Suite de Joseph Delorme/« Comme au matin l’on voit un Essaim qui butine »

IV


Comme au matin l’on voit un Essaim qui butine
S’abattre sur un Lys immobile et penché ;
La tige a tressailli, le calice s’incline,
Et s’incline avec lui tout le trésor caché.

Et tandis que l’Essaim des abeilles ensemble
Pèse d’un poids léger et blesse sans douleur,
De la pure rosée incertaine et qui tremble
Deux gouttes seulement s’échappent de la fleur.

Ce sont tes pleurs d’hier, tes larmes adorées,
Quand sur ce front pudique interdit au baiser,
Mes lèvres (ô pardonne !) avides, altérées,
Ont osé cette fois descendre et se poser :


Ton beau cou s’inclina, ta brune chevelure
Laissa monter dans l’air un parfum plus charmant ;
Mais quand je m’arrêtai contemplant ta figure,
Deux larmes y coulaient silencieusement.