Un inventaire de bord en 1294 et les origines de la navigation hauturière


UN INVENTAIRE DE BORD
EN 1294
ET
LES ORIGINES DE LA NAVIGATION HAUTURIÈRE.


Séparateur



En novembre 1293, le vaisseau Saint-Nicolas, de Messine, revenait de Tripoli de Barbarie, avec un chargement de cuirs et de pelleteries, lorsqu’il rencontra dans les eaux d’Agosta une galère de Nice. La galère, armée en course par Renier Grimaldi, futur amiral de France, et par divers particuliers génois, était en quête d’aventures. Il y avait alors abstinence de guerre, et les Siciliens s’y fiaient. Mais la haine que la guerre des Vêpres siciliennes avait déchaînée entre ces insulaires et les marins génois au service des Franco-Angevins, était trop vivace pour que l’équipage de la galère laissât échapper l’aubaine d’une vengeance.

Le Saint-Nicolas fut amariné sans peine, remorqué jusqu’à Tarente, et vendu avec tout son chargement dans ce pays, qui dépendait des rois angevins de Naples. Les marins du bord furent emprisonnés dans un des châteaux de la province. Relâchés bientôt, ils déposèrent une plainte entre les mains de l’infant Frédéric, vice-roi de Sicile pour le roi Jacques d’Aragon. L’infant la fit parvenir, par l’intermédiaire du comte Jean de Montfort, chambellan du royaume de Naples, au roi Charles le Boiteux, et, le 8 mai 1294, le capitaine de Tarente recevait l’ordre de rendre justice aux plaignants ; suivait l’inventaire, qu’ils avaient eu soin de dresser, de tous les objets qui se trouvaient à bord au moment de la prise.

C’étaient, en fait de marchandises, des cuirs de bœufs, de chameaux, des peaux de renards, de chacals peut-être, d’hyènes et de chats sauvages, des toiles gommées, dites bougrans, empilées sur des pièces de coton teint, des serges et des béguines rouges, dont la couleur tranchait sur les feutres noirs pour chapeaux ou sur les grosses étoffes arabes appelées burde, rayées noir et jaune. Çà et là, quelque objet disparate, une balance d’Alexandrie, une serrure sarrazine attestaient la provenance de la cargaison.

La garde-robe de l’équipage était assez mal montée : un matelas, une couverture et un tapis par homme, des tuniques de gros drap et des jaques de bougran n’avaient guère de valeur. Si vous cherchez un signe de la richesse relative de chacun, sachez que le patron avait quatre paires de culottes et de chemises, et ses matelots seulement deux. En tenue de ville, il avait sans doute grand air, le patron, avec ses fourrures de peaux de lapin, sa culotte de soie, le sifflet d’argent sur la poitrine et le ventre sanglé de la courroie de cuir où pendaient une bourse, des tablettes pour écrire, un encrier et des roseaux comme plume.

Le second patron n’était pas moins coquet. Un capuchon vert fourré de cendal rouge retombait sur une cotte-hardie lombarde que fermaient des boutons d’ambre ou d’ivoire ; il portait une bourse de soie au côté. Particulièrement chargé des marchandises, il avait un timbre, un fer, pour les marquer.

Dans ces parages infestés de pirates, on pense bien que les douze hommes de l’équipage étaient armés jusqu’aux dents. Leur gorgerine s’adaptait à un chapeau d’acier, d’où une cervelière parfois descendait sur la nuque. Sous la cuirasse couvrant la poitrine, une jaque d’armes enveloppait tout le buste. Un gant de fer garantissait la main droite qui maniait la lance ou le poignard ; un écu pendait au bras gauche. Le patron, reconnaissable à sa cuirasse couverte de soie rouge, avait en outre deux arbalètes, et le second un arc damasquiné. C’était toute l’artillerie du bord.

L’inventaire, à ce point de vue, est un petit tableau de genre, où se meuvent, s’habillent et s’arment les redoutables marins qui nous infligeaient, huit ans auparavant, les terribles défaites navales de Las Hormigas et de Rosas.

Mais, pour curieux qu’il paraisse, il n’aurait qu’un intérêt secondaire, s’il ne jetait quelques lueurs sur les origines de la navigation hauturière, c’est-à-dire de la navigation rationnelle substituée à la routine empirique du cabotage. Il me reste, en effet, à parler des instruments de pilotage qui se trouvaient à bord du Saint-Nicolas.


I. La carte marine.


Dans un texte des plus controversés jusqu’ici, Raymond Lull disait que les pilotes usaient de quatre instruments nautiques : « Chartam, compassum, acum et stellam maris, » carte marine, compas, aiguille aimantée et rose des vents. Raymond Lull écrivait entre 1286 et 1295[1]. Il était de Majorque.

Or, la première carte majorquaine que nous connaissions, celle de Dulcert, est de 1339 seulement ; elle présente, dans sa nomenclature, des coïncidences frappantes[2] avec une carte arabe plus ancienne, originaire de l’Afrique occidentale et appelée pour cette raison la Maghrébine. Et, comme Raymond Lull avait institué dans les États du roi de Majorque une haute école monastique pour les études arabes, on se demandait s’il ne prenait pas d’avance ses desiderata pour des réalités et si ce n’était pas lui qui avait introduit en Catalogne la cartographie arabe.

