Poésies complètesDidier et Cie (p. 106-108).
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TÉLÉSILLE


 
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WASHINGTON IRWING.








RÉCITATIF.

Dieu des beaux-arts, père de l’harmonie,
Vois régner en ces lieux la guerre et ses fureurs !
Tu m’abandonnes !… dans les pleurs
S’éteint le feu de mon génie.
O douleur ! je verrai des vainqueurs insolens
Dans ces murs apporter la flamme ;
Nos autels renversés, nos guerriers expirans ;
Et moi !… je ne suis qu’une femme !


CANTABILE.

Éloignez-vous, pressentimens trompeurs
Qui troublez la paix de ma vie !
Un Dieu peut sauver ma patrie,
Et mettre un terme à nos malheurs !
Et toi, ma compagne fidèle,

Lyre, doux écho de mes chants,
Reviens, et rends-moi ces accens
Qui m’ont promis une gloire immortelle.
Reviens, reviens, ma compagne fidèle,
Lyre, doux écho de mes chants !


RÉCITATIF.

O ciel ! quelle terreur nouvelle
Agite ce peuple éperdu ?
Partout une voix trop fidèle
Redit ces mots : Tout est perdu ?


AIR.

Où suis-je ?… quel brûlant délire !
Mon cœur palpite… je frémis…
Ah ! je le sens, un Dieu m’inspire ;
J’entends sa voix me dire :
Combats, et sauve ton pays !

Ma patrie, en proie aux alarmes,
Veut des soldats, et non des larmes ;
A mes transports unissez-vous ;
A votre tour défendez vos époux,
Femmes d’Argos, prenez les armes !
Courez, et de vos faibles mains
Saisissez la lance homicide ;
Que l’airain cache un front timide :
forçons les Dieux à changer nos destins !
 

ROMANCE.

Adieu, tranquille solitude,
Témoin de mes heureux loisirs ;

Douce paix, poésie, étude,
Je renonce à tous vos plaisirs.

Fleurs qui parez ma chevelure,
Aimables filles du matin,
Fuyez ; une pesante armure
Va couvrir ma tête et mon sein.

Lyre, trop long-temps délaissée,
Enfant des arts, chère aux amours,
Interprète de ma pensée,
Adieu !… peut-être pour toujours !


FINAL.

Un Dieu me conduit et m’inspire,
Sa voix commande, j’obéis ;
Sans cesse je l’entends redire :
Combats, et sauve ton pays !


CHOEUR.

Saisissons la lance homicide ;
D’un glaive armons nos faibles mains ;
Que l’airain cache un front timide :
Forçons les Dieux à changer nos destins.