Testament de Claude-Yves, marquis d’Alègre


TESTAMENT
de
CLAUDE-YVES, MARQUIS D’ALÈGRE
6 novembre 1664.



La ville d’Alègre est dominée au nord par une butte que surmontent les ruines du château des seigneurs de ce nom. Détruit par un incendie le 13 novembre 1698, après avoir été occupé durant plusieurs siècles par l’une des puissantes familles du pays, il n’offre aujourd’hui aux regards attristés qu’un amas de décombres d’où surgissent encore fièrement deux tours massives, reliées à une grande hauteur par des mâchicoulis en encorbellement, du plus pur gothique.

Si le manoir féodal n’est plus debout l’histoire néanmoins a conservé le souvenir de la forte race qui l’habita et s’éteignit au milieu du XVIIIe siècle avec la maréchale de Maillebois, fille du dernier marquis d’Alègre, maréchal de France.

Passionné pour l’étude du passé et tout ce qui se rapporte aux chroniques de notre pays, nous nous estimons heureux de consacrer à notre Revue un des rares documents que n’a pas consumés l’incendie de 1698 et qui concerne l’illustre maison d’Alègre. Cette pièce originale, conservée dans les archives de la famille Grellet, dont le vieux nom est intimement lié à l’histoire d’Alègre, nous a été communiquée, de la manière la plus obligeante, par son représentant actuel, direct descendant de Barthélemy, légataire nommé dans l’acte testamentaire que nous livrons à l’impression.

Claude-Yves de Tourzel, marquis d’Alègre, maréchal des camps et armées du roi, maistre de camp d’un régiment de cavalerie de son nom, etc., avait pris une part brillante à toutes les campagnes du règne de Louis XIV. Il était déjà épuisé par plusieurs blessures et par les fatigues d’une vie militaire très laborieuse, lorsqu’il testa une première fois, au mois de novembre 1661. Les plus actives recherches n’ont pu malheureusement nous faire retrouver cette pièce. Peu de temps après, une attaque de paralysie l’ayant privé de l’usage de son bras droit, et sa fille aînée étant décédée, il rédigea un second testament, ou plutôt un codicille, au château de Salezuit, le 6 novembre 1664. Nous le reproduisons en son entier.

Ce document est intéressant à tous égards. Il nous fait d’abord connaître les vastes possessions de la maison d’Alègre au XVIIe siècle, possessions qui se réunirent toutes, quelques années plus tard, sur la tête d’Emmanuel d’Alègre, père du maréchal de France, dernier représentant mâle de cette puissante race. Il nous initie ensuite à l’état de maison d’un grand seigneur à cette époque.

On voit par le testament de Claude-Yves d’Alègre que son entourage se composait de personnes choisies autant que possible dans les rangs de la petite noblesse ou de la plus haute bourgeoisie. Tels étaient le chapelain, les gentilshommes écuyers, le bailli, le capitaine du château, l’intendant, etc.[1]

Au-dessous de cet état major, qui constituait une véritable petite cour, était un personnel de nombreux domestiques, qui peuplaient la demeure aristocratique, où l’on menait la grande vie seigneuriale d’autrefois. Tels étaient les chambrières, les laquais, palefreniers et cuisiniers.

Enfin nous voyons figurer dans cette nomenclature de serviteurs attachés à la personne du seigneur, un cocher, indice du plus grand luxe, et dont le marquis devait se servir bien plus à Paris qu’à Alègre.

Ce testament mentionne, en outre, divers legs faits au profit de maisons religieuses situées en Auvergne, en Forez et en Velay.

Nous avons accompagné l’acte de dernière volonté de Claude-Yves d’Alègre de notes généalogiques, peut-être un peu longues ; mais elles nous ont paru indispensables, pour faire connaître la filiation des familles, dont les membres fréquentaient le manoir d’Alègre et nous espérons que le lecteur ne s’en plaindra pas.

A. Lascombe.



TESTAMENT de Claude-Yves marguis d’Alègre, maréchal des camps et armées du Roy, mestre de camp d’un régiment de son nom, etc.

« Personnellement estably haut et puissant seigneur Mre Claude Yves, marquis d’Alègre[2] et de Blainville, comte d’Oyssery, viscomte de Maizy, maistre de camp et maréchal de camp des armées du Roy ; lequel estant détenu de maladie dans le chasteau de Salezuit, a déclaré vouloir faire les dispositions suivantes, et après s’estre muny du signe de la Croix et recommandé son ame à l’intercession de la glorieuse Vierge et des Saincts, veut et entend que tous les legats esnoncés dans le testament par lui faict dans sa dernière maladie, au mois de novembre mil six cens soixante un, soyent acquités et payés par son héritière ci-après nommée, et qu’il y soit pleinement satisfaict.

Et comme puis led. testament sa fille aisnée est décédée, et qu’il ne luy reste que damoiselle Marie-Marguerite d’Alègre[3], sa puisnée, il a nommé et nomme sadite fille héritière universelle en tous et chacun ses biens meubles et immeubles, et a prié et requis illustre dame Louise de Flaghac, marquise douairière d’Alègre[4], sa mère, d’avoir auprès de sa personne le soin et éducation de lad. damoiselle d’Alègre, sa fille, et prie aussi le seigneur comte d’Alègre[5], son frère, qui est de présent à Paris, de vouloir prendre la charge de tutelle de lad. damoiselle sa fille, niepce dud. seigneur comte ; supliant monsieur le seneschal d’Auvergne, ou son lieutenant-général, de vouloir confirmer lad. charge de tutelle en la personne de sond. frère. Et a led. seigneur d’Alègre nommé pour ses exécuteurs testamentaires le seigneur viscomte d’Alègre[6], son frère, et le seigneur marquis d’Urfé[7], son beau-frère.

