Trois petits poèmes érotiques/La Masturbomanie/3

Trois petits poèmes érotiquesImprimé exclusivement pour les membres de la Société des bibliophiles, les amis des lettres et des arts galants (p. 47-63).

LA MASTURBOMANIE



STANCES


Ô Masturbation divine !
Plaisir pur et délicieux ;
Tissot contre toi se mutine,
Dans son ouvrage ingénieux ;
Mais, d’Esculape cet apôtre,
A bien prouvé par ses leçons,
Qu’il s’était branlé comme un autre,
En dépit des culs et des cons.

Libre avec toi dans mon ivresse,
D’Amour je brave les tourments,
Les caprices d’une maîtresse
Et tous ses perfides serments.
Je me fous du poison funeste
Du con gâté d’une putain ;
Si je veux que mon vit me reste,
Je ne dois foutre que ma main.


C’est toi, philosophe d’Athènes,
Que je veux prendre pour patron ;
Toi, masturbateur Diogènes,
Dont la main ferme était ton con.
Quand il te vit cet Alexandre,
De la Victoire ce fouteur,
Thèbes ne serait point en cendre
S’il s’était fait masturbateur.

Garces, Tribades enragées,
Sodomites et vous Fouteurs,
Voyez cent villes ravagées
Par vos impudiques fureurs !…
Des Sabins la valeur fut vaine,
Quand Rome voulut foutre en con,
Et, par ses coups de cul, Hélène
Renversa les murs d’Ilion.

L’hercule juif dans son délire,
Sur la motte de Dalila,
De sa force perdit l’empire
Quand son poil tondu s’envola.
Loin de foutre une Philistine,
Quand de décharger il brûlait,
S’il eût branlé sa sainte pine
Il eût gardé le saint toupet.

Sans les neuf catins du Parnasse
Que foutait le brave Piron,
Eut-on pardonné son audace
D’avoir osé vanter le con ?

Mais il fut chatouillé par elles,
Ses couilles roulaient dans leurs mains ;
En faveur de ces immortelles,
Il chanta les autres putains.

Socrate, nous dit-il, ce sage
Nargua le sexe féminin,
Pour porter son lubrique hommage
Au cul d’un tendron masculin ;
Sa supposition est vaine ;
Maître Socrate s’est branlé,
S’est branlé jusqu’à perdre haleine,
Mais il n’a jamais enculé.

Aurait-on pu le nommer sage,
Si le cul l’avait enflammé ?
Oui, foutre en cul est une rage,
Sodome en feu l’a proclamé.
Mais parfois d’une ardeur extrême
Sentait-il le brûlant transport,
Il ne suffisait à lui-même
Par un philosophique effort.

Oui, pour le seul masturbomane,
Le vrai bonheur est réservé ;
Qu’on m’applaudisse ou me condamne,
En deux mots je l’aurai prouvé :
Il jouit de toutes les belles,
Sans être du con le sujet ;
Ne trouve jamais de cruelles,
Et change, quand il veut, d’objet.


Dans les soucis, dans les alarmes,
Dans les cachots, dans les déserts,
Le vit en main tarit nos larmes
Et fait oublier nos revers.
De soi-même un branleur est maître,
Indépendant, toujours heureux,
Il rit des fouteurs qui, pour l’être,
Ont toujours besoin d’être deux.

De Saint-Preux dans sa solitude,
Rousseau composa le roman ;
Mais, par une douce habitude,
Il l’écrivait en se branlant.
C’est en rêvant à sa Julie,
Par son vit en rut dans ses mains,
Que son foutre avec son génie,
Passait dans ses écrits divins.

Philosophe heureux par lui-même,
C’est là qu’il se foutait des rangs,
Du vain orgueil du diadème,
Du vil esclave et des tyrans,
Là, par la masturbomanie,
Conquérant l’immortalité,
Des plus beaux fruits de son génie
Il dota la postérité.

Seul dans son tranquille ermitage,
Il oubliait en déchargeant,
Et la calomnie et l’outrage
Des ennemis de son talent.

Tel Mirabeau, loin de Sophie,
Ne goûtait d’autre volupté
Que par la masturbomanie,
Au temps de sa captivité.