Lull avait beaucoup voyagé et rien ne nous dit qu’il entende parler des pilotes de sa patrie. Or, de son temps, il existait une région où les instruments nautiques qu’il indique étaient d’un usage courant. C’était la Sicile, et c’est l’inventaire du Saint-Nicolas de Messine qui nous le révèle. En 1293, au moment de la capture du navire, il n’y a pas moins de trois mappemondes à bord, dont l’une est accompagnée d’un compas, « mappamundum unum cum cumpasso[3]. » Cette dernière était entre les mains du patron, les autres appartenaient au second et à un simple matelot.

Un siècle et demi auparavant, Edrisi rédigeait à Palerme sa célèbre géographie ou Récréation de celui qui désire parcourir les pays, qu’il terminait en 1153. Voilà le point de départ de la cartographie sicilienne : il est encore arabe ; mais comment, de la théorie, passa-t-on à la pratique et quand les marins usèrent-ils des connaissances rassemblées par Edrisi ? Si nous tenons les deux extrémités de la chaîne, les anneaux intermédiaires nous échappent. Il est certain que l’on commença par composer des cartes réduites et spéciales d’une région déterminée[4]. Edrisi donna l’exemple par un portulan de l’Afrique septentrionale contenu dans sa géographie[5]. Du xiie siècle, on connaît encore une carte de la Sardaigne, puis un portulan de la Méditerranée occidentale[6]. Les mappemondes du Saint-Nicolas, sur lesquelles on pointait au compas la route parcourue, étaient à une grande échelle, puisque la traversée se bornait au parcours de Messine à Tripoli. Le fait qu’elles étaient à une grande échelle entraîne cette conséquence qu’elles étaient spéciales à certains parages. De leur bas prix, en effet, sept tarins dix gros avec compas, et six ou sept tarins sans cet accessoire, nous pouvons conclure que c’étaient d’humbles planisphères et non pas de ces atlas comme ceux de Pierre Vesconte ou Visconti, de Gênes, en usage vingt ans plus tard.

Dans les atlas de Vesconte, dans celui de 1313 tout au moins, que le prince Roland Bonaparte a récemment offert à la Bibliothèque nationale, on distingue les vestiges des cartes restreintes utilisées par le Génois pour telle ébauche de l’Italie méridionale, par exemple. La partie vraiment originale de l’œuvre de Vesconte consiste dans le contour des côtes de l’Océan, de la Manche et de la mer du Nord jusqu’à Berwick et jusqu’en Danemark. Ces parages étaient le théâtre des opérations de l’escadre génoise, que Philippe le Bel entretenait à son service depuis 1294[7]. C’est à cette connaissance du Ponant que la cartographie génoise dut son succès et l’œuvre de Vesconte son débit : de lui, subsistent des atlas de 1311, 1313, 1318, 1321, et nous savons qu’il fut appelé à Venise, au moment où la cité des lagunes organisait les convois de Flandre.

À part ces notions, qui leur appartiennent en propre, les Génois ne furent, en cartographie comme dans toutes les branches de l’art naval, — et ceci, je le prouverai ailleurs, — que des ouvriers de seconde main, des colporteurs de la civilisation sicilienne, dérivée de l’art arabe. Il n’est pas besoin, du reste, de supposer une relation de cause à effet entre la vente des mappemondes du ' Saint-Nicolas à Gênes ou Savone et l’apparition de la cartographie génoise. Les marins de la République ligurienne furent, durant le xiiie siècle, à la solde des rois des Deux-Siciles.


II. La boussole.


La carte marine ne va pas sans l’aiguille aimantée, nécessaire pour déterminer la position respective de deux points, dont on apprécie à l’estime la distance. Mais les deux notions de carte et d’aiguille aimantée ne sont pas corrélatives. Au xive siècle, les marins anglais n’achètent aux comptoirs de l’Écluse, en Flandre, que des aiguilles de mer, habituellement désignées du nom de l’aimant qui les magnétise, « sailstone[8]. » Les Islandais serrent précieusement dans le trésor de leurs églises des pierres de soleil ou pierres de route, « leidarstein[9], » dont le passage d’une saga dit assez l’emploi : « Le temps était couvert et si noir qu’on ne pouvait savoir de quel côté était le soleil. — Où est le soleil ? demanda le roi Olaf à Sigurd. — Dans cette direction, répondit Sigurd en étendant la main. Et le roi, ayant fait apporter une pierre de soleil, la tint horizontale et reconnut, lorsque la pierre eut papilloté, que la réponse était juste[10]. » Mais, pas plus que les Anglais, les Scandinaves ne connaissent la carte marine.

À vrai dire, l’aiguille de mer ne fut d’un maniement commode pour faire le point que du jour où elle devint un instrument de précision. Comment et quand eut lieu ce progrès ?

