CHAPITRE CLXXXVIII.

L’Isle Saint-Louis.


Cette isle étoit autrefois partagée en deux par un petit bras de la riviere. On a joint les deux isles. C’est un quartier qui semble avoir échappé à la grande corruption de la ville ; elle n’y a point encore pénétré. Aucune fille de mauvaise vie n’y trouve un domicile : dès qu’on la connoît, on la pousse, on la renvoie plus loin. Les bourgeois se surveillent ; les mœurs des particuliers y sont connues : toute fille qui commet une faute, devient l’objet de la censure, & ne se mariera jamais dans le quartier. Rien ne représente mieux une ville de province du troisieme ordre, que le quartier de l’Isle. On a fort bien dit :

L’habitant du Marais est étranger dans l’Isle.

On entre dans cette isle par trois ponts. Le Pont-Marie, qui y communique, portoit cinquante maisons uniformes & profondes de quatre toises. Un débordement de la Seine (je le répete) emporta, le premier mars 1658, deux arches & vingt-deux maisons. Avis renouvellé aux maisons placées sur des ponts, & que les inondations ont encore épargnées.