Tintin-Lutin/Le Cochon
Les Kilabour possèdent un cochon
Gros et gras, la queue en tire-bouchon,
Qu’on laisse libre dans la basse-cour,
Heureux et tranquille dans ce séjour. —
Le cochon est un être des plus doux,
Quand il est mort on en fait du saindoux.
De son vivant il est très paresseux
C’est lorsqu’il dort qu’il est le plus heureux. —
Tintin-Lutin s’est demandé souvent,
Quand sommeillait l’animal indolent,
S’il ne pourrait lui jouer quelque tour.
Il doit avoir trouvé, car, un beau jour,
Il s’approche sans bruit à pas de loup
Avec l’idée d’exécuter son coup.
Dans la main il tient un petit objet…
Que veut-il faire ? et quel est son projet ?…
Nous allons le savoir, car le voici
Qui met l’objet, sans le moindre souci
De ce qui peut arriver, dans le groin, —
Le groin, c’est le nez, je n’ai pas besoin
De vous le dire, car vous apprenez
L’histoire naturelle et le savez, —
Dans le groin, dis-je, du pauvre cochon.
« Mais cet objet qu’en guise de bouchon
« Il lui glisse dans le nez, dites ! qu’est-ce ? »
C’est, vous ne devinez pas, une espèce
De pétard, une chandelle romaine,
Comme on en voit dans les fêtes foraines,
Quand on tire de beaux feux d’artifice ! —
Ceci fait, il saisit, plein de malice,
Une allumette et vite met le feu
Au bout de mèche qui dépasse un peu.
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Pschit ! pschitt ! bzim ! bzim ! pif ! pif ! paf ! poum ! pan ! pan !
La fusée part, lançant avec élan
Étincelles, étoiles enflammées,
Une gerbe de feu, de la fumée.
À cette vue, les canards effarés,
Les chiens, les coqs se sauvent apeurés.
Tout court, tout crie, tout beugle tour à tour :
« Fuyons ; le diable est dans la basse-cour ! »
Mais le cochon est resté pétrifié ;
Saisi d’horreur, il pense terrifié :
« Tout est perdu, j’ai vu mon dernier jour ! »
Et la pauvre Madame Kilabour,
Folle d’épouvante en voyant cela,
Assiste impuissante à ce brouhaha.
Seul Tintin, qui s’est caché dans un coin,
Se tord de rire en regardant de loin.
