Tableau chronologique des œuvres de Ronsard/03/03

Librairie Hachette et Cie (p. 92-93).


SONETS


I

Lance au bout d’or, qui sais et poindre et oindre,
De qui jamais la roideur ne defaut,
Quand en camp clos bras à bras il me faut
Toutes les nuis au dous combat me joindre.

A tLance vraiment qui ne fut jamais moindre
A ton dernier qu’à ton premier assaut,
De qui le bout bravement dressé baut
Est toujours prest de choquer et de poindre.

A tSans toi le Monde un chaos se feroit,
Nature manque inabille seroit
Sans tes combas d’acomplir ses offices :

A tDonq, si tu es l’instrument de bon heur
Par qui l’on vit, combien à ton honneur
Doit-on de vœus, combien de sacrifices ?

II
L. M. F.

Je te salue, o vermeillette faute,
Qui vivement entre ces flancs reluis.
Je te salue, o bienheuré pertuis,
Qui rens ma vie heureusement contante.

A tC’est toi qui fais que plus ne me tourmente
L’archer volant, qui causoit mes ennuis.
T’aiant tenu seulement quatre nuis
Je sen sa force en moi desja plus lente.

A tO petit trou, trou mignard, trou velu
D’un poil folet mollement crespelu,
Qui à ton gré domtes les plus rebelles,
 
A tTous vers galans devroient pour t’honorer
A beaus genous te venir adorer
Tenant au poin leurs flambantes chandelles.

(Livret de folastries, 1553).