Testament de Jacques de Batencourt, 11 août 1652

Testament de Jacques de Batencourt, 11 août 1652
(Minutier central des notaires parisiens)
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Testament du XI d’aoust 1652 Jacques de Batancourt

Fut p[rése]nt M[essir]e Jacques de Batancourt prestre de soubzsigné, vicaire en l’eglise St Nicollas du Chardonnet de ceste ville, residant en la Communaulté des prestres de la[d]ite eglise size rue St Victor, gisant au lit malade de corps, sain toutefois d’esprit, memoire et entendement ainsy que de prime face[1] il est paru aux notaire soubz[sign]é, par ses parolles et maintien. Lequel considerant qu’il n’est rien de plus incertain que l’heure de la mort, de laq[ue]lle ne desirant estre surpris sans tester, mais tendis que sens et raison sont en luy et gouverne[nt] ses pensées, a voulu disposer des[ditz] peu de biens qu’il a pleu a Dieu luy prester en ce mortel monde, comme de faict il en dispose par le p[rese]nt son testament qu’il faict au nom du pere, du fils et du St Esprit, en la maniere que ensuict.

Premierement, a recommandé et recommande son ame a dieu le createur, a la glorieuse vierge Marie et a tous les sainctz et sainctes de paradis qu’il prie intercedder pour luy envers Notre Seigneur Jesus Christ, a ce qu’il luy plaise collocquer son ame au nombre des bienheureux en son paradis.

Item veult ses debtes estre payés et tors faictz, sy aucuns y a reparés et amander par son executeur cy après nommé.

Item, quand il plaira a dieu l’appeller hors de ce monde, veult son corps estre inhumé et enterré au Cimetiere de la parroisse de lad[it]e eglise et quand a son convoy [ajout en marge : il sera faict comme au plus pauvre de la parroisse] Ordonne que le jour de son enterrement, il soit dit ung service complet et six messes basses a l’hostel privilegié et ung autre service complet le lendemain de son decedz. Ne veult qu’il soit faict aucune sonnerye ny pompe, ains quil ayt le pouasle des pauvres.

Item, donne et legue a la Communaulté des prestres de la[dit]e paroisse tous et checuns ses livres et habitz a son usage qui sont dans la chambre qu’il occupe en lad[ite] communaulté.

Item, donne et legue aux pauvres honteux de ladite parroisse, la somme de trante deux livres ou environ qui sont entre les mains de Monsieur Caillot prestre de ladite communaulté.

Item veult et ordonne que tout le linge qui se trouvera dans sa chambre, a luy appartenant, soit par son executeur distribués aux pauvres honteux de ladite parroisse, a ceulx qu’il jugera en avoir plus de besoingz, excepté ses rabatz[2], manchettes et coiffes de nuict qu’il entend demeurer a ladite communaulté.

Item veult et ordonne que les deux aubes fourrées et deuz surplis qui sont dans le mesme pacquet de linge soient envoyéz après son decedz en leglise parrochialle de St Saturnyn des Autieux[3] dioceze de Rouen en Normandye, pour servir a la fabricque.

Et pour executer et accomplir le present son testament, il a esleu et eslict M[essi]re Francois Wiart prestre soubz economme de lad[it]e communaulté qu’il prye en vouloir prendre la peyne, se dessaisissant entre ses mains de ses biens, voulant qu’il en demeure saisy et soubzmect lexamen du compte de l’execution testamentaire – s’il en convenoit rendre – soubz le sel de la preveausté de Paris. Revocquant par luy, tous autres testamens et codicilles qu’il pourroit avoir faictz auparavant, cestuy auq[ue]l il s’arreste comme estant sa der[ni]ere volonté qu’il veult sortir son effect. Ce faict, daté et nomant par led[it] testateur ausdictz notaire et a luy par lequel d’iceux l’autre present leu et releu qu’il a dit bien scavoir et entendre, en une seconde chambre appellée la chambre St Charles, deppendante de lad[ite] communaulté. L’an gbic[4] cinq[uan]te deux le unziesme jour d’aoust après midy et a ledit S[ieu]r testateur signé.


J[acques] de Bathemcourt

De Sainct Jean

[Christophe] Chalon

  1. de prime face = aussitôt.
  2. rabatz : pièce d’étoffe empesée cachant l’échancrure du col de la soutane, comme une bavette.
  3. L’église Saint-Saturnin à Les Authieux-sur-le-Port-Saint-Ouen : Les Authieux était le lieu d’un relai postal, c’est-à-dire une poste à chevaux sur la voie Paris-Rouen.
  4. gbic = chiffres romains xvic = 16 fois 100 = 1600