I
ANALYSE DU POÈME
MERVEILLEUSE ODYSSÉE : RENCONTRE AVEC LES LIONS ; LES PORTES DU SOLEIL ET LES HOMMES-SCORPIONS ; LA RÉGION DE LA NUIT ET LES JARDINS ENCHANTÉS ; LA DÉESSE SABIT ET LE PILOTE AMEL-EA ; L’OCÉAN ET LES EAUX DE LA MORT ; SAMAS-NAPISTIM, L’ÉLOIGNÉ
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me voilà en butte à la haine... Maintenant, j’ai peur, oh ! j’ai peur du combat... » et, en disant cela, sa voix s’étouffait dans les sanglots...

Après avoir rendu à son ami les derniers devoirs Gilgamès s’enfuit en toute hâte, par crainte d’être surpris, lui aussi, par la mort : « Non, se dit-il en lui-même, je ne veux point mourir comme Eabani. Maintenant que j’ai été éprouvé par la douleur, j’ai peur, oh ! j’ai peur de la mort... [1] »

Une perte aussi cruellement ressentie, modifia profondément l’humeur de Gilgamès. De ce jour, ce ne fut plus le même homme. Hanté par de sombres visions, il ne rêva plus de combats, mais d’immortalité. Au lieu de courir les belles aventures, il se mit en quête du secret de la vie. L’infatigable lutteur fit place en lui au chercheur inquiet. Ainsi voyons-nous, dans le poème de Gilgamès, aux récits de guerre, succéder les récits de voyage. La mort d’Eabani est comme le centre de l’action. Elle est la fin d’une Iliade et le commencement d’une Odyssée.


* * *


Gilgamès comptait parmi ses aïeux un certain Samas-napistim et sa femme, lesquels, après avoir été sauvés miraculeusement du déluge, avaient obtenu des dieux, par un privilège unique, le don d’immortalité. Le couple divin demeurait au loin, sur un rivage fortuné, à « la bouche » des fleuves.

Gilgamès, miné déjà par un mal mystérieux, sans cesse obsédé par l’image de la mort, se mit donc en route aussitôt, pour se rendre auprès de sa Haute Seigneurie, Samas-napistim, fils de Ubara-Marduk, espérant obtenir de lui sa guérison et aussi le secret d’immortalité,

Or, après avoir cheminé tout le long du jour, sur le soir, comme le héros arriva au pied de la montagne, voilà que, tout d’un coup, il se trouva face à face avec des lions. A cette vue, son premier mouvement fut un mouvement de frayeur. Mais ayant jeté vers le dieu Sin cet appel désespéré : « Sauve-moi, ô mon dieu, sauve-moi, » aussitôt il se sentit réconforté. Alors, d’une main saisissant la hache, de l’autre le glaive, il fondit sur les lions. Il frappait de droite et de gauche avec furie.... Dans cette lutte sauvage l’homme vainquit le fauve. Gilgamès, déjà célèbre par tant d’exploits, acquit ainsi le renom de grand chasseur. Désormais, il restera le type du légendaire tueur de lions [2].

À peine sorti victorieux de cette première épreuve, Gilgamès allait en subir une seconde plus redoutable encore. C’était aux abords du mont Masu, ce mont fameux de toute antiquité. Les hommes-scorpions en défendaient l’accès. Placés comme des sphinx, du côté de l’orient et de l’occident, ils gardaient jalousement les portes par où se lève et se couche le soleil, Ces monstres avaient leur légende. Ils avaient pris dans l’imagination populaire des proportions étranges et effroyables. Leur tête, disait-on, touchait la voûte du ciel, et leur poitrine plongeait dans les enfers. Leur seul aspect était foudroyant, et leur regard mortel ; leur éclat puissant renversait les montagnes... Il eut été bien osé celui qui se serait aventuré dans ces sinistres parages et aurait essayé de franchir le seuil défendu par des gardiens aussi vigilants [3].

