservateur du musée de votre ville que vous désirez continuer à M. Descamps, mon prédécesseur sa vie durant.

« Pour répondre à vos intentions, justes et bienveillantes en faveur de ce respectable vieillard, j’ai l’honneur de vous prévenir que je souscris de tout mon cœur à cette renonciation ainsi qu’aux autres considérations que contient cette même lettre. »

Si Garneray avait été marin désintéressé, il ne fut pas moins généreux, artiste, on le voit. La municipalité rouennaise n’en abusa-t-elle pas en ne lui accordant même pas un logement ?

Le 4 novembre, il réclame à ce sujet. Il habitait alors place Saint-Ouen, no 5 ; mais le bibliothécaire, Théodore Licquet, venait de mourir[37] et Garneray estimait qu’étant donné ses vastes proportions, son logement, devenu vacant, pouvait être divisé en deux et une moitié lui être attribuée. Bien qu’on lui fit espérer satisfaction, cette question de logement ne devait pourtant pas être résolue de sitôt, car deux ans plus tard, le 24 novembre 1834, Garneray écrivait : « Les appointements de 2 000 francs accordés au conservateur du musée étant, d’après nos conditions, touchés par M. Descamps, il résulte que je ne suis ni logé ni payé. »

À cette plainte, bien justifiée, il ajoute que, au lieu de se renfermer comme il l’aurait pu dans les fonctions de sa place, il surveille quotidiennement une classe d’élèves — en deux ans, il s’en était présenté trente-sept — « auxquels ma conscience me reprocherait de refuser le secours de mes connaissances ».

Ce ne fut que le 31 janvier 1836 que la mort de Descamps donna enfin à Garneray les émoluments de son poste.

Dès son arrivée au musée de Rouen il avait voulu créer une exposition annuelle de peinture. Il y réussit complètement d’ailleurs et le succès de cette fondation, affirmé par les organes locaux, alla toujours croissant.[38]

Il parvint également à constituer, par actions, une Société des Amis des arts, dont le concours lui facilita de précieuses acquisitions. Il en fut vice-président jusqu’au 15 mai 1834.[39] Dans un rapport adressé à la municipalité[40] nous voyons qu’il avait fait pour 7 000 d’achats d’objets d’art et dressé, à ses frais, un catalogue raisonné et critique du musée.[41]

La lecture de ce rapport prouve que Henri Barbet, appréciant l’élan artistique donné par Garneray, avait ouvertement secondé ses efforts, lui avait fait rembourser la presque totalité des dépenses du catalogue et avait obtenu de notables améliorations dans le personnel et le mobilier du musée.

Garneray, après en avoir exprimé sa gratitude, parle des inimitiés dont il est victime et détaille les ennuis multiples qui lui sont incessamment suscités.

Les mois suivants n’apportèrent aucune amélioration. À partir de novembre 1836, les difficultés se précisent, s’accentuent. Garneray témoigne d’un zèle persévérant et pour son musée et pour les expositions ; mais le budget qui lui est alloué est restreint et il le dépasse malgré un bon vouloir évident, mais auquel devait manquer le sens pratique ; devant des accusations injustes et malveillantes ses plaintes se font chaque jour plus amères.

Bientôt la situation n’est plus tenable. Le 30 mai 1837 il donne sa démission. Il en déguise, du mieux qu’il peut, les motifs ; prétexte l’éloignement de sa famille, des raisons de santé, de climat ; remercie encore Henri Barbet de la grande bienveillance qu’il lui a fidèlement témoignée ; demande que la nouvelle édition de son catalogue soit encore vendue à son profit — ce qui lui fut accordé — et enfin s’offre obligeamment pour achever d’organiser l’exposition.

Le dossier ne contient, en somme, que les réclamations d’un marchand de couleurs et de cadres de Paris : Binant, « rue de Cléry, no 7, près celle Montmartre ». Dans ces comptes, aucune trace de démêlés vraiment graves ; tout se résume à des questions d’emballages et de transports de tableaux et se termine par une réduction de 200 francs demandée et obtenue sur le dernier mémoire qu’il s’agissait d’acquitter ; le litige est définitivement soldé le 7 août par l’envoi à Garneray d’un mandat de 72 fr. 32, pour avances faites par lui et d’un autre mandat de 400 francs pour deux mois de traitement, avril et mai.

