Tableau historique et pittoresque de Paris/Noviciat des Jésuites

NOVICIAT DES JÉSUITES.


La maison qui servoit de noviciat aux jésuites étoit située dans la rue Pot-de-Fer. Avant l’édit donné en 1603 pour leur rétablissement, ils n’a voient eu que deux maisons à Paris, le collége et la maison professe. Cette circonstance leur parut favorable pour se procurer un troisième établissement, destiné à éprouver et à former ceux qui aspiroient à entrer dans leur société. Ils en obtinrent la permission du roi en 1610 ; mais leur projet ne put être exécuté qu’en 1612, époque à laquelle madame de Beuve leur transporta définitivement la propriété de l’hôtel de Mézière, qu’elle avoit acheté deux ans auparavant à leur intention. Les jésuites firent successivement l’acquisition de plusieurs maisons voisines, en sorte que leur terrain se trouvoit renfermé entre les rues Pot-de-Fer, Mézière, Cassette et Honoré-Chevalier. À l’extrémité du jardin de l’hôtel Mézière existoit alors une petite maison : ce fut sur son emplacement que M. François Sublet des Noyers, secrétaire d’état, fit construire à ses dépens l’église de cette communauté. La première pierre en fut posée par Henri de Bourbon, abbé de Saint-Germain ; commencée en 1630, elle fut achevée en 1642, et bénite par l’évêque de Boulogne sous l’invocation de saint François-Xavier.

Cette église, élevée sur les dessins et sous la conduite de frère Martel-Ange, passoit autrefois pour une des constructions de ce genre les plus régulières de Paris. L’intérieur étoit décoré de pilastres doriques, à l’aplomb desquels s’élevoient des arcs-doubleaux enrichis d’ornements d’architecture. Le portail, construit dans la forme pyramidale, offroit deux ordres de pilastres dorique et ionique l’un sur l’autre, avec les ressauts et les enroulements adoptés à cette époque : cependant on peut remarquer que les lignes étoient ici moins tourmentées que dans la plupart des décorations du même genre[1].


CURIOSITÉS DE L’ÉGLISE.


tableaux.

Sur le maître-autel, richement décoré par Jules-Hardouin Mansard, sous la conduite de Robert de Cotte, saint François-Xavier ressuscitant un mort au Japon ; par Le Poussin[2].

Dans les chapelles des croisées, la Vierge ; par Simon Vouet.

Jésus-Christ prêchant ; par Stella.

sculptures.

Un très beau Christ ; par Sarrazin.

sépultures.

Dans cette église avoit été inhumé M. Sublet des Noyers, son fondateur, mort en 1645.


  1. Voyez pl. 188. L’église n’existe plus : la maison avoit été détruite avant la révolution.
  2. Ce précieux tableau est dans la collection du Musée.