À leur vue, Gilgamès se sentit d’abord glacé d’effroi. Son visage devint noir de peur... Toutefois, s’étant rassuré et prenant une résolution courageuse, il alla droit à leur rencontre : « Quel est donc celui qui vient vers nous ? » dit l’homme-scorpion à sa femme, « on dirait un dieu... » — « Dieu et homme à la fois, » reprit la femme. A peine finissaient-ils de parler, que Gilgamès les aborda. Or, comme le monstre s’étonna et demandait le motif qui avait amené jusqu’à lui, à travers des routes impraticables, ce voyageur audacieux, celui-ci lui répondit tout uniment qu’il allait au devant de Samas-napistim, son aïeul, de celui qui avait été admis dans la vaste assemblée des dieux, qui possédait le secret de la vie et de la mort [4].

L’homme-scorpion essaya d’abord de dissuader Gilgamès d’une aussi folle entreprise. Il lui montra les difficultés et les périls de la route. Il n’y avait aucune voie tracée ; personne d’ailleurs, de temps immémorial, n’avait dépassé ces monts. Il fallait aller, vingt-quatre heures durant, à travers la région de la nuit... Le plus sage était évidemment de s’en retourner [5].

Le héros insista ; il pria et pleura tant, que le monstre finit par lui indiquer le chemin, et lui ouvrir la porte qui donnait accès dans les ténèbres [6].

Gilgamès s’engagea hardiment sur cette route obscure, que suit le soleil au dessous de l’horizon. Après avoir marché pendant vingt-quatre heures, à l’aveugle, à travers la nuit profonde [7], il se trouva tout d’un coup, ô surprise ! en pleine lumière, parmi des jardins enchantés, tout plantés d’arbres ravissants, avec leurs branches pendantes et leurs fruits étincelants comme des pierres précieuses. Gilgamès avait enfin mis le pied sur cette terre idéale, située sur les rivages lointains, aux extrémités du monde, il touchait à ce pays du rêve, qui se cristallisa, dans l’imagination des peuples jeunes, en ces paradis enchanteurs où l’on cueillait les pommes d’or [8].

Gilgamès, cependant, allait son chemin... Il allait, conservant le même aspect, — le corps couvert d’une lèpre, qui servait de vêtement à sa chair divine, — et gardant au cœur la même blessure... Maintenant, il touchait aux bords de la vaste mer, aux limites de l’empire de la déesse Sabit. Or, celle-ci, ayant tourné les yeux de ce côté, du haut de son trône, aperçut au loin Gilgamès. A la vue de cet inconnu, son premier mouvement fut un mouvement de surprise. « Quel est donc, dit-elle en elle-même, ce voyageur imprudent, qui s’est aventuré en de si périlleux chemins ? Où égare-t-il donc ses pas ? » Mais dès qu’elle l’eût reconnu, aussitôt, elle ferma sa porte avec soin... A ce bruit, Gilgamès tendit l’oreille et se tint sur la défensive. Puis, s’étant avancé, il cria à travers la porte : « Voyons, Sabit, pourquoi es-tu ainsi effrayée à ma vue ? Pourquoi as-tu fermé la porte sur toi ? Si tu ne l’ouvres, je saurai bien l’enfoncer [9]. »

Devant de telles menaces, force fut à la déesse de céder. Gilgamès exposa alors à Sabit le but de son voyage. « Mon ami, celui que j’aimais tant, est retourné en poussière ; oui, Eabani, celui que j’aimais tant, est retourné en poussière. Moi, je ne veux pas mourir comme lui, je ne veux point le suivre dans sa prison redoutable. » Voilà pourquoi il se rendait en hâte auprès de Samas-napistim, son aïeul. — « Allons, Sabit, indique-moi le chemin qui mène vers Samas-napistim, de grâce, ne me refuse pas ! Je franchirai la mer si cela se peut, sinon, je reviendrai sur mes pas. » — « Non, lui répondit Sabit, la mer ne se peut franchir, de mémoire d’homme, personne ne l’a jamais franchie, si ce n’est pourtant le dieu Samas. Mais qui donc pourrait ce que peut le dieu Samas ? La traversée est rude et le chemin malaisé. Et d’ailleurs, à supposer que tu franchisses la mer, une fois arrivé devant les eaux de la mort que feras-tu ?... Car, tu le sais sans doute, au milieu de la vaste mer, à sa limite extrême, les eaux de la mort se divisent en deux branches... Cependant, puisque cela te tient à cœur, adresse-toi à Amel-Ea. C’est lui, le pilote de Samas- napistim. Va, coupe avec lui un cèdre dans la forêt à l’aide d’un instrument de pierre. Une fois qu’il t’aura vu, tu passeras avec lui, si cela se peut, sinon, tu reviendras sur tes pas [10]. »