On a voulu voir Garneray sérieusement fautif alors qu’il semble n’avoir été que maladroit. Ne fut-il pas aussi l’objet de certaines vengeances secrètes ; enfin la ville ne fut-elle pas un peu plus que de raison exigeante, pour ce conservateur plus de quatre ans surnuméraire ?

Ce n’est pas aujourd’hui et sur les simples documents, peut-être incomplets, qui nous sont parvenus, qu’il serait possible de baser une appréciation et un jugement équitables. On nous permettra seulement de souligner que si les lettres écrites au moment de sa nomination ont toutes affirmé sa loyauté[42], l’étude que nous venons de faire de sa vie n’a pu également donner de cette loyauté que l’opinion la plus favorable.

À son exposition de cette année 1837, la ville de Rouen accorda à Garneray la médaille d’or pour une marine[43] ; le 6 septembre, il en adressa ses remerciements à M. Barbet, annonçant en même temps son intention de faire don au musée de Rouen de plusieurs bustes : Michel-Ange, Talma, David, Charlotte Corday ; aucun de ces bustes ne s’y trouve ; y furent-ils envoyés et plus tard dispersés, ou bien l’artiste revint-il sur son intention ?…

En revanche la bibliothèque de Rouen (collection Baratte) possède un portrait de Charlotte Corday, gravure coloriée de P.-M. Alix[44], qui doit être le portrait de l’héroïne exécuté par Garneray père pendant son interrogatoire ; ce portrait, nous l’avons dit, a été parfois attribué à l’oncle de Louis Garneray, mais la lettre suivante[45] prouve péremptoirement qu’il fut bien l’œuvre de son père. Voici la copie textuelle de ce précieux document :

Rouen, le 5 (sans indication de mois) 1836.

« Mon père ayant obtenu la faveur de faire le portrait de Charlotte Corday pendant l’audience du tribunal révolutionnaire où elle fut condamnée à mort, cette femme extraordinaire s’étant aperçue qu’il la dessinait jetta (sic) sur lui un regard d’intelligence et sans que ses réponses au terrible interrogatoire qu’on lui faisait subir perdissent rien de leur à-propos et de leur admirable énergie, elle s’imposa l’immobilité la plus complette (sic) jusqu’au moment où le peintre lui fit comprendre, par un signe de remerciement, qu’il avait fini sa tâche.

« Ce portrait, gravé de suite par le célèbre Alix, est d’autant plus précieux qu’il est extrêmement ressemblant et devenu si rare qu’il serait peut-être impossible de se le procurer à n’importe quel prix, surtout avant la lettre comme est celui-ci, attendu que lors du premier tirage le dessin et la planche, saisis par la police, furent impitoyablement détruits. »

Le don de Garneray père fut accepté par lettre du 25 juillet 1836.

Dans la collection Baratte il y a deux exemplaires de ce portrait, un avant la lettre et un après la lettre signé P.-M. Alix, sans nom de dessinateur il est vrai, mais, Alix n’ayant gravé — d’après Le Blanc (Manuel du collectionneur d’estampes) — qu’un seul portrait de Charlotte Corday, l’épreuve avant la lettre doit bien être celle qui fut offerte à la ville de Rouen par Louis Garneray au nom de l’auteur lui-même.

En janvier 1835, Garneray avait été reçu membre de l’Académie de Rouen. « À cette même époque, dit la Revue de Rouen, il collaborait à la Revue maritime, fondée en 1834[46] et était membre de la direction de la France maritime avec Gudin et Isabey pour la partie de la marine. »

C’est à la fin de 1841, ou au commencement de 1842, qu’il fut attaché à la manufacture de porcelaine de Sèvres. Malheureusement il n’y eut jamais de titre officiel et ne fut pas porté sur l’état du personnel fixe, d’où il résulte que les archives de cet établissement n’ont enregistré ni date d’entrée ni date de sortie ; mais ses œuvres ont marqué son passage et permettent de le suivre de 1842 à 1849. On en trouvera plus loin la liste. En outre, Sèvres possède le Vengeur, peinture sur porcelaine, qui fut exposé au Salon de 1838 et gravé par Himely.[47]

