« Charlotte Corday (Michel Corday) » : différence entre les versions

Contenu supprimé Contenu ajouté
Bob isat (discussion | contributions)
Correction manuel du match jusqu'à la page 140
Balise : Éditeur de wikicode 2017
Bob isat (discussion | contributions)
Correction manuel du match jusqu'à la page 160
Balise : Éditeur de wikicode 2017
Ligne 1 532 :
 
 
Au cours de ces divers témoignages, le président interrogeait Charlotte sur son crime. Elle reconnut une fois de plus qu’elle avait arrêté sa résolution après l’affaire du 31 mai, qu’elle avait voulu d’abord immoler Marat sur la cime de la Montagne. « Si j’avais cru pouvoir réussir de cette manière, je l’aurais préférée à toute autre. J'étais bien sûre alors de devenir
==[[Page:Michel Corday - Charlotte Corday, 1929.djvu/141]]==
devenir à l’instant victime de la fureur du peuple. Et c’est ce que je désirais. On me croyait à Londres. Mon nom eût été ignoré. »
 
 
Ligne 1 549 :
 
 
Mais le ton du débat, entre elle et Montané, ne
==[[Page:Michel Corday - Charlotte Corday, 1929.djvu/142]]==
ne s’échauffait, ne s’élevait vraiment que quand il s’efforçait obstinément de lui découvrir des complices.
 
 
Ligne 1 593 :
 
 
— Comment pensez-vous faire croire que vous n’avez pas été conseillée, lorsque vous dites
==[[Page:Michel Corday - Charlotte Corday, 1929.djvu/143]]==
dites que vous regardiez Marat comme la cause de tous les maux qui désolent la France, lui qui n’a cessé de démasquer les traîtres et les conspirateurs ?
 
 
Ligne 1 616 :
 
 
Cependant, il insista âprement pour la convaincre de s’être essayée avant de porter le coup mortel à Marat. D’après les rapports médicaux,
==[[Page:Michel Corday - Charlotte Corday, 1929.djvu/144]]==
médicaux, elle ne l’aurait pas tué, si elle l'avait frappé autrement. Elle répondit :
 
 
Ligne 1 636 :
 
 
Elle se reposa sur le Tribunal du soin de faire
==[[Page:Michel Corday - Charlotte Corday, 1929.djvu/145]]==
faire parvenir ces lettres à les destinataires. Le président, sans s’y engager, lui demanda si elle n’avait rien à ajouter à ces lettres.
 
 
Ligne 1 650 :
 
 
«.… Ce calme imperturbable et cette entière abnégation de soi-même qui n’annoncent aucun remords pour ainsi dire en présence de la mort même, ce calme et cette abnégation, sublimes sous un rapport, ne sont pas dans la nature. Ils ne peuvent s’expliquer que par l’
==[[Page:Michel Corday - Charlotte Corday, 1929.djvu/146]]==
exaltationl’exaltation du fanatisme politique, qui lui a mis le poignard à la main. Et c’est à vous, citoyens jurés, à juger de quel poids doit être cette considération morale dans la balance de la justice. Je m'en rapporte à votre prudence. »
 
 
Ligne 1 669 :
 
 
Sur le chemin de sa cellule, elle rencontra le concierge Richard et sa femme. Ils tenaient toujours prêt son déjeuner. Elle leur dit en souriant : « Les juges m'ont retenue là-haut si
==[[Page:Michel Corday - Charlotte Corday, 1929.djvu/148]]==
si longtemps, qu’il faut m’excuser de vous avoir manqué de parole. »
 
 
Ligne 1 691 :
 
 
À ce moment, Richard ouvrit la porte et s’effaça devant un groupe d'hommes. L’un d’eux portait sur le bras la chemise rouge que les assassins devaient revêtir pour l’exécution. Elle comprit : le bourreau, Sanson. Elle ne put réprimer son trouble. « Quoi ? Déjà! » . Mais aussitôt elle se ressaisit et demanda à cet homme la permission d’achever sa lettre :« Le
==[[Page:Michel Corday - Charlotte Corday, 1929.djvu/150]]==
« Le citoyen Doulcet de Pontécoulant est un lâche, d’avoir refusé de me défendre, lorsque la chose était si facile. Celui qui l’a fait s’en est acquitté avec toute la dignité possible. Je lui en conserve ma reconnaissance jusqu’au dernier moment.
 
 
Ligne 1 705 :
 
 
Elle disposa elle-même la chemise rouge, à dessein fort échancrée, et elle obtint de jeter sur
==[[Page:Michel Corday - Charlotte Corday, 1929.djvu/151]]==
sur ses épaules son fichu rose. Au moment où on allait lui attacher les mains derrière le dos, elle demanda encore de mettre ses gants. Ses gardes l’avaient serrée si fort chez Marat qu’elle portait des cicatrices au poignet. Mais Sanson l’assura qu’il la lierait sans la blesser. Elle sourit : « C’est vrai. Ces gens-là n’avaient pas comme vous l’habitude. »
 
 
Ligne 1 716 :
 
 
À ce moment, un orage, qui couvait depuis le matin, éclata. Mais la pluie ne dispersa pas la foule, dont la clameur couvrait les grondements du tonnerre. Charlotte
==[[Page:Michel Corday - Charlotte Corday, 1929.djvu/152]]==
Charlotte opposait à cette fureur déchaînée son doux sourire et sa fierté tranquille. Sous les huées mortelles et les gestes féroces, elle songeait : « Je leur donne la Paix. » C’était le secret de sa sérénité. Les bras liés derrière le dos, elle restait debout, la tête bien droite. Ah ! ses vieux amis n'auraient pas pu lui reprocher ce jour-là « de cacher ses beaux yeux ». Sa chemise rouge, toute trempée de pluie, épousait son corps comme les draperies d’une statue.
 