Et en adjoustant aux légats par luy faicts au susdit testament de mil six cens soixante-un, il donne et lègue au sieur d’Espalion[8], son gentilhomme, qui a soin de ses affaires à Paris, la somme de quatre cens livres, outre et au pardessus l’obligation de six cens livres à luy léguée par le susd. testament. Donne et lègue aussy au sieur de Saviniac[9], son gentilhomme, une sienne jument, poil bay, au lieu d’une jument grise qu’il lui avait donnée par le susd. testament, qui estoit de moindre valeur, et veut que la somme de trois cens livres à luy léguée par le susd. testament lui soit payée avec un habit de deuil, selon sa qualité.

Donne et lègue aussy à Mr François de Vauzelles[10], l’un de ses hommes de chambre, la somme de cent livres, outre celle de cent cinquante livres à luy léguée par le susd. testament ; à Philippe Crottes, son autre valet de chambre, la somme de cent livres, outre pareille somme de cent livres à luy cydevant léguée par le susd. testament.

Donne aussy et lègue à Claude Drousson, son cocher, la somme de soixante livres, outre pareille somme qui luy a esté léguée par le susd. testament ; comme aussy lègue à son palefrenier, qui est muet, la somme de trente livres, au pardessus celle de quarante livres à luy léguée par le susd. testament ;

Plus lègue à André Guyot, son cuisinier, la somme de quarante livres, outre celle de trente livres à luy cy-devant léguée par le susd. testament. Donne aussy et lègue à Mr Julhen Couderc, domestique[11] à madame sa mère, la somme de soixante livres, outre pareille somme de soixante livres qui luy a esté léguée par le susd. testament. Et à l’esgard des légats faicts à Claude Clerghac, au nommé la Roze et au nommé Bourguinion, ses anciens laqués, par luy nommés au susd. testament, il révoque lesdits légats comme les ayant satisfait lorqu’ils ont quitté son service.

Donne et lègue aussy aux R. P. Capucins de Langhac, la somme de trente livres, outre et au pardessus celle de six vingt livres à eux cy-devant léguée par le susd. testament.

Lègue aussy aux R. P. Capucins de Brioude la somme de cent livres, et pareille somme de cent livres aux R. P. Capucins de la ville du Puy.

Donne aussy et lègue aux dames religieuses de Sainte-Claire de la ville de Roüan (Rouen) la somme de deux cens livres ; plus aux religieuses Sainte-Claire de Montbrison[12], cent cinquante livres, et aux religieuses Sainte-Claire du Puy, la somme de soixante livres ; plus aux religieuses Sainte-Catherine de Langhac, la somme de soixante livres, et à celles de Nostre-Dame dudit Langhac, pareille somme de soixante livres.

Plus donne et lègue à Mr Guillaume Bonnefoy, bally d’Alègre, la somme de cent cinquante livres, et pareille somme de cent cinquante livres à Louise Bonnefoy, filleule aud. seigneur testateur, outre et au pardessus la somme de deux cent livres qui a esté léguée ausd. Bonnefoys[13] par le susd. testament. Plus donne et lègue au sr de la Vialeveille[14], prestre, estant de présent à Chabreuges, la somme de cent livres ; plus à Mr Barthélemy Grellet[15], pour les services particuliers rendus aud. seigneur, la somme de cent livres ; plus donne et lègue à Mr Estienne Bigot[16], son secrétaire, la somme de deux cent quarante livres ; à François Cartier, son jadis domestique, la somme de vingt livres, et au nommé Barribat, aussy son ancien domestique, la somme de dix livres. Plus à George Cornut, son laqué, la somme de quatre vingt livres ; plus au nommé Marchand, son autre laqué, pareille somme de quatre vingt livres, et à la sœur dud. Marchand, sept livres.

Plus donne et lègue à la damoiselle du Croizet (du Crozet)[17] qui sert mademoiselle sa fille, la somme de cinquante livres ; plus à la Claudette, fille de chambre de lad. damoiselle d’Alègre, la somme de trente livres ; plus aux chambrières de peine de lad. dame, sa mère, et à chacune d’elles, quinze livres et aux autres deux chambrières, nouvellement venues, et à chacune d’elles sept livres ; aux deux laqués de lad. dame, et à chacun d’eux, dix livres ; au laqué de lad. damoiselle d’Alègre, sept livres ; au sieur Ponsac, cinquante livres, à Antoine Bertrand, ancien domestique de lad. dame, la somme de quarante livres.

Tous lesquels légats veut estre acquités par lad. damoiselle d’Alègre, sa fille, héritière, et des deniers les plus liquides de sa succession.

Faict et passé dans led. chasteau de Salezuit, ès présances de Me Jean Molin, notaire royal de Salezuit, Me Pierre Duffort, Me chirurgien, et Jean Antoine Couguet[18], de la Brequeuille, paroisse de Mazerat, Antoine Sapientis, greffier aud. Salezuit, François Cartier, praticien. Jean Reyne, tailleur du bourg de la Chaumette, soubsignés, et Simon de Saignequeuf et Jean Mothe, habitants dud. Salezuit, illitérés, tous témoins à ce priés et appellés ; et led. testateur a déclaré ne pouvoir signer à cause de la paralisie survenue à son bras droict, le sixième jour du mois de novembre mil six cens soixante et quatre. »

Molin, nore. Dufort.
Sapientis. Couguet.
Cartier. Jean Reine.
Octroyé par le Roy[19].
Grellet.


