Tresor de recherches et antiquitez gauloises et françoises/Nlle éd., 1882/Index alphabétique - A

DICTIONNAIRE

DES
TERMES DU VIEUX FRANÇOIS
ou
TRÉSOR DES RECHERCHES
ET ANTIQUITÉS GAULOISES ET FRANÇOISES
avec additions par le nouvel éditeur.
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A


Aarbrer. Se cabrer, selon le Roman de Perceval : d’où vient le mot Languedocien s’asalbra. c’est-à-dire se dresser pour monter sur les arbres.

Abaco ou Abaque. Tailloir ; la plus haute moulure d’une colonne en architecture, lui servant comme de couvercle. (Monet.)

Abaeuz. [Vacans, biens vacans. (Coût, du Poilou.)]

Abai ou Abaiement. Aboyement, cri du chien. (Monet.) D’où abaier, aboyer, abaieur, aboyeur.

Abaille. Abeille. (Joach. Perisonius) : de linguæ Latinæ origine.

Abaiser. Apaiser. (Ovide, ms.)

Aballeurs. [Alluvions de la rivière. (L. C. D.)]

Abandon. [Cri public, proclamation, permission générale. Par abandon, sans jugement. (Beaum.)]

Abandonnenient. [Cession de biens. (G. C. F.)]

Abannir. [Défendre, prohiber. (G. C. F.)]

Abarrer. [Empêcher l’effet. (Littl.)]

Abassi. Aballu.

Abassin. Abyssin, qui est de la côle d’Abex, côte orientale d’Ethiopie. (Monet.)

Abateis. Forêt, selon un ancien. (Ovide, ms. en vers.)

Abater. [Abolir. (L. J.)]

Abator. [Entier, en possession d’un héritage. (Litll.)]

Mais ne pot souffrir tel desroy,
Pallas qui la noise abaisa
Tant que li un l’autre baisa.

Abatre. [Diminuer, rabattre. (Beaum.)]

Abbatement. [Destruction. (Littl.)]

Abbatre. [Anéantir, rejeter, (Littl.) S’abattre en une terre, s’en emparer. (Littl.)]

Abbec. Amorce, appast. (Monet, Nicot.)

Abbechemant. Action de donner la becquée. (Monet.)

Abbecber. Donner la becquée à un oiseau. (Mon., Nic.)

Abéiance. [Droit suspendu. (Littl.)]

Abeliser. Charmer et ravir. (R. de la Rose) :

Si m’abelisoit ot feoit.

Ou abrutir et estourdir ; de bellua, besle.

Abenevis. [Droit de jouissance à volonté. (Laur.)]

Abeneviser. [Concéder. (Laur. Glos. D. F.]].

Abenfans. [Arrière-petit-fils. (La Curne. Gl. F.)]

Abensté. Absence nécessaire ou forcée. (G. C. F.)

Aberhavre. Lisez Aber, embouchure de fleuve ou de mer, d’où vient havre : du mot hébreu habar, associer. (Bochart en son Phaleg.)

Abeuvrage. [Redevance annuelle en argent. (L. C. D.)]

Abborrir. Abhorrer, avoir en horreur. (Nicot.)

Abienneur. [Séquestre. (Laurière. Glos. D. F.)]

Able. [Habile, convenable. (Litll.)]

Aboilage. Droit des seigneurs sur des abeilles,

Aboile. Abeille.

Abominer. Abhorrer, avoir en aversion. (Monet, Marot. Pseaume 5.)

Quant aux meurtriers et décepteurs,
Celui qui terre et ciel domine,

Les abomine.

Aboné. [Serf soumis à un cens déterminé. (Beaum.)]

Abonnage. [Convention, droit d’abonnement. (Laur.)]

Abonner. Changer ou apprécier, et estimer des chevaux, selon Ragueau ; comme aussi mettre des bornes. Voyez Bonna.

Abonneur. [Acquéreur. (Laurière. Glos. D. F.)]

Aborener. Dédaigner; de abhorrere [selon un Roman de la Rose ms.)

Abouter. [Borner, mettre des bornes. (La Curne.)]

