Traité élémentaire de la peinture/049

Traduction par Roland Fréart de Chambray.
Texte établi par Jean-François DetervilleDeterville, Libraire (p. 33-34).


CHAPITRE XLIX.

De la proportion des membres.

Il faut observer trois choses dans les proportions ; la justesse, la convenance et le mouvement. La justesse comprend la mesure exacte des parties considérées par rapport les unes aux autres, et au tout qu’elles composent. Par la convenance on entend le caractère propre des personnages selon leur âge, leur état, et leur condition ; ensorte que dans une même figure on ne voie point en même temps des membres d’un jeune homme et d’un vieillard, ni dans un homme ceux d’une femme ; qu’un beau corps n’ait que de belles parties. Enfin le mouvement, qui n’est autre chose que l’attitude et l’expression des sentimens de l’ame, demande dans chaque figure une disposition qui exprime ce qu’elle fait, et la manière dont elle le doit faire ; car il faut bien remarquer qu’un vieillard ne doit point faire paroître tant de vivacité qu’un jeune homme, ni tant de force qu’un homme robuste ; que les femmes n’ont pas le même air que les hommes ; qu’enfin les mouvemens d’un corps doivent faire voir ce qu’il a de force ou de délicatesse.