LIVRE QUATRIÈME.

SUITE DU LIVRE PRÉCÉDENT. DU MÈTRE.

CHAPITRE PREMIER.

POURQUOI LA DERNIÈRE SYLLABE D’UN MÈTRE EST-ELLE INDIFFÉRENTE ?

Le M. Revenons donc à nos considérations sur le mètre : pour déterminer sa marche et sa longueur, j’ai dû faire avec toi quelques réflexions sur le vers, à l’examen duquel nous devons nous livrer plus tard. Mais tout d’abord une question : les poètes et leurs critiques, _les grammairiens, ont regardé comme chose indifférente que la dernière syllabe d’un mètre fût longue ou brève : l’admets-tu avec eux ? — L’E. Je ne l’admets pas du tout, cela ne me paraît pas rationnel. — Le M. Dis-moi, je te prie, quel est le moindre mètre pyrrhique ? — L’E. Trois brèves. — Le M. De quelle durée doit être le silence, jusqu’à la reprise ? — L’E. D’un temps, c’est-à-dire de la durée d’une syllabe brève. — Le M. Eh bien ! scande le mètre, non de la voix, mais de la main. — L’E. C’est fait. — Le M. Scande de la même manière un anapeste. — L’E. C’est fait également. — Le M. Quelle différence as-tu remarquée ? — L’E. Aucune. — Le M.Eh bien ! pourrais-tu m’en donner la raison ? — L’E. La raison, ce me semble, en est assez évidente : le temps remplacé dans le pyrrhique par un silence, est, consacré, dans l’anapeste, à prononcer la finale longue. Le battement est le même, ici de la finale brève, là de la finale longue, et l’on revient au commencement après le même intervalle de temps. Le repos a lieu pour achever, ici les temps du pyrrhique, là, les temps de la syllabe longue. Ainsi, dans l’un comme dans l’autre, la pause après laquelle nous revenons au commencement est la même.

Le M.. C’est donc avec raison que, d’après ces poètes et ces grammairiens, il est, indifférent que la dernière syllabe d’un mètre, soit longue ou brève : car ; à la fin du mètre, il y a nécessairement un silence assez long pour compléter le mètre qu’on finit. Comment croire en effet qu’ils aient dû en cela considérer quelque reprise ou le commencement du vers suivant, au lieu de ne tenir compte que de la fia du mètre, comme s’il n’y avait plus rien à ajouter ? — L’E. Je suis enfin de cet avis : la dernière syllabe est indifférente. — Le M. Fort bien, et cela tient au silence. En effet, on a uniquement considéré la fin du mètre comme si on n’avait plus rien à chanter après l’avoir achevé ; et, à cause de la durée qu’on prolonge dans la pause, peu importe la quantité de la syllabe qui s’y trouve placée. Ne faut-il donc pas en conclure que l’indifférence de la finale, qui est la conséquence de cette pause, a cet avantage que, quelle que soit la quantité de la dernière syllabe, l’oreille la prend légitimement pour une longue ? — L’E. La conclusion est rigoureuse, je le vois.

CHAPITRE II.

DU NOMBRE DE SYLLABES DONT SE COMPOSE LE MOINDRE MÈTRE PYRRHIQUE. — DE LA DURÉE DU SILENCE QU’IL COMPORTE.

Le M. Le plus petit mètre pyrrhique est de trois brèves, et l’on doit observer un silence équivalant à une brève, avant de recommencer. Ne vois-tu donc pas aussi qu’il n’y a aucune différence à reprendre par ce mètre ou par des pieds anapestiques ? — L’E. Je m’en étais aperçu il y a un instant, en battant la mesure. — Le M. Ne penses-tu pas qu’il faille éclaircir ce qu’il peut y avoir ici d’un peu confus ? — L’E. Sans aucun doute. — Le M. Y a-t-il, dis-moi, un autre moyen de faire ici cette distinction, sinon de reconnaître que le moindre pyrrhique ne se compose pas de trois brèves, comme tu le pensais, mais de cinq ? Car, en mettant, après un pied et demi, un silence d’un demi-pied, nécessaire pour compléter le second pied, et en revenant ainsi au commencement, on retombe dans l’anapeste ; et cette égalité empêche de former d’après cette combinaison le moindre mètre pyrrhique, comme nous l’avons déjà démontré. Ainsi, après deux pieds et demi, il faut mettre un silence d’un temps, si l’on veut échapper à toute confusion. — L’E. Mais pourquoi deux pieds pyrrhiques ne formeraient-ils pas le moindre mètre pyrrhique ? Ainsi on aurait quatre syllabes, qui n’exigent aucun silence, au lieu de cinq, qui en exigent un après elles ? — Le M. Cette remarque prouve ton attention. Mais tu ne prends pas garde que le procéleusmatique empêche cette combinaison comme l’anapeste empêchait la première. — L’E. C’est vrai. Le M. Ainsi tu reconnais que ce mètre se compose de cinq brèves et d’un silence d’un temps. — L’E. Oui. — Le M. Il me semble ne_ tu n’as pas songé à la manière dont on pouvait distinguer, comme nous l’avons dit à propos du rythme, si le mouvement se composait d’un pyrrhique ou d’un procéleusmatique. — L’E. Tu as raison de m’y faire songer. Nous avons trouvé que ces deux rythmes se distinguaient au battement. Le procéleusmatique n’a donc plus rien ici qui m’étonne, puisque le battement m’offre un moyen de le distinguer du pyrrhique. — Le M. Pourquoi alors n’as-tu pas vu qu’il fallait également battre la mesure pour distinguer l’anapeste de ces trois brèves, je veux dire du pyrrhique et du demi-pied, suivi d’un silence d’un temps ? — L’E. Je comprends à présent, et je reviens sur mes pas ; je suis sûr enfin que le moindre mètre pyrrhique se compose des trois brèves qui, en comptant un silence, équivalent pour le temps à deux pieds pyrrhiques. — Le M. Ainsi ton oreille approuve cette espèce de mètre :

Si aliqua,
Bene vis,
Bene dic,
Bene fac,
Animus,
Si aliquid,
Male vis,
Male dic,
Male fac,
Animus
Medium est.

L’E. Sans aucun doute, à présent surtout que je me rappelle par quel battement il se mesure, si on ne veut pas confondre avec le mètre pyrrhique les pieds anapestiques.

3. Le M. Vois encore ces exemples

Si aliquid es,
Age bene ;
Male qui agit,
Nihil agit.
Et ideo,
Miser erit[1].

L’E. Ces mètres aussi entrent doucement dans l’oreille sauf en un seul passage, celui où le troisième mètre s’unit au quatrième[2]. — Le M. L’observation est juste et je l’attendais de la justesse de ton oreille. Ce n’est pas sans raison que ce sens est offensé lorsqu’en attendant que chaque syllabe se succède avec le temps qui lui est propre, sans aucun silence intermédiaire, il est déçu dans cette attente par le concours des deux consonnes t et n; car, elles allongent la voyelle précédente, i, et la font durer deux temps : en d’autres termes, elle est, comme disent les grammairiens,

Nihil agit.

longue par position. Mais, comme la dernière syllabe est indifférente, personne ne critique ce mètre, quoique des oreilles délicates et scrupuleuses condamnent ce que tu viens de remarquer, même sans qu’il se rencontre d’accusateur, car vois quelle différence, si au lieu du mètre

Male qui agit,
Nihil agit[3]

On mettait :

Male qui agit,
Homo perit[4].

L’E. Celui-ci est coulant et irréprochable. — Le M. Observons donc bien, pour maintenir dans toute leur pureté les lois de la musique, une règle que les poètes n’observent pas, afin de faciliter la versification. Chaque fois que nous devrons, par exemple, intercaler des mètres où le pied n’exige pas de silence complémentaire, nous mettrons pour finale la syllabe exigée par la loi du rythme, et nous éviterons de recommencer l’autre mètre en choquant l’oreille et en faussant la mesure. Toutefois nous laisserons aux poètes le privilège de terminer ces mètres, comme s’ils n’y devaient plus rien ajouter, et par conséquent de faire à volonté la finale longue ou brève car, dans une série de mètres, l’oreille les condamnerait ouvertement à n’employer pour finale que la syllabe réclamée par la nature et la règle de ces mètres ; et la série exige que le pied n’offre pas un intervalle qui doive être rempli par un silence. — L’E. Je comprends fort bien et je te suis obligé de me promettre des exemples de mètres qui n’offensent jamais l’oreille.

CHAPITRE III.

VARIÉTÉS DU MÈTRE PYRRHIQUE.

4. Le M. Réponds-moi donc successivement sur ces pyrrhiques :

Quid erit homo
Qui amat hominem,
Si amet in eo
Fragile quod est ?
Amet igitur
Animum hominis,
Et erit homo
Aliquid amans[5].

Que penses-tu de ces vers ? — L’E. Leur marche est d’une grâce irréprochable. — Le M. Et de ceux-ci :

Bonus erit amor,
Anima bona sit
Amor inhabitat,
Et anima domus.
Ita bene habitat,
Ubi bona domus,
Ubi mala, male[6].

L’E. Cette combinaison frappe mon oreille fort agréablement. — Le M. Et celle-ci de trois pieds et demi ?

Animus hominis est
Mala bonave agitans.
Bona voluit, habet ;
Mala voluit habet[7].

L’E. Ces mètres, en interposant un silence d’un temps, sont pleins d’agrément. — Le M. Voici maintenant quatre pyrrhiques complets ; écoute et juge :

Animus hominis agit

Ut habeat ea boita

Quibus inhabitet homo,

Nihil ibi metuitur [8].

L’E. La cadence de ces mètres est aussi nettement marquée et non moins agréable. — Le M. Ecoute maintenant neuf syllabes brèves[9]. Ecoute et juge :

Homo malus amat et eget ;

Malus etenim ea bona amat,

Nihil ubi satiat eum[10].