Abouvier, Lâcher les bœufs du joug après qu’ils ont labouré, les disjoindre. (Nicot. Ce mot est encore usité en certains lieux de Normandie.

* Abramas. Singe ; de l’hébreu abrama. Bochart. Voyez Abranas.

Abranas. [Mot gaulois : singe. Gwrab, en kymmryque ; Mab, en armoricain; Ab, en irlandais. Aban, en gaëlique.]

Abrancher. [Mettre un arbre sans branches. (L. C. D.)]

Abrava. Singe. Hesichius.

* Abravanus. Rian, ville d’Ecosse, dite de Aber riani, le havre de Rian. (Ptolémée.) Ainsi, en Espagne, Cantabri est dit de aber et cant, loin ; et Artabri, peuples de la mer.

Abri. Douce température d’air. (Monet.)

Abriconer. Charlater. Ovide ms, parlant d’Ulysse et d’Iphigénie, qu’il obtint pour en faire sacrifice, dit :

Bien sot la mer abriconner.
Et faire esiouir de noyant.

Abridger. [Abréger. (Littleton.)]

Abrier ou Aubrier. Fust d’arbalète. (Monet.)

Abriever. Arriver. (R. de Perceval.)

Abrousture. Droit de pâture. (La Curne, Gl. F.)

Absconcer. Cacher ; de abscondere. (Nicot.)

Absoille. Absolve. (Ms. des mémoires de Paris : du trépas de M. le président Baillet, que Dieu absoille.)

Abuter. Viser.

Abuvrer. Arroser. (L. J.)

Acanner. [Injurier. (La Curne, Glos. Fr.)]

Acapit. [Certains droits qui se payaient au seigneur pour chaque mutation de propriété. (La Curne, Glos. Fr.)]

Acaration. [Confrontation. (La Curne, Glos. Fr.)]

Acasement. [Inféodation. (La Curne, Glos. Fr.)]

Acaunum ou Agaunum. [Mots gaulois : pierre, rocher, en vieux gaulois, Agalen en Kymmryque. Agolan en Cornique, signifie pierre à aiguiser. Dans le Valais, le couvent de Saint-Maurice a conservé le nom d’agaunum.]

Acaunumarga. [Mot gaulois : la marne rousse. Marg en armoricain ; en Gaëlique màrla. Le mot marle est resté dans quelques-uns de nos patois. Voyez Acaunum, qui signifie pierre, rocher.]

Accarement, affrontement, opposition mutuelle de personnes face à face. (Monet.)

Accarer. Affronter deux personnes l’une à l’autre, les opposer face contre face, (Idem.)

Accensaige. [Arrentement. (La Curne, Glos. Fr.)]

Accensement. [Bail à cens. (La Curne, Glos. Fr.)]

Accenseur. [Fermier ou colon. (L. C. D.)]

Acceptance. [Acceptation, consentement. (La Curne.)]

Acceptilation. [Déclaration par laquelle on tenait quitte son débiteur. (La Curne, Glos. Fr.)]

Accessadeur. [Celui qui tient à cens. (La Curne.)]

Accesseur. [Prédécesseur. (La Curne, Glos. Fr.)]

Accessoire. Désordre. Marot. ii. balades, dit :

Adventuriers, que la pique on manie,
Pour les choquer et mettre en accessoire.

Accise. [Imposition, taille. (La Curne, Glos. Fr.)]

Acclosagier. [Clore de murs. (La Curne, Glos. Fr.)]

Accodepot. (Rabelais.) Ou Appuipot. (Nicot.) On appelloit de ces deux manières fulcrum et fulcimentum, ce qu’on met contre un pot pour empêcher qu’il ne verse lorsqu’il est sur le feu.

Accointable. Aisé à hanter, à estre fait ami. (Nicot.)

Accointance. Familiarité qu’on a les uns avec les autres. (Idem.)

Accointer. Rechercher quelqu’un avec cointise et honnêteté pour s’en faire un ami. (Nicot.)

Accointer est aussi faire coint, rendre joli et mignon, comme accointer une pucelle, la faire cointe et jolie.

