Traité élémentaire de la peinture/200

Traduction par Roland Fréart de Chambray.
Texte établi par Jean-François DetervilleDeterville, Libraire (p. 168-169).


CHAPITRE CC.

De l’homme qui porte un fardeau sur ses épaules.

L’épaule d’un homme qui porte un fardeau est toujours plus haute que l’autre épaule qui n’est point chargée ; cela se voit en la figure suivante, dans laquelle la ligne centrale de toute la pesanteur du corps de l’homme et de son fardeau, passe par la

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jambe qui soutient tout le poids. Si cela n’étoit ainsi, et si le poids du corps et du fardeau n’étoit partagé pour faire l’équilibre, il faudroit nécessairement que l’homme tombât à terre ; mais la nature dans ces occasions pourvoit à ce qu’une égale partie de la pesanteur du corps de l’homme, se jette de l’autre côté opposé à celui qui porte le fardeau étranger, pour lui donner l’équilibre et le contrepoids ; et cela ne se peut faire sans que l’homme se courbe du côté qui n’est pas chargé, jusques à ce que, par ce mouvement, il le fasse participer à ce poids accidentel dont il est chargé ; et cela ne se peut faire, si l’épaule qui soutient le poids ne se hausse, et si l’épaule qui n’est point chargée ne s’abaisse : et c’est le moyen que la nature fournit à l’homme pour se soulager dans ces occasions.