Traité des instruments de martyre et des divers modes de supplice employés par les païens contre les chrétiens/Chapitre VII


Traduction par un inconnu, sur les originaux italien et latin.
Charles Carrington (p. 119-136).

CHAPITRE VII modifier

Taureau d'Airain, Poêle à frire, Pot, Chaudron, Gril, Lit, Chaise, Casque, Tunique et autres instruments de Martyre, en fer rougi au feu. modifier

DANS le précédent chapitre, nous avons traite de divers ins truments de martyre avec lesqucls on briilait les con- damnes ; il ne nous reste plus ici qu a parler de certains autres al aidedesquels on infligeait la meme torture ou une autre semblable.

En conséquence, nous commencerons par le taureau d'airain, sorte de supplice excessivement cruel, en usage chez lesAnciens, et qui consistait (comme le demontrent les Actes du martyr saint Eustache, aussi bien que le dialogue de Lucien, intitule Phalaris) a jeter celui qu 1 devait etre torture par une ouverture ou porte qui se trouvait dans le cote du taureau.

Alors, la porte etant refermee, on allumait du feu au-dessous du taureau, ce qui faisait endurer a ceux quietaient emprisonnes à l'intérieur des souffrances sans exemple, tellement que leurs cris et lamentations ressemblaient au meuglement d un taureau. Et cette machine de bronze etait si bien fabriquee pour ressem- bler a un taureau reel que, comme 1 atteste Lucien, dans le Dia logue deja cite, le mouvement et le meuglement seuls lui man- quaient pour persuader au peuple que c etait un animal vivant.

Maintenant, l'inventeur de la dite machine (d'après ce que dit Page:Gallonio - Traité des instruments de martyre.djvu/170 Page:Gallonio - Traité des instruments de martyre.djvu/171 Page:Gallonio - Traité des instruments de martyre.djvu/172
Fig. XXI
A. — Martyr rôtissant sur la charpente de fer ou gril.
B. — Pelle de fer pour remuer le feu de charbons.
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Fig. XXII
A. — Martyr jeté, la tête la première, dans un chaudron plein de plomb fondu ou d’huile bouillante.
B. — Martyr dans une poêle à frire chaude.
C. — Martyr plongé dans un pot bouillant.
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Fig. XXIII
A. — Martyr dont les membres ont été coupés et mis dans la poêle.
B. — Martyr dans le taureau d’airain.
C. — Martyr placé sur le lit de fer et rôti.
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DE LA CHAISE, DU CASQUE, DE LA TUNIQUE ET AUTRES INSTRUMENTS DE FER ROUGIS AU FEU modifier

A part ces grils et ces lits de fer, les paiens employaient aussi, pour torturer les Chretiens, la chaise de fer rougie au feu. Ceci est certifie par les Actes de saint Paul et de sainte Julienne, de saint Gregoire de Nysse dans la Vie qu il a ecrite de saint Gregoire Thaumaturge, et aussi par YHistoire de saint Blaise, dans laquelle on trouve ce qui suit : De nouveau, le juge ordonna que sept sieges de cuivre fussent apportes, et commanda que les femmes, au nombre de sept, qui, pendant le supplice de saint Blaise, avaient recueilli les gouttes de son sang a mesure qu elles toni- baient, fussent assises dessus, une sur chaque. Et les dites chaises etaient chauffees a un tel degre que les etincelles en jaillissaient comme d une fournaise chauffee au plus haut degre.

