Thresor de la langue françoise/Amble

(2p. 29-30).
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Amble, f. penac. Est la maniere d’aller des haquenées, Mollis quaeque tollutim fit iumenti gradatio, Incessio. Il vient de Ambulo Latin. Mais en François il a vne particuliere signification, & signifie ce pas de la beste hasté, qui n’est ne proprement pas commun, ne trot, ne galop, & selon lequel on dit la beste amblant passer d’vne coudée, quand elle des pieds de derriere outre-passe d’vne coudée la marche des pieds de deuant. Ainsi dit on d’vn cheual ou autre beste, qu’il va l’amble. Tollutim incedit. Et mettre à l’amble, ad gradum tollutarium cogere. Et en pluriel Ambles, comme, Ce cheual a belles Ambles, ce qu’on dit aussi, Il a l’Amblè belle, Egregiè ac bellè tollutim incedit. Et par translation on dit qu’on a mis quelqu’vn aux ambles, quand on l’a mis en beau train de faire ou dire quelque chose, sans qu’il s’aduise de l’induction qu’on luy en a faite. Ce qui est dit aussi de celuy qu’on a rengé à la raison, qui auparauant ne y vouloit ioindre. Ce qui est ainsi dit à la semblance du cheual, qui trottoit dur ; & galloppoit de mesmes, lequel on a contraint prendre l’Amble, voyez Hacquenée.

Ambler, verb. neutr. acut. Est aller l’amble, & vient du Latin ambulare, par syncope : mais il y a vne peculiere signification en François, comme a esté dit au vocable Amble. Tollutim incedere. Ce qui est dit de toute beste de quatre pieds amblant. Aucuns le veulent tirer du verbe Grec άμβλύνω, par ce que les Ambliers ou maistres d’Amble

auec cordes attachées en contre-croix aux pieds du mulet ou cheual, leur rompent & retardent leurs alleures naturelles : mais il s’abusent en ce disant.

Cheual qui va les ambles, Tolutarius equus.