L’E. À présent, donne-moi un exemple de cinq pieds. — Le M. :

Levicula, fragilia, bona,

Qui amat homo, similiter habet[11].

L’E. Il suffit : je les goûte. À présent, ajoute un demi-pied. — Le M. Le voici :

Vaga, levia, fragilia bona, Qui amat homo, similis erit eis[12].

L’E. Fort bien ; à présent j’attends six pieds. — Le M. Les voici :

Vaga, levicula, fragilia bona,
Qui adamat homo, similis erit eis[13]

L’E. Il suffit. Ajoute un demi-pied. — Le M. :

Fluida, levicula, fragilia bona,
Quae adamat anima, similis erit eis[14].

L’E. Assez bien : sept pieds, maintenant. — Le M. :

Levicula, fragilia, gracilia bona,
Quae adamat animula, similis erit eis[15].
<poem>
L’E. Ajoute un demi-pied. Cette combinaison a sa grâce. — Le M.:
<poem>
Vagu, fluida, levicula fragilia bona,
Qum adamat animula, fit ea similis eis[16].

L’E. Il faudrait maintenant huit pieds, c’est tout ce qui reste pour en finir avec ces menus détails. L’oreille a beau approuver, comme par une mesure naturelle, les sons que tu fais entendre, il m’en coûte de te voir en quête de tant de syllabes brèves. Un tel tissu de brèves dans une suite de mots liés entre eux me semble plus difficile à trouver que si l’on pouvait y mêler des longues. — Le M. Tu as parfaitement raison. Et pour te témoigner le plaisir que j’éprouve à me voir enfin sorti de ces riens difficiles, je vais exprimer, dans le seul mètre qui nous reste de cette espèce, celui de huit pieds, une pensée plus heureuse :

Solida bona bonus amat, et ea qui amat babet.
Itaque nec eget amor, et ea bona Deus est[17].

L’E. J’ai surabondamment des modèles de tous les mètres pyrrhiques. Viennent ensuite les mètres iambiques : il me suffit d’une couple d’exemples pour chacun et j’aimerais à les entendre sans interruption.

CHAPITRE IV.

DU MÈTRE IAMBIQUE.

5. Le M. Je vais te satisfaire. Mais combien d’espèces de mètres venons-nous de voir ? — L’E. Quatorze. — Le M. Combien d’espèces de mètres iambiques crois-tu qu’il y ait aussi ? L’E. Quatorze également. — Le M. Et si je voulais dans cette espèce de mètre substituer le tribraque à l’iambe, ne trouverait-on pas une variété plus considérable ? — L’E. C’est trop évident. Mais, pour abréger, je désire n’avoir d’exemples qu’à propos de l’iambe ; car la substitution de deux brèves à n’importe quelle longue est une règle facile. — Le M. Je vais faire ce que tu veux, et je te sais gré de rendre ma tâche plus aisée par ta pénétration. Prête donc l’oreille aux mètres iambiques. — L’E. J’y suis ; commence. — Le M.

Bonus vir,
Beatus.
Malus, miser,
Sibi est malum.
Bonus beatus,
Deus bonum ejus.
Bonus beatus est,
Deus bonum ejus est.
Bonus vir est beatus,
Videt Deum beate.
Bonus vir et sapit bonum,
Videns Deum beatus est.
Deum videre qui cuspiscit,
Bonusque vivit, hic videbit.
Bonum videre qui cupit diem.
Bonus sit hic, videbit et Deum.
Bonum videre qui cupit diem illum,
Bonus sit hic, videbit et Deum illic.
Beatus est bonus, fruens enim est Deo ;
Malus miser, sed ipse ptena fit sua.
Beatus est videns
Deum, nihil cupit plus ;
Malus bonum fris requirit, bine egestas.
Beatus est videns Deum, nitril boni ampliusr
Malus bonum foris requirit, hinc eget miser.
Beatus est videns Deum, nihil boni amplius vult ;
Malus foris bonum requirit, hinc egenus errat.
Beatus est videns Deum, nihil boni amplius volet ;
Malus foris bonum requirit, bine eget miser bono

Le méchant est malheureux, il fait lui-même son malheur. L’homme de bien est heureux : Dieu est son bonheur. L’homme de bien est heureux, il voit heureusement Dieu. L’homme de bien a aussi le goût du bien : en voyant Dieu il est heureux.

Celui qui désire voir Dieu et qui vit en homme de bien, le verra.

Celui qui désire voir le beau jour, n’a qu’à être bon et il verra aussi Dieu.

Celui qui désire voir ce beau jour n’a qu’à être bon ici et là, il verra aussi Dieu. L’homme de bien est heureux ; car il jouit de Dieu.

Le méchant est malheureux : mais il devient son propre bourreau. L’homme de bien voit Dieu ; il ne désire rien au-delà.

Le méchant cherche le bien au-dehors : là le vide qu’il éprouve. L’homme de bien voit Dieu : c’est le souverain bien.

Le méchant cherche le bien au-dehors : de là ses besoins et son malheur. L’homme de bien voit Dieu, il n’aspire plus à aucun bien.

Le méchant cherche le bien au-dehors : aussi erre-t-il en proie au besoin. L’homme heureux voit Dieu : il n’aspirera plus à aucun autre bien.

CHAPITRE V.

DU MÈTRE TROCHAÏQUE.

6. L’E. C’est à présent le tour du trochée. Donne-moi des exemples de mètres trochaïques : ceux que tu viens de m’offrir sont excellents. Le M. — Je vais t’en donner comme j’ai fait pour les mètres iambiques.

Optimi
Non egent.
Veritate,
Non egetur.
Veritas sat est,
Semper haec manet.
Veritas vocatur
Ars Dei supremi.
Veritate faclus est
Mundus iste quem vides.
Veritate facta cuncta
Quaeque gignier videmus.
Veritate facta cuncta sunt,
Omniumque forma veritas.
Veritate cuncta facta cerno
Veritas martel, moventur istar
Veritate facta cernis omnia,
Veritas manet, moventur omnia.
Vernate facta cernis ista cuncta,
Veritas tamen manet, moventur ista.
Veritate facta cuncta cernis optime.
Verilas manet, moventur haec, sed ordine.
Veritate facta cuncta cernis ordinata ;
Veritas manet, novans movet quod innovatur.
Veritate facta cuncta sont, et ordinata sunt ;
Veritas novat manens, moventur ut noventur haec.
Veritate facta cuncta sunt, et ordinata cuncta ;
Veritas manens novat, moventur ut noventur ista[18].

qu’elle reste immuable tout est mis par elle en mouvement ponts renouveler. Tout a été fait par là vérité, tout a été mis en ordre pu elle ; la vérité, quoique immuable, renouvelle les choses ; elles sa mises en mouvement pour se renouveler.

CHAPITRE VI.

DU MÈTRE SPONDAÏQUE.

7. L’E. Arrivons au spondée. Le trochée a satisfait mon oreille. — Le M. Eh bien ! voici les diverses espèces de mètres spondaïques :

Magnorum est,
Libertas.
Magnum est munus
Libertatis.
Solus liber rit,
Qui errorem vincit.
Solus liber vivit,
Qui errorem jam vivit.
Solus liber vere fit,
Qui erroris vinclum vieil.
Solus liber vere vivit,
Qui erroris vinclum jam vieil.
Solus liber non falso vivit,
Qui erroris vinclum java devicit.
Sol us liber jure ac vere vivit,
Qui erroris vinclum magnus devicit.
Solus liber jure ac non falso vivit,
Qui erroris vinclum funestum devicit.
Solus liber jure ac vere magnus vivit,
Qui erroris vinclum funestum jam devicit.
Solus liber jure ac non falso magnus vivit,
Qui erroris vinclum funestum prudens devicit.
Solus liber jure ac non falso securus vivit,
Qui erroris vinclum funestum prudens jam devicit.
Solus liber jure ac non falso securus jam vivit,
Qui erroris vinclum tetrum ac funestum prudens devicit
Solus liber jure ac non falso securam vitam vivit,
Qui erroris vinclum tetrum ac funestum prudens jam devicit [19].


CHAPITRE VII.

DU TRIBRAQUE : COMBIEN DE MÈTRES PEUT-IL FORMER

8. L’E. Je n’ai plus rien à demander sur le spondée : arrivons au tribraque. — Le M. Oui. Mais si les quatre pieds dont nous venons de parler produisent chacun quatorze mètres, en tout cinquante-six mètres, il faut en attendre plus encore du tribraque. Dans ces mètres en effet, où il y a un silence d’un demi-pied, le silence ne peut se prolonger au-delà d’une syllabe. Mais quand nous observons un silence dans le tribraque, faut-il, à ton avis, que ce silence ne dure qu’une brève, ou qu’il comprenne le temps de deux brèves ? car le tribraque admet ce double mode de division : il commence par une brève et finit par deux ; ou il commence par deux et finit par une. Ainsi le tribraque donne nécessairement naissance à vingt et un mètres. — L’E. C’est fort vrai. Le moindre mètre est en effet de 4 brèves avec un silence de deux temps : viennent ensuite les mètres de 5 brèves avec un silence d’un temps ; celui de 6 brèves, sans silence ; de 7 brèves, avec un silence de deux temps ; de 8 brèves avec un silence d’un temps ; de 9 brèves, sans silence. Et si on continue ainsi jusqu’au nombre de 24 syllabes, qui forment 8 tribraques, on a un total de 21 mètres.