De même que les autres marins du Nord, les Français avaient adopté le petit instrument vanté par Alexandre Neckam, dès les années 1180-1187, dans le cours qu’il professait au pied de la montagne Sainte-Geneviève[11]. Et ils conservaient sans aucune modification la magnète décrite par Guyot de Provins :

… pierre laide et brunette
Ou li fers volentiers se joint… ;
Puis c’une aguile l’ont touchié
Et en un festu l’ont fichié,
En l’eve le metent sanz plus
Et il festuz la tient desus[12].

En 1319, il n’est toujours question, dans les inventaires de galères marseillaises, que de « lapis ac aculea de navegari[13], » et, en 1379, dans l’inventaire du mobilier de Charles V, que d’« aiguylle de mer, en ung estuy de cuivre » ou « en ung estuy de cuyr boulli[14]. » Ceci soit dit pour les gens qui nous gratifient de l’invention de la boussole, pour la simple raison que le nord y est indiqué par une fleur de lis.

Pendant ce temps, l’imagination méridionale, restée en éveil, est en quête de nouveau : « Les capitaines qui voyagent dans la mer de l’Inde ont une sorte de poisson de fer très mince, creux et disposé de telle façon que, lorsqu’on le jette dans l’eau, il surnage et désigne par sa tête et sa queue les deux points du midi et du nord[15]. » Le nom de calamite, que porte en Sicile l’aiguille aimantée, évoque l’idée non plus du poisson, mais de la grenouille[16]. En réalité, l’instrument, comme l’animal[17], tire son nom du lit de roseaux où il repose[18]. Nous avons vu que l’aiguille était soutenue sur l’eau par un roseau ou un fétu.

L’attraction mystérieuse de l’aiguille vers l’étoile « reluisante » du nord surexcitait l’imagination des Levantins. Dieu sait quelles expériences naïves leur suggéra cette affinité incompréhensible, et quel écho elles trouvèrent, tant la science était déroutée, chez des docteurs comme Albert Le Grand ou chez des écrivains comme Philippe de Mézières. Les matelots du Levant voulurent faire partager à leur aiguille de mer l’attrait qu’ils éprouvaient pour l’ail ; à peine eut-elle touché au mets que la petite machine devint, paraît-il, insensible à l’aimant, et Philippe de Mézières de se récrier sur l’emploi de cet ail « chault et puant, esmouvant à luxure, » dont la souillure empêche l’aiguille de regarder l’étoile belle, claire et nette[19].

À tourner et retourner l’aiguille, on finit par lui donner une position stable, sur un pivot[20], dans une boîte. La boussole était inventée. L’honneur en revenait, jusqu’ici, à un Flavio Gioja d’Amalfi, qui aurait fait œuvre d’Archimède en 1302. Mais voyons sur quel piédestal repose notre héros. C’est, hélas ! un assemblage de conjectures, de légendes et de quiproquos.

Et, d’abord, les conjectures sont en faveur non pas d’Amalfi, mais d’un port voisin, Positano. Positano, dont les galères servaient en temps de guerre sous la bannière d’Amalfi, voulut avoir son propre drapeau en ajoutant aux armes de la métropole un certain signe, « signum novum atque insolitum. » Sur les réclamations de la partie lésée, le roi Robert interdit aux séparatistes toute modification à la bannière du duché (4 octobre 1335)[21]. Comme le règne de Robert suit de près l’apparition présumée de la boussole, comme, d’autre part, des auteurs du xviie siècle affirment, sans qu’on puisse les contrôler, que la boussole était représentée sur la bannière et sur le sceau d’Amalfi[22], on a conclu, de ces prémisses qui ne le comportaient guère, que le signe nouveau et insolite était la boussole[23].

Il faut descendre jusqu’au milieu du xve siècle pour trouver la mention explicite de l’invention, non pas de la boussole, mais de l’aiguille aimantée à Amalfi :

Prima dedit nautis usum magnetis Amalphis[24].

Heureuse ville ! Sur cette simple affirmation, répétée nombre de fois depuis, on ne lui discuta plus la priorité de la découverte. Mais il fallait le nom de l’ouvrier, un nom sur lequel pussent s’épancher « les éternelles actions de grâces de ceux qui chevauchent la mer[25]. » En 1489, du temps de Polydore Virgile, on n’était pas encore fixé là-dessus[26].

Vers 1540, un écrivain de Ferrare, traitant de la boussole, parle incidemment d’un certain Flavius, « a Flavio quodam excogitatus traditur[27]. » Il songeait à Flavio Biondo, l’auteur qui attribua la boussole à Amalfi. Mais sa phrase donnait lieu à une méprise, qu’on se garda bien de ne point commettre. On transforma en inventeur l’écrivain du xve siècle[28].

L’équivoque fit son chemin, la mauvaise lecture des manuscrits ou imprimés fit de même. Et, à la fin du xvie siècle, le « Flavio quodam » avait pour état civil Flavio Gioja, puis Jean Goya d’Amalfi, inventeur de la boussole vers l’an de l’Incarnation 1300[29], ou même, on précisa, en 1302[30].

