Sur la Mort de François II (Marie Stuart)

Femmes-Poëtes de la France, Texte établi par H. BlanvaletLibrairie allemande de J. Kessmann (p. 15-16).
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SUE LA MORT DE FRANÇOIS II.

En mon triste et doux chant
D’un ton fort lamentable
Je jette un œil touchant
De perte irréparable,
Et en soupirs cuisants
Je passe mes beaux ans.

Fut-il un tel malheur
De dure destinée,
Ni si triste douleur
De dame infortunée
Qui mon cœur et mon œil
Vois en bière et cercueil ?

Qui en mon doux printems
Et fleur de ma jeunesse,
Toutes les peines sens
D’une extrême tristesse ;
Et en rien n’ai plaisir
Qu’en regret et désir.


Si en quelque séjour,
Soit en bois ou en prés,
Soit à l’aube du jour,
Ou soit sur la vesprée,
Sans cesse mon cœur sent
Le regret d’un absent.

Si je suis en repos
Sommeillant sur ma couche,
J’oy qu’il me tient propos,
Je le sens qui me touche.
En labeur, en recoy
Toujours est près de moi.

Mets, chanson, ici fin
A si triste complainte
Dont sera le refrain :
Amour vraye et sans feinte.