Le M. Tu as calculé juste et avec aisance. Nais crois-tu qu’il soit nécessaire de donner des exemples pour chaque mètre ? Ceux que nous venons de donner pour les quatre premiers pieds[20] ne suffiront-ils pas pour jeter de la lumière sur tous les autres ? — L’E. Ils suffiront, à mon avis du moins. — Le M. C’est ton avis seul que je demande. Une question toutefois ; tu sais que si l’on change le mode de battement dans le pyrrhique, on peut mesurer un tribraque. Or, le premier mètre pyrrhique peut-il admettre le premier mètre du tribraque ? — L’E. Cela est impossible ; car le mètre doit être plus grand que le pied. — Le M. Et le second ? — L’E. C’est possible. En effet quatre brèves font deux pyrrhiques, ou un tribraque plus un demi-pied, là, sans aucun silence, ici, avec un silence de deux temps dans le battement de la mesure. — Le M. Donc, en changeant le mode de battement, tu trouveras dans les pyrrhiques mêmes des exemples de tribraques jusqu’à seize syllabes ; en d’autres termes, jusqu’à cinq tribraques plus un demi-pied, et cela doit te suffire. Car tu peux former tous les autres toi-même, soit en chantant soit en marquant la mesure, si toutefois tu crois nécessaire de soumettre ces combinaisons au jugement de l’oreille. — L’E. Je ferai ce que tu jugeras à propos ; mais voyons ce qui nous reste à examiner.

CHAPITRE VIII.

DU DACTYLE.

9. Le M. Vient maintenant le dactyle. 2 n’admet qu’un mode de division, n’est-ce pas vrai ? — L’E. Oui. — Le M. Quelle partie y est susceptible de silence ? — L’E. La moitié. — Le M. Et si, après avoir m’is un trochée à la suite d’un dactyle, on veut observer le silence d’un temps ou d’une brève qui est nécessaire pour avoir un dactyle complet, que répondre ? Car nous ne pouvons dire que le silence ne doive pas être moindre qu’un demi-pied, la raison exposée plus haut nous ayant démontré que ce silence, loin de ne pas égaler, devait au contraire dépasser la durée d’un demi-pied. Dans le choriambe, en effet, le silence est moindre qu’un demi-pied, quand on fait suivre le choriambe d’un bacchius ; exemple : fonticolae puellae. Car tu reconnais que nous mettons ici un silence équivalent à une brève et nécessaire pour compléter les six temps. — L’E. Tu as raison. — Le M. Si donc nous mettons un trochée après un dactyle, pourrons-nous observer aussi le silence d’un temps ? — L’E. Je suis contraint de l’avouer. — Le M. Et qui t’y contraindrait si tu te rappelais ce que nous avons établi plus haut ? Car tu ne tombes dans cette inconséquence que par oubli du principe démontré tout à l’heure, à savoir, l’indifférence de la finale et le privilège qu’a l’oreille de faire longue la dernière syllabe, fût-elle brève, lorsqu’il reste le temps nécessaire pour l’allonger. — L’E. Je comprends à présent ; car, si l’oreille peut allonger une finale brève, quand il reste un silence, comme le raisonnement et les exemples nous l’ont prouvé, il est tout à fait indifférent de faire suivre le dactyle d’un trochée ou d’un spondée. Ainsi, puisque le retour au commencement du métro, doit être marqué expressément par un silence, il faut, après le

dactyle, placer une syllabe longue, en ménageant un silence de deux temps. — Le M. Et si l’on met un pyrrhique après un dactyle, est-ce régulier ? — L’E. Non ; peu importe en effet que ce soit un pyrrhique ou un iambe. Car un pyrrhique équivaut nécessairement à un iambe, à cause de la finale que l’oreille allonge, parce qu’il reste un silence. Or, l’iambe ne peut venir après un dactyle, à cause de la différence du levé et du posé dans ces deux sortes de pied, le levé et le posé ne pouvant, dans le dactyle, comprendre trois temps, c’est trop clair.

CHAPITRE IX.

DU BACCHIUS.

10. Le M. Cette remarque est fort juste et fait honneur à ta pénétration. Et que penses-tu de l’anapeste ? faut-il lui appliquer le même raisonnement ? — L’E. Le même absolument[21]. — Le M. Examinons donc le bacchius, s’il te plaît, et dis-moi quel en est le premier mètre. — L’E. Il se compose, je pense, de quatre syllabes, une brève et trois longues : deux de ces longues appartiennent au bacchius et la troisième au commencement du pied qui peut suivre immédiatement le bacchius, de telle sorte qu’il trouve son complément dans un silence. Toutefois je souhaiterais quelque exemple pour vérifier la théorie avec l’oreille. — Le M. Il est facile de donner des exemples mais je ne crois pas qu’ils te fassent le même plaisir que les précédents. Car les pieds de cinq temps et ceux de sept ont une marche moins agréable que ceux qui se divisent soit en parties égales, soit dans le rapport de 1 à 2 ou de 2 à 1. La même différence existe entre les mouvements sesquialtères et les mouvements égaux ou compliqués ; mouvements dont nous avons amplement parlé dans notre premier entretien. Et voilà pourquoi les pieds de cinq ou de sept temps sont aussi rares en poésie que fréquents en prose. On peut aisément faire cette remarque sur des exemples, comme tu m’en as demandés ; en voici un

Laborat magister docens tardos[22].

Reprends ce vers, en interposant un silence de trois temps ; pour que tu aies moins de peine à remarquer ce silence, j’ai mis au quatrième pied une syllabe longue, qui forme le commencement d’un crétique, pied dont le mélange avec le bacchius est autorisé. Si je ne t’ai pas donné d’exemple pour la première espèce de mètre, c’est que j’ai craint qu’un seul pied ne fût insuffisant pour avertir ton oreille Ae la durée du silence qu’il fallait observer après ce pied et une syllabe longue. Je vais maintenant donner un exemple de cette première espèce de mètre et je le répéterai, afin que tu puisses sentir les trois temps dans mon silence :

Labor nullus, Amor magnus[23]. L’E. Je vois bien clairement que ces sortes de pieds conviennent mieux à la prose et il est inutile de multiplier les exemples. — Le M. Tu as raison. Mais, puisqu’il faut observer un silence, crois-tu qu’on ne puisse faire suivre le bacchius que d’une syllabe longue ? — L’E. Non, certes. On peut le faire suivre d’une brève et d’une longue, ce qui constitue le premier demi-pied du bacchius. Car si nous avons pu régulièrement commencer un crétique, parce que ce pied peut se mêler avec un bacchius, à plus forte raison pourrons-nous commencer un bacchius même, surtout n’ayant pas mis du crétique la fraction dont les temps équivalent à la première moitié du bacchius.

CHAPITRE X.

QUE FAUT-IL AJOUTER, AVANT LE SILENCE, À UN PIED DÉJÀ COMPLET ?

14. Le M. A présent, si tu le veux bien, je vais me borner au rôle d’auditeur et de juge. Tu vas développer tout seul ce qui nous reste à dire et exposer ce qu’on doit ajouter à un pied complet, quand il y a, dans tous les pieds qui restent, un vide qui doit être rempli par un silence. L’E. La réponse à ta question est courte et facile, ce me semble : on peut appliquer au péon second tout ce qui vient d’être dit du bacchius. Après le crétique, il est permis de mettre soit une longue, soit un iambe, soit un spondée, en observant un silence de trois, de deux ou d’un temps. Et ce qui vient d’être dit du crétique peut s’appliquer au premier et au dernier péon. Il convient d’ajouter au palimbacchius ou une longue et un spondée, et par conséquent on observera dans ce mètre un silence de trois temps ou d’un seul temps. Il en est de même du troisième péon. L’anapeste est régulier partout où se place le spondée. Quant au molosse, selon le mode de division qu’on emploie, on le fait suivre, soit d’une longue avec un silence de quatre temps, soit de deux longues avec un silence de deux temps. Mais l’oreille[24] et le raisonnement nous ayant découvert qu’on pouvait unir à ce pied tous les pieds de six temps, on pourra le faire suivre d’un iambe, avec un silence complémentaire de trois temps ; d’un crétique, avec un silence complémentaire d’un temps ; ou enfin d’un bacchius, avec un silence d’égale durée. Et si nous décomposons en deux brèves la première syllabe du crétique et la seconde du bacchius, on pourra le faire suivre du quatrième péon, avec le même silence complémentaire. Et ce que je viens de dire du molosse, je pourrais le dire de tous les autres pieds de six temps. Quant au procéleusmatique, il rentre, selon moi, dans la classe des pieds composés de quatre temps, sauf quand on le fait suivre de trois brèves ; ce qui revient à le faire suivre d’un anapeste, là dernière syllabe, à cause du silence, devenant longue. Il est régulier de faire suivre le premier épitrite d’un iambe, d’un bacchius, d’un crétique, d’un quatrième péon. Même remarque pour le second épitrite, à condition d’observer un silence de quatre ou de deux temps. Quant aux deux autres épitrites, on peut — régulièrement les faire suivre d’un spondée ou d’un molosse, à condition toutefois qu’on décompose en deux brèves la première syllabe du spondée, la première ou la deuxième du molosse. Par conséquent on ajoutera à ces mètres un silence de trois temps ou d’un temps. Reste le dispondée. Si on le fait suivre d’un spondée, il faudra ajouter un silence de quatre temps ; si on le fait suivre d’un molosse, il faudra ajouter un silence de deux temps, bien entendu, en gardant le privilège de décomposer en deux brèves la syllabe longue du spondée ou du molosse, à l’exception de la finale. Voici le développement que tu m’as invité à faire. Si tu y trouvais quelque chose à reprendre…

CHAPITRE XI.

L’IAMBE NE VA PAS BIEN APRÈS LE DITROCHÉE.

12. Le M. Tu te chargeras toi-même de te corriger, en consultant l’oreille. Car, je te le demande, quand je débite ce mètre et que j’en marque le battement : Verus optimus; ou celui-ci : Verus optimorum, ou enfin : Veritatis inops, ce dernier mètre frappe-t-il aussi agréablement ton oreille que les deux premiers ? Elle sentira aisément la différence, si tu reprends chaque mesure et si tu la bats en tenant compte des silences complémentaires. — L’E. Il est clair que les deux premiers flattent l’oreille, tandis que le dernier l’offense. — Le M. On aurait donc tort de faire suivre un ditrochée d’un iambe ? — L’E. Oui. — Le M. Mais on demeure aisément d’accord que l’iambe va bien après tous les autres pieds, si l’on reprend chaque mètre, en observant la règle des silences :

Fallacem cave.
Male castum cave.
Mutiloquum cave.
Fallaciam cave.
Et invidum cave.
Et infirmum cave[25].