Le vit bandant, l’esprit s’enflamme,
Quand nous rêvons à la beauté ;
L’image d’une belle femme
Vaut mieux que la réalité ;
Sans cesse par nous embellie,
Tétons durs, beau cul, jambe au tour,
Garce idéale est accomplie,
Et toujours faite pour l’amour.

Poignet chéri, poignet fidèle,
Comme tu sers bien mon désir ;
Lorsque mon vit bandant t’appelle,
Tu pars, je goûte le plaisir !
C’est par ton mouvement agile
Que je sens, dans mes deux grelots,
Le foutre que mon corps distille
Couler de partout à grands flots.

Ce nectar, dans son cours rapide,
Par cent transports délicieux,
Arrive dans ma pine avide,
En sort, et m’ouvre enfin les cieux !…
Que n’ai-je un foutre intarissable
Pour éterniser ce plaisir ;
Que n’ai-je un bras infatigable
Pour me branler jusqu’à mourir !


Lorsqu’après un sommeil paisible,
Embelli de songes heureux,
Je sens mon âme plus sensible,
Mon vit droit, mon cœur amoureux :
Alors mon idée à sa guise
Me transporte dans le boudoir
De la comtesse ou la marquise,
Ou près de nonnains au dortoir.

Là, je découvre, je patine
Ces cuisses fermes, ces tétons ;
Tour à tour ma main libertine
Claque des culs, branle des cons.
Et soudain j’aperçois mes garces,
Se trémoussant, l’œil à l’envers,
M’annoncer par maintes grimaces
Que pour moi leurs cons sont ouverts.

De là je vole vers Bizance,
Où tant de cons oisifs fermés,
Pour un seul vit dans l’impuissance,
Sont toujours de foutre affamés,
J’entre malgré tous ces fantômes,
Gardiens des portes du sérail,
Qu’un jaloux retrancha des hommes
Pour en être l’épouvantail.

Oui, sultan, même ta puissance
Est sur moi sans aucun pouvoir ;
Quand mon vit, en effervescence,
Veut ton sérail pour son boudoir,

À l’instant sous mes mains ardentes,
Mottes, culs, tétons bondissants
De tes odalisques charmantes
Préviennent mes empressements.

Tout accourt, tout se précipite
Sur mon priape rubicond ;
L’une dans son cul m’offre un gîte,
L’autre l’engaine dans son con ;
Le foutre de leurs yeux lubriques,
Comme de l’antre du plaisir,
Brisant ses liens despotiques,
Sur moi semble prêt à jaillir.

Quand ces dévorantes matrices
Brûlent enfin de décharger,
C’en est assez pour mes délices,
Je pars, il est temps de changer ;
Dans le vagin d’une duchesse
S’en vont forniquer mes cinq doigts ;
Cul de reine, con de princesse,
Je fous tout aux palais des rois.

Mais je n’y bande qu’avec peine,
Mon vit n’aime pas les grandeurs.
Vit de mulet vaut con de reine,
Je vais chez les cons laboureurs ;
Là je fous la brune ou la blonde,
J’encule ou je branle à mon choix,
Et de mon foutre ardent j’inonde
Ces culs dodus, ces cons étroits.


Puis dans sa course vagabonde
Et rival de l’astre du jour,
Mon vit bandant plonge dans l’onde
Pour foutre Thétis à mon tour ;
Et comme les feux de ma pine
Bravent les feux du Phlégéton,
Je vais enculer Proserpine
Sous le nez même de Pluton.

Suis-je fatigué des connasses
Que je foutais dans l’univers,
Suis-je dégoûté des grimaces
Que fait la reine des enfers ;
De suite, en ligne verticale,
Je me dirige vers les cieux ;
Dans les cons divins je m’étale,
Et je fais cornards tous les dieux.

Je fous d’abord les immortelles
Dont Homère a peint la beauté,
Et qui sous ses pinceaux fidèles
Conservent l’immortalité.
C’est la première cour divine
Qui reçut l’encens des mortels :
C’est la première dont ma pine
Doit visiter les saints bordels.

Je grimpe nymphes et déesses.
Nageant dans le foutre divin,
Mon champion fait cent prouesses
Et des dieux nargue le destin.

Mais la plus charmante immortelle
À mon nombreux troupeau manquait ;
En cherchant j’aperçois ma belle,
Et c’était Mars qui la foutait !!!

