Un dernier rêve/Sonnet traduit d’Uhland. Deux jeunes filles là


UN DERNIER RÊVE


SONNET

traduit d’Uhland


Deux jeunes filles, là, sur la colline, au soir,
Sous le soleil couchant deux tiges élancées,
Légères, le front nu, comme sœurs enlacées,
S’appuyaient l’une à l’autre et venaient de s’asseoir.

L’une aux grands monts, au lac, éblouissant miroir,
Du bras droit faisait signe, et disait ses pensées ;
L’autre, vers l’horizon aux splendeurs abaissées,
De sa main gauche au front se couvrait, pour mieux voir.

Et moi qui les voyais toutes deux… et chacune,
Un moment j’eus désir : « Oh ! pourtant, près de l’une
Être assis ! » me disais-je ; et j’allais préférer.


Mais, regardant encor les deux sœurs sous le charme,
Mon désir se confond, tout mon cœur se désarme :
« Non, ce serait péché que de les séparer ! »