Le 6 septembre 1848, Garneray écrivait au ministère de l’instruction publique pour proposer comme « documents utiles à l’histoire de France » ses récits des nombreux événements maritimes auxquels il avait pris part : « Comme il n’existe au ministère de la marine aucun renseignement sur ces hauts faits d’armes parce que les navires ont été pris ou naufragés ; qu’après moi tous ces récits seront perdus pour l’histoire ; que je n’ai ni le temps, ni le talent d’en faire des livres ; qu’on pourrait en tirer un très bon parti en en confiant la rédaction à des littérateurs nécessiteux et d’une notoriété reconnue et qu’est là le but du comité institué par votre ministère pour la répartition du crédit de 100 000 francs pour l’encouragement des sciences et des lettres, je viens vous demander s’il vous convient d’utiliser mes manuscrits pour cet usage.[48] »

Un premier rapport fut fait sur le sujet de cette demande le 15 octobre 1848 ; puis une commission fut nommée, composée de MM. Fourichon, capitaine de vaisseau[49] ; Chassériau, historiographe de la marine,[50] et Girette, sous-chef du bureau des archives, avec mission d’examiner les manuscrits que Garneray avait déposés au mois de février 1849. Mais, peu après, Chassériau étant devenu chef de cabinet du ministère et M. Fourichon se disposant à prendre un commandement, M. Girette resta seul détenteur de ces cahiers.

Le 3 septembre, Garneray réclama une réponse.[51] On nomma alors une nouvelle commission adjoignant, à M. Girette, Jal historiographe[52] et M. Gueydon, capitaine de vaisseau[53]. Le rapport émanant de cette seconde commission, signé Girette et daté du 14 octobre 1849, donna comme conclusions : 1o que l’auteur se tenant sur l’extrême limite qui sépare le récit historique du roman et bien que le fond reposât incontestablement sur des faits réels, il était difficile d’y voir des faits historiques ; 2o que ces manuscrits ne pouvaient être publiés sans avoir été remaniés complètement et débarrassés d’un certain caractère d’exagération ; 3o que, s’il était impossible d’en faire l’objet d’un crédit supplémentaire, du moins les accepterait-on avec reconnaissance pour être conservés dans les archives de la marine, en en faisant insérer des fragments soit dans les Nouvelles Annales, soit dans quelque recueil plus répandu ; 4o qu’enfin on le recommanderait au ministre de l’Intérieur et au ministre du Commerce pour l’exécution sur toile ou sur porcelaine des tableaux représentant les faits d’armes auxquels il avait pris part.[54]

Le 11 janvier 1850, il rentra en possession de ses écrits. C’est après qu’il dut se décider à les utiliser lui-même puisque les premiers récits parurent dans la Patrie en 1853.

Garneray ne fut décoré que le 21 janvier 1852. « Point solliciteur et d’humeur parfois un peu rude, il reçut tard la croix qu’il avait méritée et comme soldat et comme artiste.[55] »

En 1855, l’invention d’une toile à peindre dite extra-souple et imputrescible lui valut une indemnité annuelle, l’approbation de l’Académie des Beaux-Arts et une médaille d’argent de la Société d’encouragement à l’Exposition universelle.

Le 6 février de la même année il sollicita du ministère de la Marine et des Colonies qu’à lui soit confiée l’exécution d’un tableau sur la bataille de Navarin ; ce fut le Combat de l’Armide exposé au Salon de 1853 et maintenant au musée de Nantes.

Louis Garneray mourut à Paris, rue des Martyrs, 24, le 11 septembre 1857, et fut inhumé le 13 à Notre-Dame de Lorette.

Il n’avait pas eu d’enfants ; par testament en date du 1er avril 1844 et codicille de 1855, il instituait sa femme légataire universelle. Mme Garneray, née Anne-Julie-Joséphine Cavaroz, mourut assassinée le 13 janvier 1858 ; l’auteur de ce crime ne fut jamais découvert.

Un portrait de Louis Garneray, par Biard, se trouve dans la France maritime[56]. Sa caricature fut faite par Dantan jeune en 1835.