Gilgamès, ne se sentant pas de joie, courut droit à la rencontre d’Amel-Ea, le pilote... [11] Or, comme celui- ci l’interrogeait, Gilgamès, encore une fois, conta sa douleur et exposa le but de son voyage. « Mon ami, celui que j’aimais tant, est retourné en poussière : oui, Eabani, celui que j’aimais tant est retourné en poussière. Moi, je ne veux point mourir comme lui, je ne veux point le suivre dans la prison redoutable. » Puis, il demanda son chemin à Amel-Ea, comme à la déesse Sabit, comme à l’homme-scorpion. « Allons, Amel-Ea, indique-moi le chemin qui mène vers Samas-napistim, de grâce, ne me refuse pas ! Je franchirai la mer, si cela se peut, sinon, je reviendrai sur mes pas [12]. »

Amel-Éa, accédant à la demande de Gilgamès, consentit à le passer... Mais auparavant, il lui ordonna d’aller couper avec sa hache du bois dans la forêt, de le disposer en un tas [13] et de faire une offrande aux dieux.,. Ce que Gilgamès ayant fait, il monta sur le bateau à côté d’Amel-Ea. Le bac une fois mis à flot, le pilote manœuvra si bien, qu’en moins de trois jours, il fit le chemin de trente-cinq jours... Maintenant, Gilgamès et Amel-Ea se trouvaient en face des eaux de la mort [14].

Au moment où, franchissant l’extrême limite de la mer, ils parvinrent aux eaux de la mort, Amel-Ea fit à Gilgamès cette recommandation : « Prends garde surtout de ne point toucher avec ta main les eaux de la mort. Accomplis, cependant, la cérémonie accoutumée, conformément au rite prescrit... » Ce dont le héros s’acquitta ponctuellement, suivant les indications du pilote. Or, Samas-napistim, ayant tourné les yeux de ce côté, aperçut au loin ces inconnus qui voguaient vers lui. Étonné, il se dit à lui-même : « Quel est donc ce bateau ?... Ce n’est pas assurément un homme quelconque, celui qui vient ainsi vers nous. Tiens, on dirait qu’à sa droite... [15] »

À peine finissait-il de parler, que Gilgamès l’aborda De prime abord il se fit connaître et raconta toute son histoire ; il dit à Samas-napistim, sa lutte contre le guépard de la plaine, contre le taureau divin, contre Humbaba, le mystérieux habitant de la forêt de cèdres, enfin contre les lions... Il mettait à conter cela ce naïf orgueil, que mettrait un petit-fils à conter à son vieux grand-père ses prouesses, au retour d’une expédition lointaine. Puis, il lui confia sa peine : « Mon ami, celui que j’aimais tant, est retourné en poussière oui, Eabani, celui que j’aimais tant, est retourné en poussière. Moi, je ne veux point mourir comme lui, je ne veux point le suivre dans la prison redoutable. C’est pourquoi je suis venu te trouver, toi, Samas-napistim, l’Éloigné, dont on parle tant. Je ne me suis pas laissé rebuter par les difficultés et les périls de la route. J’ai parcouru des plaines, franchi d’âpres montagnes, traversé la mer. J’ai connu la détresse, et ressenti la douleur. J’allais, les vêtements en lambeaux, me nourrissant de la chair des bêtes... J’ai tout supporté, tant je désirais te voir et apprendre de ta bouche le secret de la vie [16]. »

Samas-napistim ne céda point d’abord à la demande de Gilgamès. Il commença par l’exhorter à la résignation. Nul ne saurait échapper à la mort. C’est le destin… Les dieux et les hommes n’y peuvent rien [17]. La mort est le dernier ennemi de l’homme, le seul que l’homme ne puisse vaincre. « Depuis que l’on bâtit des maisons, depuis que les frères se querellent et que l’inimitié existe entre les hommes, depuis que le fleuve roule ses eaux et que les oiseaux du ciel regardent le soleil en face, toujours l’homme a été voué à la mort... L’homme a beau prier, rien n’y fait. Ce sont les Anunnaki, les grands dieux et Mammit, la maîtresse du destin, qui fixent le sort de chacun et règlent la vie et la mort. Jamais ils n’ont révélé à personne le jour de son trépas [18]  ? »