NOTES

Note A.

Claude-Yves du Tourzel, marquis d’Alègre, était aussi qualifié marquis de Blainville, comte d'Oissery, vicomte de Mézy-sur-la-Mer, baron de Nouchel, Elbœuf, Croizy, Saint-Aignan etc., en Normandie, maistre de camp d’un régiment de cavalerie, maréchal de camp, chevalier des ordres du roi, gouverneur d’Auxerre. Fils aîné de Christophe, marquis d’Alègre et de Louise de Flaghac, il portait, du vivant de son père, le titre de marquis de Blainville. Cette terre et les immenses possessions qu’il avait en Normandie avaient été portées dans la famille d’Alègre par sa bisaïeule Marie d’Estouteville, épouse de Gabriel, baron d’Alègre, de Saint-Just et de Meillau, chambellan du roi, prévôt de Paris et grand bailli de Caen. Claude-Yves avait épousé Marie-Philiberte de Blanquefort de Roquefeuil, veuve en premières noces de Gaspard de Coligny, duc de Châtillon, tué au combat de Charenton en 1649 et fille de Antoine-Alexandre, marquis de Roquefeuil, baron de Blanquefort, et de Claude de Saint-Aignan ; inhumé dans sa chapelle de Saint-Yves, à Alègre, le 16 novembre 1664.

Une branche de la maison de Blanquefort de Roquefeuil est actuellement fixée au château de Védrines, canton de Blesle.

Note B.

Marie-Marguerite de Tourzel d’Alègre épousa Jean-Baptiste Colbert, marquis de Seignelay, secrétaire d’État, auquel elle apporta les terres de sa maison ; mais, n’ayant laissé qu’une fille morte sans postérité, ces possessions firent retour à Emmanuel, vicomte d’Alègre, son oncle, cinquième fils de Christophe et de Louise de Flaghac.

Note C.

Louise de Flaghac (aliàs Flageac), dame de Flaghac, Salezuit, Aubusson, Aurouse, Bosbomparent, Chabreuges, etc., mariée au commencement du XVIIe siècle avec Christophe II, marquis d’Alègre, n’avait qu’une sœur de son nom, Marguerite de Flaghac, qui épousa en premières noces Christophe, marquis d’Apchier, et en secondes noces, le 24 février 1632, Emmanuel de Crussol, duc d’Uzès, prince de Soyons, pair de France, chevalier des ordres du roi, capitaine de deux cents hommes d’armes, etc. Elles étaient héritières de leur maison et filles de Pierre, baron de Flaghac, d’Aubusson, d’Aurouse, etc., chevalier de l’ordre du roi, l’un des principaux officiers du comte de Randan à la bataille d’Issoire, et de dame Marguerite de Rostaing, dame d’honneur de la reine, veuve en premières noces de Pierre de Lévis, baron de Couzan et veuve en secondes noces de Michel-Gilbert des Serpens, baron de Gondras, chevalier de l’ordre du roi, gouverneur de Mâcon, grand maître de l’artillerie de France. Marguerite de Rostaing, baronne de Flaghac, morte et inhumée à Flaghac, en octobre 1612, avait eu de son second mariage une fille : Françoise des Serpens (aliàs d’Isserpens), mariée le 24 septembre 1606 à Hugues de Châteauneuf, comte de Rochebonne, fils du sénéchal de Rochebonne, gouverneur du Velay, chevalier de l’ordre du roi, et un fils : Philibert des Serpens, comte de Gondras, baron de Loudes, dont la fille, Suzanne, épousa en 1638 Louis-Armand II, vicomte de Polignac. D’où il résulte que Louise de Flaghac, marquise d’Alègre, était aussi sœur, par mère, de la comtesse de Rochebonne, du baron de Loudes et tante de la vicomtesse de Polignac. Louise de Flaghac fut inhumée à Alègre le 5 janvier 1671.

Note D.

Louis de Tourzel, comte d’Alègre, né à Alègre le 18 août 1616.

Note E.

Emmanuel de Tourzel, vicomte d’Alègre, vicomte de Mézy, de Couchy et du Hâvre, en Normandie, fut baptisé à Alègre le 18 août 1633 ; le parrain fut Emmanuel de Lascaris d’Urfé, marquis d’Urfé, de Bage, de Virieu et de Valromé, comte de Sommerive, des Bosques, de Saint-Just, de Rochefort et de Bussy, baron de Saint-Deydier, de la Bastie, de Julien et de Sainte-Agathe, grand bailli de Forez, gouverneur de Montbrison, beau-frère de l’enfant, et la marraine Anna d’Alègre, marquise de la Roche-Aymon-Saint-Maixant, sœur aînée de l’enfant.

Emmanuel d’Alègre ayant survécu à la marquise de Seignelay, sa nièce, dont il hérita, recueillit toutes les terres de sa maison avec le marquisat d’Alègre, acheta, en 1659, la baronnie de Cordés, mourut au château de Montaigut-sur-Champèze le 17 avril 1690, et le 22 fut inhumé dans la chapelle du château d’Alègre. Il avait épousé Marie de Rémond de Modène dont il eut Yves, marquis d’Alègre, baron de Flaghac, Salezuit, Cordès, Aubusson, Aurouse, qualifié : prince d’Orange, seigneur de Bosbomparent, la Roche-Lastic, Rouziers, Lignerolles, Montaigut-le-Blanc, Meillau, Champeix, Saint-Cirgues, Saint-Floret, Saint-Vincent, Lodines, Chabreuges etc., chevalier des ordres du roi, maréchal de France, lieutenant général en Languedoc et gouverneur du pays Messin. Le maréchal d’Alègre ne laissa que des filles.