L’E. Je comprends ce que tu veux dire et j’y souscris. — Le M. Vois aussi si tu ne trouves rien de choquant dans là marche de ce mètre qui, avec une interposition d’un silence de deux temps, offre une reprise d’inégale durée. A-t-il la même cadence que ceux qui viennent d’être cités ?

Veraces regnant.
Sapientes regnant.
Veriloqui regnant.
Prudentia regnat.
Bona in bonis regnant.

Pura cuncta regnant[26].

L’E. Mais non : ici il y a une cadence égale et pleine d’harmonie ; là, discordante. — Le M. Ainsi nous nous souviendrons que, dans les mètres dont les pieds forment six temps, l’iambe termine mal le ditrochée, le spondée, l’antispaste. — L’E. Oui.

13. Le M. Eh quoi ! la raison de cette règle ne te semble-t-elle pas incontestable, quand tu viens à songer que le levé et le posé partagent un pied en deux, de telle manière que, s’il se trouve au milieu une ou deux syllabes, elles s’ajoutent soit au commencement soit à la fin du pied, ou se répartissent entre le commencement et la fin ? — L’E. Je connais cette règle, elle est exacte. Mais quel rapport a-t-elle avec la question ? — Le M. Fais attention à ce que je vais te dire et tu t’expliqueras aisément ce rapport. Tu sais pertinemment, j’imagine, qu’il y a des pieds sans syllabes intermédiaires, comme le pyrrhique et tous les pieds de deux syllabes ; qu’il en est d’autres où le milieu correspond en durée, soit au commencement, soit à la fin ; d’autres où il correspond au commencement et à la fin, ou bien ne correspond ni à l’un ni à l’autre : au commencement, comme dans l’anapeste, ou le palimbacchius, ou le premier péon ; à la fin, comme dans le dactyle, le bacchius ou le quatrième péon ; aux deux, comme dans le tribraque, le molosse, le choriambe et l’ionique majeur ou mineur ; il ne correspond ni au commencement ni à la fin dans le crétique, le second et le troisième péons, le diiambe, le ditrochée, l’antispaste. En effet, les pieds qui peuvent se diviser en trois parties égales, ont un milieu qui correspond à la fois au commencement et à la fin. Dans ceux qui n’admettent pas ce mode de division, le milieu correspond soit au commencement, soit à la fin, ou ne correspond ni à l’un ni à l’autre. — L’E. Je conçois également ce principe et j’attends la conséquence.

Le M. Et que peut-elle être, sinon de te faire sentir que l’iambe, avec un silence complémentaire, va mal avec un ditrochée, précisément parce que ce pied a un milieu qui n’est égal ni au commencement ni à la fin, et par conséquent que le levé et le posé offrent un rapport différent ? On peut en dire autant du spondée, qui va si mal après un antispaste après un silence complémentaire. Aurais-tu quelque objection à me faire ? — L’E. Aucune, si ce n’est que le déplaisir causé à l’oreille par cette combinaison de pieds, n’est sensible que par comparaison avec la sensation agréable que nous éprouvons quand ces pieds, avec l’interposition d’un silence, suivent d’autres pieds de six temps. Car si tu me demandais, sans me parler des autres pieds, quelle est la cadence d’un iambe après un ditrochée, d’un spondée après un antispaste, avec un silence, et que tu m’en donnes des exemples, je l’avoue franchement, peut-être le goûterais-je avec délices. — Le M. Je ne t’en empêche pas. Mon seul but est de te montrer que la combinaison de ces pieds, si on la compare à l’alliance de pieds équivalents mais plus harmonieux, blesse l’oreille, comme tu le remarqueras toi-même ; elle est répréhensible par cette seule raison que toute discordance entre ces pieds et les pieds de la même famille était condamnable. Ces derniers, en effet, avec le demi-pied qui les terminent, ont, nous le reconnaissons, une marche plus agréable. D’après ce raisonnement, ne te semble-t-il pas qu’on doive éviter de mettre à la suite du second épitrite un iambe avec un silence complémentaire ? Dans le second épitrite, en effet, l’iambe est placé au milieu, de telle sorte qu’il ne correspond pas aux temps du commencement et de la fin ? — L’E. C’est une conséquence rigoureuse du raisonnement que tu viens de faire.

CHAPITRE XII.

TOTAL DES MÈTRES.

14. Le M. A présent récapitule-moi le nombre des mètres dont nous avons déjà parlé ; ils sont de deux sortes : commençant par leurs pieds complets, les uns finissent par des pieds également complets, ce qui n’exige l’interposition d’aucun silence pour revenir au commencement ; les autres par des pieds incomplets suivis d’un silence, ce qui rétablit, comme nous l’avons vu, leur symétrie. Débute par deux pieds incomplets et va jusqu’à huit pieds complets, sans toutefois dépasser trente-deux temps. — L’E. Le calcul que tu me donnes à faire n’est pas aisé, mais il vaut la peine d’être, fait. Je me rappelle que nous avons compté tout à l’heure 77 mètres, depuis le pyrrhique jusqu’au tribraque, les pieds de deux syllabes donnant chacun naissance à 74 mètres, ce qui fait en tout 56[27]. Quant au tribraque, il produit, à cause de son double mode de division, 21 mètres. Cela fait 77 mètres. À ces 77 mètres, il faut ajouter les14 mètres que forme le dactyle et les 14 que forme l’anapeste. Car, si on pose des pieds complets sans aucun silence, depuis deux pieds jusqu’à huit pieds, on trouve 7 mètres. Et si on ajoute les demi-pieds suivis de silence, depuis 1 pied et demi jusqu’à 7 pieds et demi, on arrive également à une somme de 7 mètres pour le dactyle comme pour l’anapeste. Nous avons déjà un total de 15 mètres. Quant au bacchius, il ne peint former de mètres qui aillent jusqu’à huit pieds : car on dépasserait la limite de 32 temps, et il en est de même de tous les pieds de cinq temps. Mais tous ces pieds peuvent atteindre jusqu’à six. Or le bacchius et le second péon qui lui est égal, non-seulement par le nombre des temps, mais encore par le mode de division, de 2 à 6 pieds, sans silence complémentaire, produisent chacun 5 mètres lorsqu’ils commencent par un demi-pied avec un silence, et vont jusqu’à cinq demi-pieds ; ils en forment aussi chacun cinq, si on les fait suivre d’une longue ; 5 encore, si on les fait suivre d’une brève et d’une longue. Ils donnent donc naissance chacun à15 mètres, au total 30. Nous voici donc arrivés en tout au nombre de 135.

Le crétique et les pieds qui admettent le même mode de division, le premier et le quatrième péon, admettant après eux une longue, un iambe, un spondée, un anapeste, forment 75 mètres. Ces trois pieds, en effet, forment chacun 5 mètres sans silence, et avec un silence, 20, nombres qui, ajoutés entre eux, donnent un total de 75 mètres, comme je viens de le dire. Ajoutons cette somme a la somme déjà obtenue et nous aurons un total de 210. Le palimbacchius et le troisième péon, qui ont un mode de division analogue, forment chacun 5 mètres quand ils sont complets, avec silence complémentaire ; ils en forment 5 s’ils sont suivis d’une longue ; d’un spondée, 5 ; d’un anapeste, 5. Ajoutons ces 40 mètres au nombre déjà trouvé et nous aurons un total de 250.

15. Le molosse et les autres pieds de 6 temps, en tout 7, forment chacun, quand ils sont complets, 4 mètres ; avec un silence, comme ils peuvent être tous suivis d’une longue, d’un iambe, d’un spondée, d’un anapeste, d’un bacchius, d’un crétique, d’un quatrième péon, ils forment chacun 28 mètres, en tout 996 qui, ajoutés aux 4 premiers, nous font arriver au chiffre de 224. Mais il faut déduire de cette somme huit mètres, l’iambe n’allant pas bien après le ditrochée, ni le spondée après l’antispaste. Reste donc 296 mètres qui, ajoutés à la somme précédente, font un total de 466. Quant au procéleusmatique, quoiqu’il ait de l’affinité avec ces pieds, on n’a pu en tenir compte à cause des demi-pieds, dont il est suivi en trop grand nombre. Car on peut le faire suivre d’une longue avec un silence, aussi bien que le dactyle et les pieds analogues, en observant, sur une longue, un silence d’un temps ; pour trois brèves, un silence d’un temps, ce qui rend la finale longue.

Les épitrites, quand ils sont complets, donnent naissance chacun à trois mètres, de 2 à 4 pieds ; car si on ajoutait un cinquième pied, on irait, contre la règle, au-delà de trente-deux temps. Avec un silence, le premier et le second épitrite forment chacun 3 mètres, si on les fait suivre d’un iambe ; 3, si on les fait suivre d’un bacchius ; 3, si on les fait suivre d’un crétique ; 3, si on les fait suivre d’un quatrième péon. Ajoutés aux 3 mètres qui sont complets, on a un total de 30. Le troisième et le quatrième épitrite produisent chacun 3 mètres, sans silence complémentaire ; unis au spondée, 3 ; à l’anapeste, 3 ; au molosse, 3 ; à l’ionique mineur, 3 ; au choriambe, 3. Somme qui, ajoutée à celle des mètres qu’ils forment sans silence, font un total de 36. Les épitrites forment donc 66 mètres : ajoutés aux 21 du procéleusmatique, et au total précédent, ils font un chiffre de 553. Reste le dispondée qui, quand il est complet, forme trois mètres, et, quand il est suivi d’un silence, 3 avec un spondée, 3 avec un anapeste, 3 avec un molosse, 3 avec un ionique mineur, 3 avec un choriambe, nombre qui, ajouté à celui des mètres complets, s’élève à 18. Le chiffre total des mètres est donc de 571.