Ainsi ces hommes antiques connurent, comme nous, les angoisses de la douleur et de la mort. Ah ! elles furent bien amères, aux premiers jours, les larmes versées par un ami sur un ami, et bien troublante aussi l’image de la mort ! Longtemps, l’humanité, comme écrasée par le mystère des choses, vécut dans une sorte d’oppression morale. Elle traversa d’horribles transes... Plus d’un, sans doute, s’écria avec Gilgamès : « Mon ami, celui que j’aimais tant ; est retourné en poussière. Oh ! je ne veux point mourir comme lui ; je ne veux point le suivre dans sa noire prison. » Plus d’un aussi alla consulter les sages. Mais les sages eux-mêmes étaient embarrassés. Ils n’avaient point de remèdes contre de telles afflictions. Pas même une parole de consolation et d’espoir... Ils se contentaient, comme Samas-napistim, de prêcher la résignation : « La mort est inexorable et surprend chacun à l’improviste. Telle est la volonté des Anunnaki, des grands dieux et de Mammit, la souveraine du destin... » Pauvre humanité ? Comme elle dut souffrir des deuils inconsolés ! Comme elle dut se lamenter en face de la mort, de l’affreuse mort, sans espérance !...


* * *


[Tab. IX.] Cette montagne est célèbre sous le nom de Masu …
[Col. II.] Aux approches du mont Masu ……………
Ceux qui, tous les jours, en défendent l’entrée et la sortie,
(sont des monstres), dont la tête touche la voûte du ciel,
5 et dont la poitrine plonge au plus profond de l’Aral.
Ce sont les hommes-scorpions qui en gardent la porte,
ceux dont le seul aspect [19] est foudroyant, dont le regard est mortel,
et dont l’éclat puissant renv
=== no match ===
erse les montagnes.
Ils gardent le soleil à l’Orient et à l’Occident.
10 A leur vue, Gilgamès, d’abord saisi d’effroi et de terreur, s’assombrit,
puis, ayant pris sa résolution, il alla au-devant d’eux.
L’homme-scorpion dit à sa femme :
« Celui qui vient à notre rencontre a l’apparence d’un dieu [20]. »
15 La femme répondit à l’homme-scorpion :
« Ses songes (?) sont d’un dieu, mais sa démarche (?) est bien d’un homme. »
L’homme-scorpion, le mâle, dit
………… des dieux il proclama la volonté :
« ……………………… un long chemin,
20 ……………………… jusqu’en ma présence,
……………………… dont le passage est difficile,
……………… ton ……… qu’il sache
……………………………… est situé,
……………………………… qu’il sache,
……………………………………… »


[Tab. IX.] ………………………………………
[Col. III.] « ………………………………………
Dans …… Samas-napistim, mon aïeul, ……
qui se tient dans l’assemblée, ………………
5 la mort et la vie ……………………… »
L’homme-scorpion, ayant ouvert la bouche, parla et dit à Gilgamès :
« Il n’y a pas, Gilgamès, ………………
de cette montagne, personne ………………
10 à une distance de vingt-quatre heures, ………
qui est une région de ténèbres, où ne pénètre point la lumière.
Au lever du soleil, ………………………
au coucher du soleil, ………………………
au coucher du soleil, ………………………
15 sortit ………………………………
brilla ………………………………
toi ………………………………
retourne ………………………………
………………………………………
20 région ………………………………
………………………………

[Tab. IX.] ………………………………………
[Col. IV.] dans le deuil, ………………………………
dans les plaintes, ………………………………
35 dans les gémissements, ………………………
maintenant,
L’homme-scorpion ………………………………
à Gilgamès ………………………………
« Va, Gilgamès, ………………………………
40 les montagnes de Masu ………………………
les montagnes ………………………………
les femmes …

……………………………
la grande porte du pays ………………………
Gilgamès ………………………………
45 au nom ………………………………
la route du soleil ………………………………
deux heures, ………………………………
de la région de ténèbres, ………………………
il ne laissa pas ………………………………
50 quatre heures, ………………………………

