Traité élémentaire de la peinture/155

Traduction par Roland Fréart de Chambray.
Texte établi par Jean-François DetervilleDeterville, Libraire (p. 128).


CHAPITRE CLV.

Pourquoi le blanc n’est point compté entre les couleurs.

Le blanc n’est point estimé une couleur, mais une chose capable de recevoir toutes les couleurs ; quand il est au grand air de la campagne, toutes ces ombres paroissent bleues, parce que la superficie de tout corps opaque tient de la couleur de l’objet qui l’éclaire. Ainsi, le blanc étant privé de la lumière du soleil, par l’opacité de quelque objet qui se trouve entre le soleil et ce même blanc, demeure sans participer à aucune couleur : le blanc qui voit le soleil et l’air participe à la couleur de l’une et de l’autre, et il a une couleur mêlée de celle du soleil et de celle de l’air ; et la partie qui n’est point vue du soleil, demeure toujours obscure, et participe à la couleur apurée de l’air ; et si ce blanc ne voyoit point la verdure de la campagne jusqu’à l’horizon, et qu’il ne vît point encore la blancheur du même horizon, sans doute ce blanc ne paroîtroit simplement que de la couleur de l’air.