CHAPITRE XIII.

MÉTHODE POUR BATTRE LA MESURE DES MÉTRES ET POUR INTERPOSER LES SILENCES.

16. Le M. Ce nombre serait exact, s’il ne fallait retrancher trois mètres du total ; car on ne doit pas mettre d’iambe après le second épitrite[28]. Du reste, c’est fort bien. Maintenant une autre question. Quel effet, dis-moi, produit sur ton oreille ce mètre :

Triplici vides ut ortu Triviae rotetur ignis[29].

L’E. Un effet charmant. — Le M. Pourrais-tu me dire de quelle sorte de pieds il se compose ? — L’E. Je ne le puis. Les pieds dont je marque la mesure ne forment point un ensemble harmonieux. Si je commence par un pyrrhique ou un anapeste, ou un troisième péon, les pieds suivants ne vont plus avec eux. Je trouve bien, après le troisième péon, un crétique suivi d’une longue, alliance que le crétique permet. Mais un mètre composé de cette espèce de pieds ne peut être régulier qu’en interposent un silence de trois temps. Or, il n’y a ici aucun silence, puisqu’on recommence immédiatement la mesure et que c’est là ce qui, fait sa grâce. — Le M. Vois donc si tu ne pourrais commencer par un pyrrhique ; puis mesurons par le battement un ditrochée et un spondée qui complètent les deux temps qu’offre le commencement du mètre

Triplici vides ut ortu Triviae rotetur ignis.

On peut aussi commencer par un anapeste, puis mesurer par le battement un diiambe, de sorte que la syllabe longue qui reste réunie aux quatre temps de l’anapeste fasse six temps complets qui répondent à ceux du diiambe. Et par là tu peux comprendre qu’on peut placer des tronçons de pied non-seulement à la fin, mais encore au commencement du mètre. — L’E. : Je le comprends.

17. Le M. Et si je retranche la finale longue, de façon à ce que le mètre devienne celui-ci :

Segetes meus labor ;

Ne vois-tu pas que je fais la reprise avec un silence de deux temps ? D’où il est évident qu’on peut placer une partie de pied au commencement, un autre à la fin et en remplacer un autre par un silence.- L’E. Cela est également évident. — Le M. C’est ce qui arrive, si dans ce mètre on bat la mesure d’un ditrochée complet. Car si on bat la mesure d’un diiambe et qu’on commence par un anapeste, tu vois bien qu’on met au commencement une frac. tion de pied de 4 temps et qu’il en faut encore deux que l’on complète avec un silence à li fin. Cela nous apprend qu’un mètre peut commencer par une fraction de pied et finir par un pied complet, mais jamais sans silence. — L’E. C’est un point également hors de doute, — Le M. Eh bien ! pourrais-tu battre la mesure de ce mètre et dire de quels pieds il se compose ?

Jam satis terris nivis atque dirae
Grandinis misit Pater, et rubente
Dextera sacras jaculatus arces[30].

L’E. Je puis mettre en tête un crétique, je trouve ensuite deux pieds de six temps, à savoir, un ionique majeur et un ditrochée, puis j’observe un silence d’un temps qui s’ajoute au crétique pour compléter les six temps. Le M. Il y a une erreur assez grave dans cette mesure ; la voici : lorsqu’un ditrochée est à la fin du mètre, s’il y a un silence complémentaire, la finale, qui est naturellement brève, devient longue pour l’oreille. Le nieras tu ? — L’E. Loin de là, j’en demeure d’accord. — Le M. Ainsi donc on ne peut terminer un mètre par un ditrochée, sauf le cas où il n’y aurait aucun silence complémentaire, si on veut éviter de faire entendre un épitrite second à la place du ditrochée. — L’E. C’est évident. — Le M. Comment donc trouver la mesure de ce mètre ? — L’E. Je n’en sais rien.

CHAPITRE XIV.

SUITE DE L’INTERPOSITION DES SILENCES DANS LA MESURE DES MÈTRES.

Le M. Vois donc si la cadence est légitime, lorsque je débite ce mètre de manière à mettre un silence après les trois premières syllabes. De cette manière, en effet, il n’y a plus besoin de silence complémentaire à la fin, et le ditrochée peut s’y trouver convenablement placé. — L’E. En effet, la cadence est très-agréable.

19. Le M. Ajoutons donc à notre méthode une nouvelle règle, celle d’observer un silence, non. (Horat. liv, 1, ode 2.) seulement à la fin du mètre, mais avant la fin, lorsque le besoin s’en fait sentir ; et il se fait sentir dans deux cas, lorsque la finale brève ne permet pas de placer à la fin le silence nécessaire pour compléter le nombre des temps, comme dans le dernier exemple, ou lorsque deux pieds incomplets se trouvent placés l’un au commencement, l’autre à la fin, comme dans cet exemple :

Gentiles nostros inter oberrat equos[31].

Tu auras remarqué, je pense, qu’après les cinq premières longues, j’ai observé un silence de deux temps et qu’il faut en observer un d’égale durée à la fin, en revenant au commencement. Car si, en battant la mesure de ce mètre, tu prends six temps pour le levé et le posé, tu trouveras d’abord un spondée, puis un molosse, en troisième lieu un choriambe et enfin un anapeste. Or le spondée et l’anapeste exigent un silence de deux temps pour former des pieds de 6 temps complets, par conséquent, il faut un silence de deux temps après le molosse, avant la fin, et un silence également de deux temps, après l’anapeste, à la fin du mètre. Veut-on avoir des pieds de quatre temps ? On mettra une longue au commencement, on comptera ensuite deux spondées, puis deux dactyles, et pour terminer on mettra une longue.

On placera donc un silence de deux temps après le double spondée, avant la fin, et un silence d’égale durée, à la fin, pour compléter les fractions de pieds placées, l’une au commencement, l’autre à la fin. §20. Toutefois, dans certains cas, le temps qu’exigent deux pieds incomplets, dont les fractions sont placées l’une au commencement, l’autre à la fin, n’est rempli que parle silence final ; mais ce temps ne doit pas dépasser la durée d’un demi-pied, par exemple :

Silvae laborantes geluque[32]
Flumina constiterint acuto.

Le premier de ces mètres commence par un palimbacchius, continue par un molosse et se termine par un bacchius ; il faut donc un silence de deux temps : en ajoutant l’un au bacchius, l’autre au palimbacchius, les six temps seront partout complets. Quant au second, il commence par un dactyle, continue par un choriambe et se clôt par un bacchius. Il faudra donc un silence de trois temps, ajoutons un silence d’un temps au bacchius, de deux temps au dactyle, et tous les pieds auront six temps.

21. C’est par le dernier pied, et non par le premier, qu’on commence à ajouter le silence complémentaire ; les exigences de l’oreille interdisent toute autre marche et il n’y a là rien qui doive surprendre ; car, en faisant la reprise, on ajoute au commencement la fraction de pied qui est à la fin. Ainsi dans le mètre déjà cité :

Flumina constiterint acuto.

Puisqu’il faut un silence de trois temps pour avoir partout des pieds de six temps, suppose que tu veuilles compléter ce temps par un son au lieu d’un silence, et que tu mettes un iambe, un trochée, un tribraque, qui sont tous des pieds de trois temps. Eh bien ! l’oreille ne permet pas ici un faux usage du trochée, dont la première syllabe est une longue, et la seconde, une brève. Car on doit d’abord entendre le complément nécessaire au bacchius final, c’est-à-dire une brève, et non une longue ; qu’exige le dactyle. C’est ce qu’on peut vérifier sur ces exemples :

Flumina constiterint acuto gelu.

Flumina constiterint acute gelida.

Flumina constiterint in alta nocte.

Les deux premiers offrent une reprise fort agréable, le dernier, détestable ; c’est hors de doute.

22. De même quand les fractions de pied exigent chacune leurs temps, si tu veux représenter ces temps par des mots, l’oreille ne permet pas qu’ils soient réunis en une seule syllabe longue : et cette répartition est singulièrement juste. Car il faut bien diviser un supplément qui doit être réparti entre plusieurs. Ainsi dans ce mètre :

Silvae laborantes geluque,

Si, au lieu du silence complémentaire, tu ajoutes une syllabe longue, en mettant par exemple :

Silvae laborantes gelu duro. L’oreille n’approuve pas ce complément comme elle ferait, si nous disions :

Silvae laborantes gelu et frigore.

Ce que tu sentiras pleinement, si tu reprends chaque fraction de pied.

23. On ne doit pas non plus, quand on pose deux pieds incomplets, mettre une fraction plus grande au commencement qu’à la fin. C’est une combinaison également condamnée par l’oreille, comme dans cet exemple :

Optimum tempus adest tandem, car le premier pied étant un crétique, le second un choriambe le troisième un spondée, il faut ajouter un silence de trois temps, deux pour le spondée final, un pour le crétique du commencement, afin de compléter les six temps. Au contraire si l’on dit :

Tandem tempus adest optimum, avec la même interposition d’un silence de trois temps, qui ne sent que la reprise ne soit fort agréable ? Ainsi donc il faut, ou que les fractions de pied du commencement aient le même nombre de temps que celle de la fin, comme dans cet exemple :

Silvae laborantes geluque[33]. ou que la plus petite soit placée au commencement, la plus considérable à la fin comme dans cet exemple :

Flumina constiterit acuto.

Rien de plus légitime. Car l’égalité empêche toute discordance : et s’il y a inégalité dans le nombre des temps, la progression qui va du plus petit au plus grand rétablit l’harmonie, comme le ferait une progression numérique.

