Traité élémentaire de la peinture/158

Traduction par Roland Fréart de Chambray.
Texte établi par Jean-François DetervilleDeterville, Libraire (p. 131-132).


CHAPITRE CLVIII.

Des couleurs des ombres.

Souvent il arrive que les ombres dans


les corps ombrés, ne se continuent pas dans la même teinte de leurs lumières, et que les ombres seront verdâtres et les lumières rougeâtres, bien que le corps soit de couleurs égales et uniformes ; ce qui arrive, lorsque la lumière venant d’Orient, teindra l’objet de sa couleur même, laquelle sera différente de celle du premier objet ; tellement qu’avec ses reflets elle rejaillit vers l’Orient, et bat avec ses rayons sur les parties du premier objet qu’elle rencontre, et là ses rayons s’arrêtent et demeurent fermes, avec leurs couleurs et leurs lumières. J’ai souvent remarqué sur un objet blanc des lumières rouges et des ombres bleues ; et cela est ordinaire aux montagnes couvertes de neige, lorsque le soleil se couche, et que par l’éclat de ses rayons l’horizon paroît tout en feu.