Pour terminer cette étude nous donnerons quelques fragments des divers articles qui furent écrits sur l’artiste et sur ses œuvres, et de son vivant et après sa mort.

France maritime, t. III, p. 148 : « La Pêche à la baleine est une composition d’un beau mouvement, d’une couleur séduisante et surtout, ce qui était un assez grand obstacle, d’une complète exactitude… La Pêche au maquereau, toile, sans contredit, l’une des plus remarquables du Salon de 1834… M. Garneray est à la peinture maritime ce qu’est Édouard Corbière à la littérature ; tous deux marins, comme les cordes, moulent leurs productions sur le relief de la nature, belle ou laide, toujours vraie… Garneray se fait partout remarquer par sa connaissance parfaite de la mer et des marins. »

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

« Dans sa Pêche aux harengs, on remarquait surtout une grande exactitude de détails, une complète transparence dans les eaux, et, sinon un très bon dessin, au moins beaucoup de saillant dans les figures[57] ; on pensait à Ruïsdaël en voyant cette pêche. »

Revue de Rouen, 1833, t. II, p. 54 : « La Pêche de la sardine ne dément en rien la belle Pêche à la morue ; ce qui nous frappe surtout chez l’auteur distingué du Combat de Navarin, c’est l’air de facilité dont ses productions sont empreintes malgré leur extrême fini. Les eaux ont une transparence vraie… Nous attendons avec impatience la Pêche de la baleine, tableau que nous avons vu presque terminé dans son atelier et qui sera, selon nous, supérieur encore aux deux autres. »

Revue de Rouen, 1834, t. IV, p. 70 : « La Vue de l’Escaut est un chef-d’œuvre de finesse et de vérité ; ce petit tableau suffirait seul pour placer l’auteur à la tête de nos peintres de marines les plus recherchés… Rien de plus original que l’Attaque d’un navire chinois par des pirates malais… Ce sera certainement une des peintures les plus piquantes et des plus curieuses de l’école française. » Ces articles sont dus au publiciste Gaugain.

Revue de Rouen, 1836, t. VIII, p. 35 : « Dans le Combat d’Augusta[58], M. Garneray a peut-être déployé plus de science et de savoir-faire que dans aucune autre de ses compositions. »

Id., p. 37 : " Dans la Pêche aux harengs, cet horizon rétréci, cette mer houleuse… tout cet ensemble, si neuf d’effet, si triste d’impression, si attachant d’inquiet intérêt, évoque l’âme hors de la foule… vrai triomphe pour l’œuvre d’art qui réussit à s’emparer ainsi du cœur. »

Id., p. 38 : « … Le vaisseau est son empire, nul ne le possède autant que lui, etc. ».

Journal de Rouen, 23 juillet 1836 : « Le Combat d’Augusta en Sicile est une belle page historique qui, destinée au musée de Versailles, ajoutera noblement à ses richesses. »

Le Siècle, 15 septembre 1857 : « Louis Garneray qui, avant de devenir un remarquable peintre de marines, avait été intrépide et bon marin, vient de mourir vieux d’ans, mais jeune encore de verve et d’amour du travail. Son œuvre, qui se compose de près de deux cents tableaux de grandeurs diverses, mérite une appréciation à part que rien ne presse de donner, les œuvres de Garneray n’étant pas de celles qui n’ont qu’un succès éphémère… Il a été largement consolé de tous ses mécomptes par le succès si populaire et si bien mérité de ses mémoires publiés il y a cinq ans. »

La Patrie, du 14 septembre 1857, annonce que Garneray « reçut à son lit de mort la lettre officielle qui l’invitait à venir retirer la médaille de Sainte-Hélène à laquelle sa vie si pénible et si honorable lui avait donné tant de droits ».

Enfin, dans la Gazette des Beaux-Arts, t. VI, p. 88, et t. X, p. 29, 108-109 et 165, nous trouvons Garneray cité par MM. Daniel Ster et Léon Lagrange, à côté de Court, Morel-Fatio, Hippolyte Bellangé, Karl Girardet, Mozin, Paul Huet, etc., etc.

