Traité élémentaire de chimie/Partie 2/Tableau 20

Tableau des combinaisons du radical fluorique oxygéné


Tableau des combinaisons du radical fluorique oxygéné, ou acide fluorique avec les bases salifiables, dans l’ordre de leur affinité avec cet acide.



[TABLEAU]



OBSERVATIONS


Sur l’acide fluorique, & sur le Tableau de ses combinaisons.


La nature nous offre l’acide fluorique tout formé dans le spath fluor, spath phosphorique ou fluate de chaux : il y est combiné avec la terre calcaire, & forme un sel insoluble.

Pour obtenir l’acide fluorique seul & dégagé de toute combinaison, on met du spath fluor ou fluate de chaux dans une cornue de plomb ; on verse dessus de l’acide sulfurique, & on adapte à la cornue un récipient également de plomb, à moitié rempli d’eau. On donne une chaleur douce, & l’acide fluorique est absorbé par l’eau du récipient, à mesure qu’il se dégage. Comme cet acide est naturellement sous forme de gaz au degré de chaleur & de pression dans lequel nous vivons, on peut le recueillir dans cet état dans l’appareil pneumato-chimique au mercure, comme on y reçoit le gaz acide marin, le gaz acide sulfureux, le gaz acide carbonique.

On est obligé de se servir pour cette opération de vaisseaux métalliques, parce que l’a-cide fluorique dissout le verre & la terre siliceuse ; il communique même de la volatilité à ces deux substances, & il les enlève avec lui dans l’état de gaz.

C’est à M. Margraff que nous devons la première connaissance de cet acide ; mais il ne l’a jamais obtenu que combiné avec une quantité considérable de silice : il ignoroit d’ailleurs que ce fût un acide particulier & sui generis.

M. le duc de Liancourt, dans un Mémoire imprimé sous le nom de M. Boulanger, a étendu beaucoup plus loin nos connoissances sur les propriétés de l’acide fluorique, enfin M. Schéele semble avoir mis la dernière main à ce travail.

Il ne reste plus aujourd’hui qu’à déterminer quelle est la nature du radical fluorique ; mais comme il ne paroît pas qu’on soit encore parvenu à décomposer l’acide, on ne peut avoir aucun aperçu de la nature du radical. S’il y avoit quelques expériences à tenter à cet égard, ce ne pourroit être que par la voie des doubles affinités qu’on pourroit espérer quelque succès.