Une campagne sur les côtes du Japon/Chapitre 1

CHAPITRE I.

Premières relations des Européens avec le Japon au seizième siècle. — Développement, prospérité et ruine de leurs établissements religieux et commerciaux. — Bannissement des Européens du Japon au dix-septième siècle. — Constitution sociale et politique du Japon.


Si l’on jette les yeux sur une carte de l’Asie, l’on aperçoit, au nord des mers de Chine, un groupe d’îles présentant à peu près, dans leur ensemble l’aspect et la superficie de l’Angleterre : c’est le Japon, pays volcanique, couvert de montagnes et entouré de récifs. À l’ouest un détroit de trente à quarante lieues le sépare de la presqu’île de Corée, pointe avancée de l’empire chinois ; au nord, par l’île de Yesso, il touche aux possessions russes de la Sibérie. Sur tous les autres points, les profondeurs du Pacifique l’isolent du reste du globe.

Cette situation géographique du Japon, et l’absence, chez ce peuple, d’un grand commerce maritime, expliquent l’ignorance dans laquelle les navigateurs européens restèrent longtemps sur son existence ou du moins sur sa véritable situation. En 1543, pour la première fois, alors que les Portugais et les Hollandais répandus sur les côtes de l’Indo-Chine et dans les archipels voisins se disputaient le commerce de l’Asie, une jonque montée par quelques Portugais fut poussée par la tempête sur une des îles méridionales du Japon. Un accueil bienveillant leur fut fait ; ils s’empressèrent de retourner en Chine et de faire part de leur découverte. — Quelques années après, les colonies de Macao, de Manille et même de Goa dans les Indes, envoyèrent de nombreuses migrations dans ce pays, où les attiraient la douceur des habitants, la beauté d’un climat semblable à celui du midi de l’Europe et des ressources commerciales immenses. Le peuple japonais, race intelligente et curieuse d’apprendre, accueillit avec intérêt les nouveaux venus, leur industrie et leurs sciences. De riches comptoirs s’établirent sur plusieurs points, notamment à Nagasaki et à Firato, et le Japon échangea ses produits contre ceux des nations européennes et de leurs colonies des Indes-Orientales. Ce pays fut donc, une première fois, ouvert aux productions et aux idées d’un monde qu’il ignorait, d’une civilisation que ses rares et jalouses relations avec la Chine ne pouvaient lui avoir révélée. Les missionnaires chrétiens y étaient arrivés à la suite des navigateurs ; ils furent accueillis avec une faveur aussi grande. Le catholicisme trouva chez le peuple japonais de fervents adeptes, et de nombreux établissements religieux se fondèrent à côté des temples où se célébrait le culte de Bouddha, et celui du Sintisme ou religion nationale.

L’état du pays, d’ailleurs, favorisait l’introduction de l’élément étranger. Des guerres civiles divisaient les grands princes feudataires qui se partageaient le Japon ; soumis, en principe, à l’autorité d’un empereur ou Mikado, duquel ils tenaient leur investiture, ils cherchaient, depuis des siècles, à s’affranchir de cette suprématie et à régner en maîtres sur leurs provinces, dont leurs ancêtres avaient reçu la garde au temps des premiers souverains. Obligés de les ramener constamment par la force au sentiment de leur devoir, les Mikados avaient, quatre cents ans auparavant, créé la charge de Siogoun ou général en chef, personnage investi du commandement des forces impériales, avec mission de maintenir les princes dans l’obéissance. La dignité s’était perpétuée avec l’état de guerre qui en avait été l’origine, et les Siogouns, comme les maires du palais sous nos rois fainéants, avaient peu à peu accaparé l’exercice réel du pouvoir. Reléguant les Mikados dans un rôle à peu près spirituel, ne leur laissant de la suprématie que les apparences, ils finirent par concentrer dans leurs propres mains la direction des affaires de l’empire. C’est dans cet état que les premiers Européens trouvèrent le pays. Les Siogouns, malgré l’énergie qui avait manqué aux faibles Mikados, malgré les divisions qui régnaient entre les princes eux-mêmes, avaient jusqu’alors échoué devant leur résistance. On vit alors les uns accueillir avec empressement les étrangers, leurs inventions et même la religion qu’ils proclamaient, tandis que chez d’autres la présence de ces mêmes étrangers et de leurs adeptes servait de prétexte à des proscriptions et à des représailles. Au milieu de cette existence orageuse, les relations commerciales se développèrent, le catholicisme grandit ; et la croix, tenant en échec les vieilles religions du pays, vint se dresser jusque dans les murs de Miako, la ville sainte, le sanctuaire du culte des Kamis[1].

