CHAPITRE CCCXXVII.

La Paroisse Saint-Sulpice.


Je suis dans une bonne veine, j’ai trouvé un filon heureux que je veux suivre. Je ne peins les vices & le malheur, que parce que la peinture en peut devenir le remede devant des hommes que je ne crois pas absolument dépravés, mais inattentifs, distraits, ou trop livrés à leurs plaisirs. On ne sauroit donner trop d’éloges à l’ordre établi sur la paroisse Saint-Sulpice, pour le soulagement des pauvres. Outre les aumônes pour les layettes, les mois de nourrices, les écoles gratuites, les apprentissages, les habillemens, on a trouvé le moyen de procurer du travail à ceux qui sont en état de travailler, & d’apprendre des métiers à ceux qui n’en savoient point.

C’est un bel exemple proposé aux autres paroisses de cette grande Capitale : car il ne suffit pas de supprimer la mendicité ; il faut y substituer le travail. Rien de plus intéressant que ce qu’on voit s’exécuter journellement sur cette paroisse. Si ces fondations utiles pouvoient se multiplier, On tariroit avec le tems les larmes de tous les infortunés ; on les arracheroit à ce cruel abandon où la plupart sont réduits, & à la nécessité où plusieurs se trouvent de s’avilir par des bassesses, toujours voisines des crimes.

Ces établissemens n’ont point les vices physiques des hôpitaux ; & par une charité beaucoup mieux entendue, ils préviennent le désespoir du pauvre, l’oisiveté de l’enfance, les infirmités de la vieillesse.

Nous osons offrir ce bel ordre d’administration, comme le plus propre à servir l’humanité sans la dégrader, à la conduire sans la révolter, & à la diriger avec douceur vers l’honnêteté, la droiture & le travail. Le culte religieux devient souverainement respectable, quand le lieu où l’on invoque l’Éternel est le refuge des indigens, l’asyle des foibles & la retraite des infirmes, & devient pour tous un temple hospitalier.