PhilomélaJ. Hetzel, libraire-éditeur (p. 157-158).

UNE VOIX



Ce soir, quand j’eus commis cette action funeste
Pour une femme indigne et que je n’aime pas,
Sur le seuil désormais interdit à mes pas
Une voix lamentable a pleuré ce mot : Reste !


Je suis parti, grinçant des dents, tordant mes bras,
Frappant du poing ce cœur que la gangrène infeste,
Et me suivant ainsi que Tisiphone Oreste,
Presque éteinte : Reviens ! disait la voix tout bas.

Alors, chétif, j’ai bu des forces dans ma gourde !
Livrant ma tête aux vents et mon âme au démon,
Je me suis redressé malgré ma peine lourde.

Et quand j’eus dit enfin : Les dés sont jetés, non !
Derrière, dans la nuit, la voix lointaine et sourde
Me rappelait encore en soupirant mon nom.