ous approchons de plus en plus de l’équateur ; de petites pluies et un temps nébuleux nous en annoncent le voisinage. L’ombre projetée à midi par ma personne sur le pont, est presque nulle, ce qui revient à dire que les rayons du soleil me tombent quasi perpendiculaires sur la tête ; nous sommes dans la région connue de tous les voyageurs
sous le nom de pot au noir : sans
doute ainsi nommée à cause de l’éternel
mauvais temps qui y règne et du constant
état terne du ciel. Ces pluies ne durent
pas longtemps, ce ne sont que des ondées.
Le passage de la ligne se fit avec calme,
pas de grotesques divertissements, pas
de scènes burlesques où paraissent Neptune
et autres divinités humides, pas de
pluie de pois ni de farine.
Un passager se permit seulement une
plaisanterie qui fit rire tout le monde :
un jeune homme, fort blagueur d’ailleurs,
voulut, dans sa naïveté, voir la ligne ;
aussitôt le passager en question fut chercher
une longue-vue du bord, qui était
à notre disposition, tendit un fil à l’extrémité
par le milieu du verre, et la présenta
au jeune étourdi en le priant de
bien regarder dans telle direction : un air
de satisfaction se peignit sur la figure du
curieux, et tout heureux, il s’écria : je la
vois, je la vois ! là bas, là bas ! Un rire fou s’empara des assistants, quelques épithètes
même, mais dites tout bas, furent
adressées à l’ignorant qui, pendant quelques
jours, servit de but aux plaisanteries.
Nous eûmes quelques coups de vent à
essuyer, un jour même, le navire ayant
beaucoup de voiles dehors, justement à
l’heure du dîner, Éole gonfla ses joues
un peu plus qu’à l’ordinaire et imprima
au navire un fort mouvement de roulis.
Les tables étaient couvertes de mets et
de sauces, qui roulèrent sur les genoux
des commensaux ; les dames criaient en
cherchant à préserver leurs toilettes, les
hommes juraient ; c’était un brouhaha, un
sauve qui peut général. Comme la salle
était étroite, et qu’il n’y avait entre la
table et les cloisons que juste l’espace
pour le passage d’une personne, ce fut
un bouleversement complet ; tous se pressaient,
se poussaient pour sortir, et les
mouvements du navire faisaient perdre
l’équilibre à bon nombre. Une dame, en
essuyant sa robe, me laissa voir le bas d’une jambe bien faite qui me dédommagea
largement de la perte de mon potage.
Quelles nuits agréables que les nuits
sous les tropiques ! le ciel pur est constellé
de milliards d’étoiles scintillantes ;
une température suave et embaumée,
plonge l’homme dans une douce rêverie,
et las d’admirer le firmament, il s’endort
en souriant à la Croix du Sud ! Nuits de
bonheur ! Nuits d’amour ! Heureux celui
qui vit sous les latitudes où la nature
prodigue ses dons, et où l’être humain,
insouciant du lendemain, mollement balancé
dans un hamac, goûte les charmes
du far niente.
Quelques jours après, un petit incident
risible vint encore dérider les faces
accablées par la chaleur équatoriale. Trois
passagers, couchés au pied de la cheminée
du steamer, sous la douce influence de
Morphée, dormaient du sommeil des justes.
Peu à peu le vent changea de direction,
et sous son souffle les petites poussières
et escarbilles lancées par la cheminée, tombèrent sur les figures humides de
sueur des trois dormeurs. Bientôt de blancs
qu’ils étaient ils devinrent mulâtres, et
certainement sans le bruit d’une manœuvre
qui les troubla dans leur repos, ils
seraient passés à l’état de nègres parfaits.
De cuisantes douleurs accompagnèrent leur
réveil, une quantité de petits cristaux de
charbon pénétrèrent dans leurs yeux, et
firent exécuter de singulières pantomimes
aux imprudents : pour toute consolation,
quelques rires moqueurs parvinrent à leurs
oreilles, ils jurèrent bien, mais un peu tard,
qu’ils ne s’y laisseraient plus prendre.