Note F.

Emmanuel de Lascaris, marquis d’Urfé, avait épousé avant 1645 Marguerite de Tourzel d’Alègre, fille de Christophe, marquis d’Alègre, et de Louise de Flaghac.

Note G.

Hiérosme de Fraix, seigneur d’Espalion (aliàs Espaliou) et de Vermoyal, dans le mandement de la baronnie de Roche-en-Régnier, fit inscrire ses armes dans l’armorial général de d’Hozier, en vertu de l’édit de novembre 1696, et portait : « D’argent à un sautoir de gueules, au chef d’azur chargé de trois étoiles d’or. »

Il était fils de Caprais de Fraix, seigneur d’Espalion, tué au service de la France et de Marguerite Jourda de Chabanoles. Jérôme de Fraix d’Espalion épousa Suzanne de Charbonnel de Jussac. — Une autre branche (issue de Jean-François Fraix, écuyer, seigneur de Lachamps, fils de Jean Fraix, écuyer, seigneur du Bois, commune de Roche, et d’Anna Vacherol de Mons), a possédé la seigneurie de Figon et subsiste encore à Montfaucon (Haute-Loire).

Nous avons consacré, au moyen des rares documents que nous possédions alors (Tablettes historiques du Velay, années 1873-1874. T. IV, pages 314 et suiv.), une courte notice à Espalion, malencontreusement placé près de Retournac par M. Truchard du Molin, et en Rouergue par M. Huillard-Bréholles. Le château d’Espalion, dont se qualifiait seigneur Jérôme de Fraix, reposait sur une roche granitique dominant le cours de la Loire, entre Vorey et le village de Nant. Depuis sa destruction, vers la fin du XVIe siècle, il n’est signalé dans les actes et connu des habitants du pays que sous la dénomination de Fort, ce qui explique et atténue en partie l’erreur de ces deux écrivains distingués. On ignore l’époque à laquelle il fut construit : mais il dépendait de la baronnie de Roche-en-Regnier, et, à l’aide de pièces tirées de l’Inventaire des titres de la maison ducale de Bourbon par Huillard-Breholles et dont nous allons donner l’analyse, il nous a été permis de combler quelques lacunes de l’histoire de ce mince castel.

« Le 21 février 1468, Jean de Lévis, chevalier, comte de Villars, seigneur de Roche-en-Regnier, nomme des procureurs pour payer à Jeanne de Chalancon, veuve d’Antoine de Lévis, son père, les sommes qu’elle réclame sur la succession dudit Antoine, et pour lui donner hypothèque, en cas de besoin, sur les terres de Roche, d’Artias, de Malivernas, de Retournac et d’Espalion. » « Le 19 mars suivant, le procureur de Jean de Lévis, pour mettre un terme aux réclamations de Jeanne de Chalancon, lui assigne, en outre, une rente de 406 livres à asseoir sur les propriétés sus indiquées. »

Aux termes d’une transaction survenue le 11 juillet 1474 entre Jean, duc de Bourbonnais, et Jeanne de Chalancon, cette dernière se désiste de tous les droits qu’elle prétendait lui appartenir à raison de son douaire sur les immeubles précités, à la condition d’en garder l’usufruit, sa vie durant, et de toucher 7.000 livres tournois, à titre d’indemnité.

Jean, duc de Bourbonnais et d’Auvergne, se trouvant personnellement au château de Roche-en-Regnier, les 11 et 12 juillet 1474, fait prendre possession en son nom, par deux commissaires délégués, des châteaux d’Espalion, d’Artias et de Retournac, dépendant de la baronnie de Roche-en-Regnier.

Une transaction intervient entre Antoine de Lévis et Jean, duc de Bourbonnais et d’Auvergne, par laquelle le premier s’engage a ratifier la vente qu’il avait jadis faite au duc, du comté de Villars, des terres d’Annonay, Roche-en-Regnier, Espalion, etc., pour le prix de 32 mille écus d’or et le second à abandonner audit Antoine, sa vie durant, l’usufruit et le revenu de diverses propriétés (19 mai 1475).

Guiot Daurel, receveur du duc de Bourbonnais et d’Auvergne, rend compte de la recette, pour l’année finissant à la Saint-Jean-Baptiste 1476, des terres de Roche-en-Regnier, Artias, Retournac, Espalion et Malivernas (12 septembre 1476).

Jean, duc de Bourbonnais et d’Auvergne, donne à Mathieu de Bourbon, son fils naturel, pour lui et ses hoirs mâles, la châtellenie de Roche-en-Regnier, avec les lieux d’Artias, Espalion, etc., ainsi que les droits sur lesdits lieux au moyen de l’acquisition par lui faite d’Antoine de Lévis, seigneur d’Ons, sous diverses réserves (octobre 1486).

Antoine de Thelis, seigneur de l’Espinasse, ayant charge et commission du duc de Bourbon, prend possession du château d’Espalion, inventorie les armes, meubles et vivres qui s’y trouvent et y institue un capitaine et des officiers de justice (janvier 1488).

