Stèles/Sur un hôte douteux

G. Crès (p. 18-19).


SUR UN HÔTE DOUTEUX


Ses disciples chantent : Il revient le Sauveur des hommes : Il vêt un autre habit de chair. L’étoile, tombée du plus haut ciel a fécondé la Vierge choisie. Et il va renaître parmi nous.

Temps bénis où la douleur recule ! Temps de gloire où la Roue de la Loi courant sur l’Empire conquis va traîner tous les êtres hors du monde illusoire.



L’Empereur dit : qu’il revienne, et je le recevrai, et je l’accueillerai comme un hôte.

Comme un hôte petit, qu’on gratifie d’une petite audience, — pour la coutume, — et d’un repas et d’un habit et d’une perruque afin d’orner sa tête rase.

Comme un hôte douteux que l’on surveille ; que l’on reconduit bien vite là d’où il vient, pour qu’il ne soudoie personne.



Car l’Empire, qui est le monde sous le Ciel, n’est pas fait d’illusoire : le bonheur est le prix, seul, du bon gouvernement.

Que fut-il, celui qu’on annonce, le Bouddha, le Seigneur Fô ? Pas même un lettré poli,

Mais un barbare qui connut mal ses devoirs de sujet et devint le plus mauvais des fils.