« Charlotte Corday (Michel Corday) » : différence entre les versions

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Marat n’a jeté qu’un appel confus et rauque. Charlotte traverse les deux pièces qui la séparent de l’antichambre. Elle va s’enfuir. Non. Le commissionnaire qui pliait les journaux a entendu le cri de Marat. À la vue de la jeune fille, il comprend. Il hurle : « A l’assassin ! A la garde! » Brandissant une chaise, il en frappe Charlotte. Les femmes accourent, se jettent sur elle, l’abattent sur le sol. Comme elle tente de se relever, l’homme la saisit brutalement à la poitrine, de nouveau la terrasse en l’accablant de coups et d’injures : « Coquine ! Scélérate! »Un
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Un chirurgien, qui habite la maison se précipite, enjambe la mêlée, disparaît vers la salle de bains. Des hommes armés s'emparent de Charlotte, la redressent, lui lient étroitement les mains dans le dos et la gardent dans un coin de l’antichambre. Mais, parmi les appels, les ordres, les cris de fureur, les gémissements qui emplissent le logis, soudain une phrase vole : « Il est mort. »
 
 
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Un commissaire de police, suivi de ses acolytes, procède aux constatations. Bientôt il fait amener Charlotte dans le salon. Des lampes l’éclairent. Des fleurs l’égaient. Sous les fenêtres, qui regardent la rue, la foule gronde. L’interrogatoire commence, serré, minutieux. Charlotte doit raconter sa vie, son voyage, l’emploi de son temps à Paris, le meurtre, les raisons qui l’ont poussée. Cet homme veut à tout prix lui trouver des complices. Mais elle a recouvré tout son calme. Elle se défend d'avoir été conseillée, guidée. Elle pense même,
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même, dans ce premier assaut, à passer sous silence ses entrevues avec Lauze de Perret.
 
 
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Chabot lui demande : « Qu’est-ce qui vous a
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a guidée, pour frapper ainsi du premier coup Marat droit au cœur ? » Elle réplique : « L’indignation qui soulevait le mien. »
 
 
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de mort. Ses gardes, écartant les furieux, la jettent vivement dans le fiacre, qui attend toujours. Mais la multitude hurlante entoure la voiture, l’empêche d’avancer. Charlotte va périr à son tour. Qu'importe ? Elle a accompli sa tâche. Cependant, Drouet, d’une voix forte, somme le peuple, au nom de la Loi, de se taire et de s’éloigner sans trouble. Il obéit. Alors, dans la détente, Charlotte s’évanouit.
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= CHAPITRE VII : =
 
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A la prison de l’Abbaye, qui dépendait de l’ancien monastère de Saint-Germain-des Prés, Charlotte succédait dans sa cellule au girondin Brissot. Elle l’apprit du concierge Lavacquerie, qui lui
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témoigna tout de suite de la bonté.
 
 
Elle ignorait que Brissot lui-même avait remplacé Mme Roland, qui a décrit dans ses Mémoires cet étroit et maussade logis, ses murailles grises et sales, ses grilles épaisses. Cette cellule était, de plus, toute proche d’un bûcher que tous les animaux de la prison avaient pris pour sentine. Cependant, elle était fort recherchée, car elle était trop petite pour contenir deux lits et le prisonnier avait chance de l’occuper seul. Charlotte
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Charlotte ne jouit pas de cet avantage. Deux gendarmes la gardaient à vue. Pendant la nuit, ce voisinage lui était extrêmement pénible. Elle s’en plaignit au Comité de Sûreté générale, par une lettre qui resta sans effet.
 
 
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Le lundi 15, elle tint sa promesse d’écrire à Barbaroux le détail de son voyage. Sa lettre s’
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adressaits’adressait bien au Girondin, mais elle la destinait dans sa pensée à ses parents, à ses amis, à tous ceux qui s’intéressaient à elle. Ces sept pages sans rature, écrites entre le meurtre et l’échafaud, où brillent tour à tour son ardente générosité et sa grâce malicieuse, témoignent bien de sa stupéfiante liberté d’esprit. Elles reflètent et concentrent tout le drame.
 