« Le procureur de Mathieu, grand bâtard de Bourbon, seigneur de Roche-en-Regnier et autres lieux, offre à Geoffroi de Pompadour, évêque du Puy, séjournant à Lyon, de lui faire hommage pour les terres et seigneuries de Roche, Espalion, etc., en le prévenant que les officiers du roi en Dauphiné prétendent que cet hommage est dû au roi à cause de son comté de Valentinois et qu’ils ont même fait ajourner ledit grand bâtard au parlement de Grenoble. L’évêque ne pouvant recevoir l’hommage en ce moment, donne acte de l’offre qui lui est faite et promet de faire à Grenoble les diligences nécessaires pour garantir son fief (19 mars 1490). »

« Le 22 décembre 1582, Antoine du Fornel, lieutenant général au bailliage de Forez, se rendit à Roche où, en sa présence, noble Jean Torilhon, procureur de François de Bourbon, duc de Montpensier, tenant par la main Paul Magnin, procureur de Gilbert de Lévis, comte de Ventadour, lui fit la tradition corporelle et symbolique de la seigneurie par la remise des clefs, l’ouverture de la grande porte du château et de celle de la chapelle, devant les habitants assemblés et nobles Benjamin de Saint-Vidal, bailli de Roche, et Antoine de Saint-Vidal, capitaine d’Espalion. Les deux jours suivants, les mêmes rites furent observés pour la prise de possession successive des mandements d’Artias, de Retournac et d’Espalion. » (Baronnies du Velay, Roche-en-Regnier, par Truchard du Molin, pages 116 et 117).

Au nombre des garnisons établies par le roi au pays de Velay en décembre 1590 figure celle d’Espalion. Elle comptait quinze arquebusiers à pied et avait à sa tête Benjamin de Saint-Vidal, sieur d’Orcerolles et bailli de Roche-en-Regnier, qui était venu y chercher un refuge après la prise de Roche par M. de Hautvillar. Le sieur de Chabanolles l’occupa à son tour pour la Ligue pendant quelques mois de l’année suivante ; mais comme sans doute la défense de cette forteresse nécessitait l’emploi de plusieurs hommes d’armes, que sa position stratégique offrait peu d’importance et qu’il eût été néanmoins dangereux de la laisser retomber aux mains de l’ennemi, on résolut de la démolir, et le sieur de Chabanolles, chargé d’accomplir cette œuvre, reçut à cet effet une somme de cent livres qui lui fut allouée par Jacques Dulac, commis pour la Ligue le 17 octobre 1591. (Voir les Mémoires de Jean Burel, pages 248, 252 et 269).

Le Répertoire des hommages de l’évêché du Puy mentionne un échange fait en 1668 entre le marquis de Nérestang, seigneur de Roche-en-Regnier, et noble Jérôme Fraix, sieur d’Espalion. Plus tard, un de Fraix ayant pris le titre de seigneur d’Espalion, cette qualification donne lieu à un incident ainsi rapporté par M. l’abbé Payrard dans le journal la Haute-Loire du 26 août 1869 :

Guy ou Guignes, seigneur de Roche-en-Regnier, le 9 mars 1310, transigeait avec les habitants de Roche et leur accordait le droit de lignerer (prendre du bois) dans une partie de la forêt de Mione, moyennant certaines redevances. Au mois de mars 1723, quelques hommes d’Artias s’étant permis de couper des arbres dans cette forêt, au détriment des habitants de Roche, des coups sont donnés et reçus et la justice locale est saisie de plusieurs poursuites au criminel. Le 21 octobre suivant on décide que des limites seront plantées, que deux experts constateront les dégâts et la paix est faite. Elle ne devait pas durer, car les limites ne furent point plantées et un long procès s’ensuivit.

En mars 1732, nouvelles déprédations de la part des habitants d’Artias qui prétendaient avoir toujours eu le privilège de couper du bois dans la forêt entière de Mione.

Devenu acquéreur de la seigneurie de Roche le 24 juillet 1730, messire Jean Jourda de Vaux informa secrètement la Cour qui fit emprisonner les délinquants. Le procès entre les communautés de Roche et d’Artias reprit de plus belle ; mais les habitants de Roche exhibèrent leurs titres, et leurs adversaires furent déboutés de leur demande. De nombreux incidents vinrent se greffer sur cette instance. Le sieur de Fraix, dont les bestiaux avaient dévasté les bois naissants de la baronnie de Roche, apposa sur une requête relative à ce litige le titre de seigneur d’Espalion à côté de son nom. De là nouveau procès entre lui et Jean Jourda de Vaux qui, dans un factum, demande que les mots seigneur d’Espalion « insérez dans la requête du 27 mai 1737, soient rayés par le greffier de la cour, avec déffense au sieur de Fraix d’Espalion, de prendre à l’avenir la qualité de seigneur d’Espalion. » Le baron de Roche base sa demande sur ce qu’il est possesseur du château d’Espalion.

« On ne sait pourquoi, dit-il, le sieur de Fraix a affecté de prendre la qualité de seigneur d’Espalion dans les actes qu’il a signés… On lui laisse porter le nom d’Espalion, on se fait même un plaisir de le lui donner, mais souffrir qu’il prît la qualité de seigneur, ce serait donner atteinte à la seigneurie acquise à l’exposant. »

Le château d’Espalion est aujourd’hui entièrement ruiné. Il est regrettable que le sieur de Chabanolles, chargé de le démolir, ait accompli sa mission avec tant de rigueur, car c’est à peine si le manteau de verdure qui les dérobe aux regards laisse apercevoir à l’archéologue la trace de ses vieux murs.

Note H.