Rien de particulier ne vint troubler la
monotonie de notre traversée jusqu’au
vingt et un novembre, où nous eûmes le
phare du cap Frio en vue. Encore quelques
heures et Rio de Janeiro nous apparaîtra
dans toute sa splendeur.
Le lendemain au point du jour nous
approchions de la terre, le soleil levant
dorait de ses rayons oranges les sommets
des pics au pied desquels s’étend la capitale de l’empire de Dom Pedro. L’entrée
de la rade de Rio est excessivement étroite,
et des ouvrages garnis de canons en défendent
le passage.
Après avoir longé les forts de Santa
Cruz et de São João, un panorama réellement
féerique s’offre à la vue du voyageur
étonné. Devant lui l’immensité de la baie
qui mesure cinq lieues sur quatre d’étendue,
semblable à une glace transparente
et pure, reflète dans ses eaux limpides
les magnifiques paysages de ses bords.
À gauche O Rio, comme disent les Brésiliens,
bâtie en amphithéâtre, présente
l’aspect d’un immense éventail, bariolé
des couleurs les plus vives ; les montagnes
du Corcovado et des Organos lancent
dans les nues leurs pics, où une
végétation luxuriante étale aux rayons du
soleil ses nuances les plus tendres. Rio
est une grande ville, peuplée comme une
des principales capitales de l’Europe ; sur
sa rade flottent les pavillons de tous les
pays du monde.
Une barque m’emporte à terre.
Quelques rues attirent mon attention ; la rua Direita, la rua d’Ouvidor et la rua da Assemblea ; ce sont je crois les principales
et les plus commerçantes ; la rua d’Ouvidor
est habitée par les négociants
français. Je parcourus avec plaisir un
marché, où des négresses vendaient les
fruits si multiples et si savoureux de cet
heureux pays. Les rues sont assez mauvaises,
un pavage en pierres inégales et
posées de champ, rend la marche difficile.
Les maisons sont de style portugais, et
les magasins ne brillent pas par leur propreté ;
je ne parle pas ici des magasins
tenus par des étrangers.
Pour me faire une idée des environs
de Rio, je pris place dans le tramway
traîné par des mulets et qui conduit à Botafogo
et au Pão de Açucar. Au sortir de
la ville nous côtoyons des villas enchanteresses
et de gracieux chalets, au confortable
européen vient se mêler le charme
de la végétation brésilienne. Les orangers embaument l’atmosphère de leur suave
parfum, les bananiers aux feuilles immenses
gémissent sous le poids de lourds
régimes, les palmiers, les cocotiers lancent
dans l’air leurs stipes grêles et droits
couronnés du classique panache bruissant
au moindre zéphyr ; l’air est imprégné
de senteurs inconnues aux pâles habitants
du Nord, des insectes aux riches couleurs
bourdonnent en volant de calice en calice ;
et les oiseaux mouches, semblables à des
rubis et à des émeraudes animés, puisent
dans le fouillis de fleurs leur nourriture
d’ambroisie ; turbulents et légers, sans se
reposer, inconstants, ils font une caresse
à toutes les fleurs, sans s’arrêter à aucune.
Les oiseaux des tropiques, si remarquables
par la richesse de leur plumage, ne font
entendre que des cris perçants.
La population de Rio est composée en
grande partie de gens de couleur ; le mélange
des races noire et indienne, avec
les Portugais et autres étrangers a produit
dans cette partie de l’Amérique du Sud un dédale chromatique, où l’antropologiste
le plus érudit se trouve embarrassé.
La plupart des petits magasins sont tenus
par des Portugais ; sobres, travailleurs,
rien ne les rebute ; insensibles aux privations,
supportant les plus rudes fatigues,
ils n’ont qu’un but, celui de s’enrichir, et
revoir un jour les rives du Tage.