Donc, résumons : la légende qu’on a mis deux siècles à bâtir et qu’on a adoptée ensuite sans discussion ne repose sur rien. Flavio Gioja est un mythe, la date et le lieu de l’invention sont controuvés. Toute l’enquête est à recommencer sur nouveaux frais. Le premier indice à recueillir, c’est une mention de l’inventaire du Saint-Nicolas, auquel nous revenons après un long détour. Il y avait à bord deux calamites ou aiguilles de mer.

Or, en 1294, les recherches et les tâtonnements des marins semblent en voie d’aboutir. La calamite est agrémentée de tout un attirail, inventorié, hélas ! trop sommairement sous la rubrique « apparatus » : « calamita cum apparatibus suis. » Que faut-il comprendre dans ces accessoires de la calamite : le roseau qui la soutient sur l’eau ? la rose des vents, « stella maris, » dont parle Raymond Lull ? ou même, car le pluriel d’« apparatus » autorise toutes les suppositions, la boîte où était renfermé l’instrument ? Je ne sais. Mais il n’y a plus qu’un léger rapprochement à faire pour trouver la boussole. Non loin de la calamite, l’inventaire du Saint-Nicolas mentionne une « bussula de ligno » de la contenance d’une once et demie de vif-argent[31].

Ainsi, l’habitat du mot boussole se trouve fixé : c’est un vocable d’origine sicilienne, dont le sens primitif est « petite boîte de bois, » peut-être de buis. Il n’est pas indifférent de le constater ; Klaproth proposait en effet comme étymologie le mot arabe mouassala, « dard. » Et ici, les données de la philologie sont d’autant moins négligeables qu’elles suppléent, en l’état, à l’absence des documents. Leur enchaînement est tel qu’elles constituent presque des certitudes. Dans la rose des vents, qui fut adaptée à la petite machine, le terme de « tramontane » pour désigner le nord rattachait l’invention de la boussole à l’Italie[32] ; le mot « boussole » la localise aux Deux-Siciles, et la marque de la fleur de lis sur la tramontane n’a pu être apposée que dans la partie des Deux-Siciles qui relevait encore, au xive siècle, des princes français de la maison d’Anjou, c’est-à-dire dans le royaume de Naples.

Préciser davantage me paraît imprudent. Nous aurions même des raisons de pencher pour la partie orientale du royaume de Naples plutôt que pour la partie occidentale. Dès 1268, un pèlerin, Pierre de Maricourt, vit, durant le blocus de Lucera, en Pouille, par Charles d’Anjou, deux aiguilles aimantées : l’une oscillait sur l’eau ; l’autre, mobile sur une pointe, avait un limbe divisé en quatre quartiers de 90 degrés et une alidade pour mesurer les angles azimutaux[33]. Ce n’est point la boussole, mais peu s’en faut.

Un siècle plus tard, c’est un autre pèlerin français, un vieux routier des mers du Levant, qui marque la nouvelle étape et donne la description[34] détaillée de la boussole : « En la nave avoit une petite boiste en laquelle avoit une aguille de fer touchée et frotée à la pierre d’aymant ; par la vertu de laquelle, l’aguille avoit tousjours son regart à l’estoille tremontane, par laquelle estoille les bons maronniers congnoissent leur chemin en la mer… et par l’aguille qui est ague à la pointe et grosse au derrière et percée, et est comme en l’aer au mylieu de la boiste… Encores fut dit que dessus la boiste et aguille, en la nave, avoit une lanterne et ung falot dedans, qui de nuyt enluminoit tous ceulx de la nave. »

Au début du xve siècle, la boussole fait une timide apparition dans les mers du Ponant. Du moins, je crois la découvrir dans l’inventaire du baleinier anglais Gabriel de la Tour, sous la forme « boxe, » où elle se cache près de deux autres instruments nautiques, un « dyoll » et un « compasse. » Un autre vaisseau royal, le Christophe, en 1417, a « iii compas[35], » et ce sera le mot adopté désormais, au détriment du terme napolitain, par les marins de l’océan. Le compas, nous l’avons vu, servait à mesurer sur la carte marine les distances[36] ; il désigna, par analogie, la boussole, où la rose des vents mesurait l’angle fait par la marche du navire avec le pôle.

Le premier « compas de nuit claire » que je connaisse, « avec les noms et ryns des vens, » fut dressé le 31 mai 1483, à Saint-Gilles-sur-Vic, par un Portugais acclimaté ou naturalisé en France, Pierre Garcie-Ferrande. Observons, toutefois, que la rose des vents n’a que 24 rumbs au lieu de 32[37].

Le compas était alors d’un usage courant sur nos côtes. La nave de guerre, que le duc de Bourgogne Philippe le Bon envoyait au secours des Hospitaliers, à Rhodes, embarquait au port de l’Écluse, en Flandre, « plusieurs compaes, aguilles et oirloges de mer[38]. »

L’horloge de mer, voici un nouvel instrument que les marins anglais employaient dès le xive siècle[39]. C’était un petit sablier, — il y en avait plusieurs à bord, — « compassant heure ou demie[40]. » Il donnait l’heure du lieu de départ. La déclinaison des astres sur l’horizon, mesurée par l’astrolabe[41], indiquait l’heure réelle du point où se trouvait le navire. L’écart entre les deux données marquait exactement la longitude comptée du point de départ.

