Tresor de recherches et antiquitez gauloises et françoises/Nlle éd., 1750/Tome 1
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ÉPÎTRE
DÉDICATOIRE
MONSIEUR,
ON me blâmera peut-estre d’adresser à un des plus polis esprits de France, ce qui nous reste de plus rude & de plus barbare du langage de nos ancestres. Mais pour vous, MONSIEUR, vous aurez sans doute la bonté de m’excuser, si vous considérez que je ne pouvais en user autrement sans injustice. Car puisque vous avez esté une des principales califes de la naissance de cet ouvrage, je ne devois le dédier à personne qu’à vous. C’est par vostre conseil que je l’ay entrepris, pour le soulagement & la satisfaction des Curieux, qui seront bien-aises, en lisant les Livres écrits en vieux François, de n’estre pas arrestez par tant de mots dont on n’use plus maintenant, & qui ont quelquefois des significations assez belles, & des origines très-anciennes, mais qu’il est difficile d’entendre sans une longue méditation. Vous m’avez asseuré que ce travail ne sera pas inutile, & je me suis laissé flatter par cette espérance, d’autant plus aisément, qu'un excellent homme de l’antiquité nous enseigne, que ce n’en pas estre peu heureux que de pouvoir donner la nouveauté aux choses la lumiere aux obscures, l’agrément à celles qui ont déplû, & en un mot, de ressusciter, s’il faut ainsi dire , celles qui estoient comme ensevelies dans les ténébres de l’oubly. Mais quelque utile que puisse estre mon Livre, je ne m’attends pas qu’il soit approuvé de tout le monde , puisque c’est un avantage que les plus accomplis n’ont pû obtenir jusques icy ; de sorte qu’ayant besoin de protection contre l’injustice ou la malignité des sévéres Censeurs, dont nostre siécle n’est que trop remply, je ne pouvais avoir recours à une plus puissante , ni plus asseurée que la vostre, que vous ne refusez jamais à ceux qui aiment les Lettres & la vertu. Je me promets donc, MONSIEUR, que plusieurs qui vous verront estimer cet Ouvrage, ou l'estimeront à vostre exemple , ou du moins s’empescheront de le blâmer, pour n’estre pas d’un autre sentiment que vous. Car il y a de la gloire à imiter un homme judicieux & sincere, dont l’inclination est toujours portée à favoriser ce qui est louable , & à excuser ce qui a quelque défaut. Je suis témoin que c’est ainsi que vous agissez, m’ayant donné souvent des avis très-salutaires, & dont j'ay avantageusement profité, & laissé puiser dans votre curieuse Bibliothéque, qui est une source féconde de Livres rares imprimez & manuscrits, tout ce qui m’a été nécessaire pour la composition, non-seulement de cet Ouvrage, mais aussi de plusieurs autres que i’ay destinez au Public, & dont on trouvera les titres au commencement de ce Volume ; si bien, MONSIEVR, que ie puis dire que vous estes en quelque sorte l’Auteur, aussi bien que moy, puisque vous y avez tant contribué. J’ai trouué, dans cette grande Ville, peu de personnes aussi officieuses, & aussi obligeantes que vous ; & c’est ce qui augmente mon ressentiment & ma reconnoissance. Je confesse pourtant que i’en dois beaucoup à M. vostre frére, qui ne m’a rien refusé de ce qui estoit en son pouvoir, pour l’avancement de mes travaux. Et certes, la générosité est une qualité tellement attachée à votre famille, qu’on peut dire qu’elle y est héréditaire, puis qu’on la louoit dans les Estats des anciens Ducs de Bourgogne, en ceux de qui vous tiret vostre origine comme on la loue aujourdhuy en vous, à Paris, & dans toute la France. Je serois ingrat, si ie n’avouois aussi, que je suis redevable de beaucoup de faveurs à M. Borel Ambassadeur de Messieurs les Estats des Provinces-Unies en cette Cour & que j’ay appris, en la conversation de Messieurs Gassend, de la Mothe-le-Vayer, & Chapelain, des choses que je n’avois point découuertes dans les Livres. Aussi, par leur profond sçavoir, par leur jugement exquis, & par leur rare probité, ont-ils obtenu, & dans ce Royaume, & par toute l’Europe, une