Peu de blancs se montrent dans les
rues de Rio, pendant les chaleurs de la
journée, surtout les blancs de qualité ; ce
n’est que le soir, quand Phœbus a modéré
ses feux, que la société choisie de la capitale
ose se montrer ; alors le quartier de la
place de l’Assemblea jusqu’à la rue d’Ouvidor
présente l’aspect le plus animé.
J’étais descendu dans un hôtel allemand
non loin du port, et pendant que
je prenais une légère collation, je pus remarquer
l’usage si répandu du cure-dents :
tout Brésilien a toujours avec lui son cure-dents,
passé derrière l’oreille comme la
plume d’oie de nos saute-ruisseau ; il le
retire et s’en sert à tout instant, il est de bois tendre et long de dix à quinze centimètres.
Las des courses de la journée,
je priai l’hôtesse de m’indiquer ma chambre.
J’ouvris une fenêtre pour prendre
le frais, et tout en aspirant la fumée
d’un charuto brésilien, je donnais cours à
mes pensées. Le souvenir de ma famille,
de mes amis, mon voyage, le Cap Vert,
Rio, l’éloignement de mon pays natal,
deux mille cinq cents lieues, me plongèrent
dans une mélancolie rêveuse, et
machinalement je lançais dans les ténèbres,
la fumée de mon puro de Bahia. Bientôt
mes paupières s’appesantirent et je songeai
à me reposer des fatigues d’une
longue navigation ; je laissai la fenêtre
ouverte et me jetai sur mon grabat.
Des démangeaisons inconnues me réveillèrent
bientôt, et de légers susurrements
significatifs me firent connaître
qu’une armée de moustiques s’acharnaient
sur mon corps et se disputaient mon sang.
Je me lève, allume une bougie pour châtier
mes ennemis, mais en vain ; semblable au lion malade je dois supporter leurs
attaques, sans pouvoir me défendre. Je
m’enveloppe dans un des draps et m’étends
de nouveau. Quelle nuit désagréable !
Je me levai aux premiers rayons du
soleil et, tout en me livrant aux ablutions
matinales, je ne me reconnus presque pas
en me voyant dans la glace du lavabo.
J’avais l’air d’avoir eu la petite vérole ;
une quantité de tumeurs couvraient
ma figure, mes mains, mes bras, tout
mon corps, que faire ?… Je maugréai
en moi-même quelques invectives, et
le mot carajo, que je connaissais déjà,
s’échappa de mes lèvres. Je m’habille, descends
et entre dans la salle commune,
où je suis reçu par un rire général, et
effectivement c’était pour rire, j’avais
l’air d’un polynésien de bonne famille,
tellement j’étais tatoué ; mais je n’étais
pas le seul, d’autres étrangers comme
moi avaient eu à faire à l’ennemi et
avaient été tout aussi maltraités.
Je pris une tasse de café, du Rio pour de vrai, et sortis pour voir encore un peu
les Brésiliens. J’assistai à l’embarquement
de malheureux nègres que le gouvernement
de Dom Pedro recrutait de toutes
parts, un peu par l’argent, beaucoup par
la force, et expédiait au Paraguay pour
combattre les valeureux soldats de Francisco
Solano Lopez. Leurs uniformes me
faisaient l’effet d’être les défroques de nos
garnisons européennes ; ils tenaient leurs
fusils avec une nonchalance et un manque
de pratique, qui révélaient la faiblesse
de leurs sentiments guerriers. Pauvres
diables arrachés à l’esclavage pour être
conduits à la mort !
Pour ne donner qu’une idée des boucheries
que les braves Paraguayens faisaient
de ces infortunés — et remarquez
que presque toujours les soldats du Suprême,
Lopez portait ce nom, armés d’un
simple couteau, attaquaient les Brésiliens —
je citerai le fait connu dans toute l’Amérique
du Sud, que la quantité de cadavres
que charriaient le rio Paraguay et le rio Parana descendaient jusqu’à Buenos-Ayres,
et cette masse de chair en putréfaction
infectait les eaux et l’air à tel
point, que l’administration de la ville dût
prendre des mesures en conséquence.
