« Charlotte Corday (Michel Corday) » : différence entre les versions

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À ces artistes égarés, les émissaires de la Montagne opposaient des hommes comme Marat. Car ils sentaient bien que toute la vindicte provinciale se concentrait sur lui. Ils le défendaient: Ils se portaient au-devant des calomnies que répandaient sur lui ses adversaires. Parce qu’il avait pris, en dix ans de séjour en Angleterre, l’habitude d’un sobre confort, ne l’accusait-on pas de cacher, sous un désordre voulu, des mœurs raffinées, le goût du luxe ? Sa violence même était salutaire : chaque fois que la Nation était tentée de se reposer à mi-côte, lui seul savait la fouetter, la cingler pour l’entraîner jusqu’au sommet. Ses ennemis lui reprochaient son âcre humeur. Mais le fiel est un stimulant nécessaire dans un corps vivant. Il y a des crises
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il sauve l’organisme tout entier. Au fond, Marat était bon. Médecin, n’avait-il pas prodigué des soins gratuits à d’innombrables malheureux ? Il avait sincèrement l’amour du peuple. Une mère tendrement chérie le lui avait inspiré. Il l’avait mûri dans la souffrance, l’étude et la méditation. Il y puisait son inflexible énergie. Il était le peuple même. Il était l’âme de la Révolution.
 
 
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Le projet qu’elle nourrissait dans le secret d’elle-même avait pris désormais sa figure définitive. On peut dire qu’il lui ressemblait. On y retrouvait ses traits : le sens pratique, un peu de fine malice, et toute la générosité.I
 
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Il allait lui permettre à la fois d'approcher ses héros, d’obliger une amie et de servir sa grande cause.
 
 
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Mme de Forhin, chanoinesse à l’Abbaye de Troarn, près de Caen, avait droit à une pension depuis la suppression des ordres monastiques. Le Ministère la lui refusait sous prétexte qu’elle résidait actuellement à l’étranger. On la considérait comme émigrée. Charlotte, qui avait pris en main les intérêts de son amie, jugea qu’elle aurait plus de chance de réussir près des Administrateurs du Calvados. Mais elle avait besoin du dossier qui dormait
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dormait depuis des mois au Ministère. Et elle ne parvenait pas à l’obtenir. Elle profiterait donc d’un voyage à Paris pour le reprendre elle-même. Elle demanderait à Barbaroux de l’adresser à l’un de ses collègues, qui faciliterait ses démarches et la guiderait dans les bureaux.
 
 
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L’Assemblée de résistance avait donné aux Girondins une garde d’honneur. L’un des hommes
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hommes du poste courut prévenir Barbaroux, après avoir introduit la jeune fille dans le grand salon du rez-le-chaussée. Cette pièce, démeublée depuis quatre ans, mais encore toute revêtue de ses boiseries finement brodées, avait été en hâte garnie de quelques sièges. Deux députés, assis dans un coin, quittèrent discrètement le salon. C’était Meillan et Guadet. Barbaroux parut bientôt. L’entrevue fut brève. Charlotte cita leurs relations communes et, de sa voix musicale, exposa posément sa requête, la démarche qu'elle comptait faire pour obtenir le dossier de Mme de Forbin, l’aide qu’elle attendait de lui. Le Girondin lui proposa aussitôt de la recommander à son ami Lauze de Perret, qu’il allait d’ailleurs avertir par lettre le jour même. Puis il la reconduisit jusqu’au seuil. Augustin Leclerc les contemplait, en extase. Il avait coutume de dire : « belle comme Charlotte Corday ». Il pouvait désormais ajouter : « Beau comme Barbaroux ». Ils formaient vraiment le couple idéal. Elle, blonde dans la lumière, le teint éblouissant, la taille généreuse, d’une grâce discrète et souveraine. Lui, robuste et brun, le front léonin, les yeux larges et profonds, les dents lumineuses, tous les
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les traits d’une pureté qu’un embonpoint naissant adoucissait sans l’amollir encore.
 
 
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De leur côté, les proscrits travaillaient. En moins d’un mois, ils lancèrent de Caen neuf brochures, S'ils ne prononçaient pas de discours en plein vent, ils secondaient discrètement l’Assemblée de résistance. Dés le 18 juin, Barbaroux avait adressé à ses concitoyens marseillais un ardent manifeste : « Français, marchez sur Paris non pour battre les Parisiens, mais pour les délivrer, pour protéger l'unité de la République indivisible ! Marchez sur Paris non pour dissoudre la Convention nationale, mais pour assurer sa liberté !… Marchez sur Paris pour que les assassins soient punis
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punis et les dictateurs précipités de la roche Tarpéienne… »
 
 
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Malgré tant d’appels, les volontaires ne se présentaient pas aussi nombreux que l’eût souhaité l’Assemblée de résistance. La solde promise, deux francs par jour, était cependant importante pour l’époque. Et les notables donnaient l’exemple. Beaucoup d’administrateurs du département se déclaraient prêts à partir. Bougon-Longrais s'était fait inscrire dès
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dès le 12 juin sur les listes d’enrôlement. Il est vrai qu’il fut appelé peu après à présider l’Assemblée de résistance de l’Eure. D’autres amis de Charlotte, comme l’abbé de Jumilly, curé constitutionnel de Saint-Jean, figuraient parmi les engagés.
 
 
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Au moment où elle prenait congé, Pétion survint.
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survint. Continuant de se méprendre sur elle, il complimenta « la belle aristocrate qui venait voir les républicains ». Cette fois, elle ne se contint pas tout à fait. Elle répliqua : « Vous me jugez aujourd'hui sans me connaître, citoyen Pétion. Un jour, vous saurez qui je suis. »
 
 
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Ce sont de semblables paroles qui lui échappent lorsque la bonne dame la surprend en larmes et la presse de questions : « Je pleure
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pleure sur les malheurs de ma patrie, sur mes parents, sur vous. Tant que Marat vit, qui donc est sûr de vivre ? »
 
 
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À la plupart de ses amis, elle annonce un prochain voyage à Argentan, où son père habite depuis le mois de janvier. Car il lui faut
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faut bien expliquer ses apprêts. D'ailleurs, elle a tout prévu, tout calculé minutieusement. Elle suit pas à pas le projet qu’elle à conçu, qu'elle a si longtemps porté en secret. C’est tout à fait maintenant comme un être vivant, complet, né d'elle-même, qui se tient invisible à ses cotés, qui l’a prise par la main, et qui la guide, irrésistiblement, Elle lui obéit, comme une mère qui se laisse entraîner par son enfant.
 
 
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Elle prend congé de Mme de Bretteville, qui croit aussi au voyage à Argentan. Dur moment. Tous les liens de l’habitude et de la reconnaissance
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reconnaissance l’attachent à la bonne dame. Charlotte ne sait-elle pas par Augustin Leclerc que sa tante a testé en sa faveur, lui lègue tous ses biens ? Elle aurais pu, dans la ville, faire figure de riche héritière.