Tintin-Lutin/Tom et Tintin

, Fred Isly
Félix Juven (p. 31-36).

Tom et Tintin
« — Ce sera bien amusant, je te jure. »


Un jour Tintin dit à Tom le bon chien :
« — Mon cher Tom, je vais, si tu le veux bien,
« T’atteler à ma petite voiture.
« Ce sera bien amusant, je te jure ;
« J’emporterai mon lance-pierre afin
« De tirer sur les oiseaux en chemin ;
« Tu le veux, dis ? » Tom ne répondit rien.
« — Qui ne dit mot consent », se dit Tintin.



Il partit au petit trot.


Et, prenant une corde, il eut tôt fait
D’établir un attelage parfait.
Tom très docilement se laissa faire
Et partit au petit trot pour lui plaire.
Tout marchait donc à souhait, quand soudain
Tintin vit un oiseau dans le lointain,


Il mit un caillou dans son lance-pierre.



Il s’élança d’une allure effrénée.


Qui sautillait d’une patte légère.
Il mit un caillou dans son lance-pierre
Et, tendant son caoutchouc, le visa.
Le coup partit et le caillou rasa
L’animal qui s’enfuit à tire d’ailes
Échappant à une mort très cruelle.
.......................
Mais il me semble que j’ai oublié
De dire que Tom est un chien dressé
Qui, pour rapporter, n’a pas son semblable.
Cela explique l’ardeur incroyable
Qui s’empara de lui dès que partit
La grosse pierre, qui, dans son esprit,
Ne pouvait que lui être destinée.



Tintin fit un plongeon épouvantable.


Il s’élança d’une allure effrénée
À sa poursuite, entraînant dans sa course


Il se serait noyé sans Kilabour.



Notre Tintin, qui n’eut d’autre ressource
Que de se cramponner à la paroi
De son char et d’attendre plein d’effroi
L’arrêt de Tom. Mais un fâcheux destin
Fit que la pierre lancée par Tintin
Alla tomber au milieu d’une mare,


On se bouchait le nez sur son passage


Et le bon chien, d’un saut, sans crier gare,
Se précipita dans la vilaine eau
Avec la voiturette et son fardeau,
Tintin fit un plongeon épouvantable
Dans la boue ; il est même très probable
Qu’il se serait noyé sans Kilabour



… le rendit malade


Qui, heureusement, vint a son secours
Armé d’une fourche et put l’en tirer.
......................
Je crois inutile de vous narrer
Tout ce qui s’ensuivit ; sachez pourtant
Que, lorsqu’il retourna chez ses parents,
Sentant mauvais, noir comme du cirage,
On se bouchait le nez sur son passage
Et que ce bain le rendit très malade
Et le priva longtemps de promenade.