Thresor de la langue françoise/Palefroy

Palemaille  ►

Palefroy, és anciens Romans se prent communéement pour le cheual sur lequel alloit vne dame, fust qu’il amblast ou non : car quand il ambloit on y adioustoit ces mots, Allant les ambles, L’italien l’appelle Palafreno ; C’estoit anciennement l’ordinaire des Escuyers de mener par le frain les cheuaux sur lesquels les Dames estoient montées. Et quand vn Prince faisoit son entrée, son cheual estoit conduit par le frain par les plus apparens de la ville, qui estoit seruice d’honneur & grandeur pour celuy qui estoit à cheual. Nic. Gilles en la vie de Charles vii. parlant de l’arriuée de la fille du Roy d’Escosse en la ville de Tours, dont le mariage se traictoit auec Louys fils dudit Seigneur & Daulphin de Viennois : An deuant d’elle allerent plusieurs Princes, Seigneurs, Barons, cheualiers, & escuyers, & à l’entrée de la ville les Seigneurs de Mailly & de Ialongnes descendirent à pied, & prindrent chacun d’vn costé la bride de la haquenée, sur laquelle ladicte Dame estoit montée, & la menerent iusques au chasteau. Quand elle fut descenduë, le Comte de Vendosme, & vn autre Comte d’Escosse, la prindrent chacun de son costé, & la menerent, &c. Les Roys vsoient auβi de Palefrois. Le mot est composé, & ne sçay si de ces trois mots, par le frain, a point esté fait ce seul, Palefroy, qui se peut dire auβi Palefrein, suiuant son deriué palefrenier.