« Miss Harriet (recueil)/Édition Conard, 1910/L’Héritage » : différence entre les versions

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La première je ne crois pas que vous connaissez !! Elle sort de nul part, une classe de batard !
 
L’héritage
Guy de MAUPASSANT
www.livrefrance.com
I
A Catulle Mendès
BIEN qu'il ne fût pas encore dix heures, les employés arrivaient comme un flot sous la
grande porte du ministère de la Marine, venus en hâte de tous les coins de Paris, car
on approchait du jour de l'an, époque de zèle et d'avancements. Un bruit de pas
pressés emplissait le vaste bâtiment tortueux comme un labyrinthe et que sillonnaient
d'inextricables couloirs, percés par d'innombrables portes donnant entrée dans les
bureaux. Chacun pénétrait dans sa case, serrait la main du collègue arrivé déjà,
enlevait sa jaquette, passait le vieux vêtement de travail et s'asseyait devant sa table
où des papiers entassés l'attendaient. Puis on allait aux nouvelles dans les bureaux
voisins. On s'informait d'abord si le chef était là, s'il avait l'air bien luné, si le courrier
du jour était volumineux. Le commis d'ordre, du "matériel général>> M. César
Cachelin, un ancien sous-officier d'infanterie de marine, devenu commis principal par
la force du temps, enregistrait sur un grand livre toutes les pièces que venait
d'apporter l'huissier du cabinet. En face de lui l'expéditionnaire, le père Savon, un vieil
abruti célèbre dans tout le ministère par ses malheurs conjugaux, transcrivait, d'une
main lente, une dépêche du chef, et s'appliquait, le corps de côté, l'oeil oblique, dans
une posture roide de copiste méticuleux.
M. Cachelin, un gros homme dont les cheveux blancs et courts se dressaient en brosse
sur le crâne, parlait tout en accomplissant sa besogne quotidienne: "Trente-deux
dépêches de Toulon. >>.
Ce port nous en donne autant que les quatre autres réunis !." Puis il posa au père
Savon la question qu'il lui adressait tous les matins ! ".Eh bien, mon père Savon,
comment va madame?" Le vieux, sans interrompre sa besogne, répondit:
"Vous savez bien, monsieur Cachelin, que ce sujet m'est fort pénible." Et le commis
d'ordre se mit à rire, comme il riait tous les jours, en entendant cette même phrase.
La porte s'ouvrit, et M. Maze entra. C'était un beau garçon brun, vêtu avec une
élégance exagérée, et qui se jugeait déclassé, estimant son physique et ses manières
au-dessus de sa position. il portait de grosses bagues, une grosse chaîne de montre,
un monocle, par chic, car il l'enlevait pour travailler, et il avait un fréquent mouvement
des poignets pour mettre bien en vue ses manchettes ornées de gros boutons luisants.
il demanda, dès la porte: "Beaucoup de besogne aujourd'hui?" M. Cachelin répondit:
"C'est toujours Toulon qui donne. On voit bien que le jour de l'an approche; ils font du
zèle, là-bas. Mais un autre employé, farceur et bel esprit, M. Pitolet, apparut à son
tour et demanda en riant: "Avec ça que nous n'en faisons pas, du zèle ?".
Puis, tirant sa montre, il déclara: "Dix heures moins sept minutes, et tout le monde au
poste! . Mazette! comment appelez-vous ça ? Et je vous parie bien que sa Dignité M