Sur la non existence de l’erbium et du terbium comme corps simples


SUR LA NON-EXISTENCE
DE L’ERBIUM ET DU TERBIUM
COMME CORPS SIMPLES


Par M. J. NICKLÈS




Nous avons établi l’année dernière (Mémoires de l’Académie de Stanislas 1863, p. 561) que le Wasium n’est pas un corps simple ; qu’au contraire il doit être considéré comme formé de plusieurs métaux déjà connus, tels que l’yttrium, le terbium et le didymium. Ces conclusions ont été diversement accueillies des chimistes et dans une note ajoutée audit Mémoire, on a déjà pu voir que les chimistes français, notamment, ne partageaient pas tous mon avis.

Depuis lors, la question a fait du chemin, de telle sorte qu’aujourd’hui, elle peut paraître définitivement vidée. Reprise à fond par M. Popp, au laboratoire de M. Wœhler à Gœttingue, elle a été résolue dans le sens que nous avons indiqué : car voici les conclusions de M. Popp sur ce point :

Le Wasium est un corps composé.

Il est formé d’yttrium, de terbium et de didymium.

Un autre fait non moins important est résulté de ces recherches ; la chute du Wasium a entraîné celle de l’erbium et du terbium ; l’existence du lanthane est fortement menacée, et de tous les corps simples du groupe yttro-cérique, il n’y a peut-être, en ce moment, que l’yttrium et le cerium dont l’existence propre ou l’autonomie soit hors de doute.

L’erbium et le terbium ne sont que des mélanges formés de cerium et de didyme en proportions variables. Le lanthane, lui aussi, ne paraît pas être autre chose (Popp dans Annalen der Chem. und. Pharm. t. cxxxi, p. 179) ; v. aussi Journ. de Pharm. et de Chim. t. xlvi, p. 304 (1864).

Un point qui a son intérêt dans la discussion à laquelle le Wasium a donné lieu, est que les conclusions sur la nature du terbium n’infirment pas celles que M. Delafontaine avait tirées de son côté, des recherches qu’il avait faites au sujet du nouveau corps simple dédié à la dynastie des Wasa. Dans la note qui accompagne notre Mémoire de l’année dernière, on verra en effet, que pour ce savant, le Wasium doit sa propriété principale au cerium et non pas à l’yttrium, au terbium et au didyme comme je l’avais soutenu. Cette contradiction qui m’avait un instant embarrassé, n’a plus de raison d’être. M. Popp ayant mis hors de doute que le terbium n’est lui-même que du cerium yttri-fère.

Donc, en maintenant — et cette fois d’accord avec tout le monde — notre opinion sur la nature complexe du Wasium, nous pourrons dire, avec plus de certitude que jamais, que le Wasium n’est pas un corps simple, et en tenant compte des nouveaux faits acquis sur la nature cérique du terbium nous pouvons ajouter :

Que ce prétendu corps simple n’est qu’un mélange formé d’yttrium, de cerium et de didymium, ce qui, comme on voit, ne contredit en rien les conclusions formulées dès le début, au sujet de la nature complexe du Wasium.