Thresor de la langue françoise/Dague

(2p. 172-173).
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Dague, f. penac. Est vne maniere de courte espée, d’vn tiers presque de la deüe longueur d’vne espée qu’on porte d’ordinaire, non auec pendants de ceinture à espée, ne pendant du costé gauche (pour les droitiers) ainsi qu’on fait l’espée : ains attachée droite à la ceinture du costé droit, ou sur les reins : Laquelle ores est large, & à poincte d’espée, ores est façonnée à deux arestes entre les trenchans, & à poincte plus aiguë, Semispatha, Vegece au liu. 2. ch. 15. Telle aussi la portoient ceux qui estoient pesamment armez és camps, & armées des Romains, comme il se voit és ares triomphaux d’iceux, à ce qu’on ne prenne pas ce mot Semispatha, ne pour la mandoussiane, qui est plus courte que l’espée, & plus longue que la dague, ne pour le coutelas dot les bandoliers & autres de leur qualité vsent à present. La dague se pourroit aussi nommer poignard, cobien que le poignard soit & plus court & moins chargé de matiere, en ce que celuy qui la porte à tous propos l’empoigne ores par contenance, ores pour se faire craindre, ores pour frapper. L’Alemād dit Dagen, & le faut prononcer come si nous l’escriuions auec vn u. Daguen, L’Espagnol & l’Italie Daga, le Latin Sica, le Grec έγχειριδιον, pour la seule raison dessusditte, & έγχειριδιον μίκρον, pource que le François dit Courte dague. Mais dagues en pluriel en fait de venerie se prennent pour la premiere teste que le cerf porte, qui est à son deuxiesme an, laquelle n’est ramée ne cheuillée, ains de deux cornichons sans antoilliers, cheuillures ne espois, lesquels sont à la façon de deux dagues, ou poignards, à cause dequoy ils sont appelez dagues, dont les gardes sont les meules.

Lesquelles gardes le cerf quād il mue cache dās terre, estans de si grande vertu contre le poison, qu’elles equipollent à la Licorne.

Combattre à espée & dague, Certare spatha & semipatha, Vegece liu. 2. ch. 15.