C’est en 1590, à l’apogée de cet état florissant des comptoirs et des établissements européens, que le célèbre Taiko-Fidéyosi prit en main l’épée des Siogouns. Il sut le premier porter une atteinte sérieuse à l’indépendance de la féodalité japonaise, et jeter les fondements d’un pouvoir central que ses successeurs allaient organiser et affermir. Aussi bon politique qu’habile général, Taïko sut désunir les princes ; et, flattant leurs ressentiments et leur ambition, les ramener successivement à reconnaître son autorité ; puis, lorsqu’il eut entre les mains la direction de toutes ces forces auparavant désunies, il songea à les occuper à quelque expédition étrangère, où les succès, comme les revers, allaient donner un aliment à l’esprit belliqueux de la nation ; il envoya donc des armées à la conquête de la Chine, et entreprit cette guerre de Corée qui dura jusqu’à la fin de son règne (1599). Reconnaissant avoir atteint suffisamment son but, et déjà sur son lit de mort, il ordonna le rappel de l’expédition.

Le règne de Taïko fut aussi funeste aux étrangers et à leur religion qu’il l’avait été à l’indépendance des princes. Frappé par d’imprudentes révélations, le Siogoun fut amené à voir dans ces marchands semant l’or sous leurs pas, dans ces prédicateurs éloquents d’une religion nouvelle, l’avant-garde des flottes et des armées qui, de la même manière, avaient récemment conquis les plus puissants royaumes de l’Asie. Leur influence et leur nombre allaient croissant ; un incident fut le signal des proscriptions[2]. En vain quelques-uns de leurs puissants prosélytes essayèrent-ils d’intercéder pour eux ; ils partagèrent leur disgrâce. L’église du Japon cessa désormais de prospérer et ne produisit plus que des martyrs. Les ports furent fermés ; des édits d’expulsion furent publiés partout l’empire et gravés sur les monuments publics. À la mort de Taïko, et lors des dissensions intestines qui se produisirent à l’occasion de sa succession, les chrétiens essayèrent de regagner leur influence en se mêlant aux intrigues des partis. L’élément national ayant fini par triompher, les chrétiens, redoutés comme conquérants, accusés de trahison, furent bannis à jamais, ainsi que la croix, symbole de leur religion. Des milliers d’indigènes périrent avec ceux qui leur avaient enseigné la foi nouvelle, et la religion proscrite finit par disparaître dans une mer de sang. En l’an 1639, le Japon était définitivement fermé. L’année suivante, le massacre de l’ambassade portugaise envoyée de Macao venait prouver combien cette résolution était irrévocable. Le rideau tomba sur ce drame sanglant.

Une seule et singulière exception fut maintenue, toutefois, en faveur d’une nation qui n’arborait pas, comme les autres, le symbole si redouté de la croix, et qui avait su garder les sympathies du peuple japonais en restant à l’écart de ses dissensions intestines. Les Hollandais furent admis à conserver un comptoir dans le port de Nagasaki. Un îlot, construit artificiellement en avant de la ville, leur fut assigné comme résidence. Parqués comme des prisonniers dans cette étroite enceinte, gardés à vue par une armée de fonctionnaires et d’espions, ils furent autorisés à vendre les marchandises que leur apportaient d’Europe des navires de leur nation, en nombre limité strictement à deux par année. La nationalité de chaque vaisseau qui mouillait dans la baie était scrupuleusement vérifiée ; les armes et les canons qu’ils avaient à bord étaient enlevés pour leur être rendus au départ. Tout enfin était prévu pour maintenir strictement close la barrière à jamais élevée autour du Japon. Les Hollandais acceptèrent cette situation, plus humiliante pour leur orgueil qu’elle n’était profitable à leurs intérêts commerciaux. L’îlot de Désima resta, en quelque sorte, un observatoire, une sentinelle avancée, par où le Japon pouvait surveiller, de sa retraite, les autres nations, et se mettre en garde contre toute nouvelle tentative d’invasion étrangère.

