« Charlotte Corday (Michel Corday) » : différence entre les versions

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Dès le départ, ses compagnons de diligence ont parlé politique. Et comme ils étaient Montagnards, leurs propos, « aussi sots que leur personne », l’ont aidée à s'endormir. Cependant un des voyageurs, « qui aimait sans doute les femmes dormantes », la prit ou feignit de la prendre pour la fille d’un de ses anciens amis,
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amis, lui donna un nom qu’elle n’avait jamais entendu et enfin lui offrit sa fortune et sa main.
 
 
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On la conduisit à la chambre numéro 7, au premier étage, en façade. Cette pièce assez vaste,
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vaste, à rideaux blancs et rouges, était meublée, en dehors du lit et des chaises, d’une commode et d’un petit secrétaire. Charlotte était lasse et souhaitait de s’étendre. Elle pria toutefois le garçon d’hôtel de lui acheter du papier, des plumes, de l’encre. Puis, tandis qu'il préparait le lit, elle lui demanda ce qu’on pensait de Marat à Paris. Il lui répondit que les aristocrates le détestaient, mais qu’il passait aux yeux des patriotes pour un bon citoyen. Elle eut un ironique sourire.
 
 
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Il ne se doutait guerre de la portée de ses paroles. Quelle révélation… Charlotte s’apercevait que, depuis le 31 mai, elle avait cessé de suivre Marat, d’épier ses gestes et ses paroles. Pour elle, à partir de cette date, il était jugé. L’arrivée des Girondins à Caen, la préparation de son projet, l’avaient absorbée tout entière. Elle ignorait la maladie de Marat, son éloignement de l’Assemblée. Désormais, elle ne pouvait plus suivre le chemin qu’elle s'était tracé : frapper Marat en pleine Convention ; y périr à son tour, massacrée par la foule des tribunes,
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tribunes, sans laisser de nom, de trace même, tandis que les siens la croiraient en Angleterre.
 
 
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Elle erra. On était à l'heure la plus chaude du
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du jour. La ville semblait assoupie. Charlotte ne s’étonna pas d’un si grand calme en temps de troubles : à Caen mème, elle avait vu souvent la vie continuer à deux pas de l’émeute. D'ailleurs, elle ne parvenait pas à s'intéresser aux spectacles de la rue, aux monuments même : elle ne suivait que sa pensée,
 
 
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Lorsqu'il en eut pris connaissance, il demanda à Charlotte des nouvelles des proscrits et se mit à sa disposition. Elle le pria de l’accompagner au Ministère de l’Intérieur, afin d'obtenir le dossier de M” de Forbin. Malgré sa hâte, elle n’osa pas lui demander de s’y rendre sur-le-champ. Car il était attendu par ses amis. Demain, lui dit-elle, si vous voulez vous
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vous donner la peine de passer chez moi dans la matinée, nous irons ensemble voir le Ministre. »
 
 
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Au Ministère de l’Intérieur, un huissier leur apprit que le Ministre ne recevait les députés que dans la soirée, entre huit et dix heures.Ils
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Ils se quittèrent donc, après avoir pris rendez-vous pour le soir.
 
 
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Comme Lauze de Perret se disposait à prendre congé, elle le retint. Elle était tellement sûre de ramener la paix sur la terre en la débarrassant d’un monstre, qu’elle ne craignait rien pour ses alliés, ses complices involontaires. Loin d’être inquiétés sérieusement, ils seraient eux-mêmes applaudis comme des libérateurs. Mais Lauze de Perret était déjà compromis. La découverte de leurs relations pouvait nuire, au moins quelque temps, à cet homme
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homme obligeant et courageux. Elle voulut réparer ce tort possible, le mettre à l’abri du risque même.
 
 
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Dès sept heures, ce samedi-là, elle est prête à sortir. Elle est sobrement habillée de brun. Dans l’entrebâillement de son corsage, elle glisse un papier, l’Adresse aux Français amis des Lois et de la Paix, qu’elle a écrite la veille après le départ de Lauze de Perret. Ardente confession, où elle crie sa foi, son sacrifice, son amour de la Paix, sa haine de la haine. On la retrouvera sur elle, toute tiède de sa vie, comme une partie d’elle-même où se serait imprimée sa pensée.
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D'avance, elle absout son geste, pareil à celui d’Hercule qui délivrait la terre de ses monstres : « Ô France, ton repos dépend de l'exécution de la Loi. Je n’y porte pas atteinte en tuant Marat, condamné par l’univers. Il est hors la Loi. Si je suis coupable, Alcide l'était donc lorsqu'il détruisait les monstres ?
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monstres ? Mais en rencontra-t-il de si odieux ?.. »
 
 
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Elle arrive au Palais-Royal avant huit heures. Les boutiques ne sont point encore ouvertes, ni dans les galeries de bois, ni sous les
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les arcades nouvelles. Cependant, elle a besoin d’acheter une arme.
 
 
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Il est encore bien tôt pour se présenter chez Marat. Charlotte s’assied dans le jardin qui peu à peu s’anime. Malgré la fraîcheur du matin,
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matin, elle respire mal. Elle est oppressée. Un petit enfant, en jouant, vient se jeter contre ses genoux et lève vers elle ses beaux yeux innocents. Elle l’effleure d’une caresse et d’un sourire. Que de menus cadeaux elle a distribués, tout le long de sa vie, pour voir s’éclairer de plaisir un visage enfantin, depuis ces friandises dont elle comblait les petites villageoises dans le fournil du Mesnil-Imbert, jusqu’à ces dessins qu'elle a laissés au gentil Lunel en le quittant à jamais. Elle n’a rien à lui donner, à ce petit Parisien… Si. Il lui devra une vie plus heureuse. Elle va lui apporter la Paix.
 
 
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Il est onze heures environ quand la voiture s’arrête, au 30, rue des Cordeliers, devant une haute maison grise. Charlotte s’engage sous le porche
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porche et s’arrête à la loge où bavardent deux commères d’une trentaine d’années. Elle demande l’appartement du citoyen Marat. La portière lui répond distraitement : « Au premier, sur le devant. »
 
 
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Détachée de tout, elle apporte cependant à sa toilette un soin minutieux. Une fois encore sa coquetterie s’éveille aux grandes heures. Le matin, décidément, elle était trop sobrement habillée.
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habillée. Ne faut-il pas imposer à ces femmes qui veillent sur Marat ? Elle revêt une robe de bazin moucheté sur fond gris clair. Elle jette sur ses épaules une écharpe rose pâle afin de voiler son léger décolletage. Elle est coiffée d’un chapeau de haute forme à cocarde noire et rubans verts. De sa main soigneusement gantée, elle tient un éventail. Et les souliers à hauts talons, commandés exprès pour son voyage, la grandissent encore.
 
 
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Il lui indique d’un geste l’unique chaise,qui
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qui tourne le dos à la fenêtre. Sans préambule, il se renseigne sur l’insurrection normande. Il lui demande les noms des Girondins réfugiés à Caen, les écrit sous sa dictée.
 
 
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Simonne Evrard quitte la pièce. Elle emporte, peut-être encore par crainte du poison, deux
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deux plats posés sur le rebord de la fenêtre pour le repas du soir.