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les mesures en pieds, pouces et lignes. Un carré ''abcd'', de 3 pieds de côté, est le générateur de cette pile. Ajoutant deux fois 7 pouces à ce carré, on obtient les saillies ''ef''. Le diamètre des grosses colonnes est de 1 pied 3 pouces 6 lignes. Les colonnes d’angles portant les arcs ogives ont 8 pouces, 2×4, et les colonnettes de renfort 6 pouces, 2×3 ; l’épaisseur totale de la pile, 7 pieds 10 pouces 6 lignes. En '''B''', est tracée la pile d’entrée des chapelles semi-circulaires, et en '''C''', l’une des colonnes avec la trace des arcs-doubleaux et colonnettes portant les nerfs des voûtes hautes. Les arcs ogives '''D''' ont 1 pied. Toutes ces dimensions sont composées à l’aide de l’unité et des chiffres 3, 4 et 7, ou 10, 6, 8, 14. Une travée intérieure (fig. 3), nous donne, en élévation, des rapports produits des mêmes chiffres. <includeonly>
les mesures en pieds, pouces et lignes. Un carré ''abcd'', de 3 pieds de côté, est le générateur de cette pile. Ajoutant deux fois 7 pouces à ce carré, on obtient les saillies ''ef''. Le diamètre des grosses colonnes est de 1 pied 3 pouces 6 lignes. Les colonnes d’angles portant les arcs ogives ont 8 pouces, 2×4, et les colonnettes de renfort 6 pouces, 2×3 ; l’épaisseur totale de la pile, 7 pieds 10 pouces 6 lignes. En '''B''', est tracée la pile d’entrée des chapelles semi-circulaires, et en '''C''', l’une des colonnes avec la trace des arcs-doubleaux et colonnettes portant les nerfs des voûtes hautes. Les arcs ogives '''D''' ont 1 pied. Toutes ces dimensions sont composées à l’aide de l’unité et des chiffres 3, 4 et 7, ou 10, 6, 8, 14. Une travée intérieure (fig. 3), nous donne, en élévation, des rapports produits des mêmes chiffres. <includeonly>
[[File :Arc.ogive.eglise.Saint.Yved.Braisne.png|300px|center]]</includeonly>Dans le sanctuaire, la hauteur des colonnes, compris la base et le chapiteau, est de 16 pieds, carré de 4. Si nous déduisons la base, de 14 pieds 7 pouces, les gros chapiteaux '''A''' ont 3 pieds. Du tailloir du chapiteau à la base des colonnettes du triforium, on compte 12 pieds, 3×4. La hauteur du triforium est de 9 pieds, 3×3. L’ouverture des fenêtres hautes de 6 pieds. Jusque dans les plus menus détails, on retrouve l’influence de ces chiffres 3, 4, 7 ; 6, 8, 14 ; 9, 16 ; 12, 3×4, et 21, 3×7 (les arcs-doubleaux ont 21 pouces de largeur). Si donc ces maîtres du moyen âge écoutaient leur fantaisie, comme on le répète chaque jour, malgré tant de preuves du contraire, il faut reconnaître que leur fantaisie ou leur caprice était versé dans la connaissance des rapports de nombres, de la symétrie, comme les anciens la comprenaient.
[[Fichier:Arc.ogive.eglise.Saint.Yved.Braisne.png|300px|centré]]</includeonly>Dans le sanctuaire, la hauteur des colonnes, compris la base et le chapiteau, est de 16 pieds, carré de 4. Si nous déduisons la base, de 14 pieds 7 pouces, les gros chapiteaux '''A''' ont 3 pieds. Du tailloir du chapiteau à la base des colonnettes du triforium, on compte 12 pieds, 3×4. La hauteur du triforium est de 9 pieds, 3×3. L’ouverture des fenêtres hautes de 6 pieds. Jusque dans les plus menus détails, on retrouve l’influence de ces chiffres 3, 4, 7 ; 6, 8, 14 ; 9, 16 ; 12, 3×4, et 21, 3×7 (les arcs-doubleaux ont 21 pouces de largeur). Si donc ces maîtres du moyen âge écoutaient leur fantaisie, comme on le répète chaque jour, malgré tant de preuves du contraire, il faut reconnaître que leur fantaisie ou leur caprice était versé dans la connaissance des rapports de nombres, de la symétrie, comme les anciens la comprenaient.


Quand on a inauguré le système métrique (ce dont nous n’avons garde de nous plaindre), on n’a pas supposé un instant que l’on rendait indéchiffrable tout le système harmonique de l’ancienne architecture. Or, pour relever et comprendre les monuments grecs, c’est avec le pied grec qu’il les faut mesurer ; pour saisir les procédés des maîtres du moyen âge, c’est avec le pied de roi qu’il les faut étudier. La division de la toise par 6, du pied par 12, était très-favorable aux compositions symétriques, le nombre 12 pouvant se diviser par moitiés, par quarts et par tiers, et le nombre 7 n’étant, pour l’œil, dans aucun rapport appréciable avec ceux-ci. En effet, si nous établissons des divisions sur une façade, par exemple, qui donnent les chiffres 3, 1, 4, 6, l’œil exercé pourra être choqué de ces divisions dont il décomposera les rapports. Mais si nous avons 3, 1, 4, 7, l’observateur ne pourra établir les rapports entre 3 et 7, entre 4 et 7, comme il le fait entre 3 et 6, 4 et 6. Ce chiffre 7, qui met le trouble dans les diviseurs de 12 ou les carrés de ces diviseurs, est donc un appoint nécessaire pour éviter la monotonie fatigante des parties qui peuvent se décomposer les unes par les autres. Aussi est-il intéressant de voir, dans les édifices conçus par des artistes habiles, comme ce chiffre de 7, 7 lignes, 7 pouces, 7 pieds, vient s’interposer entre les divisions ordinaires données par le pied et la toise, 1 toise, 3 pieds, 1 pied, 6, 3, 8, 4 pouces.
Quand on a inauguré le système métrique (ce dont nous n’avons garde de nous plaindre), on n’a pas supposé un instant que l’on rendait indéchiffrable tout le système harmonique de l’ancienne architecture. Or, pour relever et comprendre les monuments grecs, c’est avec le pied grec qu’il les faut mesurer ; pour saisir les procédés des maîtres du moyen âge, c’est avec le pied de roi qu’il les faut étudier. La division de la toise par 6, du pied par 12, était très-favorable aux compositions symétriques, le nombre 12 pouvant se diviser par moitiés, par quarts et par tiers, et le nombre 7 n’étant, pour l’œil, dans aucun rapport appréciable avec ceux-ci. En effet, si nous établissons des divisions sur une façade, par exemple, qui donnent les chiffres 3, 1, 4, 6, l’œil exercé pourra être choqué de ces divisions dont il décomposera les rapports. Mais si nous avons 3, 1, 4, 7, l’observateur ne pourra établir les rapports entre 3 et 7, entre 4 et 7, comme il le fait entre 3 et 6, 4 et 6. Ce chiffre 7, qui met le trouble dans les diviseurs de 12 ou les carrés de ces diviseurs, est donc un appoint nécessaire pour éviter la monotonie fatigante des parties qui peuvent se décomposer les unes par les autres. Aussi est-il intéressant de voir, dans les édifices conçus par des artistes habiles, comme ce chiffre de 7, 7 lignes, 7 pouces, 7 pieds, vient s’interposer entre les divisions ordinaires données par le pied et la toise, 1 toise, 3 pieds, 1 pied, 6, 3, 8, 4 pouces.