Traité élémentaire de la peinture/347

Traduction par Roland Fréart de Chambray.
Texte établi par Jean-François DetervilleDeterville, Libraire (p. 295-296).


CHAPITRE CCCXLVII.

Du commencement d’une pluie.

Lorsque la pluie tombe, elle obscurcit l’air, le ternit, et lui donne une couleur triste et plombée, prenant d’un côté la lumière du soleil, et l’ombre de l’autre, ainsi qu’on remarque sur les nuages. La terre devient sombre étant offusquée par la pluie qui lui dérobe la lumière du soleil ; les objets qu’on voit à travers la pluie paroissent confus et tout informes ; mais les choses qui seront plus près de l’œil seront plus aisées à discerner, et on reconnoîtra mieux celles qui se trouveront vers le côté où la pluie fait ombre, que de celui auquel elle est éclairée ; cela vient de ce que les choses qu’on voit dans l’ombre de la pluie, ne perdent-là que leurs principales lumières ; au lieu que celles que l’on voit vers le côté où la pluie est éclairée, perdent la lumière et l’ombre ; parce que toutes leurs parties éclairées se confondent dans la clarté de l’air, et les parties qui sont dans l’ombre sont éclairées par la même lumière de l’air éclairé.