[Tab.IX.] ………………………………………
[Col. V.] huit heures, ………………………………
de la région de ténèbres, ………………………
25 il ne laissa pas ………………………………
dix heures, ………………………………
de la région de ténèbres, ………………………………
il ne laissa pas ………………………………
douze heures, ………………………………
30 de la région des ténèbres, ………………………………
il ne laissa pas ………………………………
quatorze heures, en approchant …………
de la région de ténèbres, où ne pénètre point la lumière,
il ne laissa pas ………………………………
35 seize heures, ……………… il cria,
de la région de ténèbres, où ne pénètre point la lumière,
il ne laissa pas ……………… derrière lui ;
dix-huit heures, ……… la région du nord,
……………………………… devant lui,
40 ………… où ne pénètre point la lumière,
……………………………… derrière lui,
………………………………………
……………………………… la mêlée,
……………………………… deux heures,

45 ……………………… avant le soleil,
……………………… la lumière habite,
…… comme (?)…… des dieux splendide à voir.
Ses fruits sont de pierre sandu ;
ses branches (?) pendantes offrent un agréable aspect ;
50 ses bourgeons (?) sont de pierre uknu ;
ses fruits ont belle apparence.

[Tab. IX.] ………………………………………
[Col. VI.] ………………………………………
……. le cèdre ………………………
25 pour la deuxième fois ( ?), de pierre blanche (?), moi(?)
[…] la mer … de pierre za-tu-be, …
comme l’arbre num et l’arbre de la forêt ?)[...]
la sauterelle ………… avec la semence,
de pierre nisikti, de pierre ka …… à ……
30 ……………… et ……………… il parla,
comme ……………… sur [……]
de ……………………… la mer,
il y a vers ……………………le charme,
Gilgamès ……………………sa démarche,
35 il porta ……………………… ce dieu
La déesse Siduri Sabitum, celle qui est assise sur le trône de la mer,
Neuvième tablette : celui qui a vu l’abîme. Histoire (?) de Gilgamès.

40 Propriété d’Assurbanipal,

roi des légions, roi du pays d’Assur.

………………………………………


tout ce que ………………………………

l’habileté au combat ………………………

50 sur des tablettes, j’ai inscrit ………………

pour l’exposition ………………………

au milieu du palais ………………………

[Tab. X.] La déesse Siduri Sabitum, celle qui sur le trône
[Col. I.] de la mer
est assise ………………………………
« Il y eut une deuxième fois ( ?), il y eut ...
couvre [……], et ………………………
5 Gilgamès s’approcha (?), et ………………………
couvert de lèpre, ………………………
ayant la chair des dieux dans ………………………
la douleur envahit son âme.
Sabitum tourna les yeux vers celui qui avait entrepris ce long voyage,
10 et le regarda venir de loin ………………
Elle conçut en son cœur ces pensées, ………
et en elle-même, ………………………
« Quel est donc celui qui ………………………
Où se dirige-t-il avec ………………………
15 A sa vue, Sabitum ferma ………………
elle ferma et referma sa porte ………………
Gilgamès, lui, tendit l’oreille ………………
il leva son zukat et ………………
Gilgamès, s’adressant à Sabitum, lui dit :
20 « Sabitum, qu’as-tu vu que ………………
que tu aies fermé ta porte, ………………

je briserai la porte ………………………
………………………………………

[Tab. X.] « Ecoute-moi, vieillard, ………………
[Col. II.] moi, à Eabani, ………………………………
comme un moucheron (?), ………………………
la hache attachée à mon côté, ………………
5 le glaive suspendu à ma ceinture, ………………
[………] mes fêtes ………………
………… il vint et ………………
……………… donne ………………
………………………………………

«………………………………………
……………… la parole de mon ami ………
………… la parole d’Eabani …………
10 ……………………… je m’en revins,
…… que je ramène (?), que j’évoque (?)………
Mon ami, celui que j’aimais est retourné en poussière ; Eabani, mon ami, celui que j’aimais, est retourné en poussière.
Moi, (dit-il), je ne veux point mourir, certes, comme lui ;
je ne veux point entrer dans la forte citadelle. »
15 Gilgamès, s’adressant à Sabit, lui dit :
« Maintenant, Sabit, (dis-moi) quel est le chemin qui mène vers Samas-napistim ?
Quel est ce chemin ? Fais-le moi connaître, oh ! oui, fais-le moi connaître.
Si le passage est facile, je franchirai la mer,
si, au contraire, le passage est impossible, je reviendrai sur mes pas. »
20 Sabit, s’adressant à Gilgamès, lui dit :
« Il n’existe point de passage, ô Gilgamès,