Tel fut, jusqu’à nos jours, ce spectacle, unique dans l’histoire, d’un peuple cherchant à faire oublier, en quelque sorte, son existence ; il y a dix ans cet état de choses durait encore.

Pendant cette longue période de deux cent quinze années, les seules notions qui nous parvinrent sur ce pays, furent donc nécessairement transmises par le comptoir hollandais de Décima. Tous les quatre ans le directeur de la factorerie se rendait en grande pompe dans la capitale pour offrir à l’empereur de riches présents et faire, en quelque sorte, acte de soumission ; il est resté de curieuses relations de ces voyages, à travers un pays riche, excessivement populeux, et jouissant désormais d’une paix profonde, après des siècles de guerres civiles.

À l’extérieur, rien ne vint également troubler cette quiétude, sauf, de temps à autre, l’éphémère apparition de quelque navire de guerre cherchant en vain à nouer des relations avec les autorités indigènes ; et, au commencement de ce siècle, en 1808 et 1813, quelques tentatives des Anglais pour surprendre et occuper la factorerie de Décima ; elles échouèrent devant la vigilance des Hollandais et l’attitude hostile des batteries japonaises qui défendaient la rade de Nagazaki.

Depuis l’année 1640, où le dernier chrétien fut expulsé du sol du Japon, jusqu’au jour ; tout récent, où ce pays vient d’être ouvert une seconde fois aux nations étrangères, sa constitution intérieure paraît être restée complétement stationnaire : les rapports sociaux, les mœurs, les usages, sont demeurés ce qu’ils étaient au temps des Portugais. C’est pourquoi l’étude de cette société, organisée d’une façon définitive et jouissant pendant deux cents ans d’une tranquillité profonde, est d’un grand intérêt pour l’intelligence des faits contemporains. Malheureusement, malgré les efforts faits jusqu’ici dans ce but, les points importants de cette constitution restent entourés d’une grande obscurité, maintenue par les Japonais d’aujourd’hui avec un soin jaloux. Nous allons, toutefois, donner un rapide aperçu de ce qu’elle a de plus saillant et de plus caractéristique.

À l’époque où les Siogouns essayaient vainement de réduire à l’obéissance une féodalité insoumise, un petit nombre de princes feudataires se partageait la possession du pays. D’immenses richesses, de populeux territoires favorisaient leurs projets d’indépendance et d’agrandissement ; tel était le secret de cette existence contre laquelle, dès l’origine, avaient lutté sans succès les Mikados. Nous avons vu comment Taïko avait su détourner leur ardeur guerroyante. À sa mort, le régent Yyéas, après avoir usurpé le trône de son bienfaiteur au détriment du fils que ce dernier lui avait confié, eut à reprendre la lutte avec ces infatigables ennemis. Cette guerre, qui dura treize années, amena le parti de la noblesse à rechercher une paix définitive. L’avantage restait au Siogoun, qui, craignant de compromettre sa nouvelle puissance en poussant à bout ses adversaires, consentit à traiter. Quelques-uns des grands fiefs avaient disparu ; les autres étaient plus ou moins réduits ; les terres libres furent distribuées entre une nouvelle noblesse, en partie choisie parmi les parents de l’usurpateur, et une foule d’officiers ; ce furent les petits Daïmios et les Hattamottos[3].

Les anciens détenteurs de fiefs, amenés à composition, durent signer des conventions qui reconnaissaient le nouvel état de choses et réglaient désormais la mesure de leurs rapports avec l’autorité impériale. C’est ainsi qu’Yyéas, appliquant la prudente maxime « diviser pour régner » créa cette noblesse des Gofoudaï naturellement dévouée au gouvernement qui lui donnait son existence, et qui dut tenir constamment en échec l’ancienne féodalité.