Garneray, on le voit, fut considéré comme un très bon peintre. La postérité peut ne pas ratifier de tout point ces appréciations et peut y apporter des restrictions ; l’orientation et le faire évoluent et se modifient ; comme bien d’autres, Garneray est, à présent, « passé de mode » ; mais en art comme en littérature on ne doit oublier ni l’époque, ni les traditions régnantes, ni l’influence forcée du milieu, on pourrait dire l’ambiance. Tout jugement sérieux devant être établi sur ces bases, nous conclurons que, pour être de deuxième plan, Louis Garneray n’en reste pas moins un artiste de talent fort estimable et, en tant que peintre de marines, d’une science absolument rare et aussi absolument incontestable.

Mme N.-N. Oursel,
Membre de la Société archéologique
d’Avranches, à Rouen.

  1. Garneray ne donne pas son nom.
  2. Pierre-Louis-Auguste Ferron, comte de la Ferronnays (1777-1842), diplomate, maréchal de camp, pair de France, ambassadeur à Rome. (V. Récit d’une sœur, par Mme Craven.)
  3. Louis-Marie Céleste, duc d’Aumont (1762-1831), duc de Pienne, pair de France. Célèbre par ses écuries. C’est lui qui a donné son nom aux voitures à « la daumont ».
  4. Amédée-Bretagne Malo, duc de Duras (1770-1838), maréchal de camp, membre de l’Académie française.
  5. Victor-Joseph Étienne, dit Jouy (1764-1846), soldat à la Guyane, commandant de la place de Lille, littérateur, membre de l’Académie française, 1815 ; conservateur de la Bibliothèque du Louvre, 1831.
  6. 1817.
  7. Hue (Jean-François), 1751-1823. Peintre de marines et paysagiste, membre de l’Académie de peinture, 1782.
  8. Crépin (Louis-Philippe), 1772-1851. Peintre de marines.
  9. Scènes maritimes, t. II, p. 4.
  10. l’article signé Ch. d’Argé, Nouv. Biog. gén. Bien que l’indication n’y soit pas, il faut certainement lire : « Société des Amis des arts de Paris. »
  11. Debucourt (Philibert-Louis), 1775-1832. Peintre, graveur, élève de Vies, membre de l’Académie de peinture, 1782 ; peintre du roi. Annette et Lubin, la Cruche cassée, le Menuet de la mariée, etc., etc.
  12. Scènes maritimes, t. II p. 5.
  13. La préface de cette première partie est signée : Ach… R… Malgré de minutieuses recherches, il a été impossible de préciser qui est ce Ach… R… Ne serait-ce pas le publiciste Achille Roche (1801-1834), qui, ardent politique, put et dut être en relations avec Jouy ? ou encore A. Roche, professeur à l’École d’artillerie de la marine à Toulon, et collaborateur à la Revue maritime, 1830-1832. Cette préface ne se trouve pas dans les exemplaires mis dans le commerce ; il est ici question du grand exemplaire du département des Estampes.
  14. T. III, p. 146.
  15. Le Journal de Rouen du 6 mai l’annonce avec grand éloge.
  16. Le dossier officiel du ministère de la marine contient une lettre — datée de Bel-Air Saint-Servan, 12 octobre 1841 — du fils de Surcouf à Garneray. Celui-ci s’était offert pour écrire la vie du célèbre corsaire. Il y est vivement remercié de sa proposition, mais l’acceptation en est ajournée.
  17. Scènes maritimes, t. II, p. 6 et suiv
  18. Jazet (Jean-Pierre-Marie), 1788-1871. graveur. Neveu de Debucourt. Il grava plus de vingt-cinq œuvres de L. Garneray.
  19. Descamps (Jean-Baptiste-Marc-Antoine), 1742-1836. Conservateur du musée de Rouen, 1809-1832. — Catalogue raisonné des tableaux exposés au Musée de Rouen, 1809, ouvrage souvent réimprimé. Son père, J.-B. Descamps, avait créé à Rouen une école gratuite de dessin.
  20. Barbet (Henri), 1789-1875. Maire de Rouen, 1830-1837 ; député, pair de France, grand-officier de la Légion d’honneur.
