I
ANALYSE DU POÈME
PRÉLUDE
◄   Avant-propos 2   ►




I
ANALYSE DU POÈME
PRÉLUDE

Le poème s’ouvre par une sorte de prélude, qui paraît n’avoir été, suivant le procédé familier aux auteurs épiques, qu’un exposé du sujet en raccourci. Dès l’ouverture, se trouve marquée l’issue finale, qui doit aboutir à travers de multiples aventures. Ainsi le vieux mage a pris soin, tout d’abord, de préciser la haute signification de ses chants et le caractère distinctif de son héros.

« Ceci est l’histoire de Gilgamès, qui a vu l’abîme, qui a tout connu, qui a pénétré les mystères, qui apporta la nouvelle de ce qui s’est passé avant le déluge et, à la suite de ses lointaines pérégrinations, se laissa aller de fatigue…[1] »

Gilgamès, en effet, n’est pas uniquement, comme on pourrait le croire d’après un examen superficiel, le grand coureur d’aventures, l’auteur d’héroïques équipées, il est encore, par son côté mystérieux et profond, le chercheur fatidique, l’explorateur intrépide parti à la découverte de ces choses divines, le bien, le bonheur, la science et qui revient exténué, de ce long voyage à travers les pays inconnus. Gilgamès est le prototype d’Hercule. Il est à la fois le dieu sauveur, le lutteur infatigable, le grand devin, découragé hélas ! par ses propres visions. Gilgamès c’est Apollon, c’est Achille doublé d’Ulysse, c’est déjà Faust.


AMITIÉ DE GILGAMÈS ET D’EABANI


Gilgamès se montre, au premier abord, comme une sorte de héros populaire. Nous le surprenons en pleine vogue. Il est aimé et recherché à l’envi. Tous, hommes et femmes, se sentent portés d’une ardeur folle pour Gilgamès. C’est l’homme à belles fortunes, le premier ancêtre authentique de Don Juan. Issu de la race des dieux, — il semble bien que sa mère ait été

  1. Tab. I. Col. I.