Tablettes d’un mobile/25
UN CONCERT.
Montmorency, avril 1871.
u loin le canon gronde à coups précipités.
À ces grosses voix furieuses
Se mêlent fréquemment, par le vent apportés,
Les grincements des mitrailleuses.
On se bat à Paris, Français contre Français.
Ici sur la place, par bandes,
Les Prussiens, roses, gras, digèrent leur succès
Et jouent des valses allemandes.
Le rhythme sautillant de ces airs favoris
Qu’on chante là-bas, aux kermesses,
Semble les flageolets accompagnant les cris
De nos canons, les grosses caisses.
Oh ! l’affreuse douleur que mon âme ressent,
Je n’essaierai pas de la dire :
Pour pouvoir l’apaiser il me faudrait du sang,
Et des larmes pour la décrire.