Mais, si nos marins du Ponant savent demander « leur chemyn au soleil et aux estoilles, » grâce aux « instruments d’astrologie[42], » ils restent réfractaires aux cartes marines, qui réclament, pour être consultées, sinon une certaine intelligence, du moins la connaissance de l’écriture. Du temps de Louis XI, le fameux vice-amiral Colomb apprend bien de maître Robert de Cazel le secret de la « quarte de naviguer[43]. » Trente ans auparavant, l’amiral de France Prégent de Coëtivy étudie laborieusement sa « mappemonde couverte de damas roge broché d’or[44]. » Mais les cartes marines n’indiquaient que l’échancrure des côtes et non leur relief. Ce qu’il fallait à l’ignorance du matelot, c’était un dessin figuré du rivage, la représentation palpable des amers qu’on pouvait facilement reconnaître du large. Pour avoir répondu à ce besoin, le Routier de la mer de Garcie-Ferrande, composé en 1483, eut une vogue extraordinaire ; il fut réédité nombre de fois, lors même que les découvertes de Christophe Colomb eurent doublé le monde et rendu chaque jour plus insuffisant le manuel du Franco-Portugais.

Mais la difficulté pour nos marins de consigner sur une carte le fruit de leur navigation, bien qu’ils sachent parfaitement se diriger au large, les mettra dans un état d’infériorité manifeste vis-à-vis des navigateurs espagnols et portugais et les empêchera de revendiquer plus d’une découverte.

Ch. de La Roncière.
8 mai 1294.
Sur la plainte de l’infant d’Aragon, Charles II le Boiteux, roi de Naples, ordonne de restituer à l’équipage du Saint-Nicolas, de Messine, le vaisseau et les objets capturés par la galère niçoise de Renier Grimaldi et autres et vendus à Tarente. Il donne, en conséquence, l’inventaire dressé par les plaignants.


Pro Johanne Ronto et aliis de Messana. Scriptum est capitaneo Tarenti, etc. Per litteras dompni Frederici infantis, filii quondam domini Petri olim regis Aragonum, nobili viro Johanni de Monteforti, comiti(s) Squillacii et Montiscaveosi, regni Sicilie camerario, dilecto consiliario, familiari et fideli nostro, directas, habuimus quod Johannes Ronti, Recuperius de Messana et Nicolaus Brazera, cives Messane, tam pro se quam pro marenariis infrascriptis, domini Jacobi de Aragonia subditis, coram eodem dompno Frederico exposuerunt et plene probaverunt, quod :

Cum ipsi et dicti marenarii, olim infra mensem novembris presentis viie indictionis, de portu Tripolitano de partibus Barbarie, cum quodam vascello cohoperto ipsorum, vocato Sanctus Nicolas, et infrascriptis eorum mercibus honeratis per eos in eodem portu in vascello predicto, sub securitate presentis abstinentie seu sub ferte a guerra ad partes Sicilie navigarent, dum pervenissent ad mare Aguste, Guillelmus Rotellis de Finara et Guillelmus Bos de Portu, habitatores Nicie, cum quadam galea olim armata in eadem terra tam per eos quam Raynerium de Crimaldo et Barnaban, habitatores ejusdem terre Nicie, contra formam predicte abstinentie in eodem mari ceperunt eosdem cum predictis vascello et mercibus, pecunia et aliis rebus eorum inventis in eo, valentibus ad generale pondus suprascriptam (sic) pecunie quantitatem, et ipsos captivos cum eisdem vascello, rebus et mercibus usque ad Tarentum addusserunt, ablatis eis dictis vascello, pecunia, mercibus et aliis infrascriptis rebus eorum, ipsos in castro ejusdem terre Tarenti carceri mancipando, quod vascellum cum dictis rebus et mercibus in eadem terra Tarenti vendiderunt hominibus terre ipsius. Predicte vero pecunia, merces et res alie, que, simul cum predicto vascello, predictis personis prefate galee capte et eis ablate scribuntur, sunt hec videlicet.

Que fuerunt predictorum Johannis Ronti, Recuperii et Nicolai Brazere :

Predictum vascellum cum affisis, corredis et guarnimentis suis, valens uncias 50.

Item, in duplis argenti et milliarensibus videlicet argenti, uncias 27 et tarenos 15.

Item, coda de canbillis[45] cum collis eorum 520, ad rationem de unciis 12 per centenarium, uncias 62 et tar. 12.

Item, coria bovina 253, ad rationem de unciis 16 per centenarium, uncias 40, tar. 14.

Item, misiriis 1408, ad rationem de unciis 4 per centenarium, uncias 56, tar. 9, gr. 12.

Item, vulpium pelles 400, ad rationem de unciis 3 per centenarium, uncias 12.

Item, buccaramina[46] et burde[47] pecie centum, ad rationem de tarenis 6 pro qualibet, uncias 20.

Item, de sarzis pecie 36, ad rationem de tarenis 7 et grossis 10 pro qualibet, uncias 9.

