Une voix dans la foule/Vers d’automne
VERS D’AUTOMNE
Le soleil n’est qu’un souvenir,
Les feuilles ont caché la terre,
Les derniers oiseaux vont se taire
Et les chansons d’amour finir.
Les jeunes femmes, où sont-elles,
Qui cueillirent baisers et fleurs ?
Écoute le passant en pleurs :
Amours et roses sont mortelles.
Va fermer la porte à l’hiver,
Ô pauvre que plus pauvre envie !
Ris à la mort, pleure à la vie ;
C’est l’heure où l’on ne voit plus clair.
Vers quels pays bleus va la route
Où veille, obscure, ta maison ?
Las ! tu ne vois plus l’horizon :
La pluie au bord du toit dégoutte.
Personne n’ira plus dehors.
Attends donc, seul, à la fenêtre,
Que ce long jour ait cessé d’être,
Et pense un peu, dans l’ombre, aux morts.