Holà ! vaillant dieu de la guerre !
Halte… je suis masturbateur,
Imite le dieu du tonnerre,
Livre tout con à mon ardeur ;
Mars déconne et monte la garde
Tout près du cul de sa catin,
Afin que si Vulcain regarde,
Je foute en dépit de Vulcain.

De Cypris, encor trémoussante,
J’enfourche les appas charmants :
Et dans sa main blanche et constante
Elle tient mes couillons flottants ;
De cent amours, dont elle est mère,
Quelques-uns chatouillent son con :
Quand un petit bougre, au derrière,
Me fait glisser le postillon.

En vrai Gascon je laisse faire,
Foutre le fils tant qu’il voudra,
Puisqu’à l’instant je fous sa mère,
Nargue au plaisant qui s’en rira.
Près de Vénus, je vois trois garces
Qui viennent branler ses beaux seins,
Et je reconnais les trois Grâces
À leurs belles chutes de reins !!!


Le plus pur des parfums s’exhale
Du vagin même de Cypris ;
Et d’une ardeur toujours égale
Je vois l’amante de Pâris
S’agiter, remuer les fesses,
Me découvrir mille trésors,
Me prodiguer mille caresses,
Et décharger dans ses transports.

Ne bandant plus pour les païennes,
Sentant mes couillons engourdis,
Je veux enconner les chrétiennes,
Je pars, je suis en paradis !
Là, j’aperçois la Vierge mère
Près du Saint-Esprit son amant ;
Je trousse aussitôt la commère
Et je la fous divinement.

Cependant le pigeon regarde
Avec des yeux pleins de courroux ;
Et ce tiers de Dieu se hasarde
De faire avec moi le jaloux.
Le Saint-Esprit est plein de ruse :
Pendant que je le fais cocu,
Ce bougre, à coups de bec, s’amuse
À m’arracher les poils du cul.

Comme le vir probus d’Horace,
Je tiens bon ; l’oiseau rugissant,
De tous ses vains efforts se lasse
Et va se plaindre au Tout-Puissant.

Mais le papa, qui n’est pas bête,
Lui dit : Joseph est-il venu,
Quand tu lui plantais sur la tête
Ce bois qui le rendit cornu ?

Non… À ton tour laisse donc faire,
Tout est commun entre chrétiens :
On peut foutre la Vierge mère,
Quand on déserte les païens.
Lors, en foutant, plus ferme et leste,
La reine de ce divin lieu,
Je vois que le troupeau céleste
Me prend pour le Saint-Esprit Dieu.

Des vierges chantent des cantiques,
L’une est en méditations,
Quand une autre, aux yeux séraphiques,
Me vient baiser les deux couillons :
Et soudain bandant comme un pape,
je vois les saints ribauds du ciel,
Pour m’imiter faire l’agape
Avec les vierges d’Israël.

Tout est en rut et tout décharge,
Dieu ! qu’ils sont gros ces vits de saints,
Cependant ils ont de la marge
Aux culs des célestes catins ;
Pour moi je cours à d’autres vierges,
Le changement plaît en amour.
Mais pour ces cons, il faut des cierges,
Et je pars du chrétien séjour.


Guidé par une ardeur lascive,
Cherchant aux cieux d’autres bordels,
En un coup de poignet j’arrive
À de nouveaux cons immortels.
Là, pour mon plaisir tout s’apprête,
C’est le plus beau des paradis,
Sous un turban un vit prophète
Est branlé par mille houris.

Au grand Mahomet je rends grâce,
C’est là le séjour musulman ;
Pour foutre, il n’est rien qu’on ne fasse,
Et je me fais mahométan.
Divin Carrache, et toi l’Albane,
Prêtez-moi vos légers pinceaux !
Pour que la beauté musulmane
Ne perde rien à mes tableaux.

Les Euxis et les Praxitèle,
Que sont-ils près du saint sultan !…
Des Phidias et des Apelle,
Ose-t-on vanter le talent !
Sous leurs ciseaux on vit éclore
Les belles formes de Cypris ;
Mais Mahomet fit plus encore,
Puisqu’il enfanta les houris.

Teint plus délicat que les roses ;
Beaux yeux où se peint le désir ;
Bouche qui dit aimables choses,
Et toujours invite au plaisir ;

Lèvres qui donnent au sourire
L’air piquant et voluptueux,
Selon qu’un saint élu soupire
Ou se montre moins amoureux.

