REFRAIN PRUSSIEN.

Janvier 1871.



Huit heures ont sonné. Le major sort de table,
Et je viens d’avaler mes derniers saucissons.
Aux pièces ! Bombardons cette ville imprenable :

Bombardons, bombardons !


Par ce froid glacial s’endormant à leur aise,
Les Parisiens ont chaud dessous leurs édredons ;
Réveillons-les avec nos bons boulets de seize :

Bombardons, bombardons !


La nuit, les chats sont gris, comme l’on dit en France,
Et tous les hôpitaux ne sont que des maisons ;
On ne saurait vraiment faire de différence :

Bombardons, bombardons !


Voilà bientôt cinq mois que je n’ai bu de bière !
Quand donc vous reverrai-je, ô grands champs de houblons,
Ô bons jambons fumés, et choucroute légère ?

Bombardons, bombardons !


Frantz, tu sais que Gretchen m’a dit dans une lettre
Qu’il faut un bracelet pour orner ses bras ronds ?
Je le lui donnerai, si Dieu veut le permettre…

Bombardons, Bombardons !