et, de temps immémorial, aucun de ceux qui sont
venus n’a pu franchir la mer.
Samas, le guerrier, la franchit sans doute ; mais qui donc, si ce n’est Samas, pourrait la franchir ?
La traversée est rude, la route ardue.
25 En outre, au milieu, en deçà (de la mer), se divisent les eaux de la mort.
A supposer, Gilgamès, que tu parviennes à franchir la mer,
une fois arrivé aux eaux de la mort, que feras-tu ?
Gilgamès, le pilote de Samas-napistim est Amel-Ea.
Avec un instrument (?) de pierre, de concert avec
lui, va, abats un cèdre dans la forêt.
30 ……………………… qu’il voie ta face.
Si le passage est facile, traverse avec lui, si, au contraire, le passage est impossible, reviens sur tes pas. »
Gilgamès, ayant entendu cela,
……………… à ………………
……………… joyeux, il descendit ……
35 …………… au milieu d’eux. ………
……………………… et …………
………………………………………
………………………………son (?)………
……………………………… Gilgamès
40 ……………………………… sa poitrine,
………………………………le bateau
………………………………de la mort,
……………………………… vaste,
……………………………… le champ
45 ……………………………… au fleuve
……………………………… le bateau
……………………………… sur le bord,
……………………………… le pilote,
……………………………… la grandeur,

50 ……………………………… toi.

[Tab. X.] Amel-Ea, s’adressant à Gilgamès, lui dit :
[Col. III.] « Pourquoi ta force puissante ………………
………… ton cœur ……………… »
Le deuil envahit son âme
5 …… tourna ses yeux vers celui qui avait entrepris ce long voyage.
la plainte (?) et tu es propice (?) à la place …
……………… et ………………


……………………… dit à ………
«……………… ne ………………
10 ………… la main a porté …………
le deuil envahit ton âme
………………………………………
……………… place ………………
………………………………………
………………………………………

dans ………………………………
20 mon ami, ………………………………
Eabani ………………………………
il parvint ………………………………
six jours ………………………………
jusque ………………………………
25 ………………………………………
………………………………………
………… ma main (?)………………
………………………………………
……… que je ramène (?), que j’évoque (?), …
30 Mon ami, celui que j’aimais, est retourné en poussière ; Eabani, mon ami, celui que j’

aimais, est retourné en poussière.
Moi, (dit-il), je ne veux point mourir, certes, comme lui ; je ne veux point entrer dans la forte citadelle. »
Gilgamès, s’adressant à Amel-Ea, le pilote, lui dit :
« Maintenant, Amel-Ea, (dis-moi) quel est le chemin qui mène vers Samas-napistim ?
Quel est ce chemin ? Fais-le moi connaître, oh ! oui, fais-le moi connaître.
35 Si le passage est facile, je franchirai la mer, si, au contraire, le passage est impossible, je reviendrai sur mes pas. »
Amel-Ea, s’adressant à Gilgamès, lui dit :
« Tes mains, Gilgamès, ont empêché ………
tu as taillé des objets de pierre, ………
des objets de pierre ont été taillés, ………
40 Gilgamès, saisis de ta main la hache,
descends vers la forêt et un parisu de cinq gar .
amoncelle et fais une offrande (?) ; apporte … »
Gilgamès, ayant entendu cela,
saisit de sa main la hache,
45 descendit vers la forêt et un parisu de cinq gar ,
il amoncela et fit une offrande ( ?) ; il apporta …
Gilgamès et Amel-Ea montèrent …………
ils mirent le bateau à flot, et eux …………
Le pilote fit en trois jours un chemin de trente-cinq jours ………………
50 Amel-Ea parvint aux eaux de la mort.