On rend aujourd’hui à Yyéas, sous le nom de Gongensama, les honneurs divins, et, sous ce même nom, les Japonais paraissent désigner l’ensemble des lois qui règlent chez eux l’ordre politique et social. Il est impossible de dire si ces lois ont jamais été réunies dans un code, ou bien si, convenues secrètement entre les partis, elles restent enfouies au fond des châteaux de la noblesse et dans les archives du gouvernement. Tout ce que l’on peut affirmer, c’est que l’expulsion irrévocable des étrangers du sol du Japon est un article fondamental de ces lois ; tout ce que l’on peut dire de cette société ainsi réorganisée, c’est ce qu’il a été possible d’entrevoir de ses rouages depuis les récents événements qui ont ouvert une seconde fois le pays.

L’organisation actuelle du Japon fut donc l’œuvre d’Yyéas et de ses successeurs. À partir de cette époque, le gouvernement central, établi à Yedo, se réserva la possession directe du pays qui entoure cette capitale et de quelques-unes des villes maritimes du littoral : Osaka, Nagasaki, Simoda, Hakodadé. La province de Yedo, bordée par la mer et la chaîne des plus hautes montagnes de l’île Nipon, opposa ses frontières bien gardées à toute future tentative d’agression de la féodalité. Un proverbe japonais dit « que celui qui garde les défilés du Quanto, peut résister à toutes les armées arrivant du dehors. »

Le Mikado continua à vivre dans la ville sainte de Kioto. De plus en plus isolé des choses terrestres, élevé au rang des demi-dieux, chef de la religion nationale des Kamis, mais réduit, en fait d’attributions temporelles, à la nomination des hautes dignités religieuses, il cessa désormais de porter ombrage. Il garda, il est vrai, le droit d’investiture des fiefs que ses ancêtres avaient distribués, mais perdit celui d’en destituer les possesseurs. Il devint donc, on le voit, un instrument docile au nom duquel le parti le plus puissant imposerait ses volontés : c’est ainsi que, jusqu’à nos jours, les successeurs d’Yyéas ont gardé leur suprématie sur une noblesse fière de son origine et encore puissante.

À Yedo, devenue la vraie capitale, les Siogouns, quittant ce nom qui rappelait leurs anciennes fonctions de généralissime, pour celui de Taïcoun par lequel on les désigne aujourd’hui, organisèrent un puissant pouvoir centralisateur. Un premier ministre ou Gotaïro, le Gorogio ou conseil des Cinq, élu parmi les grands princes, et le second conseil ou Wakadouchiori, se partagèrent la direction des affaires, confiées pour l’exécution à de nombreux fonctionnaires subalternes. La dignité du Taïcoun ne fut pas héréditaire ; trois maisons princières, descendues des trois fils d’Yyéas[4], les Gosanké, furent appelées à l’honneur de fournir les empereurs temporels, élus par les deux conseils de l’empire et confirmés par le Mikado.

Le point le plus curieux de cette savante organisation est une obligation imposée, depuis Yyéas, aux Daïmios et à laquelle les Koksis eux-mêmes sont tenus de se soumettre.

Chaque prince possède à Yedo un ou plusieurs palais[5] est tenu, à des époques périodiques, de venir y résider quelque temps. Il y vient avec ses officiers, ses serviteurs, avec la suite qui convient à son rang et à sa puissance, mais pour se prosterner devant le Taïcoun, premier lieutenant du Mikado, et recevoir ses ordres ou renouveler ses serments de fidélité. Cela fait, il peut partir et reprendre le chemin de ses terres ; mais, comme gage de la sincérité de ses paroles, il laisse derrière lui de précieux otages : sa femme, ses enfants n’ont pu quitter l’enceinte de son palais, où ils sont condamnés à rester éternellement, et, suivant les lois draconiennes du pays, la moindre faute du vassal retomberait immédiatement sur ses proches[6].