L’élite de la jeunesse brésilienne avait
disparu, et si la guerre eût duré plus
longtemps, ou disons mieux, si le tyran
Lopez eût su mieux se conduire, la face des
évènements aurait pu changer et entraîner
peut-être la ruine du Brésil. Les provinces
de Rio Grande et de Bahia, les deux plus
braves de l’Empire, étaient dépeuplées et
les veuves étaient innombrables.
Les Brésiliens sont hautains, orgueilleux
et entichés d’eux-mêmes. À ce propos
un de mes amis de Montevideo m’a
répété les paroles d’un officier brésilien qui,
en certaine société, s’est exprimé comme
suit : Les Français sont forts sur terre,
les Anglais sur mer, mais les Brésiliens
sur terre et sur mer. Et encore cette
épitaphe d’un Brésilien mort au Paraguay :
Ici repose un lion, non, c’est un tigre,
non, c’est un Brésilien.
Abstraction faite de ses vices — et qui
n’en a pas, hélas ! — le peuple brésilien a
devant lui l’avenir le plus grandiose :
une étendue de territoire égale à celle
de la moitié de l’Europe, des richesses
minérales inouïes, des forêts sans fin de
bois précieux et un système fluvial des
plus heureux. L’immensité de son territoire
embrasse la zone tempérée et la zone
torride ; l’étendue de ses côtes, avec des
ports sûrs et spacieux, lui permet d’avoir
une marine marchande et de guerre, qui
rivalisera avec celle des États-Unis de
l’Amérique du Nord. Ce qui lui manque,
c’est l’immigration de peuples agriculteurs.
Accourez, Européens, vous qui vous
sentez à l’étroit dans votre antique patrie
épuisée, vous qui gémissez sous le poids
de la misère et des travaux les plus durs,
accourez ; le Brésil est vaste, il a les bras
ouverts pour vous recevoir, il est prêt à
prodiguer ses richesses à ses enfants d’adoption !
Fuyez les froides régions du
Nord, venez dans le Sud, là gît le bonheur,
là gît l’abondance !
Malheureusement ce joli pays porte
au front une tache bien plus noire que
le nègre qu’il l’asservit.
Au Brésil existe encore l’esclavage !
l’esclavage suscité par la cupidité et la
luxure ! l’esclavage ! mot terrible, au son
duquel tout cœur noble bondit d’indignation !
Le maître, par suite de ses relations
charnelles avec son troupeau humain, devient
le père d’êtres qu’il pollue comme
il a pollué leur mère, et non content de
ce crime stigmatisé par les peuples les
plus sauvages, il fait battre, torturer ou
vendre son propre sang.
Les gouvernements qui autorisent de
semblables atrocités, méritent d’être bouleversés
par les troubles sociaux les plus
exaltés ; le feu et le sang seuls peuvent
laver une aussi grave injure faite au genre
humain.
Après avoir passé trois jours à terre,
je me fis ramener à bord ; on achevait de décharger les marchandises en destination
de Rio, et le lendemain nous
reprenions la direction du Sud. Encore
cinq jours et je pourrai saluer Montevideo
la belle.
J’ai oublié de vous dire qu’à bord se
trouvaient deux Paraguayens, envoyés par
le gouvernement de Lopez à Londres, pour
y suivre les cours des arts et manufactures
et de mécanique. Forcés de reprendre
le chemin de leur patrie, faute de ressources
pour continuer leurs études, ces deux
jeunes gens, les meilleurs du monde, avaient
contre les Brésiliens la haine la plus incarnée.
L’un était brun et avait du sang
indien dans les veines ; l’autre, blond,
était le descendant d’un Anglais établi au
Paraguay. Nous nous prîmes d’amitié ;
eux savaient l’espagnol et l’anglais, moi
quelques mots d’espagnol, nous nous comprenions
facilement. Je les aimais réellement,
et nous bûmes plus d’une bouteille
de pale-ale à la réussite de la guerre.