César de Savignac, seigneur de Perpezat, cornette de cavalerie, épousa le 8 février 1651 Suzanne Ranvier, d’une ancienne famille de la ville d’Ardes, dont la tige a formé les seigneurs du Bladre et du Cendre, en Auvergne, les seigneurs de Bellegarde en Forez et s’est éteinte par deux frères guillotinés à Lyon pendant la Terreur. La maison de Savignac, connue en Auvergne depuis Jean de Savignac, écuyer, seigneur de Florat, Sausson et Feschal, résidant en la ville d’Ardes, marié le 21 avril 1509 à Catherine de Véze, portait : « D’argent au chevron de gueules accompagné de trois trèfles de sable. »

Les armes des Ranvier de Bellegarde sont : « D’azur au croissant d’argent surmonté d’une étoile de même ; » et pour devise : Cil que Dieu garde est de belle garde.

Note I.

François de Vauzelles appartenait à une famille de très ancienne bourgeoisie, qui tirait son nom du village de Vauzelles, commune de Jozat, et qui était divisée en deux branches dès le milieu du XVIe siècle. Étienne de Vauzelles, bourgeois de Jozat, vivait de 1520 à 1560. Il laissa : 1o Jacques, qualifié : Honorable homme lieutenant général de La Chaise-Dieu en 1554, dont la succession s’était partagée avant 1580 entre ses frères et ses sœurs ; 2o Catherine, mariée avant 1580 à Martial de Bressolettes ; 3o Claude, prêtre, qualifié en 1580 : Vénérable personne, prieur de Murs ; 4o Jean, notaire et châtelain de Murs, en 1580, qui laissa Étienne, d’où : Jean, qui laissa : François de Vauzelles, bourgeois de la ville d’Alègre, marié à Dauphine Robert, d’où : Jean, né le 19 mars 1667, lieutenant de Chassagnes, marié le 6 mai 1697 à Benoite Couderc, fille de Julien, bourgeois d’Alègre et de Anne-Marie Boutaud du Pinet du Bouchet, d’où : Robert de Vauzelles, né le 13 juin 1707, décédé le 12 février 1741.

La seconde branche, issue de Mathieu de Vauzelles résidant à Vauzelles, commune de Jozat, en 1550, décédé avant 1576, a formé de nombreux rameaux dont l’un est honorablement représenté à Saint-Germain-l’Herm (Puy-de-Dôme). Vital de Vauzelles, fils de Mathieu, était qualifié clerc en 1576 et fut l’auteur de François du Vauzelles, chambellan du Mgr le marquis d’Alègre et marié avec Jacquette Chaminat, d’où : 1o Louise, née le 3 juin 1653 : 2o Louis, né le 21 juillet 1654 ; 3o Vital, né le 17 avril 1657, qui, tous trois, eurent pour parrains et marraines divers personnages de l’illustre maison d’Alègre.

Note J.

Julien Couderc est qualifié bourgeois d’Alègre, intendant de la maison d’Alègre en 1672. Cette charge était importante, si l’on considère les immenses possessions qui constituaient le patrimoine des marquis d’Alègre et des anciens barons de Flaghac, lesquelles s’échelonnaient depuis Cordés, Orcival, Saint-Cirgues et Meilhau, le long de l’Allier jusqu’à Langeac, et se prolongeaient de là, par Aurouze, Aubusson, Alègre, Saint-Just, Chomelix, Viverols et Cuzieu, jusqu’aux portes de la ville de Montbrison-en-Forez, presque sans autre enclave que la baronnie de Craponne, qui appartenait aux Polignac.

Julien Couderc, né à Alègre le 9 janvier 1633, était fils de Mre Antoine Couderc et de Marguerite Rivier ; il avait épousé, avant 1676, Anna Boutaud du Pinet du Bouchet, fille de Pierre Boutaud du Pinet, écuyer, seigneur du Bouchet et de la Besserolle, et d’Antoinelle de Bouschut d’Apcheix. Benoit Couderc, son cousin germain, lieutenant de Murs, puis lieutenant général du marquisat d’Alègre, fut la tige des seigneurs du Chaufour, qui s’éteignirent à Alègre au commencement de ce siècle. Cette famille est connue depuis Claude et Pierre du Couderc, prêtres de Monlet, en 1514.

Note K.

La seigneurie de Cuzieu et les grands biens que le marquis d’Alègre possédait dans la mouvance de Montbrison lui venaient de la maison de Robertet qui donna à cette ville, au XVIe siècle, plusieurs personnages très marquants. L’on voit encore dans la cathédrale de Montbrison la chapelle des Robertet où sont plusieurs fois sculptées leurs armes : « D’azur à la bande, d’or chargé d’un demi-vol de sable, accompagnée de trois étoiles d’or deux et une. »

Jean Robertet, notaire à Montbrison, rendit hommage au comte de Forez, en 1406, des cens et rentes nobles de Boisset, qu’il avait acquises de Jean de Laniac, chevalier. Florimond Robertet, seigneur de la Guierche, chevalier, trésorier de France, vivait en 1505. François Robertet, chevalier, seigneur de la Mothe-Jolivet et autres places, auditeur des comptes de la duchesse de Bourbon, vivait en 1516. Un autre Robertet fut archevêque de Vienne. Du mariage de François Robertet et de Jacquette Hurault de Cheverny, des marquis de Vibraye naquit Françoise de Robertet, dame de Brou, de la Guierche, de Villenomble, de Chieux, de Noisy-le-Sec, de Vaux-Apény, de Saint-Liesme-lès-Melun, etc., dame d’honneur de la reine Catherine de Médicis et femme de Tristan de Rostaing, baron de Brou, seigneur de Vaux, d’Archieu, chevalier des ordres du roi, conseiller d’État, capitaine de cinquante hommes d’armes ; d’où Marguerite de Rostaing, mariée à Pierre, baron de Flaghac et aïeule maternelle de Claude-Yves, marquis d’Alègre.

Note L.