 
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Sur le meurtre même, elle s’étend peu. « Les journaux, dit-elle, vous en parleront. » Cependant elle cite les dernières paroles de Marat,
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Marat, qui décidèrent de lui. Elle ajoute ironiquement : « Il faudra les graver en lettres d’or sur sa statue. » Car sa haine de Marat n’abdique pas. Elle éclate à chaque page : « Je n’ai jamais haï qu’un seul être et j’ai fait voir avec quelle violence… C’était une bête féroce qui allait dévorer le reste de la France… Grâce au ciel, il n’était pas né Français. »
 
 
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À la prison même, elle déclare qu’elle est « on ne peut mieux et que les concierges sont les meilleures gens possible. » Elle avoue ingénument : « Je passe mon temps à écrire des chansons. » C'est-à-dire qu’elle recopie pour les autres prisonniers ces couplets lancés par les Girondins à Caen et qui étaient alors un
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un des grands moyens de propagande. Elle se plaint cependant de la présence continuelle des deux gendarmes. « On me les a donnés pour me préserver de l’ennui : j’ai trouvé cela fort bien pour le jour et fort mal pour la nuit… Je crois que c’est de l’invention de Chabot ; il n’y a qu’un capucin qui puisse avoir de telles idées. »
 
 
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« Puisque j’ai encore quelques instants à vivre, pourrais-je espérer, Citoyens, que vous me permettrez de me faire peindre ? Je voudrais laisser cette marque de mon souvenir à mes amis ; d’ailleurs comme on chérit l’image des bons citoyens, la curiosité fait quelquefois rechercher celle des grands criminels, ce que sert à perpétuer l’horreur de leurs crimes. Si vous daignez faire attention à ma demande, je vous prie de m’envoyer demain un peintre en miniature. Je vous renouvelle celle de me laisser
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laisser dormir seule. Croyez, je vous prie, à toute ma reconnaissance.
 
 
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Le 16, au matin, elle comparut devant le Président
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Président du Tribunal révolutionnaire, Montané. Cet interrogatoire, bien qu’il fût plus long et plus minutieux, ressembla fort à celui du commissaire, le premier soir. Ces deux hommes étaient également dominés par le souci de lui découvrir des complices.
 
 
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Son ironie ne désarme pas à la veille de la mort. Lorsqu'elle annonce qu’elle a pris Gustave Doulcet comme défenseur, elle ajoute : « J’
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ai« J’ai pensé demander Robespierre ou Chabot. »
 
 
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A la veille de sa mort, parmi ses suprêmes volontés, elle recommande à Barbaroux Mlle de Forbin, lui donne son adresse en Suisse. « J'
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« J'espère que vous n’abandonnerez pas son affaire. Je vous prie de lui dire que je l’aime de tout mon cœur. »
 
 
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« Pardonnez-moi, mon cher Papa, d’avoir disposé de mon existence sans votre permission. J’ai vengé bien d’innocentes victimes, j'ai prévenu bien d’autres désastres. Le peuple, un jour désabusé, se réjouira d’être délivré d’un tyran. Si j’ai cherché à vous persuader que je passais en Angleterre, c’est que j'espérais garder l’incognito ; mais j’en ai reconnu l’impossibilité, J'espère que vous ne serez point tourmenté. En tout cas, je crois que vous aurez des amis à Caen. J'ai pris pour défenseur Gustave Doulcet ; un tel attentat ne permet nulle défense ; c’est pour la forme. Adieu, mon cher Papa ; je vous prie de m’oublier, ou plutôt de vous réjouir de mon sort. La cause en est belle. J’embrasse ma sœur que j'aime de tout mon cœur, ainsi que tous mes
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mes parents. N'oubliez pas ce vers de Corneille :
 
 
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Aussitôt après les questions d'identité, le président Montané lui demanda si elle avait un défenseur. Gustave Doulcet ne lui avait pas répondu. Elle s’offensait de son silence et le soupçonnait de se dérober. De sa voix musicale et presque enfantine, elle répliqua : « J'avais choisi un ami. Mais je n’en ai pas entendu parler depuis hier. Apparemment, il n’a pas eu le courage d’accepter ma défense. » Le
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Le président, voyant dans la salle l’avocat Chauveau-Lagarde, le désigna d'office.