 
Ligne 1 724 :
 
 
Dans la rue Saint-Honoré, la charrette se frayait plus lentement que jamais son chemin. Sanson, ému par un courage qu'il n’avait jamais vu, dit à Charlotte : « Vous trouvez que c’est bien long ? » Elle lui répondit en souriant, de sa voix musicale et presque enfantine : «  Bah ! Nous sommes toujours sûrs d’arriver. »Il
==[[Page:Michel Corday - Charlotte Corday, 1929.djvu/153]]==
Il était près de huit heures quand apparut la Place de la Révolution. Les feux du couchant embrasaient l’horizon. Le bourreau voulut masquer à la jeune fille la vue de la guillotine. Mais elle se pencha et dit encore : « J’ai bien le droit d’être curieuse. Je n’en ai jamais vu. »
 
 
Ligne 1 733 :
 
Quelques cris de « Vive la Nation! Vive la République ! », montèrent de la foule qui, d’une seule coulée, avait couvert l’énorme place. Un aide-charpentier, qui avait réparé la guillotine, saisit aux cheveux, pour la montrer au peuple, cette tête qui semblait sourire encore. Et, par deux fois, il la souffleta.
==[[Page:Michel Corday - Charlotte Corday, 1929.djvu/154]]==
 
==[[Page:Michel Corday - Charlotte Corday, 1929.djvu/155]]==
 
= CHAPITRE IX =
Ligne 1 739 ⟶ 1 742 :
 
 
Le geste immonde souleva dans la foule un murmure d'horreur et d’indignation. Renié par Sanson dont il n’était que l’aide fortuit, le valet Legros fut condamné par le Tribunal de police à huit jours de prison, au blâme public, et à l’exposition pendant six heures sur la place même de la Révolution. Roussillon, l’un des membres du Tribunal révolutionnaire, protesta contre le valet dans une lettre ouverte. Après avoir rappelé le châtiment infligé à cet homme, il ajoutait : « J’ai cru devoir faire connaître cet acte de justice au public qui, toujours grand, toujours juste, approuvera ce que l’Ami du Peuple approuverait lui-même s’il eût survécu à sa blessure. Il était
==[[Page:Michel Corday - Charlotte Corday, 1929.djvu/154]]==
approuvera
==[[Page:Michel Corday - Charlotte Corday, 1929.djvu/155]]==
ce que l’Ami du Peuple approuverait lui-même s’il eût survécu à sa blessure. Il était trop
==[[Page:Michel Corday - Charlotte Corday, 1929.djvu/156]]==
trop grand pour approuver une pareille bassesse ; il savait, et tout le monde doit le savoir, que quand le crime est puni, la loi est satisfaite. »
 
 
Ligne 1 765 ⟶ 1 764 :
 
 
Son ami Bougon-Longrais était à Évreux lorsqu'elle partit pour Paris. Mais il fut brusquement rappelé à Caen. En effet, les événements se précipitaient. Le 13 juillet, précisément le jour de la mort de Marat, les volontaires du général de Wimpffen rencontraient, entre Cocherel et Brécourt, près de Vernon, les forces expédiées de Paris par la Montagne. Ce fut une échauffourée. On échangea
==[[Page:Michel Corday - Charlotte Corday, 1929.djvu/158]]==
échangea dix coups de canon. Chaque parti se replia, se croyant vaincu. Mais la troupe parisienne, qu’on appela l’armée pacifique, se ressaisit la première et, ne rencontrant pas d’ennemis, s’avança victorieusement sur Lisieux, puis sur Caen. Ce fut la fin de l’insurrection normande.
 
 
Ligne 1 781 ⟶ 1 780 :
 
 
Quant à Gustave Doulcet, Charlotte l’avait injustement accusé dans le billet qu’elle lui adressa au moment de mourir. Lorsqu'il le reçut, tout ouvert, le 20 juillet, il resta stupéfait. Il ignorait absolument que Charlotte l’eût demandé pour défenseur. Il réclama par écrit des explications à Montané, qui les lui fournit aussitôt. Le 16 juillet, l’accusateur public avait bien informé Gustave Doulcet que l’accusée l’avait choisi pour son conseil. Mais le gendarme, chargé de porter la lettre de Fouquier-Tinville, n’étant pas parvenu à trouver le destinataire, l’avait rapportée tardivement à l’accusateur public. Gustave
==[[Page:Michel Corday - Charlotte Corday, 1929.djvu/160]]==
Gustave Doulcet ne s’étonna pas que le gendarme ne l’eût pas découvert : se sachant suspect, il changeait chaque soir de domicile. Mais l’injurieux reproche de Charlotte lui était intolérable. Il adressa à tous les journaux une protestation : « C’est quatre jours après son exécution que le Tribunal révolutionnaire m’a donné avis du choix qu’avait fait Marie Corday ».