Accoiser ou Acquoiser. Rendre coi, apaiser. (Monet, Nicot.)

Accomparager. Faire comparaison d’une chose avec une autre. (Nicot.)

Acconduire. Amener en troupe. (Nicot.)

Acconsuivre. Atteindre quelqu’un en cheminant. (Monet.) D’où acconsuivi, atteint.

Accord. [Réconciliation, décision, jugement, droit seigneurial. (La Curne, Glos. Fr.)]

Accordablement. [De bon accord. ;L. G. D.)]

Accordant. [Qui a rapport, qui est conforme. (Litt.)]

Accordement. [Convention, droit seigneurial. (L. G.)]

Accort. Subtil, avisé, prudent. (Monet.) De l’italien accorto.

Accortement. Subtilement. (Idem.) De l’italien accortamente.

Accortise. Subtilité, prudence. (Idem. Nicot.) Ou Accortesse.

Accourciers. Marchands, chalans. Rabelais, liv. 2. chap. ii, dit: « Moyennant une sédition de Balivernesmne « entre les Baragouins et les Accoursiers pour la rébellion « des Sonisses, etc. » On appelle accoursiers de la Saintonge les chalans d’une boutique où ils sont accoutumés de prendre sur taille ; d' adcruciare, parce que sur les tailles chaque dizaine est marquée par un coche en forme de croix.

Accours. Affluence de survenans. (Nicot.)

Accoursier. Favori de quelque seigneur. (Monel.)

Accousiner. Se faire cousin de quelqu’un, l’appeler son cousin. (Nicot.)

Accouter. Acouter, ascouter, et plus communément escouter ; de auscultare, ou de àxovœ, écouter. (Nicot.)

Accoutrer. Orner, approprier une chose. (Nicot.)

Accouveter. S’accroupir sur quelque chose, couvrir, et métaphoriquement couver en parlant des poules. (Nie.)

Accrevanter. Rompre, briser avec effort. (Nicot.) Nicole Giles en la Vie du roi Philippe-Augusle dit : « Le « roy à cest cause assembla son ost et entra en la terre « dudit roy .lean d’Anglelerre, par Normandie, print et « accrevant les dites places de Boulavant, Argueil, « Couches, etc. »

Accroire. Mettre sous la loi d’autrui, confier ; comme « accroire quelque argent. « (Nicot.)

Accroisseur. [Enchérisseur. (La Curne, Glos. Fr.)]

Accroué. Accroupi. Rabelais, liv. 5. ch. viii. dit : « Et « nous mena en tapinois et silence droit à la caige en « laquelle il étoit accroué. » Ce mot vient d’accurvatus fait de curvare, d’où corvée dans la signification de certaine prestation corporelle qu’à Metz on nomme crouée, et qui consiste à se courber pour remuer la terre.

Accubes. Repaires, lifs, selon le R. d’Arlus de Bretagne : « Ils tendirent pavillons et accubes ; » de accumbo.

Acée. Bécasse ; de acceia ; et celuy-cy de acus, aiguille, à cause de son long bec.

Acense. [Cens, revenus. (La Curne, Glos. Fr.)]

Acenser. Mettre à prix de cens, prendre à cens et ferme. Nicot. ;

Acenseur. [Fermier. (La Curne, Glos. Fr.)]

Acermenter. [Tailler la vigne. (La Curne, Glos. F.)]

Acertenées. Rendues certaines, assurées. Marol, 2. liv. de la Métamorphose dit :

Elle bailla ce corbillon en garde
Entre les mains des trois pucelles, nées
Du roy Cecrops, sans ce qu’acertenées
Pallas les eust de Festrange merveille.

Accertener. Assurer, rendre certain de quelque chose. (Nicot.)

Acertes. À bon escient, affectueusement, sérieusement. Monet.)

Acesiné. Bien en point.

Belle, gente et acesinée. (Perceval.)

Acesmé. Assaisonné ; d’où vient le mot de Languedoc, assema. Ou couvert, armé, et orné.

Et de ses armes acesmés. (Perceval.)

La pucelle au corps acesmé
Quand meust l’huys defermé. (R. de la Rose.)