L’organisation de la société japonaise est restée, depuis son origine, toute aristocratique et militaire ; les princes, les nobles, les prêtres, les fonctionnaires et, au-dessous d’eux, le peuple divisé en pêcheurs, agriculteurs, marchands, forment autant de classes distinctes dans lesquelles chacun naît et vit sans qu’il lui soit possible d’en sortir à de bien rares exceptions près. Il n’y a pas de profession militaire proprement dite ; mais ceux qui gouvernent et qui commandent sont tous, le cas échéant, appelés à concourir à la défense nationale. Les classes supérieures, seules admises à porter les armes et instruites à s’en servir, se chargent du soin d’assurer la sécurité du pays ou de vider leurs propres querelles, tandis qu’au-dessous de leurs luttes et de leurs agitations, le peuple continue ses travaux, assistant comme à un spectacle aux débats auxquels il n’a jamais à prendre part. Contraint à une obéissance absolue, à laquelle il est façonné par son éducation, il ne saurait s’écarter un instant des lois ou des prescriptions d’étiquette qui règlent minutieusement jusqu’aux moindres détails de sa vie. Cet ordre de choses est poussé, au Japon, à ses dernières limites et le pouvoir n’en affranchit même pas ; il n’est pas un Japonais qui n’en soit l’esclave, quelque rang qu’il occupe dans la hiérarchie sociale.

Pour achever ce rapide aperçu de la société japonaise, il faut parler du rôle qu’y joue l’espionnage. — Cette force, qui dans nos sociétés se dissimule et se voile honteusement là où elle est réputée nécessaire au maintien de l’ordre, s’emploie dans ce pays au grand jour. L’espionnage forme une profession publique avec sa hiérarchie et ses grades, qui sont la récompense du mérite et des services rendus. Chaque fonctionnaire d’un certain rang se voit surveillé par son collègue, tandis qu’il en surveille un autre à son tour. C’est ainsi que les Taïcouns, dans leurs jours de puissance, ont institué la charge d’un grand juge, habitant à Miako un palais en face de celui des Mikados, en apparence avec la mission de veiller à leur sûreté, mais en réalité avec celle de rendre compte de leurs moindres actions. Les princes ont des espions attachés à leurs personnes avec la charge de tenir au courant de leur conduite le gouvernement de Yedo ; c’est alors une profession pleine de périls, où la plus grande habileté est nécessaire. Eux-mêmes ont leurs agents à la cour du Taïcoun. Enfin le respect invétéré du peuple pour la suprématie des hautes classes fournit à celles-ci de faciles moyens de contrôle mutuel. On peut donc dire qu’une moitié du Japon espionne l’autre, et comme, d’autre part, toute désobéissance à un ordre, souvent même un simple insuccès, entraîne les châtiments les plus rigoureux, il en résulte pour le gouvernement central une grande obéissance de la part de ses fonctionnaires et une soumission absolue des basses classes à tous ses ordres. Nous en verrons plus loin de curieux exemples.

  1. L’église de Miako fut fondée en 1560, des lettres patentes de l’empereur du Japon y ayant autorisé les Pères portugais, malgré une vive opposition de tout le clergé national.
  2. L’évêque du Japon, croisant un jour dans son palanquin le cortége d’un des principaux ministres, refusa de s’écarter de son passage suivant la coutume du pays, et affecta même d’occuper la plus grande partie de la route.
  3. Les princes de l’ancienne noblesse portent le titre de Daïmios Koksis ceux de la noblesse créée par Yyéas ou ses successeurs sont Daïmios Gofoudaï, au nombre de cent trente-cinq environ, tandis que l’on ne connaît que dix-huit princes Koksis. Il faut citer encore quatre-vingt-dix familles environ de Daïmios tosammas, petits princes, jouissant d’une certaine indépendance. Le nombre des Hattamottos est évalué à quatre-vingt mille.
  4. Ces maisons sont celles de Mito, de Kiisiou et d’Owari.
  5. L’ensemble de ces palais forme le quartier aristocratique de Yedo ; ses rues sont désertes et silencieuses, et l’on y circule entre les immenses enceintes qui entourent les palais et leurs dépendances.
  6. Cette obligation, instituée par la dynastie d’Yyéas à l’époque de sa puissance, s’est conservée jusqu’à nos jours. Mais, en 1862, le bruit se répandit qu’à la faveur des troubles du pays et de l’ébranlement du pouvoir du Taïcoun, un certain nombre de princes venait de s’y soustraire : on avait remarqué de longs convois, ceux des familles de Daïmios, abandonnant leur palais de Yedo pour rentrer dans leurs provinces. Il est certain que, volontairement ou non, le Taïcoun laissa à cette époque un grand nombre de Daïmios quitter la capitale.