Item, vulpium garnacie 3, de anginis guarnacie 2 et de gallis salvagiis guarnacia 1, uncias 2.

Item, que fuerunt predicti tantum Recuperii :

De bichinis[48] rubeis actatis duzane quatuor, ad rationem de tarenis 20 pro duzana, uncias 2 et tar. 20.

Item, buccaranis subtilis pecie 4, tales tele subtilis pro faciendis coppulis canne 42, sargie rubee tinte in alacha due, cultonis filati tinti rotuli 6, sane nigre pro faciendis cappellis rotuli 20, bode magne 4, uncias 9 et tar. 20.

Item, que fuerunt predicti tantum Johannis Ronli :

Tunicam unam et ceprense unum de blada nova foderatum ventriskis cuniculorum, uncias 2.

Cappa de blada 1, tar. 22, gr. 10.

Ceprensem de modanisio novum 1, tar. 6.

Tunicam de lombardisca fiscata 1, tar. 8.

Farsetum[49] de bocca ramine 1, tar. 6.

Suppletum novum 4, tar. 4.

Interularum et serabularum[50] 4 paria, tar. 12.

Caligarum de blea paria 2, tar. 4.

Infule 5, tar. 2.

Infula de zenata ad armandum 1, tar. 1 et gr. 10.

Bracalem de seta 1, tar. 2.

Siculectum de argento 1, tar. 5.

Corigiam de corio cura marsubio, tabulettis, calamario et cannabettis[51], tar. 4.

Mappamundum unum cum compasso, tar. 7 et gr. 10.

Mataracium 1 et culsinum 1 plena lane, tar. 10.

Karracanum, tar. 10.

Tappetum 1, tar. 6.

Calamita cum apparatibus suis 1, tar. 2.

Corazie coperte ssamito rubee pare 1, et gorzerinam 1, unciam 1, tar. 4.

Ensis 1, tar. 15.

Cultellum feritorium 1, tar. 4.

Cappellum de aczaro 1, tar. 7 et gr. 10.

Cerbelleriam 1, tar. 4.

Lançea ferrata 1, tar. 3.

Baliste de ligno 2 cum earum balneriis, quarum una erat ad unum pedem et altera ad duos pedes, tar. 8.

Targie 4, tar. 4 et gr. 10.

Buccaraminis pecie 3, ad rationem de tarenis 6 per peciam, tar. 18.

De burdis pecie 2, tar. 16.

Tele tinte de maguco pecie 2, tar. 16.

Cassia de tillan 1, tar. 15.

Item, que fuerunt tantum dicti Nicolai Brazere :

Tunica de blada, etc.

Tubalia una de facie, tar. 4.

Tubalia de marni 1, tar. 1.

Cottardita lonbardisca foderata penna anguina (!), tar. 12.

Tobalia de tabula 1, tar. 3.

Tobalia parva 1, tar. 1.

Baczile de ere 1, tar. 5.

Billancerium de Alexandria cum bellanciis et libris, tar. 5.

Bursetta parva de seta 1, tar. 1 et gr. 10.

Bussula de ligno una, in qua erat argentum ruccum in pondere uncia una et media, tar. 8.

Buttonos de ambro paria 2, tar. 4.

De grucettis de argento paria 2, tar. 1.

De hebere manice 2, tar. 4.

Infule 5, tar. 2.

Caligarum pecia 2, tar. 3.

Subtellarum paria 3, tar. 1, gr. 10.

Caputium de viride foderatum zenato rubeo, tar. 7, gr. 10.

Clavatura sarracenica 1, gr. 15.

Scalpellum 1, gr. 10.

Ferrum pro mercando vegetibus 1, gr. 10.

De aczaro virga 1 et media, gr. 5.

De asineriis paria 2, gr. 10.

Mappamundum unum, tar. 6.

Cultellus, etc.

Arcus de Dumasco cum sagittis et carchesio unus, tar. 7 et gr. 10.

Item, que fuerunt Philippi de Gausio, marinarii dicti vascelli :

Coracia 1 cum gorzarina 1, tar. 22, gr. 10.

Capellum de aczaro 1, tar. 5.

Custorenum 1, tar. 10.

Scutus 1, tar. 4 et gr. 10.

Lanzea ferrata 1, tar. 1.

Farsectum ad armandum 1, tar. 6.

Tunica de arbasio[52], tar. 2.

Macarecti 1, tar. 2.

Carpeta 1, tar. 3.

Interularum et serabularum paria 2, tar. 4.

Guantus de ferro 1, tar. 1 et gr. 10.

Sargie rubee tinte in alacha 2, tar. 20.

Buccaramins pecie 2, tar. 12.

Spungie 100, tar. 10.

Carnarolum 1, gr. 10.

Boda pilosa 1, tar. 1.

Calamita 1, tar. 2.

Les huit autres matelots et le serviteur du navire ont la même trousse, sauf la calamite qu’ils n’ont pas. En retour, l’un d’eux possède :

Mappamundum unum, tar. 7.

En conséquence, Charles le Boiteux donne l’ordre de faire restituer à leurs propriétaires tous ces objets.

