Traité des sièges et de l’attaque des places/09

PRÉPARATIFS DES ATTAQUES.

Dès le commencement du siége, on doit faire provision de gabions, et tenir la main à ce qu’ils soient bien faits, de bonne assiette et tous égaux, de huit, neuf ou dix piquets, chacun de quatre à cinq pouces de tour, lacés, serrés et bien bridés haut et bas avec de menus brins de fascines en partie élagués. On leur donne deux pieds et demi de haut sur autant de diamètre[1]Dimensions des gabions. Pl. 4., afin de les rendre plus maniables ; et trois ou quatre jours avant l’ouverture de la tranchée, à peu près dans le temps que les troupes ont achevé de camper et se munir de fourrages, on commande des fascines et piquets à tant par bataillon et tant par escadron, ce qui va à deux ou trois mille pour les premiers, et douze ou quinze cents pour les derniers. La lon- gueur Fascines et piquets.

Pl. 4.
des fascines doit être de six pieds, sur vingt-quatre pouces de tour, aux reliures qui seront doubles, et lesdites fascines bien faites, les gros et petits brins recroisant également l’un sur l’autre par liaison alternative. Les piquets doivent avoir trois pieds de long, sur cinq à six pouces de tour mesuré par le milieu ; remarquant que des fascines et piquets sont des ouvrages de corvée, de même que les lignes ; mais les gabions se paient ordinairement à cinq sous pièce, à cause de la difficulté de leur facture, qui demande du soin et de l’adresse. Tous les corps font amas de ces fascines à la tête de leurs camps, où chacun d’eux fait son magasin près des sentinelles. Quant aux gabions, c’est un ouvrage de sapeurs et de mineurs bien instruits, et d’un détachement de Suisses qu’on demande pour cet effet ; ceux-ci parce qu’ils sont pour l’ordinaire plus adroits que les Français à ces sortes d’ouvrages. On doit aussi faire amas de toutes les chapes et barriques vides de l’artillerie, de même que celles qu’on peut trouver chez les vivandiers et à la campagne, desquelles on payera la même chose que des gabions.

  1. Pour rendre les gabions de sape encore plus maniables, depuis Vauban on a réduit leur diamètre à deux pieds hors-œuvre.