La famille Bonnefoy parait être de la plus ancienne bourgeoisie de la ville de la Chaise-Dieu.

Barthélemy Bonnefoy, docteur en médecine, vivait en 1565. À cette époque, le titre de docteur en médecine était fort rare et emportait certains privilèges de noblesse. Pierre Bonnefoy était, en 1561, l’un des quatre notaires royaux de la Chaise-Dieu et, en 1576, lieutenant général de la baronnie de Clavelier. Il avait épousé Françoise Paulze et laissa Jean, notaire royal, qui épousa Antoinette du Bourg. Dom Jean Bonnefoy, religieux bénédictin dans le couvent de la Chaise-Dieu, n’étant encore que frère novice en 1603, sculpta pour l’église de l’abbaye, le christ, justement admiré qui surmonte le jubé. Sur le pied de la croix sont peintes les armes des Bonnefoy : « D’azur à une foy d’or, tenant un cœur de gueules, accompagnée d’une étoile d’or en chef et d’un croissant de même en pointe. » Ils avaient pris pour devise : Ad firmandum cor sincerum bonafides sufficit, et devinrent, par la suite, seigneurs de la Vernède.

Guillaume Bonnefoy, docteur en droit, avocat en la sénéchaussée d’Auvergne, en 1638, devint bailli d’Alègre ; sa sœur, Anne Bonnefoy, avait déjà épousé Pons Grellet, consul de cette ville. Le 21 janvier 1670 il institua diverses rentes à Feneyrollês, commune de Cistrières, qui furent recueillies par sa fille : Louise Bonnefoy, filleule de Claude-Yves marquis d’Alègre, laquelle épousa Joseph de la Salle, écuyer, seigneur de Vals-le-Chastel, fils de Gabriel et de Anne de Vichy.

Il existe, dans la partie nord du collatéral de gauche de la cathédrale du Puy un ex voto où sont peints six consuls, en robe rouge, agenouillés, rendant un vœu. La toile porte à sa partie inférieure le nom et les armes de chaque consul. L’un d’eux est un Bonnefoy et ses armes sont : « D’azur à une fasce d’or accompagnée en chef de deux étoiles et en pointe d’une foi d’or ou d’argent. » Il est probable que les Bonnefoy du Puy et ceux de la Chaise-Dieu avaient une commune origine.

Note M.

Messire François de la Viallevieille, prêtre et chapelain du marquis d’Alègre, était le frère de Jean de la Viallevieille, écuyer, capitaine du château d’Alègre, qui de son mariage avec Jacquette Boutaud du Pinel laissa : 1o Vidal, né en 1661 ; 2o Marie de la Viallevieille, mariée le 28 janvier 1689 avec Claude Grellet, fils de Jean sieur de Chabannes et de Marie Rochette ; 3o Françoise, née en 1668, que l’on croit avoir été la dernière de son nom. Cette ancienne famille avait pour berceau le village de la Viallevieille, commune de Varennes-Saint-Honorat, et possédait, avant le XVe siècle, les fiefs de Chabannes et de Champforestier. On trouve, en 1428, André de la Viallevieille, prieur de Varennes-Saint-Honorat. Pierre de la Viallevieille de Champforestier, prêtre de l’église de Monlet en 1418, était alors âgé de 57 ans. Anne de la Viallevieille, dame de Chabannes, épousa avant 1485 Robert Grellet, docteur ès lois, fils de Pons, bourgeois de la ville d’Alègre, et de Isabeau d’Artasse ; elle lui apporta le domaine de Chabannes qui, depuis, s’est transmis dans cette famille, jusqu’à nos jours, pendant douze générations.

Note N.

Barthélemy Grellet, né à Alégre le 16 décembre 1628, fils de Claude Grellet, sieur du Bessioux, lieutenant général du marquisat, et de Claire des Filhes. — Il fut, après son père, seigneur de Chardas, coseigneur de Chambarel et figura comme premier consul d’Alègre en 1667. (V. Tablettes du Velay, t. VII, pp. 272 et 274). Il épousa, le 2 septembre 1646, Jeanne de Chardon, fille de Benoît et de Jeanne de Langlade. Il eut six enfants de ce mariage et douze enfants du second mariage qu’il contracta avec Marguerite Bigot, dame de la seigneurie de Liouzargues, paroisse de Roffiac, élection de Saint-Flour. Il rendit hommage pour Liouzargues en 1684 (V. Noms féodaux, t. II, p. 227.)

Des dix-huit branches formées par la nombreuse postérité de Barlhélemy Grellet, une seule existe encore à Alègre. Elle est issue du fils aîné de son premier mariage avec Jeanne de Chardon, dont le contrat fut passé par-devant Monatte, notaire royal, en la maison dudit sieur de Chardon, « ès présences de vénérables et religieuses personnes dom Guillaume de Chamarroux, dom Jean Bonnefoy, dom Jean de Chardon, dom Claude Grellet, religieux de La Chaise-Dieu ; vénérables personnes messires Jean de Langlade, docteur en théologie, prieur de Molaison de Sainte-Colombe, Anthoine de Langlade, docteur en théologie, chanoine de Saugues, Pierre Grellet, chanoine de Saint-Julien de Brioude, Claude Combres, curé d’Allègre, Anthoine Pontès, curé de Céaux, et honorables hommes Nicolas Moïlon (capitaine du château d’Alègre), Durand Mozac, bourgeois d’Alègre (seigneur de Beaurecueil et intendant des gabelles à Issoire) ; Jacques Belletier, procureur d’office de La Chaise-Dieu, noble Guillaume de l’Escure, Sr du Cros, noble Charles de la Chassagne, Sr du Creyssadour, noble André Poble, Sr de Pinet, noble Pierre Mozac, Sr de Mondasse, Sr Claude Chardon, Sr de Varennes, Mes Pons Raynaud et Raymond de Fretat, de Chomelix et Mes Jean Grellet de Chateauneuf et Pierre Grellet des Crozes, soubsignés, et autres parents et amis le second jour du mois de septembre l’an mil six cents quarante six après midy. »

Barthélemy Grellet testa le 8 janvier 1682 et désigna sa sépulture dans l’église d’Alègre, en sa chapelle de saint Claude, au tombeau de ses aïeux.

