CHAPITRE CLIV.

États indéfinissables.


Il y a dans Paris une foule d’états indéfinissables, qui ne tiennent ni à la bourgeoisie, ni à la finance, ni au militaire, ni aux arts : ils circulent entre les bourgeois, les financiers, les gens de robe & les grands seigneurs ; on ne peut dire ce que sont ces hommes-là.

Leurs femmes sont encore plus indéfinissables ; elles tiennent le rang de leur invisible amant, & non de leur mari : ceux-ci visitent la bourgeoisie, tandis que celles-là, plus fieres, plus hautaines, ne veulent voir que la classe où est l’homme qui soutient leur maison : on les appelle de très-honnêtes femmes ; car la main qui les enrichit est cachée.

Le mot de Galba à son esclave qui le voloit, mon ami, je ne dors pas pour tout le monde, est aussi applicable à Paris, que le mot fameux de Moliere, vous êtes orfevre, monfieur Josse. Ce Galba fermoit les yeux, pendant que le favori de l’empereur, l’auguste Mécene, caressoit sa femme. Mais lorsqu’un esclave en prenoit occasion de voler sa bouteille chérie, il ouvroit l’œil qu’il ne fermoit que par complaisance.