21. Autre conséquence. Quand on pose ces fractions de pieds dont il est question, et qu’on met un silence avant la fin et à la fin, il faut mettre avant la fin un silence égal à celui qu’exige la fraction finale, et à la fin, un silence égal à celui qu’exige la fraction du commencement ; car le milieu est en rapport avec la fin, et c’est de la fin qu’il faut revenir au commencement. S’il faut ajouter un silence d’égale durée à ces deux endroits, nul doute que le silence avant la fin ne doive avoir une durée égale à celui de la fin. De plus un silence ne doit jamais se placer qu’après un mot complet. S’agit-il, non de paroles chantées, mais de musique à l’aide d’instruments à cordes ou à vent, et même de solmisation ? peu importe après quelles notes ou quel posé, on place les silences, pourvu qu’on les entremêle régulièrement d’après les principes ci-dessus établis. Ainsi donc un mètre peut commencer par deux pieds incomplets, pourvu que les temps réunis de ces fractions ne soient pas moindres que ceux d’un pied et demi. Car nous avons observé plus haut que deux fractions de pied vont très-bien lorsque le complément qu’elles exigent ne dépasse pas en durée un demi-pied exemple : montes acuti : nous pouvons en effet ajouter à la fin un silence de trois temps, ou l’équivalent d’un pied et demi, ou un silence d’un temps après le spondée et deux à la fin. Il n’est pas d’autre moyen de scander convenablement ce mètre.

CHAPITRE XV.

SUITE DE L’INTERPOSITION DE SILENCES DANS LE MÈTRE.

25. Etablissons encore cette règle : quand nous mettons un silence avant la fin, le membre de phrase ne doit pas être terminé, à cet endroit, par une brève, de peur que l’oreille, d’après-la règle si souvent formulée, ne rende cette brève longue, par l’effet du silence. Dans ce mètre, montibus acutis, on ne peut donc placer un silence d’un temps après le dactyle, comme on l’avait fait régulièrement tout à l’heure après le spondée : car, au lieu d’un dactyle, on entendrait un crétique, et le mètre, loin de se composer de deux fractions de pieds, ce que nous cherchons à prouver par cet exemple, semblerait se composer, d’un ditrochée complet et d’un spondée pour finale, par l’effet d’un silence de deux temps ajouté à la fin.

26. Un point également digne de remarque, c’est que, quand on commence par un pied incomplet, le silence complémentaire se place soit au commencement même, comme dans ce mètre

Jam salis terris nivis atque dirae. soit à la fin, comme dans celui-ci :

Segetes meus labor.

Mais quand une fraction de pied forme la fin, c’est à la fin qu’on complète le pied par un silence, comme dans ce mètre :

Ite igitur, camœenae, ou quelquefois au milieu, comme dans cet autre mètre

Ver blandum viget arvis, adest hospes hirundo[34].

Le temps complémentaire du bacchius peut se placer soit après le mètre tout entier, soit après le molosse qui le commence, soit après (ionique mineur qui vient en second lieu. Quant au silence que des fractions de pieds exigent par hasard au milieu, il ne peut être qu’en cet endroit même : exemple.

Tuba terribilem sonitum dedit aere curvo[35].

Si nous battons la mesure de façon que le premier pied soit un anapeste, le second un ionique quelconque de cinq syllabes, en décomposant en deux brèves la longue, soit au commencement soit à la fin, le troisième un choriambe, le dernier un bacchius ; il faudra ajouter un silence de trois temps, l’un au bacchius final, les deux autres à l’anapeste, afin d’avoir partout des pieds de six temps. Or, ce silence de trois temps peut se mettre tout entier à la fin. Mais si tu commences par un pied complet et que tu fasses des cinq premières syllabes un ionique quelconque, tu trouveras ensuite un choriambe qui ne sera suivi d’aucun pied complet : il faudra donc ici observer un silence, équivalent d’une longue ; ce silence compté, tu auras un nouveau choriambe complet. Le bacchius restera pour clore le mètre, en y ajoutant un silence d’un temps.

27. Par là, il est clair, ce me semble, que, lorsqu’un silence est placé dans l’intérieur du mètre, ou l’on complète les temps qui manquent, à la fin, ou l’on complète ceux qui manquent, à l’endroit même où doit se placer le silence. Parfois il n’est pas nécessaire d’ajouter un silence dans l’intérieur dû mètre, ce qui a lieu, lorsque le mètre peut se mesurer par un autre battement, comme dans le dernier exemple. Parfois aussi c’est nécessaire, comme dans ce mètre

Vernat temperies, aurae tepent, sunt deliciae[36].

Car il est évident que ce mètre marche par pieds de quatre ou de six temps. Si l’on prend les pieds de quatre temps, il faut ajouter un silence après la huitième syllabe et deux à la fin : on mesurera au premier pied, un spondée, au second, un dactyle, au troisième, un spondée, au quatrième, un dactyle, en ajoutant à la longue un silence d’un temps ; car on ne peut l’ajouter à la brève ; au cinquième pied, un spondée, au sixième, un dactyle, enfui, une longue qui finit le mètre et après laquelle il faut compter un silence de deux temps : Mais si nous procédons par pieds de six temps, le premier sera un molosse, le second un ionique mineur, le troisième un crétique qui se change en ditrochée, avec un silence d’un temps, le quatrième un ionique majeur suivi d’une longue que l’on complétera par un silence de quatre temps. En adoptant un autre système, on pourrait placer une longue au commencement, la faire suivre immédiatement d’un ionique majeur, ce qui forme un molosse, puis d’un bacchius qui se changerait en antispaste, avec un silence complémentaire d’un temps : un choriambe terminerait le mètre, et l’on compléterait la longue du commencement par un silence de quatre temps à la fin. Mais l’oreille rejette cette mesure pour cette raison : la fraction de pied, placée au commencement, à moins d’être plus grande que la demie, n’est pas régulièrement complétée par le silence de la fin, après un pied complet, à l’endroit où elle doit l’être. Avec les autres pieds, à la bonne heure ; nous savons quel complément attendre. Mais l’oreille ne saurait comprendre un silence d’une pareille durée, que dans le cas où l’on représenterait par le silence une durée moindre que le son réel : en effet lorsque l’on a marqué par des sons la partie la plus considérable du pied, la fraction moindre qui reste se découvre aisément partout.

28. Ainsi donc le mètre dont nous avons cité cet exemple

Vernat temperies, aurae tepent, sunt deliciae, admet une mesure nécessaire, laquelle, comme nous l’avons dit, consiste à ajouter un silence d’un temps après la dixième syllabe et quatre à la fin : mais il admet aussi une mesure volontaire, laquelle consiste à mettre volontairement un silence de deux temps après la sixième syllabe ; après la onzième, un silence d’un temps ; et à la fin, un silence de deux temps. Dans ce système, on aura au commencement un spondée, suivi immédiatement d’un choriambe ; on ajoutera un silence de deux temps au troisième spondée, ce qui change le spondée en molosse ou en ionique inineur ; au quatrième pied, le bacchius deviendra, avec un silence d’un temps, un antispaste ; au cinquième pied, le mètre aura pour terminaison sonore un choriambe, et à la fin on ajoutera un silence de deux temps pour compléter le spondée du commencement.

Voici une autre manière de procéder, d’après les silences volontaires. Tu peux, si bon te semble, ajouter un silence d’un temps à la sixième syllabe, à la dixième, à la onzième, et un silence de deux temps à la fin ; de telle sorte que le premier pied soit un spondée, le second, un choriambe, que le palimbacchius du troisième pied devienne par l’addition d’un silence d’un temps, un antispaste ; que le spondée du quatrième devienne un ditrochée, en interposant un silence d’un temps, et en ajoutant un silence d’égale durée, enfin que le mètre se termine par un choriambe et qu’on observe pour compléter le spondée du commencement un silence de deux temps. Une troisième manière consiste à faire suivre le premier spondée d’un silence d’un temps et à ajouter tous les silences complémentaires, ainsi que nous venons de le faire, sauf à la fin où il faudra garder un silence d’un temps, parce que le spondée, qui d’ordinaire se place, au commencement du mètre, s’est changé, par l’addition d’un silence, en un palimbacchius, et qu’il ne faut plus pour le compléter qu’un silence d’un temps qui doit être observé à la fin. Par là, tu vois bien qu’on peut placer dans l’intérieur du mètre des silences tantôt forcés, tantôt volontaires ; forcés, lorsque les pieds ont besoin d’être complétés ; volontaires, lorsque les pieds sont pleins et complets.

29. Quant à la règle posée ci-dessus, que la durée des silences ne doit pas dépasser quatre temps, elle s’applique aux silences, nécessaires, quand il y a des temps à compléter. Avec les silences volontaires, comme nous les avons nommés, on peut faire entendre un pied, ou le mettre en silence ; et, si on le remplace ainsi par des silences à des intervalles égaux, ce ne sera plus un mètre, mais un rythme que l’on aura, puisqu’il n’y aura plus de point de repère qui permette de revenir au commencement. Si donc on veut, par exemple, employer les silences pour diviser le mètre de telle façon que l’on ajoute au premier pied un silence équivalent du second pied, on ne devra pas suivre uniformément cette marche. Mais on peut avec un nombre proportionné de silences d’une égale durée porter le mètre à ses temps réguliers, comme dans cet exemple :

Nobis verum in promptu est, tu si verum dicis[37].

Car on peut, dans ce mètre, faire suivre le premier spondée de quatre silences, ainsi que les deux pieds qui viennent après :

Nobis verum in promptu est.

Mais après les trois spondées de la fin on n’ajoutera plus de silence : car on aura atteint la limite infranchissable de 32 temps. Mais il est bien plus convenable et, à de certains égards, plus réguliers, de ne mettre les silences qu’à la fin, ou qu’au milieu et à la fin, ce qui peut se faire en retranchant un pied :

Nobis verum in promptu est, tu die verum[38].

