Tableau du royaume de Caboul et de ses dépendances dans la Perse, la Tartarie et l’Inde/Tome 3/Grandes fêtes


GRANDES FÊTES.

Quoique les Caufirs n’aient pas de jours reglés pour leurs sacrifices, et offrent des victimes quand ils le jugent convenable, ils ont de certaines fêtes fixées. Dans l’une ils se jettent des cendres à la tête les uns des autres, et cette cérémonie rappelle le hauli des Indous et des Marattes.

Les fêtes sont souvent accompagnées d’un sacrifice, et toujours d’un festin.

À l’une de ces fêtes, une multitude d’enfans portent des torches de pin allumées devant une idole, et en font un vaste bûcher.

Dans une autre, les femmes se cachent au milieu du village, et les hommes vont les chercher. Dès qu’elles sont découvertes, elles se défendent à coups de baguettes, mais elles succombent bientôt dans cette lutte inégale.

Quand une femme est accouchée, elle est conduite avec son enfant dans une maison hors du village ; ils y restent vingt-quatre jours, pendant lesquels la mère est réputée impure. Il y a aussi une autre maison où les femmes vont se retirer à certaines époques où elles ne sont pas moins impures aux yeux des Caufirs.

Les vingt-quatre jours expirés, la mère et l’enfant prennent un bain, et on les ramène dans le village au milieu des chants et des danses.

Pour nommer l’enfant, on le place sur le sein de sa mère, et l’on prononce successivement le nom de tous ses aïeux ; on s’arrête dès qu’il se met à téter, et il reçoit le nom qui a été prononcé le dernier.

L’âge du mariage est de vingt à trente ans pour les hommes et de quinze à seize pour les filles.

Quand les accords sont faits, le futur envoie à sa prétendue quelques beaux habits d’étoffe de coton avec des ornemens à la mode du pays. Il envoie aussi au père et aux parens de la mariée tout ce qu’il faut pour donner un repas qui a lieu le même soir. Le lendemain, il va voir son épouse, qui a eu soin de se parer des cadeaux qu’elle a reçus. Le père donne de plus à sa fille un mouchoir de soie et d’autres objets de toilette ; il fait don à son gendre d’une vache, et quelquefois d’un esclave.

La jeune fille se charge alors d’une corbeille contenant des fruits et des noix, confits avec du miel, et prend aussi une coupe d’argent, si la famille est assez riche pour lui faire ce cadeau ; elle est conduite à la maison de son époux par tout le village, qui exécute des chants et des danses.

Quelques jours après, le père reçoit le prix de sa fille, qui consiste en une vingtaine de vaches. Les prêtres n’ont aucune part à la cérémonie.

Ce sont les femmes qui sont chargées de tous les soins du ménage ; on assure même qu’elles travaillent au labourage des terres.

Chez les Caufirs la polygamie est permise, mais les femmes ne sont point enfermées ; les mœurs sont si pures, qu’on prétend que les peines contre l’adultère ne sont jamais appliquées.

Outre leurs femmes, les riches habitans ont des filles esclaves.

Les esclaves mâles ne sont jamais mahométans, car les Caufirs ne font point de prisonniers de cette religion. Quelques-uns proviennent des tribus sur lesquelles ils les ont conquis pendant la guerre, ou à qui ils les ont volés en temps de paix. La plupart sont de leur tribu même ; les hommes puissans ne se faisant point de scrupule de s’emparer des enfans des paurres, pour les réduire en servitude, ou pour les vendre aux musulmans. Un malheureux orphelin ne sauroit éviter la servitude. Au reste, ces esclaves ne sont point maltraités.


    animaux inutiles, mais que c’est même une action agréable à Dieu et une œuvre méritoire, parce que ces méchantes créatures ont été produites par le mauvais principe, etc. »

    (Note du Trad.)