  21. Il donne comme adresse l’hôtel Vatel, où il était descendu. À Paris, il habitait alors rue Saint-Pierre-Montmartre, 15.
  22. Langlois (Eustache-Hyacinthe), 1777-1837. Peintre et graveur rouennais.
  23. Alavoine (Jean-Antoine), 1776-1834. Architecte de la flèche en fer fondu de la cathédrale de Rouen, 1822.
  24. Il n’existe, du nom de Berrard, aucun artiste contemporain de Garneray. Pour tous les répondants, résidant à Paris, dont il se réclame, il donne leur adresse en marge de sa lettre, ce qu’il ne fait pas pour MM. Langlois, Alavoine et Berrard ; celui-ci devait donc aussi habiter Rouen et être inévitablement connu de M. Barbet. Tout porte à croire qu’il est ici question de M. Bérard, censeur de la Banque de France, à Rouen, rue d’Harcourt, no5, ou de M. Louis Bérard, chevalier de la Légion d’honneur, quai du Havre, 85.
  25. Il y mourut le 11 juin 1837.
  26. Garneray (Auguste-Siméon), 1785-1824, né à Paris. Élève d’Isabey. Professeur de la reine Hortense, et plus tard de la duchesse de Berri ; dessinateur des costumes de l’Opéra. On cite de lui des aquarelles commandées par l’impératrice Marie-Louise pour une Histoire de Mlle de La Vallière, les illustrations d’une édition de Molière, etc., etc.
  27. Garneray (Hippolyte-J.-B.), 1787-1858. Peintre, graveur, aquarelliste. Des marines, des vues, des paysages ; Un perron époque Louis XIII (Musée de Douai).
  28. Royer-Collard (Pierre-Paul), 1763-1845. Député de la Marne, 1797 ; royaliste libéral, professeur de philosophie à la Sorbonne, 1811 ; conseiller d’État, membre de l’Académie française, 1827.
  29. Le contre-amiral de La Bretonnière avait un commandement à Navarin.
  30. Sper, médecin en chef des ports et des armées navales à Toulon ; officier de la Légion d’honneur
  31. Rousseau (Jean-Joseph), 1748-1837. Juge au tribunal de commerce de Paris, maire du IIIe arrondissement, commandeur de la Légion d’honneur, 1831 ; pair de France, 1832.
  32. Macquer (Pierre-Joseph), 1718-1784. Célèbre chimiste, associé, puis pensionnaire, de l’Académie des sciences de Paris, directeur de la manufacture de porcelaine de Sèvres, professeur de chimie au Jardin du roi.
  33. Il donne comme adresse : rue de la Cigogne, 6, à Rouen.
  34. Archives municipales, mairie de Rouen ; dossier 49, 46e section.
  35. Couder (Louis-Charles-Auguste). 1790-1873. Élève de Regnault et de David ; membre de l’Académie des Beaux-Arts, 1839 ; officier de la Légion d’honneur, 1841. Le dossier de la mairie de Rouen contient deux lettres de cet artiste.
  36. Parmi les concurrents de Garneray nous trouvons : — Hippolyte Bellangé (1800-1866), qui lui succéda comme conservateur du Musée, 1837-1854. — Jean Biard, né à Rouen (1790), élève de David, professeur du dessina l’école de Saint-Denis. — Louis-Henri Brière (1797-1869) ; Normand, graveur à l’imprimerie impériale, élève de Descamps, contribua à la fondation du Musée d’antiquités de Rouen. — Charles Le Boulanger de Boisfrémont (1793-1833), né à Rouen. — Charles-Désiré Légal (1794-1869), né à Rouen, élève de Girodet.
  37. 1er novembre 1832.
