Trio de quatrains pessimistes
Le Passe-Temps du 08 octobre 1893, (p. 3).
TRIO DE QUATRAINS PESSIMISTES
ICI BAS !
L’horreur règne ici bas… Dieu, tout fort qu’il se nomme,
A gémi de douleur, devenu fils de l’homme ;
Car rien n’est descendu sur ce monde odieux,
Qui ne fût teint du sang en retournant aux cieux !
L’ARRÊT IRRÉVOCABLE
Éternel condamné, tout homme doit périr…
L’enfant, hier encor chérubin chez les anges,
Par le ver du linceul est piqué dans ses langes :
Naître, c’est seulement commencer à mourir !…
LA FUITE IRRÉMÉDIABLE
Fugit irreparabile tempus !
Quelle chose ici bas a la plus prompte fuite…
Est-ce l’éclair, le vent, le flot, l’oiseau peureux ?
Non, ce qui pour nous passe et s’enfuit le plus vite,
Hélas ! ce sont les jours heureux !…
Gabriel Monavon.