La règle à observer pour ce mètre comme pour les autres, consiste donc à compléter les fractions de pied, soit au milieu soit à la fin, par des silences nécessaires, sans que la durée de ces silences doive jamais dépasser la partie du pied déterminée par le levé et le posé. Quant aux silences volontaires, ils peuvent durer aussi longtemps que les pieds incomplets ou complets, comme nous l’avons démontré, par les exemples précédents. Bornons là nos règles sur l’interposition des silences.

CHAPITRE XVI.

DU MÉLANGE ET DE L’ASSEMBLAGE DES PIEDS.

30. Disons maintenant quelques mots du mélange des pieds et de l’assemblage des mètres : je dis quelques mots : car nous sommes déjà entrés dans d’assez longs détails en examinant quels sont les pieds qui s’unissent entre eux, et nous devons nous étendre un peu sur l’assemblage des mètres, en commençant à traiter des vers. Les pieds, en effet, s’unissent et se mêlent entre eux selon des règles que nous avons exposées dans notre second entretien. À ce propos, il est bon de savoir que les différentes espèces de mètres, employées par les poètes, sont dues à l’imagination de certains inventeurs et qu’il nous est interdit d’en modifier certaines règles déterminées : il ne faut, en effet, rien changer aux combinaisons qu’ils ont raisonnablement établies, lors même que nous pourrions le faire sans choquer la raison ni blesser l’oreille. Or, en cette matière, il faut consulter, non la théorie, mais la tradition, et se soumettre plutôt à l’autorité qu’au raisonnement. Nous ne pouvons pas en effet savoir logiquement que je ne sais quel Phaliscus a combiné deux mètres, de façon à produire cette cadence :

Quando flagella ligas, ita liga,

Vitis et utmus uti simul eant[39]. C’est une connaissance à laquelle on arrive par la tradition et la lecture. La question d’art, la seule qui soit de notre ressort, est d’examiner si ce mètre se compose de trois dactyles et d’un pyrrhique final, comme le veulent plusieurs personnes étrangères à la musique.

Elles ne s’aperçoivent pas que le pyrrhique va mat après le dactyle ; elles ignorent que, d’après les lois de la musique, le premier pied de ce mètre est un choriambe, le second, un ionique, dont la longue se décompose en deux brèves, le dernier, un iambe suivi d’un silence de trois temps : Les personnes à demi instruites pourraient sentir cette nuance, si elles voyaient un vrai musicien débiter ces vers et en marquer la mesure régulièrement. Car le bon sens leur permettrait d’apprécier tout naturellement ce qui est vraiment conforme aux règles de l’art.

31. Toutefois, puisque le poète a voulu que le nombre de ces pieds fût invariable, il faut nous soumettre à cette loi, quand nous employons ce mètre. En effet, l’oreille n’est pas choquée, et elle ne le serait pas davantage, si on substituait soit un diiambe au choriambe, soit un ionique, en décomposant la longue en brève, soit tout autre pied d’égale mesure. Ainsi donc nous ne changerons rien à ce mètre, fidèles en cela, non au raisonnement qui commande d’éviter l’inégalité, mais au raisonnement qui fait respecter l’autorité. Le raisonneur en effet nous apprend que, parmi les mètres, il y en a d’invariables par le fait même de leur origine, comme celui dont nous venons de parler assez longuement ; tandis que d’autres sont variables, c’est-à-dire, tels qu’on peut y substituer les pieds les uns aux autres, comme dans cet exemple :

Trojae qui primus ab oris, arma virumque cano.

Car ici on peut substituer partout l’anapeste au spondée[40]. Il en est d’autres qui ne sont ni tout à fait fixes ni tout à fait variables, comme :

Pendeat ex humeris dulcis chelys,

Et numeros edat varios, quibus

Assonet omne virens late nemus,

Et tortis errans qui flexibus[41].

Tu remarqueras en effet qu’on peut substitues partout le dactyle au spondée et réciproquement, sauf au dernier pied, qui, dans la pensée de l’inventeur doit toujours être un dactyle ; tu vois donc bien que, dans ces trois espèces de mètres, la tradition joue un grand rôle.

32. Mais pour tout ce qui ne relève que de la raison dans le mélange des pieds, quand elle est seule appelée à juger des combinaisons qui s’adressent à l’oreille, il faut bien retenir ce principe : les fractions de pied qui vont bien après des pieds déterminés, quand il y a un silence complémentaire, comme l’iambe après le ditrochée ou le second épitrite, le spondée après l’antispaste, vont mal après certains pieds auxquels pourtant les premiers s’unissaient avec grâce. Exemple : il est manifeste que l’iambe va très-bien après le molosse, comme dans ce mètre souvent cité, avec un silence de trois temps à la fin

Ver blandum viret floribus.

Mais si tu substitues au molosse un ditrochée, par exemple :

Vere terra viret floribus, l’oreille repousse cette combinaison et la condamne absolument. On peut faire aisément cette expérience sur d’autres mètres, en prenant l’oreille pour guide. C’est en effet une

Térence ; Pomponius. règle invariable que, quand on assemble des pieds qui ont entre eux de l’affinité, il faut mettre à la fin des fractions de pied en harmonie avec tous les pieds de la série, afin d’éviter que leur alliance naturelle ne soit troublée par quelque défaut de symétrie.

33. Autre chose encore plus singulière : le spondée termine agréablement le ditrochée et le diiambe ; cependant, lorsque ces deux pieds, soit seuls, soit mêlés à d’autres pieds de la même famille, se trouvent dans la même série, on ne peut mettre de spondée à la fin, sans choquer l’oreille. Nul doute en effet que l’oreille ne soit flattée d’entendre ces pieds un à un :

Timenda res non est, ou encore :

Jam timere noli.

Mais si tu en formes une série, par exemple :

Timenda res, jam timere noli, tu auras une combinaison qui ne peut guère se souffrir qu’en prose. Le défaut d’harmonie n’est pas moindre si on place à tout autre endroit un autre pied, par exemple, un molosse au premier pied :

Vir fortis, timenda res, jam timere noli, ou au troisième :

Timenda res, jam timere vir fortis noli.

Quelle est la cause de cette cacophonie ? La mesure du diiambe peut se battre dans le rapport de 2 à 1, celle du ditrochée dans ; le rapport de 1 à 2. Le spondée équivaut au double, puisqu’il se mesure dans le rapport de 2 à 2 ; or, comme le diiambe n’admet de mesure que dans le rapport de 2 à 1 et le ditrochée, dans le rapport de 1 à 2, il se produit comme un tiraillement qui blesse l’oreille. Voilà comment le simple raisonnement explique cette anomalie.

34. L’antispaste donne lieu à une anomalie non moins étrange. S’il n’est combiné avec aucun autre pied ou s’il n’est mêlé qu’au diiambe, il ne repousse pas l’iambe comme finale : mais il le repousse, s’il est uni à d’autres pieds. Car s’il est uni au ditrochée, le ditrochée, même dans ce cas, ne peut s’allier avec l’iambe, et il n’y a là rien qui doive surprendre. Mais ce qui m’étonne, c’est qu’il rejette l’iambe, dès qu’il est combiné avec tout autre pied de six temps ; ce fait tient peut-être à une cause trop obscure pour qu’il soit possible de l’approfondir et de la mettre en pleine lumière, mais c’est un fait et je le démontre par des exemples. Ces deux mètres :

Potestate placet,

Potestate potentium placet, offrent une reprise fort agréable, personne n’en doute, en mettant à la fin un silence de trois temps. Au contraire, il y a une véritable cacophonie, dans ces mètres, avec le même silence :

Potestate praeclara placet.

Potestate tibi multum placet.

Potestate jam tibi sic placet.

Potestate multum tibi placet.

Potestatis magnitudo placet.

Dans ce problème, l’oreille a rempli son office : elle a fait sentir ce qui lui plaît et ce qui la choque. Veut-on pénétrer la cause ? Il faut recourir à la raison : La mienne, dans une aussi profonde obscurité, ne découvre qu’une seule explication : la première moitié de l’antispaste lui est commune avec le diiambe, puisque tous deux commencent par une longue suivie d’une brève ; la seconde moitié, au contraire, lui est commune avec le ditrochée, puisque tous deus finissent par une longue suivie d’une brève, Par conséquent l’antispaste admet bien l’iambe à la fin du mètre, comme sa première moitié, quand il est seul ; il l’admet encore quand il est uni au diiambe, comme ayant cette première moitié en commun avec lui ; donc il l’admettrait quand, il est uni au ditrochée, si pareille terminaison était en rapport avec le ditrochée, et s’il le repousse, quand il est mêlé à d’autres pieds, c’est qu’il ne se mesure pas selon le même rapport de temps.

CHAPITRE XVII.

DE LA COMBINAISON DES MÈTRES.

35. Quant à la combinaison des mètres, il suffit de remarquer maintenant que les différents mètres peuvent former entre eux us système, pourvu qu’ils s’accordent dans le battement de la mesure, c’est-à-dire, dans le levé et dans le posé. La diversité des mètres vient d’abord de la quantité, ce qui a lieu lorsqu’on joint les grands aux petits, comme dans cette strophe :

Jam salis terris nivis atque dise

Grandinis misit Pater, ac rebente

Dextera sacras jaculatus arces

Terruit urbem[42].

Tu remarques bien que le quatrième mètre, composé d’un choriambe suivi d’une longue, est plus petit que les trois premiers qui sont égaux entre eux. Cette diversité a une seconde cause qui vient de l’espèce des pieds, par exemple :

Grato, Pyrrha, sub antro,

Cui flavam religas comam[43]?

Tu le vois, en effet, le premier de ces deux mètres se compose d’un spondée, d’un choriambe suivi d’une longue, qui doit s’ajouter au spondée pour compléter les six temps : le second est composé d’un spondée, d’un choriambe suivi de deux brèves, qui ajoutées également au spondée, complètent les six temps. Ces mètres sont donc égaux par le nombre des temps, mais les pieds offrent une différence notable.