Mais nous devons maintenant parler des casques rougis au feu par lesquels les Chretiens etaient egalement tortures, car c etait une habitude et une coutume etablie chez les Anciens de leur en couvrir la tete a 1 occasion. Cela est prouve par YHistoire du mar- tyre de saint Clement d Ancyra et celui de saint Juste, soldat, oil il est ecrit a la date du 14 juillet : Anniversaire du jugement du martyr saint Juste, qui etait citoyen de Rome, soldat servant sous le Tribun Claude. Revenant un jour d une victoire remportee sur les barbares, il vit paraitre devant lui une croix qui semblait etre en cristal et il entendit une voix qui en sortait. Instruit du mys- tere de la foi en Dieu, il distribua, en arrivant a Rome, tons ses biens aux pauvres, dans sa joiede croire au Christ. Mais lorsque la chose arriva aux oreilles du Tribun, le martyr du Christ ne voulant en aucune facon renier la profession qu il avait faite, il

l'envoya au gouverneur, Magnentius. Questionné par lui et
Fig. XXIV
A. — Martyr dont la main est remplie d’encens mêlé à des charbons embrasés et qui, forcé par la douleur à lâcher l’encens, est considéré comme ayant sacrifié à l’idole.
B. — Martyr revêtu de la tunique de fer et chaussé de souliers brûlants qui consument la chair de ses os.
C. — Martyr assis sur la chaise de fer, tandis qu’on lui place sur la tête un casque rougi au feu.
D. — Martyr dont les yeux sont brûlés par un tison enflammé.
reconnu fidèle à la foi du Christ, il fut condamne a etre frappe

a coups de fouet etde lanieres et ensuite a etre coiffe d un casque brulant, et a avoir des balles de fer chauffees a blanc inises sous les aisselles. Tous ces supplices et d autres du meme genre furent supportes sans faiblir par le saint martyr, remerciant Dieu pendant ce temps ; il fut enfin jete dans une fournaise ou il rendit 1 esprit. Mais son corps sacre demeurait entier et sans se consumer, et pas un cheveu de sa tete n etait brule par le feu dans lequel il avait etc jete. Tout cela dit sur le casque brulant.

Mais nous ne devons pas croire que la rage des paiens fut assouvie par les horribles tortures infligees aux saints martyrs, non plus que leur cruaute envers les serviteurs du Christ.

Ils étaient enflammes de fureur et inventaient chaque jour de nouvelles et terribles sortes de chatiments, dans leur haine sau- vage centre les Chretiens. Ainsi ils les enveloppaient dans des tuniques de fer brulantes, comme nous le lisons dans saint Erasme ; ou bien ils leur percaient les tempes avec des clous rougis an feu, comme il est ecrit concernant les martyrs saint Victor, et Fulciantis, ou encore ils leur briilaient les aisselles et les flancs au moyen de piques de fer, chauffees a un grand degre, comme cela arriva a Tarascus et a ses compagnons. Ou bien, on leur faisait porter des chaussures de cuivre rougies au feu, ainsi qu on le raconte de saint Antymus, eveque de Nico- medie ; ou bien encore on les forcait a marcher les pieds chausses de souliers de fer clones avec des pointes rougies au feu. C est ainsi que nous trouvons ecrit, a la date du 22 mai, concernant le martyr saint Basilic : . Vingt-deuxieme jour, anniversaire de saint Basilic, martyrise sous 1 empereur Maximin, du district d Amasea. Emprisonne, pour avoir confesse sa foi au Christ, par Agrippa, le gouverneur, il fut de nouveau chausse de souliers de fer cloues avec des pointes rougies au feu, et on ordonna qu il fut mene tout le long de la route menant a Comana. Et lorsque, sur Ie chemin, ils furent arrivés à une certaine place où demeurait une femme nommée Trojana, ils lièrent le saint homme, les mains derriere le dos, a un platane sterile., arbre que le saint, apres avoir invoque Dieu, rendit vert, faisant aussi jaillir de terre une source. Voyant ces choses, la femme et les soldats crnrent tons en Jesus-Christ. Puis, quand ils atteignirent la ville de Comana, on ne put par aucun moyen le determiner a offrir un sacrifice ; au contraire il adressa une priere a Dieu qui fit des- cendre le feu du ciel et brula le temple et 1 idole d Apollon. A cette nouvelle, le gouverneur entra dans une grande colere et ordonna que le martyr Basilic fut coupe en morceaux et jete dans la riviere. C est ainsi qu il conquit la couronne du martyre pour la louange et la gloire du Dieu tout-puissant. Mais assez sur celte forme particulière de torture.