Tétons fermes en belle pose,
Du lis surpassant la blancheur,
Couronnés d’un bouton de rose,
Qui ne perd jamais sa fraîcheur ;
Taille élégante qu’on embrasse
Dans les quatre doigts des deux mains ;
Chute de reins pleine de grâce,
Et fesses aux contours divins.

Ventre uni, blanc comme l’albâtre,
Que l’on voudrait baiser toujours ;
Motte en dôme qu’on idolâtre,
Où vont se nicher mille amours.
Clitoris qui, bandant sans cesse,
Attend l’heureux doigt polisson ;
Con charmant par sa petitesse,
Qu’ombrage une épaisse toison.

Con dont le vermeil orifice
S’ouvre aux approches du plaisir,
Comme d’une fleur le calice,
S’entr’ouvre au souffle du Zéphir.
Jambe au tour et cuisse parfaite,
Pied mignon qui court en volant,
Voilà les traits que le prophète
Fit aux houris en se branlant.


Car ce grand héros de Médine,
S’il s’extasiait mainte fois,
C’est quand il se branlait la pine,
En créant ces jolis minois.
Tel on vit jadis Prométhée,
Dans ses transports masturbateurs,
Animer Pandore enfantée
Avec mille attraits enchanteurs.

Dans ce paradis tout s’encule,
Tout fout ou se branle à son choix :
Le foutre bouillonnant circule,
Et de partout tombe à la fois.
Mais de certains cons, s’il s’échappe,
Ses flots arrêtés en chemin,
Par les coups d’un vaillant priape,
Sont repoussés dans leurs vagins.

Beaux culs, beaux cons, par cent postures,
En ribauds fins et concurrents ;
Toujours variant leurs allures,
M’offrent cent plaisirs différents.
Partout des couples qui s’empressent
De s’unir d’un commun transport,
Tombent, s’enfilent et se pressent,
Couilles battant tribord, babord.

Animé par tous ces spectacles,
Saisi d’une sainte fureur !
Mon vit partout fait des miracles,
Partout mon vit entre en vainqueur.

Mais comme une longue victoire
Épuise enfin un conquérant,
Je mets des bornes à ma gloire,
Et ne suis plus belligérant.

Je cherche alors, en homme sage,
À quitter le séjour des dieux ;
Il me faut sauver à la nage,
Car le foutre inonde ces lieux.
Je me dirige chez les hommes ;
Là que tout est vain et petit ;
Les rois n’y sont que des atomes,
J’ouvre l’œil, je suis dans mon lit.

C’est ainsi qu’un masturbomane
Va, durant le jeu de sa main,
De la grisette à la sultane,
Et du monde au séjour divin.
Exempt des soins, il reste en place ;
Mais, c’est sur l’aile du désir,
Que ses pensers, avec audace,
Vont butiner pour son plaisir.

Oui ! garces de toute la terre,
Garces des enfers et des cieux,
Vous devez toutes lui complaire,
Il est plus puissant que les dieux.
Toutes les putains trépassées,
Comme les futures putains,
Sont vivantes dans ses pensées,
Toutes ont leur con dans ses mains.


Rien ne résiste à la puissance
De l’amoureux masturbateur ;
Ni la fierté, ni l’arrogance,
Ni la vertu, ni la pudeur !
Et la mystique pruderie,
La froide insensibilité
Et l’avare coquetterie,
Tout fléchit sous sa volonté.

Voyez le bel Alcibiades,
Qui foutit si bien de Laïs,
Sans détours ni compliments fades,
Le mercenaire con, gratis.
Savez-vous comment ce grand homme
S’y prit, malgré ce vagin-là,
Pour ainsi foutre en économe ?
Cet homme illustre se branla.

Lors la catin pleine de rage
Qu’en songe on eut foutu son con,
En vain devant l’Aréopage
Réclame une injuste rançon.
L’auguste tribunal suprême
Veut que ses charmes demandeurs,
En songe, soient payés, de même
Qu’on a joui de leurs faveurs.

Eh bien ! ami, que vous en semble ?
De mes goûts et plaisirs divers,
Puisqu’à mon gré je fous, ensemble,
Le ciel, la terre et les enfers.

Ce sont là, dira-t-on, des songes !!!
J’en conviens ! mais, en vérité,
L’homme est heureux dans ses mensonges,
Il n’est mal qu’en réalité.


FIN