Quand le navire entra dans le port de Rio, aussitôt un employé de la douane
fut installé à bord, pour empêcher la
contrebande ; les Paraguayens entamèrent
conversation avec lui sans dévoiler leur
nationalité ; et au récit horrible des résultats
de la guerre, leur cœur se brisa, et
l’amour de la patrie leur fit verser des
larmes.
Aucun peuple, je crois, n’aime sa patrie
comme le Paraguayen, et pourtant le
Président Lopez était le chef le plus infâme.
Des Paraguayens eux-mêmes m’ont
avoué que, lorsque des soldats du tyran,
faits prisonniers par les Brésiliens, s’échappaient
et venaient, par amour de
leur pays, lui offrir de nouveau leur
sang, il les faisait fusiller. Pourquoi ? Parce
qu’ils s’étaient laissés prendre ! Au
moindre soupçon d’infidélité, il faisait
battre ou passer par les armes, frères,
sœurs, amis, amies, et pourtant on l’aimait,
et pourtant on se faisait tuer pour lui !
C’était le Dieu des Paraguayens, d’ailleurs
lui-même est mort en brave, traqué par les trois états alliés, réduit à la dernière extrémité,
après avoir lutté pendant six ans,
dénué de tout, entouré d’une poignée de
braves ; il a succombé au champ d’honneur,
en combattant corps à corps, à l’arme
blanche, après avoir déjà eu une jambe
brisée par une balle.
Les deux Paraguayens ne voulurent
pas descendre à terre, par mépris pour
leurs ennemis ; et lorsque le capitaine fit
lever l’ancre, ils ne purent modérer leur
rage et adressèrent aux employés brésiliens
qui s’éloignaient dans une barquette,
toutes les invectives que leur suggérait
leur haine.
Pauvres jeunes gens, c’était tirer sur
un éléphant avec de la cendrée, le
Paraguay devait succomber, il devait être
dévasté ; tout ce qu’il y avait de valide
devait périr, le nègre devait souiller
la blanche Paraguayenne, l’étendard brésilien
devait flotter en maître, à Humaïta,
Curupaïti et Assomption.
Nous voilà de nouveau en route. Je me mis à l’arrière du bâtiment pour contempler
encore une fois la magnifique baie ;
Rio disparut et avec elle son fidèle pain
de sucre. C’est le Pão de Açucar, montagne
conique aux environs de Rio. Le
brai se boursoufflait et se liquéfiait dans
les jointures des madriers du pont du
steamer, car il faisait une chaleur atroce,
et il fallait avoir un rude tempérament
pour ne pas en souffrir. La plupart
des passagers ne se montraient plus,
ils étaient couchés dans leurs cabines,
anéantis, ruisselants de sueur. Les deux
Paraguayens et moi nous tenions ferme,
les projets les plus audacieux faisaient l’objet
de nos conversations ; entre autres
nous avions unanimement résolu d’aller
trouver le consul paraguayen à Montevideo,
et à l’aide de son concours de traverser
les lignes ennemies, pour offrir nos
services à Lopez, eux comme constructeurs,
moi comme soldat. Arrivés à Montevideo
nous fûmes trouver le consul, qui
nous dissuada complètement « attendu que
beaucoup d’autres qui avaient déjà tenté la même chose, avaient été pris et fusillés »
même dans le cas où nous eussions réussi,
nous devions périr, car peu de Paraguayens
échappèrent au carnage que firent les vainqueurs.
La grande partie du chargement du
navire avait été pour Rio, aussi son tirant
d’eau était-il très faible, le moindre souffle
lui faisait faire les cabrioles les plus désordonnées ;
mais le terme de mon voyage
était si proche, que je ne faisais pas attention,
même à ses mouvements les plus
brusques. Je mis ordre dans mes affaires
et sortis de ma malle mes habits les plus
frais pour faire mon entrée dans la capitale
de la República oriental del Uruguay.