telle reputation, qu’il y a peu d’hommes à présent qui en possédent une aussi générale & aussi pure. Pour M. de Pelisson-Fontanier, outre que je puis parler de luy de la mesme sorte, je dois ce témoignage à la vérité & à son affection, que dés mon enfance il m’en a donné des preuves si effectives ; que je ne pourray iamais rencontrer assez d’occasions de luy en rendre de pareilles de la mienne ; mais ce n’est pas une des moindres obligations que je luy aye, que celle de m’avoir procuré l’honneur de vostre connoissance, que je mets au rang de mes biens les plus précieux. Je n’ai point fait de difficulté de parler en ce lieu de toutes ces Personnes illustres, & de les joindre avec vous, MONSIEUR, parce qu’ils sont vos amis intimes, & que je sçay qu’on ne les peut estimer plus que vous faites. D’ailleurs, j’ay esté bien-aise de marquer ma gratitude envers vous & envers eux, puis-qu’eux & vous faites profession de mesmes vertus, & que vous m’honorez, tous d’une bienveuillance particuliere, que ie n’ay point éprouvée ailleurs, & que ie ne pouvois prétendre par mon mérite ; mais dont j’essyeray de ne me rendre point indigne, afin de vous faire connoître que personne n’est plus véritablement que moy,
MONSIEUR,
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in ostentationem artis, & artificis commendationem. Magnam proinde gratiam tibi debituri antiquarij omnes (Vir Clarissime) ob tam egregiè nauatam operam in eruendis illis monumentis, etiam cum ipsa vetustate certantibus, & primorum hominum ingenio & indole describenda. Magnus me Hercle labor, &c negotium operosum’eos reuocare in vitam, quos longa annorum series confecit, tenebris damnatos in lucem eruere, miserè cum blattis & tineis luctantes dare famà, atque ostentare posteris quos tanquam duces & antesignanos sequantur, & ad quorum exemplum omnia sua componant. Nihil dico de delectu, quem pari ingenij felicitate, & iudicij grauitate feceris in legendis iis quæ consilio tuo arque instituto fauerent, omnes me tacente facilè iudicabunt, te in eo argumenti genere aliàs copioso, rerum curà potius quàm copia institisse, ne opus maiorem in molem assurgeret sat fuit præcipua rerum capita delibasse, summas modo lineas duxisse, & digitum ad fontem intendisse. Omnia isthæc quam ornaté, quam nitidè, quam fæliciter atque ex animi sententia eorum quos antiquitatis amor tenet, sollicitatque, malim te ex alieno ore quam meo rescire, ne assentationis à qua suum ipse alienissimus, suspicionem incurrisse videar. Perge itaque, vir Clarissime, quô tuus te genius vocat, fælicioribus istis auspiciis ire in Litterarium plausum, ausim polliceri futurum vt hoc ingenij opus melioribus musis editum, ætatem ferat, laudetur, probetur eruditis omnibus, & quam dedit fugienti atque breui emorituræ vetustati gratiam, eandem illi, imò cumulatiorem posteritas sit repensura. Quod optat ex animo tuus
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IN
PETRI BORELLI
MEDICI REGII
LEXICON CELTICVM.
Vm pereunt Graijs sublimia pergama flammis,
Sufficit Æneæ, patris venerabile pondus
Egregium certè & cunctis memorabile fastis :
Tu majora tamen, Castrensis Docte Borelle,
Linquit is æternæ profugus damnata ruinæ
Non tibi sufficiunt, antiqua resurgere Castra,
At Romana prior Gothicis immixta loquelis
Per te recta sonat : clarescit congrua Chartis
Sicque nouâ Patriam das expergiscere vitâ :
Si plus Æneas toto memoratur in orbe :
D. PETRO BORELLO
Doctori Medic. in Onomasticon
ejus Gallo-Francicum.
Ngenijs natura studet dare singula parcè :
Nouit Aristoteles ejus transcendere metas,
Sed mox vincendas proprio Borelle labore
Nasonis tibi crescit honos, fastuque Maronis,
Castrensis Solus Patriæ Polyhistor haberis :
Sic fatum supra Æsonium sine Colchidis arte,
{{Alinéa|Lethæas Gallus non bïbet ullus aquas.
IN D. PETRI BORELLI
MEDICI REGII THESAVRVM
linguæ antiquæ Gallorum restitutæ.
DISTICHON.
Onne satis præclara suit tibi fama, Borelle,
Cur igitur corpus dissipat ingenium.