Théorie de la propriété/Avertissement

A. Lacroix, Verboeckhover et Cie. (p. i-iii).


AVERTISSEMENT AU LECTEUR




Dans la préface placée en tête du livre de l’Art, nous avons pris l’engagement de dire au public en quel état se trouve le manuscrit de chacune des œuvres posthumes de Proudhon.

Celui que nous publions aujourd’hui contenait deux notes ainsi conçues :

I. « Avertir le lecteur de bien distinguer cette forme de posséder (la possession), que tout le monde, savants et ignorants, même des légistes, confond avec la Propriété, donnant le nom de celle-ci à l’autre. »

II. « PROPRIÉTÉ. Donner une analyse exacte et ferme de toutes mes critiques :

« 1er Mémoire (1840) ;

« 2e Mémoire (1841) ;

« 3e Mémoire (1842) ;

« Création de l’ordre (1843) ;

« Contradictions économiques (1846) ;

« Le Peuple, etc. (1848-1852) ;

« De la Justice (1858) ;

« De l’Impôt (1860) ;

« De la Propriété littéraire (1862). »


Proudhon ne voulait pas faire paraître sa Théorie de la Propriété, bien qu’elle fût prête dès 1862, ainsi qu’il l’annonçait dans ses Majorats littéraires, avant que le programme tracé dans les deux notes précédentes, et surtout dans la seconde, fût rempli. L’auteur n’ayant pas eu le temps de faire lui-même ce travail, nous avons cru, dans l’intérêt de sa mémoire, qu’il nous incombait de le suppléer. Il s’agissait principalement pour lui de montrer que ses idées sur la propriété s’étaient développées suivant une série rationnelle dont le dernier terme avait toujours son point de départ dans le terme précédent, et que sa conclusion actuelle n’a rien de contradictoire avec ses prémisses.

Ce résumé forme les soixante-deux premières pages de l’Introduction. Nous y avons pris la forme Je, comme si Proudhon parlait lui-même : 1o parce que l’idée de cette analyse lui appartient ; 2o parce que ce travail tracé d’avance ne constitue pas de notre part une production personnelle, originale ; 3o parce qu’il se compose en grande partie de citations textuelles de l’auteur ; 4o parce que nous y avons intercalé quelques-unes de ses notes inédites ; 5o enfin parce que, dans les dernières pages du chapitre, Proudhon prend la parole comme s’il avait fait lui-même ce résumé.

Le lecteur ainsi averti, nous n’avons pas hésité à citer, à l’appui des idées de l’auteur, un fait judiciaire qui s’est passé depuis sa mort, et qui a inspiré à M. Eugène Paignon un de ses meilleurs articles (voir Introduction, page 10).

Dans le reste de l’ouvrage nous n’avons fait, comme dans le livre de l’Art, que de l’agencement, de la mise en ordre ; choisissant, entre plusieurs expressions d’une même idée, la plus lucide, la plus complète ; reportant aux chapitres qu’elles concernent les notes éparses, complémentaires, explicatives, dont la place était naturellement indiquée par leur contenu.

Ajoutons enfin que les divisions par chapitres n’étaient pas faites, mais que les titres se trouvent tout entiers en forme de sommaire à la première page du manuscrit.

J. A. Langlois.   F.G. Bergmann.
G. Duchêne. F. Delhasse.