Note O.

Estienne Bigot appartenait à une ancienne famille de la ville de Saint-Flour. Il est probable qu’il était devenu secrétaire des commandements du marquis d’Alègre sur la recommandation de « vénérable personne messire Jacques Bigot, Sr de la Prade, docteur en théologie, prieur de Jozat » en 1668, et de Barthélemy Grellet, mari de Marguerite Bigot, dame de Liouzargues, probablement ses oncles. Isaac Bigot, bourgeois de Saint-Flour, épousa en premières noces Françoise Coutel, dame de Sainte-Marie, et en secondes noces Marie Chauliaguet, dame de Marsales ; fiefs pour lesquels il rendit hommage en 1609. Il fit inscrire ses armoiries dans l’armorial général de d’Hozier et portait : « D’argent à une foi de gueules. » Il fut, en 1670 et 1671, parrain à Alègre de Jean et d’Isaac Grellet, ses neveux. François Bigot, garde du roi fut, en 1677, parrain de François Grellet. Autre François Bigot, seigneur de Vernerolles, près Saint-Flour, fut, en 1679, le parrain d’Isabeau Grellet ; il fit inscrire ses armoiries en même temps qu’Isaac Bigot et brisait : « De sable à une fasce dentelée d’or. » (Voy. Armorial général, de d’Hozier, et Noms féodaux, par Betencourt t. I, pp. 112).

Note P.

Anne-Marie du Crozet, qui remplissait auprès de Marie-Marguerite d’Alègre, fille du testateur, l’office de dame d’honneur ou de dame de compagnie, ne doit pas être confondue avec la vulgaire domesticité. C’est ici le lieu de citer ce vers de La Fontaine :

Tout petit prince a des ambassadeurs,
Tout marquis veut avoir des pages ;

et l’on a pu remarquer, par les notes qui précèdent, que les seigneurs d’Alègre ne choisissaient pour officiers de leur maison, comme intermédiaires entre eux et les simples valets, que des personnes de bonne et ancienne race. Sans doute, en ce faisant, ils se rehaussaient d’autant plus, mais ils songeaient aussi à récompenser dans des familles, parfois nombreuses et peu fortunées, des fidélités plusieurs fois séculaires.

Anne-Marie du Crozet était fille de Louis du Crozet, écuyer, seigneur de Rognac, marié le 4 juin 1633 à Madeleine du Pont et sœur de Louis, écuyer, seigneur de Rouquerolles et de Longevialle, marié : 1o à Marie Paparin de Longevialle ; 2o à Claudette Rivier, fille de Claude, chirurgien d’Alègre et de demoiselle Marie Brohé. Elle était petite-fille de Louis, seigneur de Val, marié en 1593 à Louise Huningue, et arrière-petite-fille de Pierre, seigneur de Cumignat et de Javaugues et de Jacqueline de Ligonnès, sa première femme. Du second mariage de Pierre avec Anne de Saint-Priest, le 9 novembre 1593, naquit Jacques du Crozet, seigneur d’Estivareilles et coseigneur du Javaugues, qui épousa, le 26 mai 1609, Louise d’Artasse, d’où Claude, seigneur de Bonnefont, coseigneur de Javaugues, marié le 8 février 1654 à Anne de Chardon, fille de Benoit et de Jeanne de Langlade. Il laissèrent Jacques, seigneur de Fioussat, dont on ne connaît pas la descendance. Quant à la branche de Rouquerolles elle a fini à Alègre par le mariage, en 1774, de Françoise du Crozet avec Jean-François de Rochemure, écuyer, seigneur du Croiset et de Jorat, commune de Jullianges. Mais la branche aînée de cette ancienne famille, qui avait fait ses preuves, dès 1491, pour l’admission au chapitre de Brioude, existe encore en la personne de M. le marquis du Crozet de Cumignat.

Note Q.

Cette honorable famille existe encore à la Grange, commune de Mazérat-Crispinhac.

Note R.

Ces mots et la signature sont de la main de Jean Grellet, Sr de Chabannes, contrôleur des actes du marquisat d’Alègre, fils de Pierre et de Marguerite de Crottes. (Voy. Tablettes du Velay, t. VII, page 258.)




  1. On trouve à Alègre, à la même époque, le receveur général du marquisat, le capitaine des gardes et le capitaine des chasses du marquisat. Leur autorité s’étendait aussi sur les terres de Flageac, Salezuit, Chabreuges, etc.
  2. Voir à la fin du testament la note A.
  3. V. note B.
  4. Voir à la fin du testament la note C.
  5. V. note D.
  6. V. note E.
  7. V. note F.
  8. V. note G.
  9. V. note H.
  10. V. note I.
  11. Voir à la fin du testament la note J.
  12. V. note K.
  13. V. note L.
  14. V. note M.
  15. Voir à la fin du testament la note N.
  16. V. note O.
  17. V. note P.
  18. V. note Q.
  19. Voir la note R.