[Tab. X.] Amel-Ea, s’adressant à Gilgamès, lui dit :
[Col. IV.] « Tous les jours, Gilgamès, ………………
ne touche pas de ta main les eaux de la mort,
deux, trois et quatre fois, Gilgamès, prends le parisu,
5 cinq, six et sept fois, Gilgamès, prends le parisu,
huit, neuf et dix fois, Gilgamès, prends le parisu,

onze et douze fois, Gilgamès, prends le parisu. »
Jusqu’à cent vingt fois Gilgamès accomplit ……
alors, il l’ouvrit par le milieu …………
10 Gilgamès poussa un cri ………………
dans ses mains il prit le karû ……………
Samas-napistim regarda au loin …………
Il conçut en son cœur ces pensées ………
et en lui-même, il ………………
15 « Quelle est la taille (?) du bateau ………
inachevé (?), et monté de cinq …………
Celui qui s’avance n’est pas un homme quelconque et, à sa droite, ………………
Je regarde et il ne ………………
je regarde et il ne ………………
20 je regarde et ……………………

[Tab. X.] « ………………………………………
[Col. V.] ……………………………… ma face,
……………… semblable à un alû,
……………………………… ma face,
5 ……………… je m’en suis retourné,
……………… le guépard de la plaine,
……………… le guépard de la plaine,
……………………… la montagne,
……nous avons terrassé le taureau divin,
………… habitant la forêt de cèdres,
……………………………… .les lions,
…………toute sorte de difficultés,
… je suis allé à travers toute sorte de difficultés,
……………………… j’ai pleuré sur lui,
15 ……………………………… milieu
……………………………… son ……
……………………… de la plaine (?),

sur moi, le chemin …… de la plaine (?),
…… mon ami, sur moi ; la route ………
20 … que je ramène (?), que j’évoque (?) ……
Mon ami, celui que j’aimais, est retourné en poussière, Eabani, mon ami, celui que j’aimais, est retourné en poussière.
Moi, (dit-il), je ne veux point mourir, certes, comme lui ; je ne veux point entrer dans la forte citadelle. !
Gilgamès, s’adressant à Samas-napistim, lui dit :
« ainsi : Je veux aller vers Samas-napistim, l’Éloigné, et voir celui dont on parle tant.
25 J’ai circulé, j’ai parcouru tous les pays,
…… j’ai franchi les montagnes escarpées,
………… j’ai traversé toutes les mers,
…… ce bonheur n’a pas suffi à me rassasier.
…… moi-même dans la détresse, la douleur a pénétré mes chairs [21]
30 … Sabit je n’ai pas atteint et elle a déchiré (?) le vêtement,
…… l’ asa, le busanu du guépard, le tigre, le
chevreuil, l’antilope, le fauve ………
eux, j’ai mangé leur chair, j’ai préparé, ……
qu’il ferme sa porte ; avec l’asphalte et plein de joie, la demeure ………………
35 ………… vers la douleur ………
Samas-napistim, s’adressant à Gilgamès, lui dit :
«…… Gilgamès le deuil ………
……… les dieux et les hommes ……
………… et ta mère ………

40 ……… Gilgamès au lillu ………
………… et ……………
……… au lillu [………] …
………………………………………
… le kûkku second, qui, comme ………
…… le dieu [……] comme ………
45 ………………………………………
………………………………………

………………………………………
10………………………………………
Eabani ……… des mulets (?)……
de tout ce que (?) et nous sommes montés,
nous avons saisi le taureau divin,
nous avons atteint Humbaba, l’habitant de la forêt de cèdres,
15 maintenant quel est ce songe (?) qui a pris …
tu ne respectas pas, tu n’écoutas pas ………
et lui ne porta pas …………………
il toucha son cœur, il ne battait plus, ……
il déchira ; mon ami, comme une épouse, ……
20 comme un lion, lui dit ………………
comme une lionne, […] … message ……
……… je tournai au devant …………
il regarde et eux regardent………………
avec le lillu et […] est pris […]
25 Aux premières lueurs de l’aube, …………
Gilgamès ………………………………
Eabani ………………………………
et ………………………………
qui ………………………………
30 et ………………………………
………………………………………
 le f

ort ………………………………
le puissant ………………………………
………………………………

………………………………
40 ……………………… que ………
……………… eux et la nuit (?) ……
……………… le juge des Anunnaki
Gilgamès, ayant entendu cela,
se ressouvint en son cœur, de l’homme (?) du fleuve.
45 Aux premières lueurs de l’aube, Gilgamès ……
il sortit un plateau en bois d’Elam et ………
un lit de pierre sandu, …………………
un lit de pierre uknu …………………
………………………………………
50 ………………………………………