Datum per B. de Capua, militem, etc., die viiio madii, viia indictione.

(Archives de Naples, reg. Angioini 63, fol. 93 vo-94.)
  1. Cf. l’article de d’Avezac, dans le Bulletin de la Société de géographie de Paris, 1860, I, 354.
  2. Dr  É.-T. Hamy, Études historiques et géographiques. Paris, 1896, in-8o, p. 31.
  3. Cf. infra, p. 408, 409.
  4. C’est ce que disait déjà Ruscelli en 1561 dans ses commentaires sur Ptolémée. (Cf. Dr Théobald Fischer, Sammlung mittelalterlicher Welt- und Seekarten italianischen Ursprungs und aus italianischen Bibliotheken und Archiven. Venedig, 1886, in-8o, p. 87.)
  5. Fischer, ouvr. cit., p. 67.
  6. Fischer, ouvr. cit., p. 59.
  7. Ch. de La Roncière, le Blocus continental de l’Angleterre sous Philippe le Bel, dans la Revue des Questions historiques, 1896, p. 411.
  8. Ou encore « dial ; » les aiguilles étaient dites « sailing needles. » (Inventaire de la barge royale d’Angleterre Mary en 1338 et achats faits à l’Écluse pour la nef royale la George en 1315, publiés ou analysés par Nicolas, History of the Royal Navy, t. II, p. 180, 444 et 476.)
  9. En 1318, 1343, 1394, diverses églises d’Islande sont en possession de ces mystérieuses pierres, dont l’une est dite dans une gaine. (Thoroddsen, Geschichte der isländischen Geographie, traduit du suédois en allemand par August Gebhardt. Leipzig, 1897, I, 51, note 2.)
  10. Vie de S. Olaf, Formannasögur, V, 341, et Biskupasögur, I, 565, 674, citées par S. Ruge, Geschichte des Zeitalters der Entdeckungen. Berlin, 1881, in-8o, p. 21, et par Thoroddsen, ouvr. cit., I, 51, note 2.
  11. Alexandri Neckam De naturis rerum libro duo, éd. Thomas Wright. London, 1863, in-8o, lib. II, cap. xcviii, p. 183. — G. Cave, Scriptorum ecclesiasticorum historia litteraria. Oxford, 1742, II, p. 286. — Bulletino di bibliografia e di storia delle scienze matematiche e fisiche, de Boncompagni. Roma, 1868, in-4o, I, p. 103 ; article sur Alexandre Neckam, par le P. T. Bertelli. — En 1218, Jacques de Vitry décrit également l’aiguille aimantée. (Historia hierosolimitana, cap. lxxxix.)
  12. Bibl. nat., ms. fr. 25405, fol. 93 vo, Bible Guiot de Provins ; le texte porte les leçons fautives de « brunière » pour « brunette » et « touchié » pour « fichié. » — Traité de la navigation et des voyages de descouvertes et conqueste moderne et principalement des François, avec une exacte et particulière description de toutes les isles Canaries. Paris, Jean de Heuqueville, 1629, in-12, p. 7-11. — Rey, Origine française de la boussole. Paris, 1836. — Jal a discuté avec soin la question de savoir s’il fallait lire « manette, marinette, manière ou marinière. » (Archéologie navale, I, 204.) Il conclut pour « magnète, » aimant. — Cf. une autre description de l’aiguille aimantée utilisée par Brunetto Latini et publiée par M.  Delisle dans la Bibliothèque de l’École des Chartes, t. LIV, p. 409.
  13. Publiés par moi dans les Mélanges d’archéologie et d’histoire publiés par l’École de Rome, t. XIII : Une escadre franco-papale (1318-1320), tirage à part, p. 23.
  14. Un étui de cuivre est orné de « trois ymages en estant. » (Jules Labarte, Inventaire du mobilier de Charles V [Documents inédits]. Paris, 1879, in-4o ; articles 1988, 2259, 2646.)
  15. Baïlak, le Trésor des marchands, ouvrage arabe composé en l’an 640 de l’Hégire, 1242 de J.-C. (Cf. Aboulféda, trad. Reinaud, I, cciii.)
  16. P. Fournier, Hydrographie, liv. XI, chap. i.
  17. « Ea rana quam Græci calamitem vocant, quoniam inter arundines fruticesque vivat. » (Pline, Hist. natur., lib. XXXII, cap. xlii.)
  18. Klaproth, Lettre à M. le baron A. de Humboldt sur l’invention de la boussole. Paris, 1834, in-8o, p. 16.
  19. Philippe de Mézières, le Songe du vieil pèlerin, chap. xlv : l’exposition morale et spirituelle de la nave. (Ms. fr. 9200, fol. 289 et suiv.)
  20. D’Avezac prétend que les marins de la Méditerranée, dès le xiie siècle peut-être, faisaient reposer l’aiguille sur un pivot. (Bulletin de la Société de géographie de Paris, 1860, I, 346.)