36. Il y a dans ces combinaisons un autre principe de différence, le voici : Parmi les mètres, les uns sont unis entre eux de telle façon qu’ils n’exigent l’interposition d’aucun silence, comme dans l’exemple précédent d’autres exigent qu’on interpose quelque silence, comme dans cet exemple :

Vides ut alla stet nive candidum

Soracte, nec jam sustineant onus

Silvae laborantes, geluque

Flumina constiterint acuto[44].

Si l’on revient dans chacun de ces mètres au commencement, les deux premiers exigent à la fin un silence d’un temps, le troisième un silence de deux temps, le quatrième un silence de trois temps. Réunis ensemble, ils obligent, quand on passe du premier au second, à observer (Horace, liv.1, ode 2.) un silence d’un temps, du second au troisième, un silence de deux temps, du troisième au quatrième, un silence de trois temps. Et si tu reviens du quatrième au premier, il faudra garder un silence d’un temps. Le procédé, pour revenir du quatrième au premier, est le même quand il s’agit de passer à une seconde combinaison du même genre. Ces combinaisons nous les appelons, avec raison, circuit[45], ce qui répond au mot grec, période. Une période ne peut avoir moins de deux membres, c’est-à-dire de deux mètres, et on a décidé qu’elle ne pourrait avoir plus de quatre membres ou mètres. On peut donc appeler la plus petite période, période à deux membres, la période intermédiaire, période à trois membres, et la dernière période, période à quatre membres, ce qui répond aux mots grecs dikolon trikolon tetrakolon

Comme nous devons traiter ce sujet avec tous les développements qu’il comporte dans notre entretien sur le vers, nous bornerons là nos réflexions pour le moment.

37. Conclusion. — Tu dois maintenant comprendre, je pense, que les espèces de mètres, dont nous avions fixé le nombre à 568, sont vraiment incalculables ; car, en faisant ce total, nous n’avions tenu compte que des silences qui s’ajoutent à la fin ; nous n’avions pas parlé du mélange des pieds entre eux, enfin de la résolution des longues en brèves, laquelle allonge le pied au-delà de quatre syllabes. Si maintenant nous voulons tenir compte de toutes les manières d’intercaler des silences, de substituer des pieds, de résoudre les longues, et faire la somme de tous les mètres, elle s’élèvera si haut qu’on ne trouvera peut-être pas de terme pour l’exprimer. Quant aux exemples que nous avons donnés, et à tous ceux qui peuvent l’être, le poète aura beau, dans ses compositions, en prouver la justesse et l’oreille en être flattée, si le débit d’un musicien exercé ne les fait ressortir, si le goût des auditeurs n’a pas la vivacité que donne une culture élégante, il sera impossible de sentir la vérité de notre théorie. — Allons prendre quelque repos et nous traiterons ensuite du vers. — L’E. J’y consens.

  1. Si tu es quelque chose, agis bien ; celui qui agit mal ne fait rien et par conséquent sera malheureux.
  2. Male qui agit,
  3. Qui agit mal ne fait rien.
  4. Qui agit mal périt.
  5. Que dire d’un homme qui aime un autre homme, s’il aime en lui des avantages périssables ? Que dans un homme il aime donc l’esprit et son amour aura un objet.
  6. L’amour est pur si l’âme est pure ; Vautour veut un séjour ; l’âme est sa demeure. Ainsi il trouve un excellent séjour, quand la demeure est excellente ; mauvais, quand elle est mauvaise.
  7. L’esprit de l’homme entretient de bonnes ou de mauvaises pensées : veut-il le bien, il le possède ; veut-il le mal, il le possède.
  8. L’esprit de l’homme travaille à conquérir les biens au sein desquels il puisse demeurer : là point d’alarmes.
  9. Ou quatre pieds et demi.
  10. Le méchant aime et est en proie au besoin ; car il aime les biens qui sont incapables de le rassasier.
  11. L’homme qui s’attache aux biens passagers et fragiles, troue semblablement ce qu’il cherche.
  12. L’homme qui aime des biens changeants, frivoles, passagers, défendra comme eux.
  13. Même signification.
  14. L’âme éprise des biens éphémères, frivoles, périssables, finira par leur ressembler.
  15. L’âme faible qui s’attache aux biens légers, fragiles, mesquins, Boit par leur ressembler.
  16. L’âme faible qui s’attache aux biens passagers, éphémères, frivoles, fragiles, finit par leur ressembler.
  17. L’homme de bien aime les biens solides, et qui les aime les trouve. Ainsi l’amour n’éprouve pas de vide, et ces biens sont Dieu même.
  18. Les parfaits ignorent le besoin. La vérité soustrait au besoin. La vérité suffit, elle est immuable. La vérité s’appelle l’astre du Très-Haut. Le monde que tu vois est l’ouvrage de la vérité. Tout ce qui nuit à nos yeux est créé par la vérité. Tout a été fait par la vérité la vérité est l’idéal de toute chose. Tout a été fait, je le vois, par la vérité. La vérité est immuable, le monde est en mouvement. Tu vois que tout a été fait par la vérité. La vérité est immuable, tout se meut. Tu vois que toutes ces choses sont l’œuvre de la vérité ; cependant la vérité est immuable, ces choses se meuvent. Tu vois que tout a été excellemment créé par la vérité. La vérité est.immuable, tout se ment, mais avec régularité. Tu vois que tout a été créé et ordonné par la vérité. La vérité est immuable : en renouvelant les choses, elle les met en mouvement du même coup. Tout a été fait, tout a été ordonné par la vérité. La vérité renouvelle tout, quoi.
  19. La liberté est le privilège des grands cœurs. Immense est le bienfait de la liberté. Celui-là seul devient libre qui triomphe de l’erreur. Celui-là seul vit en liberté qui déjà a triomphé de l’erreur. Celui-là devient seul libre qui brise les chaires de l’erreur. Celui-là mène une vie vraiment libre qui a déjà brisé les chaînes de l’erreur. Celui-là seul n’a pas une vie trompeuse, qui déjà a brisé les chaînes de l’erreur. Celui-là seul vit légitimement et véritablement libre, qui dans sa grandeur d’âme a brisé les chaînes de l’erreur. Celui-là seul vit réellement et sans mensonge en liberté, qui a brisé les claies funestes de l’erreur. L’homme libre seul mène une vie pleine d’une grandeur réelle et sans mensonge, quand il a déjà brisé les fumes chaînes de l’erreur. L’homme libre seul a une vie pleine de grandes et sans mensonge, quand il a prudemment brisé les chaînes de l’erreur. L’homme libre seul vit réellement et sans mensonge en sécurité, quand il a déjà prudemment brisé les funestes chaînes de l’erreur. L’homme libre seul vit déjà en sécurité réellement et sans feinte quand il a déjà brisé prudemment les chaînes cruelles et funestes de l’erreur. L’homme libre seul mène une vie tranquille réellement d sans feinte, quand il a déjà prudemment brisé les chaires cruelles et funestes de l’erreur.
  20. Cf. Chapitre 3, 4, 5, VI.
  21. Le levé et le posé sont dans un rapport différent.
  22. Le maître se fatigue à instruire des esprits lourds.
  23. Où l’amour est sans bornes, l’effort est insensible.
  24. Nous lisons sensu et non censu : censu, le calcul des temps, formant avec ratione une tautologie.
  25. Garde-toi-du fourbe. Garde-toi du débauché. Garde-toi du bavard. Garde-toi de la fourberie. Garde-toi aussi de l’envieux, et enfin de l’homme sans énergie.
  26. Les gens sincères sont rois. Les sages sont rois. Ceux qui disent la vérité sont rois. La prudence est reine. Les bons règnent sur les bons. Tout ce qui est pur règne.
  27. Ces pieds de deux syllabes sont le pyrrhique, l’iambe, le trochée, le spondée (14 X 4 = 56)
  28. L’élève, on l’a vu, avait combiné un second épitrite avec un iambe suivi d’un silence.
  29. Tu vois comme le triple lever d’Hécate fait tourbillonner la flamme.
  30. Assez longtemps Jupiter a lancé sur la terre la neige et la grêle funeste ; assez longtemps son bras enflammé a lancé la foudre suries édifices sacrés.
  31. Il galope au milieu des chevaux de notre nation.
  32. La trompette fait retentir avec l’airain recourbé un son terrible.
  33. Que longue ici comme finale et suivie d’un silence.
  34. Les charmes du printemps se font sentir dans les campagnes, l’hirondelle accourt nous demander l’hospitalité.
  35. La trompette fait retentir avec l’airain recourbé un son terrible.
  36. La température se renouvelle ; les brises sont tièdes : c’est la vison du plaisir.
  37. Le vrai est à notre portée, si tu dis vrai.
  38. Le vrai est à notre portée : dis vrai.
  39. Quand tu entrelaces de jeunes plants, marie-les de façon que la vigne et l’ormeau puissent croître ensemble.
  40. Voir plus bas, liv. 5, ch. V.
  41. Puisse pendre à mes épaules la lyre harmonieuse ! Puisse-t-elle rendre des sons variés qui fassent retentir su loin tout le bois verdoyant et le fleuve qui se promène avec mille détours.
  42. Assez longtemps Jupiter a fait tomber sur la terre la neige et la grêle funeste : assez longtemps la foudre lancée par son bras enflammé sur les édifices sacrés a épouvanté Rome.
  43. Dans cette grotte charmante, Pyrrha, pour qui tresses-tu ta blonde chevelure. (Hor. liv. 1, ode 5.)
  44. Tu vois comme se dresse, toute couverte d’une neige épaisse, la blanche cime du Soracte, comme les forêts ont peine à soutenir le fardeau des frimas, comme les ruisseaux sont immobiles sous les étreintes de la gelée. (Hor. liv.1. ode 9.)
  45. Dis,deux ; kolon, membre : en français, strophe. Mais la strophe en vers correspond à la période en prose.