  38. Pour ces expositions, v. Revue de Rouen, t. II, p. 49 ; t. III, p. 257 ; t. IV, pp. 63 et 120 ; t. V, p. 61 ; t. VI, p. 40 ; t. VII, p. 357 ; t. VIII, pp. 5, 215 et 300 ; t. X, p. 63 ; Journal de Rouen, 2, 7, 9 et 11 juillet 1833 ; 1er juillet 1834 : « Tout l’honneur (de cette exposition) doit être rapporté à l’habile directeur, M. Garneray, dont la réputation comme artiste n’avait plus à croître… il a exposé, outre sa Pêche à la morue, la Pêche au saumon, inspirée de Guy Mannering ; une Marine hollandaise, pleine de transparence, de vie et d’exactitude, etc. » Le Journal de Rouen, du 31 janvier 1835, fait grand éloge de la Pêche aux aloses, que Garneray avait généreusement exposé pendant huit jours au profit de la Société maternelle ; ibid., 6 juillet : « Le contingent du directeur de notre Musée n’est jamais assez nombreux. » ; ibid., 13 juillet et 10 août 1835 ; 2 et 23 juillet 1836.
  39. Pour cette Société, v. Revue de Rouen, t. III, pp. 60, 105 et 259 ; t. IV, pp. 121 et 181 ; t. VI, pp. 46 et 119 ; t. VII, p. 424.
  40. Février 1836.
  41. « M. Garneray vient d’ajouter à tous ses droits à la reconnaissance des amis éclairés des arts en publiant un catalogue, tel qu’il constitue une véritable innovation dans ce genre. Chaque œuvre s’y trouve accompagnée de notes biographiques sur son auteur et d’un commentaire raisonné sur le mérite de l’œuvre… on peut bien prétendre qu’aucun musée ne possède en ce moment un catalogue comme celui-ci. » (Journal de Rouen, 31 juillet 1834.)
  42. « Cet artiste que j’ai le plaisir de connaître depuis longues années est tout à fait intéressant par ses talents et ses qualités personnelles… en toute circonstance, il s’est montré homme plein d’honneur et loyal. » (Contre-amiral de la Bretonnière.) — « Nous sommes liés d’amitié depuis l’enfance et j’ai toujours reconnu en lui des qualités d’honnête homme, citoyen dévoué, homme laborieux. » (Jazet.) — « Il est d’un commerce fort doux, d’une obligeance extrême, d’un désintéressement à toute épreuve, d’un caractère aussi noble que loyal, très délicat sur le point d’honneur. » (Sper.)
  43. Archives de la mairie de Rouen, dossier 49-14, et Revue de Rouen, t. X, p. 64.
  44. Alix (Pierre-Michel), 1752-1809. Graveur, élève de Le Bas.
  45. Archives de la mairie de Rouen, dossier 49 A, 18e section.
  46. Aucune trace de cette Revue n’existe à la Bibliothèque nationale. Peut-être Garneray collabora-t-il à la Revue maritime, qui exista de 1830 à 1832 ; mais il est difficile de le constater, beaucoup des articles de cette revue étant anonymes.
  47. Himely (Sigismond), 1801-1872, graveur suisse.
  48. Garneray donne alors comme adresse : rue Nationale, 17, Sèvres ; mais dans les livrets du Salon, à partir de 1844, on trouve : rue Coquenard, 30 ; rue Bréda, 8, et rue Coquenard, 11, chez M. Sylvain Gérard.
  49. Fourichon (Martin), 1809-1884. Gouverneur de Cayenne, 1852 ; contre-amiral, 1853 ; ministre de la marine, 1870 ; député de la Dordogne, 1871 ; sénateur, 1875 ; grand-croix de la Légion d’honneur.
  50. Chassériau (Frédéric-Victor-Charles), 1807-1881. Conseiller d’État, 1851.
  51. Il avait quitté Sèvres et habitait Paris, rue des Martyrs, 24.
  52. Jal (Auguste), 1795-1873. Conservateur des archives au ministère de la Marine, littérateur couronné par l’Académie française.
  53. Louis-Henri comte de Gueydon (1809-1886). Contre-amiral, 1854 ; préfet maritime à Lorient, 1858, puis à Brest ; vice-amiral, 1861 ; gouverneur de l’Algérie, 1871.
  54. Dossier officiel, cote CC, 7, ministère de la Marine.
  55. Le Siècle, 15 septembre 1857.
  56. T. III, p. 146.
  57. Un critique s’est trouvé pour écrire : « Garneray n’osait pas aborder la figure et l’on remarque dans la plupart de ses œuvres l’absence de l’homme. » Cette assertion ne saurait avoir aucune valeur et tombe d’elle-même
  58. Entre Duquesne et Ruyler, 1676. Ce tableau, exposé au Salon de 1837, se trouve dans les galeries de Versailles.