  21. Archives de Naples, reg. Angioini 299, fol. 7 et 15 ; publié par le P. Timoteo Bertelli, barnabite, Studi storici intorno alla bussola nautica, parte 2a, dans les Memorie della Pontificia Accademia dei Nuovi Lincei. Roma, 1894, in-4o, vol. IX, parte 2a, p. 141. — Dans cet article et dans un précédent publié dans la même collection, vol. IX, p. 77, le P. Bertelli a fait une savante compilation de tous les auteurs qui, à sa connaissance, ont parlé de la boussole.
  22. Enrico Bacco Alemanno, Il regno di Napoli diviso in dodici Provincie. Napoli, 1622, p. 53.
  23. Bertelli, p. 143-145.
  24. Vers d’Antonio Beccadelli le Panormitain, et aussi Blondi Flavii Foroliviensis Italia lustrata in regiones. Basilea, 1569, p. 420 f. Flavio Biondo vivait vers le milieu du xve siècle. — Bertelli, p. 148.
  25. Pandolfo Collenuccio da Pesaro, Compendio dell Historia del regno di Napoli. Venetia, 1539, lib. I, p. 16-17. — Bertelli, p. 151.
  26. Polydori Vergilii Urbinatis De inventoribus rerum libri tres noviter impressi. Venetiis, 1507, p. lxxxi a. — Bertelli, p. 150.
  27. Lilii Gregorii Gyraldi Ferrariensis Operum quæ extant. Basilicae, 1580, I, p. 570.
  28. Bertelli, p. 152.
  29. Abraham Ortelius, Theatrum orbis terrarum. Anvers, 1570, in-fol. — D’autres erreurs se greffèrent sur les premières, si bien que le Flavio Biondo de Forli, écrivain, devint Jean Goya de Melfi dans les auteurs du xviie siècle. (Cf. les exemples cités par Bertelli, p. 163, 168-180.)
  30. La « bussola… venisse attribuita a Flavio di Melfi o Flavio Gioja Napolitano circa l’anno 1302. » (Stan. Becchi, Istorie dell’ origine e progressi della nautica antica. Firenze, 1785, p. 69.) — Arrivée à cette précision, la légende est reproduite, avec méfiance ou non, par les écrivains contemporains. (Guglielmotti, Storia della marina Pontificia. Firenze, 1871, in-8o, I, p. 418-423. — Bertelli, p. 190-208.)
  31. Cf. infra, p. 408.
  32. Klaproth, Lettre à M. le baron de Humboldt sur l’invention de la boussole, p. 16. — Le P. T. Pépin, dans une série d’articles sur les Origines de la boussole marine (Études des PP. Jésuites, 5 et 20 août 1897), insiste sur l’origine sicilienne des mots « Lebeccio, greco » de la rose des vents.
  33. Le P. Timoteo Bertelli, Sopra Pietro Peregrino di Maricourt e la sua epistola de magnete, memoria 1a dans Bulletino di bibliografia e di storia delle scienze matematiche e fisiche. Roma, 1868, in-4o, I, p. 1-32. — Comptes-rendus de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, 1868, B IV, p. 77.
  34. Philippe de Mézières (1327-1405), le Songe du viel pèlerin, chap. xlv : l’exposition morale et spirituelle de la nave, dans le ms. fr. 9200, fol. 290 vo.
  35. Nicolas, History of the Royal Navy, II, 444, 476.
  36. C’est dans cette acception que le mot compas est pris dans la Practica della mercatura, composée en 1442 par Uzzano. Le « Compasso a mostrare a navicare dall’ uno stretto all’ altro, » intercalé dans l’ouvrage d’Uzzano, est un livre de loch pour la Méditerranée.
  37. Dugast-Malifeux, Notice sur Pierre Garcie-Ferrande et son routier de la mer, dans les Annales de la Société académique de Nantes, t. XXXVIII (1867), p. 20.
  38. Achats faits par le nocher de la nave, Pantalion. L’Écluse, 3 juin 1441. (Bibl. nat., Pièces orig., vol. 2830, doss. Thoisy 62887, p. 2.)
  39. En 1345, la nef royale d’Angleterre la George a douze horloges de verre achetées à l’Écluse. (Nicolas, ouvr. cit., II, 180, 476.)
  40. Dugast-Matifeux, ouvr. cit.
  41. Au musée de Rouen, on conserve un astrolabe fort ancien, qui aurait servi, paraît-il, à Jean de Bethencourt pour son voyage aux Canaries.
  42. Traité du pilote Germain Sorin, xve siècle. (Bibl. nat., ms. fr. 2132, fol. 27.)
  43. Recueil des plus célèbres astrologues, par Simon de Phares. (Ms. fr. 1357, fol. 161.)
  44. Fragment d’inventaire des manuscrits de Prégent de Coëtivy, 24 septembre [1444], imprimé par Marchegay, dans l’inventaire du chartrier de Thouars, p. 16.
  45. Pour « camellis. »
  46. Bougrans.
  47. Grosses étoffes rayées noir et jaune.
  48. Béguins.
  49. Gilet ou habit de dessous.
  50. Chemises et culottes.
  51. Petits roseaux pour écrire, par déformation du radical « calamus. »
  52. « Arbasio, » gros drap de laine noire.