[Tab. X.] « ………………………………………
[Col. VI.] Ne …… pas ………………………
25 je suis en colère ………………………
Depuis que nous construisons des maisons et que nous scellons ……
depuis que les frères se querellent, ………
depuis que l’inimitié existe entre ………
depuis que le fleuve roule ses eaux [22], ………
30 que les oiseaux kulili et kirippâ ………………
regardent le soleil en face ………………
depuis ce jour, il n’y a pas ………………
[…] et la mort (vont) comme de pair, ……
de la mort il n’a pas gardé ………………
35 depuis que l’homme malade et l’homme

sain (?) prient ………
Les Anunnaki, les grand dieux, …………
Mammit, qui crée le destin, fixent le sort avec eux,
règlent la mort et la vie,
et ne révèlent pas le jour de la mort. »
40 Gilgamès, s’adressant à Samas-napistim, lui dit :

Dixième tablette : celui qui a vu l’abîme. Histoire (?) de Gilgamès.

45 Propriété d’Assurbanipal, roi des légions, roi du pays d’Assur.

10 ………………………………………
……………………………… gazelle (?),
……………………………… toi,
……………………………… il t élève,
……………………… qu’il envoie […]
15 ……………………………… le bois de cèdres,
……………………………… jour et nuit,
……………………… vaste d’Uruk supuri,
……………………… il approche derrière nous
………………………du blé des montagnes,
20 ……………………… je mourrai,
……………… milieu (?) comme ta mère,
……………………………… le cèdre,
……………………………… avec notre force,
……………………………… le chacal (?)
25 ………………………………de la plaine,
……………………………… à son côté,
………………………………………
………………………………………
……………………………… Uruk supuri

30 ………………………………………
40
………………………………………

45
……………………………… bien travaillé,
………………………………du pays d’Assur.

Notes modifier

  1. Tab. VIII. Col. VI, l. 28-32 et Tab. IX. Col. I, l. 1-5.
  2. Tab.IX. Col. I, l.6-18.
  3. Tab. IX. Col. II, l. 1-9.
  4. Tab. IX. Col. II, l. 10-21 et Tab. IX. Col. III, l. 3-5.
  5. Tab. IX. Col. III, l. 6-11, l. 17-18.
  6. Tab. IX. Col. IV, l. 33-43.
  7. Tab. IX. Col. IV, l. 44-50 et Tab. IX. Col. V, l. 23-45.
  8. Tab. IX Col. V. 1. 46-51. Cf. Tab. IX. Col. VI.
  9. Tab. X. Col. I, l. 1-22.
  10. Tab. X. Col. II, l. 8-31. On ne saurait rien tirer du début de la col. II. Ce fragment, d’ailleurs, ne paraît pas être ici à sa place.
  11. Tab. X. Col. II, l. 32-34.
  12. Tab. X. Col. III, l. 1-35.
  13. Il lui ordonne en même temps de faire unparisu de cinq gar. Qu’était-ce au juste que ce parisu ? Il serait difficile de le dire. Un peu plus loin, à la colonne suivante, ce même parisu joue le principal rôle dans certaine cérémonie qu’accomplit Gilgamès, tandis qu’il vogue, en compagnie d’Amel-Ea, sur les eaux de la mort.
  14. Tab. X. Col. III, l. 36-50. Les 1. 37-39 sont très obscures.
  15. Tab. X.Col. IV, l. 1-21.
  16. Tab. X. Col. V, l. 1-35. Cf. le duplicata de la Tab. X. Col. V, l. 10-25. On ne saurait rien tirer du fragment qui termine la col. V. Il n’est pas certain, d’ailleurs, que ce morceau soit ici à sa place.
  17. Tab. X. Col. V, l. 36-45.
  18. Tab. X. Col. VI, l. 26-39. On ne saurait rien tirer du second fragment, donné comme appartenant à la col. VI. Cette attribution est, d’ailleurs, fort incertaine.
  19. Mot à mot : « la terreur. »
  20. Mot à mot : « a le corps fait de la chair des dieux. »
  21. Mot à mot : « a rempli, comblé nos chairs ».
  22. Mot à mot : « emporte sa plénitude».




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